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dimanche 25 août 2019

Comment saint Louis, roi de France, se rendit, en habit de pèlerin, à Pérouse, où il alla visiter le saint Frère Égide





Dans le temps où saint Louis, roi de France, visitait en pèlerin les sanctuaires les plus vénérés, ayant entendu parler de la haute sainteté de Frère Égide, l'un des premiers compagnons de saint François, il résolut d'aller le visiter, et se rendit à Pérouse où il se trouvait. Arrivé à la porte de son couvent, comme un pauvre pèlerin et un inconnu, suivi seulement de quelques-uns de ses gens, il le fit demander par le portier, sans lui faire connaître qui il était. Celui-ci alla aussitôt avertir le frère qu'un étranger désirait lui parler. À l'instant, une vision intérieure révéla à Frère Égide que ce pèlerin n'était autre que le roi de France ; il quitte sa cellule et va au-devant de lui. Dès qu'ils se voient, quoique ce soit pour la première fois, ils se jettent à genoux tous deux en même temps, et s'embrassant tendrement ils demeurèrent appuyés cœur sur cœur, confondus dans cet embrassement d'amour et d'effusion, sans échanger une seule parole. Après être restés ainsi embrassés pendant très-longtemps, toujours à genoux et dans un profond silence, ils se détachent l'un de l'autre, se lèvent et se quittent, le roi pour continuer sa route, et le frère pour rentrer à sa cellule.
Après le départ du roi, un frère demanda à l'un de ses compagnons s'il connaissait l'étranger qui s'était tenu si étroitement embrassé avec Frère Égide ; celui-ci répondit que c'était Louis, roi de France, qui était venu le visiter. Cette nouvelle se répandit bientôt parmi les autres religieux, qui furent très-fâchés de ce que Frère Égide n'avait adressé aucune parole au roi ; il allèrent lui en faire des reproches. « O Frère Égide ! lui dirent-ils, pouvez-vous être si peu charitable, lorsqu'un si saint roi vient de France exprès pour vous voir, que de ne pas lui dire un seul mot ? » — « Ah ! mes frères bien-aimés, leur répondit Frère Égide, ne vous étonnez pas si ni moi ni lui nous n'avons pu nous parler ; car dès que nous nous sommes embrassés, la lumière de la divine sagesse m'a révélé tout son cœur et lui a révélé le mien; et ainsi, en nous regardant dans nos deux cœurs, nous nous connaissions bien autrement que si nous nous étions parlé, et avec une bien autre consolation que si nous avions voulu rendre par des paroles ce que nous sentions, tant la langue humaine est incapable d'exprimer les secrets mystères de Dieu ! Sachez donc que le roi m'a quitté satisfait et le cœur rempli de consolation. * »


* M. de Montalembert a traduit une partie de ce chapitre dans sa magnifique Introduction à son Histoire de sainte Élisabeth ; nous nous sommes servi de sa traduction dans la nôtre.



(Extrait des Fioretti ou petites fleurs de Saint François d'Assise)




Reportez-vous à Méditation pour la fête de Saint Louis, Roi de France, Doctrine et paroles remarquables du bienheureux Frère Égide, compagnon de Saint François d'Assise : Sur les Vices et les Vertus, la Crainte de Dieu, la Patience, l'Oisiveté, et le dégoût des choses temporelles, Doctrine et paroles remarquables du bienheureux Frère Égide, compagnon de Saint François d'Assise : Sur la Chasteté, les Tentations et l'Oraison, et De la manière dont saint François bénit le saint Frère Bernard ; et comment il le laissa son vicaire au moment de sa mort.