mercredi 31 juillet 2019

Des secours qu'on doit donner, aux personnes qui font la retraite, pour vaquer aux exercices spirituels, par le R.-P. Jean-Joseph Surin



Extrait du Catéchisme spirituel de la Perfection Chrétienne, Tome II, par le R.P. Jean-Joseph Surin :


Saint Ignace de Loyola



Pour que la retraite de Saint Ignace de Loyola porte du fruit




Quel soin doit-on prendre de ces personnes ?

Il y a trois choses en particulier, qu'il faut leur recommander.


Quelle est la première ?

C'est qu'elles gardent exactement toutes les règles que S. Ignace, inventeur de ces retraites, a prescrites dans son Livre des Exercices, et tous les avertissements qu'il a donnés.


Quelles sont les plus importantes de ces règles ?

Ce sont celles qui regardent la retraite, et qui contribuent à la rendre entière et parfaite, en procurant une exacte séparation du monde, et en faisant cesser les occupations ordinaires, dont on doit perdre, jusqu'à l'idée, pour ne penser qu'à son salut ; car si on ne se sépare qu'à demi, on ne tirera qu'un fruit médiocre de la retraite. La plupart des personnes séculières sont dans ce cas, lorsqu'elles vaquent aux exercices spirituels sans sortir de leurs maisons : il s'en faut bien que la retraite leur soit aussi utile qu'elle l'est à ceux qui se dégagent de tout soin, et qui abandonnent, pour un temps, femme, enfants, affaires, pour se retirer à la campagne, ou dans quelque Maison Religieuse, et travailler uniquement à leur salut, sous la conduite d'un sage Directeur.


Quelle est la seconde chose qu'il faut recommander à ceux qui font la retraite ?

Elle regarde les méditations qu'on doit faire. Il y a des gens qui s'attachent à des sujets particuliers, comme sont les sept dons du Saint-Esprit, ou quelques vertus pour lesquelles ils ont ou goût. Mais il n'est rien tel que de suivre la méthode de saint Ignace. Il propose d'abord la fin de l'homme, pour première méditation, et pour fondement de toutes les autres : de-là il passe à la considération des péchés et des peines qu'ils attirent, de la mort, du Jugement et de l'Enfer, pour disposer à la pénitence. Il propose ensuite un modèle, qui est Jésus-Christ, qu'il veut qu'on suive dans son Incarnation, dans sa Nativité, dans sa Circoncision, etc. Avant que d'entrer dans la vie publique et apostolique de ce Dieu-Homme , il nous le représente sous la figure d'un grand Capitaine, dans la méditation des deux Étendards ; et dans celle qu'il appelle des trois Classes, il veut que nous rentrions en nous-mêmes, pour examiner si nous sommes disposés à vaincre tous les obstacles qui nous empêchent de suivre notre Chef et notre Dieu. C'est ainsi qu'il prépare aux méditations du Baptême, de la Prédication et de la Passion de Jésus-Christ, pour passer de-là à la Résurrection, et aux autres Mystères glorieux, et il termine enfin la retraite par la contemplation de l'amour divin.
Outre le fruit qu'on peut tirer de chacune de ces vérités en particulier, on ne saurait croire combien l'ordre seul des matières est capable de faire impression. On n'en peut bien juger que par l'expérience. Ce fut après avoir fait les exercices spirituels selon la méthode de saint Ignace , que Grenade plein des grandes vérités qu'il y avait méditées , composa son excellent ouvrage de la guide des Pécheurs. C'est aussi à une semblable retraite de saint François de Sales, que nous devons l'admirable Livre de l'Introduction à la Vie Dévote. Tous les grands hommes qui ont fait la même expérience, ont convenu qu'il n'y avait rien de mieux en ce genre, que de méditer sur les matières qu'assigne saint Ignace , et de suivre l'ordre qu'il prescrit. Je ne voudrais pourtant pas que les personnes qui ont fait de grands progrès, et qui ont acquis un grand amour de Dieu, se gênassent à suivre cette méthode, et je crois que dans leur retraite, comme en tout autre temps, elles doivent suivre les lumières et les mouvements du Saint-Esprit.
Outre les méditations, saint Ignace veut qu'on passe chaque jour une heure en considération, et en réflexions sur la réformation de la vie. Le sujet de ces considérations doit être, ou quelque action de la journée, ou quelque point de spiritualité et de perfection. On pourrait, par exemple, le premier jour, considérer la manière dont on fait et dont on doit faire l'oraison ; le second jour, s'occuper de l'examen de conscience ; le troisième, de la Messe et de la Communion ; le quatrième, de la conversation ; le cinquième, des repas et de la nourriture ; le sixième, de son emploi, de son office, du soin de sa famille et de ses autres occupations ; le septième, de la mortification et de la pénitence ; le huitième du sommeil et des autres soulagements que le corps exige ; le neuvième, de l'ornement du corps, des divertissements et des autres choses qui regardent l'extérieur de l'homme. On trouvera dans le premier volume de ce catéchisme, plusieurs points qui peuvent servir de matières à ces considérations ; mais surtout dans le premier et le second Chapitre de la troisième Partie, dans le dernier de la quatrième, et dans les deux derniers de la cinquième.
On peut s'entretenir chaque jour sur quelqu'un de ces points, former la résolution de le mettre en pratique, et en faire à la fin de la retraite une espèce de recueil, qui serve de règle de conduite pour l'avenir.


Quelle est la troisième chose qu'il faut faire observer à ceux qui font la retraite ?

C'est qu'ils ne se contentent pas de former en général le dessein de se corriger, et d'arriver à la perfection ; mais qu'ils se proposent quelque dessein particulier, auquel ils rapportent tous les exercices de la retraite. Une personne Religieuse pourrait avoir en vue de sacrifier sa délicatesse sur le point d'honneur, et de se démettre entre les mains de Dieu, du soin de sa réputation : elle pourrait, en méditant sur la dernière fin de l'homme, se dire à elle-même, qu'elle a été créée pour honorer Dieu, et non pour être estimée et honorée des hommes, et rebattre ainsi sur ce point dans toutes ses méditations. Ou bien, elle pourrait se proposer pour fruit de sa retraite, de s'abandonner entièrement à l'obéissance ; de regarder tout ce qui vient de la part des Supérieurs, comme venant de Dieu même, et de ne plus se mêler de sa conduite. Mais ces desseins particuliers ne conviennent qu'aux personnes qui ont bonne volonté, et qui ont déjà fait du progrès dans la vertu : celles qui commencent, ou qui après avoir bien commencé, sont tombées dans un grand relâchement, ont besoin de travailler à l'amendement total de leur vie, et de tirer de chaque méditation tout le fruit qu'elle est capable de produire.
Une personne du monde qui pratique déjà la vertu, devrait avant que, d'entrer en retraite, reconnaître ses besoins, pour diriger toutes ses vues, et faire servir tous ses exercices spirituels à ce qui lui est le plus nécessaire ; par exemple, à l'habitude du recueillement, à l'exercice de la présence de Dieu, au dégagement des biens de la terre.
La raison pour laquelle on doit entrer dans ce détail, c'est pour s'assurer quelque fruit solide et notable de ses exercices spirituels ; et parce que, sans cette précaution, on ne rapporte de la retraite que certaines dispositions, bonnes à la vérité, mais trop vagues et trop générales pour pouvoir durer longtemps. Mais un sujet particulier, lorsqu'il est important, fixe mieux les puissances de l'âme, et les engage à s'appliquer plus fortement et avec plus de constance. En matière de vertu et de perfection, un profit particulier qui est sûr, vaut mieux qu'une disposition générale à toutes sortes de bien ; parce que tout ce qui est général et indéterminé, n'aboutit qu'à produire des sentiments de ferveur, qui passent bientôt, et qui nous laissent tels que nous étions auparavant.


Quelle était la vue de saint Ignace, en prescrivant sa méthode des exercices spirituels ?

Elle était bien différente de celle qu'on a communément : car il ne visait à rien moins qu'à former les hommes à l'oraison, et à leur fournir une méthode sûre pour arriver à la sainteté. Aussi il exigeait de ceux qui se mettaient sous sa conduite, qu'ils passassent en retraite trente jours entiers, pendant lesquels il leur faisait méditer toutes les grandes vérités du Christianisme : de sorte qu'au sortir de ses mains, c'étaient des hommes d'oraison, et parfaitement intelligents dans les voies de la sainteté. Il a tenu cette conduite à l'égard de plusieurs grands personnages, en qui il a opéré des changement merveilleux ; et il a voulu que tous les Religieux de sa Compagnie fissent deux fois en leur vie la retraite de trente jours, à leur entrée en Religion, et avant leur Profession solennelle. Mais il n'y a guère plus qu'eux qui observent cette pratique ; les autres se contentent de huit ou dix jours de retraite, qui ne suffisent pas pour entrer dans les vues de S. Ignace. Cependant il faut avouer que c'est assez par rapport à la faiblesse de la plupart des hommes, et qu'on ne laisse pas de voir d'excellents fruits de ces retraites abrégées.


Quel guide peut-on prendre pour ces sortes de retraites ?

On a composé sur cette matière, et selon la méthode de saint Ignace, une infinité de Livres en toutes sortes de Langues. Ceux qui ne sont pas accoutumés à faire oraison, ou qui souffrent de grandes aridités, peuvent y avoir recours pour se soulager. Il y a des gens qui s'en tiennent aux méditations de S. Ignace, telles qu'il les a composées ; toutes succinctes qu'elles sont, ils y trouvent l'Esprit de Dieu, qui a parlé par la bouche de ce grand Saint.
Un secours bien nécessaire à ceux qui font la retraite, ce sont les conseils d'un Directeur saint et éclairé ; car, comme on dit ordinairement : Tel Maître, tel disciple.




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