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lundi 4 novembre 2019

Un saint Frère franciscain reconnaît, dans une étonnante vision, un de ses compagnons mort quelque temps auparavant





Un pieux et saint frère de la Province de Rome eut un jour l'étonnante vision que nous allons raconter.
On venait d'inhumer, à l'entrée du Chapitre, un de ses plus chers compagnons, mort la nuit précédente. Le jour des obsèques, après dîner, au moment où les frères étaient allés prendre leur repos, il se retira dans un coin du Chapitre, et pria Dieu et saint François avec larmes pour l'âme de son ami défunt. Soudain un bruit se fait entendre dans le cloître ; le frère regarde avec effroi vers la tombe de son compagnon ; il aperçoit, à l'entrée du Chapitre, saint François et, derrière lui, une multitude de frères rangés autour du tombeau. Il examine plus attentivement, et il voit, au milieu du cloître, une grande flamme, et, au milieu de cette flamme, l'âme de son ami défunt ; enfin il aperçoit Jésus-Christ suivi d'une nombreuse troupe d'Anges et de Saints qui tournaient autour du cloître. Il regardait, et son âme était frappée de stupeur. Bientôt il voit le Christ passer près du Chapitre, et aussitôt saint François tomber à genoux avec ses frères en s'écriant : « Je vous en prie, ô mon très-cher Père et Seigneur ! par cette infinie charité que vous avez témoignée pour les hommes dans votre Incarnation, ayez pitié de l'âme de mon pauvre frère qui brûle dans cette flamme. » Le Christ passa et ne répondit point. Une seconde fois, il revint près du Chapitre, et saint François de tomber à genoux de nouveau devant lui, avec ses frères, et de lui dire : « O mon miséricordieux Père et Seigneur ! je vous en prie, par cette infinie charité que vous avez témoignée pour les hommes en mourant sur le bois de la croix, ayez pitié de l'âme de mon pauvre frère. » Le Christ passa et ne répondit point. Enfin une troisième fois il se trouve près du Chapitre. Alors saint François, se prosternant encore, lui montre ses pieds, ses mains et son côté, et lui dit : « Seigneur, Père miséricordieux, je vous en conjure par cette vive douleur et cette ineffable consolation que j'ai éprouvées lorsque vous avez imprimé ces sacrés Stigmates sur mon corps, ayez pitié de l'âme de mon pauvre frère qui brûle dans les flammes du Purgatoire. » O prodige ! à peine le Saint eut-il fait cette prière qu'aussitôt Jésus-Christ s'arrête, regarde ses Stigmates et lui dit : « C'est en vertu de tes mérites, François, que je t'accorde l'âme de ton frère. »
C'est ainsi que Dieu voulut honorer les glorieuses plaies du séraphique François et lui montrer que, selon la promesse qu'il en avait reçue du Christ sur l'Alverne, il n'y avait pas de moyen plus efficace pour délivrer du Purgatoire les âmes de ses frères et les conduire au Ciel, que la vertu de ses saints et sacrés Stigmates. À peine le Christ eut-il répondu, qu'aussitôt le feu du cloître disparut, l'âme du défunt alla rejoindre saint François, et se réunissant au Sauveur, l'escorte bienheureuse, à la suite de son Roi triomphant, retourna vers les cieux. Le frère ressentit une grande joie de la délivrance de son ami et du bonheur dont il jouissait ; il fit à ses compagnons le récit de la vision qu'il en avait eue, et tous ensemble rendirent à Dieu louange et remerciement.


(Extrait des Fioretti ou petites fleurs de Saint François d'Assise, par M. l'Abbé A. Riche)



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