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samedi 31 décembre 2016

Discours sur la visitation de Marie



Naissance de Jean-Baptiste (Murillo)



Extrait de "Les gloires de Marie" (Tome II) de Saint Alphonse de Liguori :


DISCOURS SUR LA VISITATION DE MARIE

Marie est la trésorière de toutes les grâces du ciel. Ainsi, celui qui désire des grâces doit recourir à Marie ; et celui qui recourt à Marie doit être fermement persuadé qu'il obtiendra les grâces qu'il désire.

Une famille se croit heureuse quand elle est visitée par un Prince du sang royal, soit à cause de l'honneur qu'elle en reçoit, soit à cause des avantages qu'elle en attend. Mais on doit appeler bien plus heureuse l'âme qui est visitée par la Reine de l'univers, par Marie, qui ne peut manquer de combler de biens et de grâces les âmes qu'elle daigne visiter. La maison d'Obédédom fut bénie, lorsqu'on y déposa L'Arche du Seigneur (1 Par. 13) ; comment ne recevrait-on pas des grâces et des bénédictions beaucoup plus précieuses, quand on est visité par cette Arche vivante de Dieu par la Mère du Sauveur ? Marie, dès qu'elle entra dans la maison de Jean-Baptiste, combla la famille de tous les dons du ciel, et c'est pour cette raison que la fête de la Visitation s'appelle communément la fête de Notre-Dame des grâces. Considérons d'abord que celui qui désire des grâces doit recourir à Marie ; et ensuite, que celui qui recourt à Marie doit être persuadé qu'il obtiendra les grâces qu'il désire.


1er Point.
Lorsque la Sainte Vierge eut appris de l'archange Gabriel que sa cousine Élisabeth était enceinte de six mois, éclairée intérieurement des lumières de l'Esprit-Saint, elle connut que le Verbe incarné et devenu son Fils voulait commencer à manifester au monde les richesses de sa miséricorde, en répandant ses premières grâces sur toute cette pieuse famille. À l'instant Marie quitta sa chère solitude, et partit pour aller voir Élisabeth. Comme la charité supporte tout, et qu'elle ne veut aucun retard, dit S. Ambroise, Marie, sans s'inquiéter de la fatigue d'un long et pénible voyage, se mit en chemin. Dès qu'elle fut arrivée chez sa cousine, elle la salua et la salua la première. Cette visite de la Vierge ne fut point comme celles des mondains, qui se réduisent d'ordinaire à des cérémonies et à de vaines protestations : la visite de Marie procura à cette maison un trésor de grâces. Dès l'entrée de la Vierge, et à sa première parole, Élisabeth fut remplie de l'Esprit-Saint, Jean-Baptiste fut délivré du péché originel, et sanctifié ; il le montra en tressaillant d'allégresse dans le sein de sa mère, comme le déclara Élisabeth. De sorte que, suivant la remarque de S. Bernardin de Buste, c'est en vertu de la salutation de Marie, que Jean reçut la grâce de l'Esprit-Saint qui le sanctifia. « La voix de Marie pénétrant dans Élisabeth par ses oreilles, descendit jusqu'à l'enfant, qui reçut le Saint-Esprit par la vertu de cette salutation. »

Puisque ces premiers fruits de la rédemption passèrent tous par Marie, et qu'elle fut le canal qui communiqua la grâce à Jean-Baptiste, l'Esprit-Saint a Élisabeth, le don de prophétie à Zacharie, et tant d'autres bénédictions à cette sainte famille, qui furent les premières grâces que nous sachions avoir été accordées sur la terre par le Verbe, après son incarnation, il est bien juste de croire que Dieu dès lors établit Marie cet aqueduc universel, comme l'appelle S. Bernard, par lequel devaient ensuite passer toutes les autres grâces que le Seigneur voudrait nous accorder, ainsi que nous l'avons dit au Chapitre V du premier Volume.

C'est donc avec raison que la Mère de Dieu est appelée le trésor, la trésorière et la dispensatrice des grâces divines ; c'est ainsi que l'appellent le vénérable Abbé de Celles, S. Pierre Damien, le bienheureux Albert le grand, S. Bernardin, S. Grégoire Thaumaturge, Richard de Saint-Laurent, et autres. S. Bonaventure, en parlant du champ dont il est dit dans l'Évangile qu'il renfermait un trésor, et qu'on devait l'acheter à tout prix (Matth. 13. 44) assure que « ce champ signifie Marie, dans laquelle est renfermé le trésor de Dieu, qui est Jésus-Christ, et avec Jésus-Christ la source de toutes les grâces. » « Toutes les grâces que le Seigneur veut nous accorder, il les a mises entre les mains de Marie, pour nous montrer que tout le bien que nous recevons, nous le recevons par son intercession. » Nous l'apprenons de Marie elle-même, qui dit : C'est en moi que sont toutes les grâces des vrais biens que vous pouvez désirer en votre vie. (Eccli. 24) Oui, ô notre Mère et notre espérance, nous le savons, lui disait S. Pierre Damien, « tous les trésors des divines miséricordes sont placés entre vos mains. » « Ô Marie , toutes les grâces que Dieu a résolu de faire aux hommes, il veut les faire passer par vous ,il vous en a confié tous les trésors. » « Il n'est donc aucune grâce qui nous parvienne sans votre secours. »
Le bienheureux Albert le Grand commente ainsi ces paroles de l'Ange, Vous avez trouvé grâce : (Luc. 1) « Ô Marie, ne craignez pas, car vous avez trouvé la grâce. “Vous ne l'avez point ravie, comme voulait le faire Lucifer : vous ne l'avez point perdue comme Adam : vous ne l'avez pas achetée, comme voulait l'acheter Simon le Magicien ; mais vous l'avez trouvée, parce que vous l'avez cherchée.” Vous avez trouvé a grâce incréée, qui est Dieu lui-même devenu votre fils, et avec elle vous avez trouvé et obtenu tous les biens créés. »
S. Pierre Chrysologue conclut que « la Mère de Dieu trouva cette grâce, pour procurer le salut à tous les hommes. » Et ailleurs il dit que « Marie trouva une grâce si abondante, qu'elle suffit pour sauver tous les hommes. » « Comme Dieu a créé le Soleil pour éclairer la terre, ainsi il a créé Marie pour dispenser par son moyen toutes les divines miséricordes. » « Dès que la Vierge fut faite Mère du Rédempteur, elle acquit une sorte de juridiction sur toutes les grâces. »

« Si donc nous voulons obtenir quelque grâce, nous devons recourir à Marie, qui ne peut manquer d'obtenir pour ses serviteurs tout ce qu'elle demande, puisqu'elle a trouvé la grâce divine, et qu'elle la trouve toujours ; » et c'est exactement le sentiment de S. Bernard. Adressons-nous donc à Marie, la trésorière et la dispensatrice des grâces, « puisque telle est la volonté suprême du Maître universel, que toutes les grâces s'accordent par l'entremise de Marie : » Qui dit tout, n'excepte rien. Mais, comme pour obtenir les grâces, il faut avoir la confiance, voyons maintenant combien nous devons être persuadés que nous les obtiendrons en recourant à Marie.


2e Point.
Pourquoi Jésus-Christ a-t-il remis entre les mains de sa Mère toutes les richesses des miséricordes qu'il nous destine, si ce n'est pour qu'elle en enrichisse les fidèles qui l'aiment, qui l'honorent et qui recourent à elle avec confiance ? « Les richesses sont avec moi, dit Marie, pour enrichir ceux qui m'aiment ; (Prov. 8. 21) » car l'Église applique ces paroles à Marie. « C'est uniquement pour notre usage, que ces richesses de vie éternelle se conservent dans le sein de la Vierge, où Dieu les a placées, pour enrichir les pauvres. » S. Bernard ajoute que « Marie a été donnée au monde comme un canal de miséricorde, pour que par elle les grâces du ciel descendissent sans interruption sur les hommes. »

Le même Saint cherche la raison pour laquelle l'Ange Gabriel ayant déjà trouve Marie pleine de grâce en la saluant, lui dit ensuite que l'Esprit-Saint allait descendre en elle, pour la remplir encore plus de grâces. Si elle était déjà pleine de grâce, que pouvait faire de plus la venue du divin Esprit ? « Marie, répond-il, était déjà pleine de grâce, il est vrai, mais le Saint-Esprit lui en donna une mesure surabondante, afin qu'elle pourvût à tous nos besoins. »

Bienheureux celui qui me trouve en recourant à moi (Prov. 8. 35), dit Marie ; il trouvera la vie, et la trouvera facilement ; car, ainsi qu'il est aisé de trouver et de puiser à une grande fontaine autant d'eau qu'on en désire, de même il est aisé de trouver des grâces et le salut éternel en recourant à Marie ! Il suffit de les lui demander pour les avoir. Avant la naissance de Marie, « on n'avait pas sur la terre cette grande abondance de grâces qu'on y voit de nos jours, parce qu'on n'y possédait pas Marie, qui en est l'admirable canal. » Mais à présent que nous avons cette Mère de miséricorde, quelles grâces pourrions-nous craindre de ne pas obtenir en recourant à elle ? « Je suis, dit-elle, la ville de refuge, pour tous ceux qui recourent à moi. Venez donc, mes chers enfants, et vous obtiendrez par moi les grâces plus abondamment que vous ne le pensez. »

Une servante de Dieu vit en Esprit la Mère du Sauveur sous la forme d'une fontaine, où plusieurs personnes puisaient beaucoup d'eau, symbole de la grâce, mais qu'arrivait-il ensuite ? Ceux qui portaient des vases entiers conservaient les grâces reçues, tandis" que ceux qui portaient des vases fêlés, c'est-à-dire des âmes chargées de péchés, recevaient bien les grâces, mais ils les perdaient presque aussitôt. Du reste il est certain que par l'entremise de Marie, les hommes même les plus ingrats et les pécheurs les plus misérables obtiennent tous les jours des grâces innombrables.

S. Augustin lui dit : « C'est par vous que nous, misérables, héritons de la miséricorde ; pécheurs, du pardon ; vils et rampants, de dons sublimes ; charnels, de grâces célestes ; mortels, de la vie ; voyageurs, de la patrie. »

Ranimons donc notre confiance de plus en plus, toutes les fois que nous recourons à Marie pour en obtenir des grâces ; et pour l'augmenter, rappelons-nous sans cesse les deux grandes qualités de cette Mère incomparable, savoir : le désir de faire du bien et le pouvoir qu'elle tient de son Fils d'obtenir tout ce qu'elle demande. Pour bien connaître le désir qu'éprouve Marie de nous être utile et propice, il suffit de considérer le mystère de la visite de Marie à Sainte Élisabeth.

La longueur d'un pénible voyage n'empêcha point Marie, toute faible et délicate qu'elle était, de se mettre aussitôt eu route ; elle y fut décidée par cet esprit de charité dont son cœur fut sans cesse embrasé, pour aller commencer dès lors son grand office de dispensatrice des grâces. Ce n'est pas que Marie allât pour s'assurer si ce que l'Ange lui avait dit de la grossesse d'Élisabeth était vrai ; non : mais toute ravie de pouvoir être utile à cette famille, transportée de joie dans la pensée du bien qu'elle allait faire aux autres, et tout occupée de ce ministère de charité, elle partit avec empressement, expression que l'Évangéliste n'emploie pas quand il parle du retour de Marie, après qu'elle eut rempli sa mission et rendu service à cette maison.
« Quel autre motif en effet pouvait engager la Mère de Dieu à faire ce voyage avec tant de célérité, si ce n'est le désir d'exercer sa charité envers cette famille ? »

Marie, en montant au ciel, n'a pas perdu cet esprit de charité envers les hommes : il a au contraire augmenté en elle, parce que là elle connaît mieux nos besoins, et compatit davantage à nos misères. « Marie éprouve un plus grand désir de nous secourir, que nous n'en avons d'être secourus ; » « c'est même l'offenser que de ne lui point demander des grâces, » « puis que l'inclination de Marie est de les distribuer à tout le monde, et qu'elle en enrichit abondamment ses fidèles serviteurs. »
« Trouver Marie , c'est trouver toute sorte de biens. Qui que ce soit peut la trouver, fût-il le plus grand pécheur du monde ; car elle est si bienfaisante, qu'elle ne rejette aucun de ceux qui ont recours à elle. » « Je vous invite tous à recourir à moi (c'est ainsi que Thomas a Kempis la fait parler), je vous attends tous : je vous désire tous, et je ne méprise jamais un pécheur, quelque désespéré qu'il soit, quand il implore mon secours. » Celui qui l'invoque la trouve toujours disposée à le secourir, et à lui obtenir par ses puissantes prières toutes les grâces qui conduisent au salut éternel.
J'ai dit, par ses puissantes prières, parce que le second motif qui doit augmenter notre confiance en Marie, c'est qu'elle obtient de Dieu tout ce qu'elle demande en faveur de ceux qui l'honorent. « Observez la grande vertu des paroles de Marie, puisqu'à sa voix la grâce de l'Esprit-Saint fut conférée à Élisabeth et à Jean son fils. »
« Le Sauveur aime que Marie le prie pour nous, parce que toutes les grâces qu'il accorde alors, il les accorde moins à nous, qu'à sa Mère. »
Jésus se fait en quelque sorte une obligation d'exaucer lotîtes les demandes de Marie, et de lui obéir à cet égard comme à sa véritable Mère ; « les prières de cette Mère ont une certaine autorité sur le cœur du Seigneur, et elle obtient le pardon aux plus grands pécheurs, quand ils l'invoquent. » Aux noces de Cana, Marie demanda à son Fils le vin qui manquait : et quoique le temps destiné aux miracles ne fût pas encore arrivé, le Sauveur, pour obéir à sa Mère, fit le miracle qu'elle demandait, en changeant l'eau en vin.

Si nous voulons des grâces, allons au trône de la grâce (Hébr. 4. 16), c'est Marie : et allons-y avec la ferme espérance d'être exaucés, puisque Marie obtient tout ce qu'elle demande à son fils. La Sainte Vierge a révélé à Sainte Mechtilde, que « l'Esprit-Saint, en la remplissant de toute sa douceur, l'avait rendue si agréable à Dieu, que quiconque demandait des grâces par son entremise, les obtenait. »
Saint Anselme pense que « quelquefois les grâces nous sont plutôt accordées en recourant à Marie, qu'en recourant au Sauveur lui-même : » ce n'est pas que Jésus-Christ ne soit la source et le maître de toutes les grâces, mais c'est que les prières de Marie étant celles d'une mère, elles ont plus de force que les nôtres. Ne nous éloignons donc jamais des pieds de cette dispensatrice des grâces, et disons-lui sans cesse : « Ô Mère de Dieu, ouvrez-nous la porte de votre cœur, qui est si compatissant ; priez pour nous, car vos prières procurent le salut à tous les hommes. » En, recourant à Marie, il vaudra mieux la prier de demander pour nous le6 grâces qu'elle tait être plus convenables à notre salut. Un bon Religieux se trouvant malade demandait à Marie la guérison. La Vierge lui apparut suivie de Ste Cécile et de Ste Catherine, et lui dit avec une très grande douceur : Que veux-tu, mon fils, que je fasse pour toi ? Une aussi belle offre embarrassa le malade et il ne savait que répondre.
Alors une de ces Saintes lui dit : Ne demande rien, remets-toi entièrement entre ses mains, parce que Marie saura te faire une grâce bien plus avantageuse pour toi que tout ce que tu pourrais lui demander. Le malade suivit ce conseil, et la Mère de Dieu lui obtint la grâce d'une parfaite guérison.
Si nous désirons être visités par cette Reine du Ciel, il sera très à propos que nous la visitions souvent nous-mêmes dans quelque Église qui lui soit dédiée. Les avantages de cette pratique sont prouvés par l'exemple qui suit.


Exemple


Deux Religieux s'acheminaient vers un sanctuaire de la Ste Vierge. Surpris de la nuit dans un grand bois, ils ne savaient plus que faire. Mais en s'avançant un peu plus, ils crurent voir une maison à travers l'obscurité. Ils cherchent la porte, frappent, et entendent à l'instant qu'on leur demande qui ils sont. Ils répondent qu'ils sont deux pauvres Religieux égarés, et qu'ils demandent à loger, pour n'être pas dévorés par les loups. On leur ouvre la porte, et ils voient venir deux Pages richement vêtus, qui les reçoivent avec beaucoup de politesse.
Les Religieux demandent : qui habite ce palais ? Les Pages répondent que c'est une Dame très pieuse.
Nous désirerions bien, répliquent-ils, la saluer, et la remercier de sa charité envers nous. Précisément, disent les Pages, c'est à elle que nous vous conduisons, car elle veut vous parler. Ils montent, ils trouvent les chambres toutes illuminées, bien meublées, et parfumées d'une odeur si agréable, qu'elle semblait celle du paradis. Ils entrent dans la chambre de la maîtresse du logis, voient une Dame majestueuse et d'une rare beauté, qui les accueillit avec une extrême bonté, et leur demande où ils vont. Ils répondent qu'ils se rendent à une Église de la Sainte Vierge. Quand vous partirez, reprend la Dame, je vous donnerai une lettre qui vous sera très utile. Les Religieux se sentaient embrasés de l'amour de Dieu, et goûtaient une joie intérieure qui leur avait été inconnue jusqu'alors.
Ils allèrent ensuite prendre du repos, autant que la joie le leur permit. Le matin, ils allèrent prendre congé de la Dame, et recevoir la lettre qu'elle leur remit en effet, et ils partirent. Mais sortis du palais, ils s'aperçurent que la lettre n'avait point d'adresse ; ils regardèrent de tous côtés, et ne virent plus la maison. Ils lurent la lettre, et reconnurent que c'était la sainte Vierge Marie qui leur écrivait, leur apprenait que c'était elle qu'ils avaient vue au château, et que, pour récompenser leur dévotion envers elle, elle les avait pourvus de maison et de rafraîchissements dans cette forêt ; elle les exhortait à continuer de la servir et de l'aimer, et leur promettait à cette condition de les secourir durant leur vie et à leur mort.


Prière


Vierge sainte et sans tache, puisque vous êtes la dispensatrice universelle de toutes les grâces de Dieu, vous êtes donc l'espérance de tout le monde, et la mienne. Je remercie sans cesse mon Seigneur et mon Dieu de m'avoir appris que vous êtes le moyen que je dois prendre pour obtenir les grâces et pour me sauver ; vous êtes le moyen, ô Mère de Dieu, puisque je sais que c'est d'abord par les mérites de Jésus-Christ, puis par votre intercession, que je me dois sauver. Ah ! ma Reine et ma Mère ! vous vous êtes hâtée de visiter et de sanctifier par votre visite la maison d'Élisabeth ; daignez aussi visiter, et visitez bientôt ma pauvre âme. Ne tardez pas, ô Marie ; vous avez mieux que moi combien elle est pauvre et accablée de maux, d'affections déréglées, de mauvaises habitudes et de péchés commis, maux contagieux qui la conduiraient à la mort éternelle. Vous pouvez l'enrichir, ô Mère de grâces, et la guérir de toutes ses infirmités. Visitez-moi donc durant ma vie et surtout à l'heure de ma mort, parce que c'est alors que votre assistance me sera plus nécessaire. Je ne demande pas que vous me visitiez sur la terre par votre présence visible, comme vous avez visité tant d'autres chrétiens vos serviteurs, qui n'étaient pas indignes ni ingrats comme je le suis. Je désire seulement vous voir un jour dans le ciel, pour vous y aimer davantage, et vous remercier de tout le tien que vous m'aurez fait. Maintenant il me suffit que vous me visitiez par votre miséricorde, et que vous priiez pour moi.
Priez donc, ô Marie, et recommandez-moi à votre divin Fils. Vous connaissez mieux que moi mes misères et mes besoins. Que vous dirai-je de plus ? Ayez pitié de moi. Je suis si misérable et si ignorant, que je ne sais pas même connaître ni demander les grâces qui me sont les plus nécessaires. Demandez-les vous-même pour moi, et obtenez-les-moi de votre Fils, ces grâces que vous savez être les plus utiles et les plus nécessaires au bien de mon âme. Je m'abandonne tout entier entre vos mains, et je prie seulement la Majesté divine de m'accorder par les mérites de mon Sauveur Jésus-Christ ce que vous lui demanderez pour moi. Demandez, donc pour moi, ô Vierge très sainte, ce que vous jugerez à propos. Vos prières ne sont jamais rejetées. Ce sont les prières d'une Mère à un Fils qui vous aime tant, et qui prend plaisir à nous accorder tout ce que vous lui demandez ; pour vous rendre ainsi plus d'honneur, et vous témoigner en même temps le grand amour qu'il a pour vous. Faisons donc ainsi, ô Marie : Je mets ma confiance en vous ; et vous, daignez vous charger de mon salut. Ainsi soit-il.






Lire "Les gloires de Marie" (Tome 1, Tome II).


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