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mardi 13 juin 2017

Preuves directes de la divinité du Saint-Esprit : les noms qui lui sont donnés, ses attributs et ses oeuvres...



Extrait de "Traité du Saint-Esprit" de Mgr Gaume :


Là première chose à savoir du Saint-Esprit, c'est qu'il est Dieu comme le Fils et le Père ; qu'il a la même nature, la même divinité, les mêmes perfections ; qu'il est comme eux éternel, tout-puissant, infiniment sage et infiniment bon ; digne comme eux de la confiance et de l'amour, des adorations, des prières et des louanges du ciel et de la terre, des anges et des hommes. Voilà tout ce que nous professons, en disant : Je crois au Saint-Esprit : Credo in Spiritum sanctum.

Or, dans les livres saints, depuis la Genèse jusqu'à l'Apocalypse ; dans l'enseignement, non interrompu pendant dix-huit siècles, des Pères de l'Église et de l'Église elle-même, la divinité du Saint-Esprit ne brille pas avec moins d'éclat que la divinité du Fils et du Père. La preuve en est dans les témoignages cités jusqu'ici en faveur du dogme de la Trinité (on trouvera les autres dans les grands théologiens : Vitasse, De Trinitate ; Pétau, De dogmatibus theologicis, etc.). Nous pourrions nous en tenir là ; car rien n'est mieux fondé que notre foi à la divinité du Saint-Esprit. Apportons néanmoins quelques preuves directes de cette vérité fondamentale. Elles se présentent en foule dans les noms que l'Écriture donne au Saint-Esprit ; dans les attributs qu'elle lui reconnaît ; dans les œuvres qu'elle lui assigne ; dans la tradition des Pères et dans la doctrine de l'Église.

Les noms. Ils nous offrent de la divinité du Saint-Esprit deux genres de preuves : l'une négative, et les autres positives. La première résulte de ce fait péremptoire, que jamais dans les Écritures de l'Ancien ou du Nouveau Testament, le Saint-Esprit n'est appelé créature. Cependant nous trouvons, dans les prophètes et dans les apôtres, la brillante énumération des principales créatures du ciel et de la terre. David nous la donne plusieurs fois dans les Psaumes (entre autres, ps. 148 et 162). Daniel la répète magnifiquement dans le cantique des trois enfants de Babylone. Parmi tous les chefs-d'œuvre de la puissance créatrice, nulle mention du Saint-Esprit.

Paul, ravi au troisième ciel, a vu les hiérarchies angéliques ; il nomme, chacun par son nom, les ordres qui les composent. Dans aucun, son regard, illuminé de la lumière de Dieu même, n'a découvert le Saint-Esprit. Nulle part il ne le nomme parmi les créatures : chose, pourtant, qu'il n'aurait pas manqué de faire, si le Saint-Esprit n'était pas Dieu. En effet, son sublime recensement des créations angéliques a pour but de montrer que tout ce qui n'est pas Dieu, est au-dessous du Verbe incarné. Non seulement il ne nomme jamais le Saint-Esprit parmi les créatures, mais toujours il le place sur la même ligne que le Père et le Fils et le nomme avec eux.

Venons aux preuves positives. Dans l'Ancien Testament le nom de Jéhovah, et dans le Nouveau le nom de Dieu sans modification, est, chacun le sait, le nom incommunicable de Dieu. Or ce double nom est constamment donné au Saint-Esprit. Au second livre des Rois, David dit : «L'Esprit de Jéhovah a parlé par moi, et son discours est sorti de mes lèvres. » Quel est cet Esprit ? Le verset suivant nous l'apprend aussitôt : « Le Dieu d'Israël ma dit : Le Fort d'Israël a parlé. » D'où l'on voit que l'Esprit de Jéhovah est Jéhovah lui-même, le Fort, le Dieu d'Israël.

À son tour, Isaïe s'exprime ainsi : « Et le Seigneur des armées (Jéhovah) a dit : Va, et dis à ce peuple : Vous écouterez avec attention, et vous ne voudrez pas comprendre. »

Quel est ce Dieu, ce Jéhovah des armées ? Le Saint- Esprit, répond saint Paul. Dans sa prison de Rome, parlant aux Juifs incrédules accourus pour l'entendre, il rappelle ce texte d'Isaïe et leur dit : « Le Saint-Esprit a eu raison de dire par la bouche d'Isaïe : Va, et dis à ce peuple : Vous écouterez avec attention, et vous ne voudrez pas comprendre. » Ici encore, celui qu'Isaïe appelle le Seigneur des armées, Jéhovah, le Dieu d'Israël, le vrai Dieu, en un mot : l'Apôtre nous dit que c'est le Saint-Esprit. Pouvait-il enseigner plus clairement la divinité de la troisième personne de l'auguste Trinité ?

Ce n'est pas seulement dans Isaïe, c'est dans tous les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, qu'il est dit que Dieu a parlé par les prophètes. Pour n'en citer que deux exemples : au début de son Évangile, saint Luc s'exprime en ces termes : « Comme le Dieu d'Israël l'a dit par la bouche de ses saints prophètes dans la suite des siècles. » Et saint Paul écrivant aux Hébreux : « Autrefois Dieu a parlé à nos pères par les prophètes. » Eh bien ! ce Dieu inspirateur des prophètes, c'est encore le Saint-Esprit. Nous ne pouvons pas en être plus assurés que par le témoignage de saint Pierre lui-même. Voici ses paroles : « Il faut que l'Écriture soit accomplie, comme le Saint-Esprit l'a prédit par la bouche de David. » Et ailleurs : « C'est par l'inspiration du Saint-Esprit qu'ont parlé les saints hommes de Dieu. »

De là, ce raisonnement aussi simple qu'il est concluant : celui qui a parlé par les prophètes est le vrai Dieu. Or, c'est le Saint-Esprit qui a parlé par les prophètes. Le Saint-Esprit est donc Dieu, vrai Dieu comme le Père et le Fils. De plus, comme l'Écriture distingue le Saint-Esprit du Père et du Fils, il en résulte clairement que le Saint-Esprit est une personne distincte du Fils et du Père.

Dans une circonstance mémorable, le même apôtre proclame avec non moins d'éclat la divinité du Saint- Esprit. Ananie trompe sur le prix de son champ. À la tromperie, il ajoute un mensonge public. En présence de toute l'Église de Jérusalem, Pierre lui dit : « Pourquoi Satan a-t-il tenté ton cœur jusqu'à te faire mentir au Saint-Esprit ? ce n'est pas aux hommes que tu as menti, c'est à Dieu (Act., v, 3, 4). » Ananie a menti au Saint-Esprit. Pierre dévoile sa faute et lui dit : En mentant au Saint-Esprit, ce n'est ni aux hommes ni à une simple créature que tu as menti, c'est à Dieu lui-même. Donc le Saint-Esprit est Dieu. La conséquence est logique et la conclusion inattaquable.

Les attributs. Même raisonnement que pour les noms. Il est Dieu celui à qui conviennent tous les attributs de Dieu. Or, tous les attributs de Dieu conviennent au Saint-Esprit. Les grands attributs de Dieu sont: l'éternité, l'immensité, l'intelligence infinie, la toute-puissance : le Saint-Esprit les possède tous.

L'éternité. Il est éternel celui qui a précédé tous les temps. Il a précédé tous les temps, celui qui, en créant le monde, a créé le temps lui-même. Or, le Saint- Esprit a créé le monde de concert avec le Père et le Fils. « Dans le principe Dieu créa le ciel et la terre, et l'Esprit de Dieu était porté sur les eaux (Gen., I, 1-3). »

L'immensité. Il est immense celui qui embrasse tous les lieux et qui les remplit, au point que nul ne peut se soustraire à sa présence. « L'Esprit du Seigneur remplit le globe. Où irai-je loin de votre Esprit ? où fuirai-je loin de votre face ? Si je monte au ciel, vous y êtes ; si je descends dans l'enfer, vous y êtes encore ; si je prends les ailes de l'aurore et que je me transporte par delà les océans, c'est votre main qui m'y conduira et vous me tiendrez de votre droite (Ps. CXXXVIII, 7-10). »

L'intelligence infinie. Il voit tout, il connaît tout, il sait tout, celui pour qui le ciel et la terre n'ont point de secret ; qui pénètre jusque dans leurs profondeurs les mystères de Dieu même ; qui embrasse la vérité, toute la vérité dans le passé, dans le présent, dans l'avenir et qui en est le docteur infaillible. Tel est le Saint-Esprit.

Parlant des merveilles de la céleste Jérusalem, saint Paul dit : « L'œil n'a point vu, l'oreille n'a point entendu, et le cœur de l'homme n'a jamais compris ce que Dieu prépare à ceux qui l'aiment ; mais pour nous, Dieu nous l'a révélé par son Esprit, car cet Esprit pénètre tout, même les profondeurs de Dieu. Qui d'entre les hommes connaît ce qui est dans l'homme, sinon l'esprit de l'homme qui est en lui ? De même, personne ne connaît ce qui est en Dieu, sinon l'Esprit de Dieu... (I Cor., II, 9-11). Et saint Jean : « Le Consolateur, le Saint- Esprit que mon Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, vous rappellera tout ce que je vous ai dit et vous annoncera tout ce qui doit arriver (Joan, xiv ; 26, et xv, 13). »

Ces textes si clairs furent les armes victorieuses dont saint Ambroise et les anciens Pères se servirent, pour confondre le négateur de la divinité du Saint- Esprit, l'impie Macédonius.

La toute-puissance. Il est tout-puissant celui qui fait sortir l'être du néant, par un signe de sa volonté, et dont toutes les œuvres dénotent une puissance infinie. Tel est encore le Saint-Esprit. « Les cieux, disent les prophètes, ont été créés par le Verbe du Seigneur, et leur constante harmonie par l'Esprit de sa bouche ; car l'Esprit de la sagesse créatrice est tout-puissant (Sap., VII, 21-23). »

Les œuvres. Nous ne ferons qu'effleurer ce vaste sujet, puisque, nous devons en traiter avec détail dans la suite de notre ouvrage. Les œuvres de Dieu sont de deux sortes : les œuvres de la nature et les œuvres de la grâce. Or, toutes ces œuvres sont attribuées au Saint-Esprit, comme au Fils et au Père. Dans l'ordre naturel, la création de l'homme et du monde ; nous venons de le voir par les témoignages des livres saints. Ajoutons seulement la parole si précise du saint homme, Job : « C'est l'Esprit de Dieu qui m'a créé : Spiritus Dei fecit me (XXXIII, 4). »

Dans l'ordre de la grâce, la régénération de l'homme et du monde. Le prophète nous renseigne : « Vous enverrez votre Esprit, et tout sera créé ; et vous renouvellerez la face de la terre (Ps. 103, 30). » Et plus clairement encore le Maître des prophètes : « Si quelqu'un ne renaît de l'eau et du Saint-Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu (Joan., III, 5), » Et la formule même de la régénération universelle : « Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit (Matth., XXYIII, 19). » Quelle égalité plus parfaite !
« Oh ! oui, Esprit sanctificateur, s'écrie Bossuet, vous êtes égal au Père et au Fils, puisque nous sommes également consacrés au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ; et que vous avez avec eux un même temple qui est notre âme, notre corps (I Cor., III, 16, 17 ; VI, 19), tout ce que nous sommes. Rien d'inégal ni d'étranger au Père et au Fils, ne doit être nommé avec eux en égalité. Je ne veux pas être baptisé ni consacré au nom d'un conserviteur, je ne veux pas être le temple d'une créature : ce serait une idolâtrie de lui bâtir un temple, et à plus forte raison d'être et de se croire soi-même son temple (Élév. sur les myst., II Serm., Elév. 5). »

La tradition. Elle s'est exprimée par la voix des Pères et des docteurs. Non moins précise que celle de l'Écriture, sa parole a traversé les siècles, sans cesse reproduite par de nouveaux organes. Nous la voyons même immobilisée dans des monuments qui remontent jusqu'au berceau du christianisme. Les échos de l'Orient et de l'Occident redisaient encore les derniers accents de la voix des apôtres, saint Jean était à peine descendu dans la tombe, lorsque parurent les premiers apologistes chrétiens. Au rapport de saint Basile, le pape saint Clément, troisième successeur de saint Pierre, martyrisé vers l'an 100, avait coutume de faire cette prière : Vive Dieu et Notre-Seigneur Jésus-Christ et le Saint-Esprit (Lib. de Spir. sanct., c. xxix, n. 72). Dans son éloquent plaidoyer, présenté à l'empereur Antonin, vers Tan 120, saint Justin "s'exprime ainsi : « Nous honorons et adorons en esprit et en vérité le Père et le Fils et le Saint-Esprit (Apolog. 1, n. 6). »

Ce que saint Justin avait dit à Rome, quelques années plus tard saint Irénée l'enseignait dans les Gaules. « Ceux, dit-il, qui secouent le joug delà loi et se laissent emporter à leurs convoitises, n'ayant aucun désir du Saint-Esprit, l'apôtre les appelle avec raison des hommes de chair (Cité par saint Basile, en preuve de la divinité du Saint-Esprit. Lib. de Spir. sanct.y c. xxix, n. 72). »

À la même époque, Athénagore demandait : « N'est-il pas étrange qu'on nous appelle athées, nous qui prêchons Dieu le Père et Dieu le Fils et le Saint- Esprit (Légat, pro Christian., n. 12 et 24) ? »

Son contemporain, Eusèbe de Palestine, pour s'encourager à parler, disait : « Invoquons le Dieu des prophètes, auteur de la lumière, par notre Sauveur Jésus-Christ avec le Saint-Esprit (Ap. Basil., ibid). »

Vingt ans à peine se sont écoulés, et nous trouvons le témoignage, non plus d'un seul homme, mais de toute une Église, L'an 169, les fidèles de Smyrne écrivent à ceux de Philadelphie l'admirable lettre dans laquelle ils racontent que saint Polycarpe, leur évêque et disciple de saint Jean, près de souffrir le martyre, a rendu gloire à Dieu en ces termes : « Père de votre bien-aimé Fils Jésus-Christ, béni soit-il, Dieu des anges et des puissances, Dieu de toute créature, je vous loue, je vous bénis, je vous glorifie, par Jésus-Christ votre Fils bien-aimé, pontife éternel, par qui gloire à vous avec le Saint-Esprit, maintenant et aux siècles des siècles (Epist. Smyrn. EccL, apud Baron., an. 169). »

Que la divinité du Saint-Esprit fat un dogme de la foi chrétienne, les païens eux-mêmes le savaient. Dans son dialogue intitulé Philopatris, un de leurs plus grands ennemis, Lucien, introduit un chrétien qui invite un catéchumène à jurer par le Dieu souverain, par le Fils du Père, par l'Esprit qui en procède, qui font un en trois, et trois en un, ce qui est le vrai Dieu.

Au troisième siècle nous trouvons, en Occident, le redoutable Tertullien. Son livre de la Trinité, contre Praxéas, commence ainsi : « Praxéas, procureur du diable, est venu à Rome faire deux œuvres de son maître : il a chassé le Paraclet et crucifié le Père. L'ivraie praxéenne a germé. Dieu aidant, nous l'arracherons ; il nous suffit pour cela d'opposer à Praxéas le symbole qui nous vient des apôtres. Nous croyons donc toujours, et maintenant plus que jamais, en un seul Dieu, qui a envoyé sur la terre son Fils qui, à son tour, remonté vers son Père, a envoyé le Saint-Esprit, sanctificateur de la foi de ceux qui croient au Père, et au Fils et au Saint-Esprit. Bien qu'ils soient inséparables, cependant autre est le Père, autre le Fils, autre le Saint-Esprit (Adv. Prax., c. I, II, IX, édit. Pamel). »

De l'Orient nous arrive le témoignage du saint évêque martyr, Denys d'Alexandrie. Faussement accusé de sabellianisme, il termine sa défense par ces remarquables paroles : « Nous conformant en tout à la formule et à la règle reçue des évêques qui ont vécu avant nous, unissant notre voix à la leur, nous vous rendons grâces et nous mettons fin à cette lettre : ainsi à Dieu le Père, et au Fils Jésus-Christ Notre- Seigneur avec le Saint-Esprit, soit la gloire et l'empire aux siècles des siècles. Amen (Apud S. Basil., ubi supra, n. 72). »

La glorieuse formule de foi n'échappe pas à Jules Africain. Au cinquième livre de son Histoire, il dit : « Pour nous qui avons appris la force de ce langage et qui n'ignorons pas la grâce de la foi, nous remercions le Père qui nous a donné, à nous ses créatures, le Sauveur de toutes choses, Jésus-Christ, à qui gloire et majesté avec le Saint-Esprit dans tous les siècles (Apud. S. Basil., ubi supra, n. 73). »

Au quatrième siècle, voici les deux grandes lumières de l'Église orientale, saint Basile et saint Grégoire de Nazianze. Le premier commence par citer deux usages, témoins vivants de la foi immémoriale à la divinité du Saint-Esprit, les prières lucernaires et l'hymne d'Athénogène. « Il a paru bon à nos pères, dit-il, de ne pas recevoir en silence le bienfait de la lumière du soir, mais de rendre grâces aussitôt qu'elle brille. Quel est l'auteur de la prière, qu'on récite en action de grâces lorsqu'on allume les lampes, nous ne le savons pas ; mais le peuple prononce cette antique formule, que nul n'a jamais taxée d'impiété : Louange au Père, et au Fils et au Saint-Esprit. Qui connaît l'hymne d'Athénogène, laissée par ce martyr à ses disciples, comme un préservatif, lorsqu'il marchait au bûcher, sait ce que les martyrs ont pensé du Saint-Esprit (Lib. de Spirit. sanct. c. xxix, n. 73. — La prière lucernaire était déjà en usage en Occident du temps de Tertulien. Baronius écrit que Athénogène, martyr et grand théologien, est le même qu'Athénagore, le célèbre apologiste. Martyrol, 18 janvier). »

L'illustre évêque devient lui-même un puissant organe de la tradition, « Le Saint-Esprit, dit-il, est appelé saint, comme le Père est saint, comme le Fils est saint ; saint non comme la créature qui tire sa sainteté du dehors, mais saint par l'essence même de sa nature. Aussi, il n'est pas sanctifié, mais il sanctifie.

Il est appelé bon, comme le Père est bon, parce que la bonté lui est essentielle ; de même, il est appelé droit, comme le Seigneur Dieu lui-même est droit, parce qu'il est de sa nature la droiture même, la vérité même, la justice même, sans variation, sans altération, à cause de l'immutabilité de sa nature. Il est appelé Paraclet, comme le Fils lui-même ; en sorte que tous les noms communs au Père et au Fils conviennent au Saint-Esprit, en vertu de la communauté de nature. Où trouver une autre origine ? (Lib. de Spir. sanct., e. xix, n. 48) »

Écoutons maintenant son ami, saint Grégoire de Nazianze : « Le Saint-Esprit a toujours été, il est et il sera ; il n'a point eu de commencement, il n'aura point de fin, pas plus que le Père et le Fils, avec lesquels il est inséparablement uni. Il a donc toujours été participant de la divinité et ne la recevant pas ; perfectionnant et n'étant pas perfectionné ; remplissant tout, sanctifiant tout, et n'étant ni sanctifié ni rempli ; donnant la divinité et ne la recevant pas ; toujours le même et toujours égal au Père et au Fils ; invisible, éternel, immense, immuable, incorporel, essentiellement actif, indépendant » tout-puissant ; vie et père de la vie ; lumière et foyer de lumière ; bonté et source de bonté, inspirateur des prophètes, distributeur des grâces ; Esprit d'adoption, de vérité, de sagesse, de prudence, de science, de piété, de conseil, de force, de crainte ; qui possède tout en commun, avec le Père et le Fils : l'adoration, la puissance, la perfection, la sainteté (Orat. in die Pentecost). »

Quoi de plus clair que ce passage auquel il serait facile d'en ajouter beaucoup d'autres de la même époque ? Ni moins formels ni moins nombreux sont les témoignages des temps postérieurs : un seul suffira. « Nous croyons au Saint-Esprit, dit Rupert, et nous le proclamons vrai Dieu et Seigneur, consubstantiel et coéternel au Père et au Fils, c'est-à-dire absolument le même en substance que le Père et le Fils, mais non le même quant à la personne. En effet, comme autre est la personne du Père et autre la personne du Fils ; ainsi, autre est la personne du Saint-Esprit.
« Mais la divinité, la gloire, la majesté du Père et du Fils, sont la divinité, la gloire, la majesté du Saint-Esprit. Afin de distinguer la personne du Fils de la personne du Saint-Esprit, nous disons que le Fils est le Verbe et la Raison du Père, mais Verbe substantiel, Raison éternellement et substantiellement vivante ; et du Saint-Esprit, nous disons qu'il est la Charité ou l'Amour du Père et du Fils, non charité accidentelle, amour passager, mais Charité substantielle et Amour éternellement subsistant (De operib. Spir. sanct, lib. I. c. III). »

Majestueuse puissance ? Prenons deux créatures du même genre et de la même espèce, dont Tune le possède et dont l'autre en est privée. Si c'est parmi les anges : l'un est Lucifer, l'autre saint Michel ; parmi les hommes : l'un est Pierre, l'autre Judas. La seule chose qui fait la différence entre ces deux anges et entre ces deux hommes, c'est que l'un est participant du Saint-Esprit, l'autre non. À la majesté du Verbe qui les a créés, l'un et l'autre doivent d'être raisonnables ; ils ne diffèrent entre eux, comme il vient d'être dit, que par la participation ou la privation de l'amour éternel. Cet exemple fait briller le caractère propre de l'opération du Saint-Esprit : au Verbe éternel la créature raisonnable doit d'être ; au Saint-Esprit, d'être bien. »

La grande parole des siècles s'est incarnée dans plusieurs pratiques éminemment traditionnelles : nous voulons parler des trois immersions dans le baptême ; du Kyrie répété trois fois en l'honneur de chaque personne divine ; du trisagion chanté dans la liturgie ; du signe de la croix, de la doxologie et du Gloria Patri. Ces deux prières surtout sont la proclamation.

Et, pour faire ressortir avec éclat la divinité du Saint-Esprit, le profond théologien ajoute : « Voulons-nous avoir quelque idée de cet Amour et de sa éclatante du dogme de la Trinité, par conséquent de la divinité du Saint-Esprit. Écho terrestre du trisagion éternel des séraphins, ces admirables formules terminent toutes les hymnes et tous les psaumes de l'office. Depuis les temps apostoliques, elles se répètent jour et nuit, sur tous les points du globe, par des milliers de bouches sacerdotales. Il en est même du signe de la croix. Ce signe auguste, dont l'origine n'est pas de la terre, redit d'une voix infatigable à tous les échos du monde et à tous les instants de la journée : le Père est Dieu, le Fils est Dieu, le Saint-Esprit est Dieu. Plus ces usages sont populaires, plus ils constatent l'ancienneté et l'universalité de la tradition (De Coron. milit., c. III).




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