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jeudi 8 août 2019

Catéchisme du Saint Curé d'Ars : Sur la confession



Extrait de "Esprit du Curé d'Ars, M. Vianney dans ses catéchismes, ses homélies et sa conversation" (1864) :


Mes enfants, dès qu'on a une petite tache sur son âme, il faut faire comme une personne qui a un beau globe de cristal qu'elle garde bien soigneusement. Si ce globe prend un peu de poussière, quand elle s'en aperçoit, elle y passe vite une éponge. Voilà ce globe clair et brillant ! De même, dès que vous apercevez une petite tache sur votre âme, prenez de l'eau bénite avec respect, faites une de ces bonnes œuvres auxquelles la rémission des péchés véniels est attachée, une aumône, une génuflexion au saint Sacrement, l'assistance à une messe...

Mes enfants, c'est comme une personne qui a une petite maladie ; elle n'a pas besoin d'aller trouver un médecin ; elle peut se guérir toute seule. Elle a mal à la tête, elle n'a qu'à aller se coucher ;... elle a faim, elle n'a qu'à manger. Mais si c'est une maladie grave, si c'est une plaie dangereuse, il faut le médecin ; après le médecin, les remèdes... Même répétition... Quand on est tombé dans quelque gros péché, il faut avoir recours au médecin, qui est le prêtre, et au remède, qui est la confession.

Mes enfants, on ne peut pas comprendre la bonté que Dieu a eue pour nous d'instituer ce grand sacrement de Pénitence. Si nous avions eu une grâce à demander à Notre-Seigneur, nous n'aurions jamais pensé à lui demander celle-là. Mais il a prévu notre fragilité et notre inconstance dans le bien, et son amour l'a porté à faire ce que nous n'aurions pas osé lui demander.

Si l'on disait à ces pauvres damnés qui sont en enfer depuis si longtemps : « Nous allons mettre un prêtre à la porte de l'enfer. Tous ceux qui voudront se confesser n'ont qu'à sortir ; » mes enfants, croyez-vous qu'il en restât un seul ? Les plus coupables ne craindraient pas de dire leurs péchés, et même de les dire devant tout le monde. Oh ! comme l'enfer serait vite désert, et comme le ciel se peuplerait ! Eh bien ! nous avons le temps et les moyens que ces pauvres damnés n'ont pas. Aussi, je suis bien sûr que ces malheureux disent en enfer : « Maudit prêtre ! si je ne t'avais jamais connu, je ne serais pas si coupable ! »

C'est beau, mes enfants, de penser que nous avons un sacrement qui guérit les plaies de notre âme ! Mais il faut le recevoir avec de bonnes dispositions. Autrement, ce sont de nouvelles plaies sur les anciennes.

Que diriez-vous d'un homme qui est couvert de blessures ? On lui conseille d'aller à l'hôpital faire voir son mal au médecin. Le médecin le guérit en lui donnant des remèdes. Mais voilà cet homme qui prend son couteau, s'en donne de grands coups et se fait plus mal qu'il n'en avait auparavant. Eh bien ! c'est ce que vous faites souvent en sortant du confessionnal.

Mes enfants, il y a des personnes qui font de mauvaises confessions sans bien s'en rendre compte. Ces personnes disent : « Je ne sais pas ce que j'ai... » Elles sont tourmentées et elles ne savent pas pourquoi. Elles n'ont pas cette agilité qui fait aller droit au bon Dieu ; elles ont je ne sais quoi de lourds, d'ennuyé qui les fatigue. Mes enfants, ce sont des péchés qui restent, souvent même des péchés véniels pour lesquels on a de l'affection. Il y en a qui disent bien tout, mais ils n'ont pas de repentir, et ils font la sainte communion là-dessus... Voilà le sang de Notre-Seigneur profané !... On va à la sainte Table avec un certain ennui. On dit : « Cependant, j'ai bien accusé tous mes péchés... Je ne sais pas ce que j'ai. » Et on communie dans ce doute. Voilà une communion indigne, sans qu'on s'en soit presque aperçu !

Mes enfants, il y en a encore qui profanent les sacrements d'une autre manière. Ils auront caché des péchés mortels, il y a dix ans, vingt ans. Toujours ils sont tourmentés ; toujours leur péché est présent à leur esprit ; toujours ils ont la pensée de le dire, et toujours ils renvoient : c'est un enfer. Quand ces personnes voient ça, elles demanderont à faire une confession générale, et elles diront leurs péchés, comme si elles venaient de les commettre ; elles n'avoueront pas qu'elles les ont cachés pendant dix ans, vingt ans. Voilà une mauvaise confession !... Il faut dire encore que, depuis ce temps, on a laissé ses pratiques de religion, qu'on n'a plus senti ce plaisir que l'on avait autrefois à servir le bon Dieu.

Mes enfants, on s'expose encore à profaner le sacrement, quand on saisit le moment où l'on fait du bruit autour du confessionnal pour vite avouer les péchés qui font le plus de peine. On se tranquillise en disant : « Je les ai bien accusés ; tant pis, si le confesseur n'a pas entendu ! » Tant pis plutôt pour vous qui avez agi avec ruse !... D'autres fois on parle vite, en profitant du moment où le prêtre n'est pas bien attentif pour se dépêcher à faire passer les gros péchés.

Voyez une maison où il y aura eu longtemps toutes sortes de malpropretés et d'ordures, on aura beau la balayer, il y sentira toujours mauvais. Il en est de même de notre âme après la confession : pour la purifier, il faut des larmes.

Mes enfants, il faut bien demander le repentir. Il faut, après sa confession, planter une épine dans son cœur et ne jamais perdre ses péchés de vue. Il faut faire comme l'Ange a fait à saint François d'Assise : il lui a planté cinq dards qui ne sortirent jamais.



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