Extrait du Catéchisme spirituel de la Perfection Chrétienne, Tome II, par le R.P. Jean-Joseph Surin :
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| Sainte Paule, sa fille et Saint Jérôme |
Du devoir des Veuves
À quoi doivent s'occuper les veuves qui veulent vivre chrétiennement, et pratiquer la dévotion ?
À l'oraison, à la mortification et aux bonnes œuvres.
Pourquoi doivent-elles s'occuper à l'oraison ?
Parce que S. Paul leur en a fait un devoir. Une femme qui n'est point mariée, dit-il, pense aux choses qui regardent le Seigneur. Quoiqu'on ne puisse pas blâmer les veuves qui ne renoncent point au mariage, et que ce que nous disons ici puisse leur être utile, il est vrai pourtant que ces instructions regardent particulièrement celles que l'apôtre appelle vraiment veuves ; c'est-à-dire, qui non seulement n'ont point de mari, mais qui n'en veulent point avoir.
Telle était Judith ; elle avait un oratoire au plus haut de sa maison où elle se retirait peur prier Dieu. Telle était Anne la Prophétesse qui, étant encore jeune lorsqu'elle perdit son mari, s'adonna entièrement aux jeûnes et à l'oraison, de sorte qu'elle était assidue au Temple, et qu'elle y passait en prière une partie du jour et de la nuit. C'est ainsi que se comportait sainte Monique après avoir perdu son mari. S. Augustin nous apprend que lorsqu'elle était à Milan avec lui, elle vivait de prières, voilà le modèle des véritables veuves ; elles ne doivent point se lasser d'être aux pieds de Notre-Seigneur et de le prier pour l'Église, pour leur famille, pour les personnes avec qui elles sont liées d'une sainte amitié, et pour les âmes du Purgatoire.
Pourquoi la mortification convient-elle particulièrement aux veuves ?
Parce que sans la pénitence on ne saurait se soutenir dans la voie de l'oraison, ou du moins y faire de grands progrès. C'était la grande maxime des saintes veuves dont nous venons de parler. Judith ne quittait jamais le cilice. Anne jeûnait presque continuellement, et toutes celles qui les ont imitées ont eu recours aux austérités et aux macérations du corps pour fonder solidement leur dévotion. Saint Paul a dit qu'une veuve qui vit dans les délices est morte aux yeux du Seigneur ; et il n'y a guère de milieu entre une vie pénitente et une vie sensuelle, parce que le pas est glissant, et qu'il est extrêmement difficile de ne pas aimer et chercher les plaisirs, quand on ne s'adonne pas à la mortification.
En quoi est-ce que les veuves doivent pratiquer la mortification ?
Premièrement, en résistant au penchant qu'ont les femmes à suivre la mode et à se distinguer par des habits somptueux et magnifiques. Il faut que leur équipage soit modeste, et qu'il n'y ait rien dans leur extérieur qui sente l'affectation et la vanité. Secondement, en surmontant cette autre inclination qui porte les personnes du sexe à chercher avec empressement les pompes, les spectacles et les assemblées mondaines, préférant constamment la solitude et l'entretien avec Dieu, au bal, au jeu, à la danse, et aux visites inutiles. Troisièmement, en usant des pénitences et des austérités qui matent le corps, et qui obtiennent aisément de Dieu la grâce d'une sainte vie : en quoi néanmoins elles ne doivent rien faire que de l'avis du Directeur qu'elles ont choisi pour diriger leur conscience.
Pourquoi et comment les veuves doivent- elles s'appliquer aux bonnes œuvres ?
Parce que ce sont les marques auxquelles saint Paul veut qu'on les reconnaisse. Voyez (dit-il, en faisant le caractère d'une sainte veuve) si elle s'est acquittée des devoirs de charité, et si elle a eu soin de laver les pieds des hommes apostoliques, soulager les pauvres, consoler les affligés, s'employer à la décoration des Églises, pourvoir à l'instruction des peuples de la campagne, ce sont les occupations qui conviennent particulièrement aux veuves ; après le soin de leur famille, qui doit passer avant toutes choses. L'Hôpital avait des charmes pour sainte Élisabeth, fille d'un Roi de Hongrie ; elle s'y retirait souvent comme dans un lieu de délices. D'autres Princesses étant demeurées veuves ont cherché leur consolation dans les œuvres de piété ; elles n'ont pas cru pouvoir trouver une voie plus sûre pour s'insinuer dans l'amitié de J. C., qui n'est pas moins l'Époux des veuves que celui des Vierges.
Les personnes qui sont dans le veuvage, feraient bien de lire les Vies de sainte Paule, de sainte Monique, et de plusieurs autres saintes Veuves qui doivent leur servir de modèle.
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