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samedi 8 février 2020

De l'avancement de l'âme et des principaux moyens qui peuvent le procurer, par le R.-P. Jean-Joseph Surin


Extrait du CATÉCHISME SPIRITUEL DE LA PERFECTION CHRÉTIENNE, TOME I, Composé par le R. P. J. J. SURIN, de la Compagnie de Jésus :




De l'avancement de l'âme et des principaux moyens qui peuvent le procurer



Quels sont les moyens qui contribuent le plus à notre avancement spirituel ?

Il y en a six, qui sont, le recueillement, la paix du cœur, le détachement des créatures, le renoncement à soi même, l'esprit de douceur, et la résignation parfaite à la volonté de Dieu.


Comment faut-il pratiquer le recueillement ?

En gardant le silence et la retraite, et en ne se mêlant point des affaires d'autrui. Le silence consiste à ne parler que lorsqu'il est nécessaire, et alors même à parler peu, si ce n'est qu'on s'entretienne sur des matières qui regardent Dieu, car autrement parler beaucoup nuit toujours à la dévotion.
On garde la retraite lorsqu'on suit ce conseil du Prophète Isaïe : Entrez dans le secret de votre chambre, fermez vos portes sur vous. C'est-à-dire, qu'il faut se tenir chez soi, s'éloigner du commerce des créatures, ne chercher leur conversation que pour la nécessité, ou lorsque la gloire de Dieu l'exige, se passer des visites et de toute communication au-dehors autant que la bienséance et l'état de chacun peut le permettre.
On ne s'éloignerait pas autant qu'il est nécessaire de ce qu'on appelle affaires d'autrui, si on n'était déterminé à se borner à son emploi, et à ne s'intéresser à rien que ce qui est du devoir, à ne point s'informer des nouvelles et des bruits qui courent, et à renoncer aux connaissances mondaines, par ce que toutes ces choses doivent être mises au nombre des inutilités dont il ne faut jamais permettre à l'esprit de s'occuper, afin que donnant toute son attention à la présence de Dieu, aux Mystères de Jésus-Christ et aux paroles de l'Écriture sainte, on ne perde jamais de vue la pratique des vertus, et sur tout de la charité et de l'humilité, et qu'on entretienne toujours en soi une ferme résolution de s'y perfectionner.


Comment s'établit et s'entretient la paix dans le cœur ?

Trois choses y contribuent. La première est de renoncer à toute affection aux objets créés, de n'avoir nulle prétention, nul désir, nul soin qui inquiète : quand on ne prétend rien, qu'on ne désire rien, qu'on ne cherche rien hors de Dieu, on possède son âme en paix. La seconde est de réprimer tout mouvement de passion, tout sentiment un peu vif, et tout empressement qui pourrait troubler le calme intérieur. Pour y réussir, il faut avoir soin d'éviter toute sorte de contestation avec le prochain. La troisième est de conserver le goût des choses divines, et de faire toutes ses actions dans ce même goût, prenant garde de ne donner aucun lieu au trouble.
On sent alors comme un baume céleste qui se répand sur le cœur, et qui contribue à le maintenir dans une assiette tranquille. Par ce moyen on parvient à la paix dont parle S. Paul, laquelle surpasse toute pensée. Cette paix s'arrête quelquefois dans la partie supérieure de l'âme sans passer jusque dans les sens. Alors l'âme, quoique sans goût sensible, ne laisse pas d'être tranquille, parce qu'elle est pénétrée d'une suavité divine purement spirituelle.


En quoi consiste le détachement des créatures ?

1. À renoncer par un dépouillement effectif, ou du moins par le détachement du cœur, à tous les biens de la terre, de sorte qu'il n'y ait rien de temporel, en quoi l'on cherche quelque appui, ou le moindre contentement.
2. À user avec modération de toutes les choses extérieures, à fuir l'abondance, à se passer de tout ce qui est précieux, de tout ce qui ne sert qu'aux aises de la vie, ou à contenter la curiosité, de tout ce qui n’est pas précisément nécessaire.
3. En un entier dégagement de tout ce qui nous environne, si bien que nous ne tenions à rien, et que les choses les plus nécessaires nous deviennent indifférentes.


En quoi consiste le renoncement à soi-même ?

À sacrifier ses intérêts pour ne se chercher en rien, à se mortifier en tout, combattant sans relâche les inclinations et les sentiments déréglés de la nature, et n'accordant à son esprit et à son corps aucun soulagement, ni aucune satisfaction, que la raison et la nécessité ne l'ordonnent : à s'oublier, à se haïr soi-même d'une sainte haine, et à se traiter comme une créature insupportable, qui mérite que tout le monde la foule aux pieds.


Qu'entendez-vous par l'esprit de douceur ?

Il comprend deux choses, 1. Une égalité d'âme, et une humeur accommodante, qui se prête à tout dans la société civile ; et qui ne sache ce que c'est que de témoigner de l'aigreur et du ressentiment, lorsqu'elle se voit contrariée. 2. Une invincible patience dans les accidents fâcheux, à l'exemple de J. C. et des Saints à qui ce divin Sauveur a expressément recommandé cette vertu, lorsqu'il leur a dit : qu'il les envoyait comme des brebis au milieu des loups : voulant leur faire entendre, que les plus grandes adversités, et les persécutions les plus cruelles ne doivent jamais altérer la paix et la douceur de leur cœur.


Qu'est-ce que la parfaite résignation ?

Elle renferme trois excellentes pratiques ; de soumission sincère à tout ce qui vient de la part de Dieu ; d'abandon aveugle à sa conduite ; de conformité entière à sa sainte volonté.


En quoi consiste la soumission ?

À nous résigner de cœur aux ordres de Dieu, jusqu'à y trouver notre contentement et notre plaisir. Cette résignation doit s'étendre, premièrement à tout ce qui nous regarde nous-mêmes : nous devons être bien aises que la volonté de Dieu s'accomplisse sur nous, et trouver bon tout ce qui nous arrive, quelque désagréable et quelque fâcheux qu'il puisse être. Secondement, la résignation doit s'étendre à tous les malheurs publics, tels que sont les renversements des Royaumes, les guerres, les révolutions qui arrivent dans l'État ou dans l'Église ; toutes ces calamités doivent être acceptées avec une soumission cordiale : ce qui n'empêche pas qu'on ne supplie la bonté divine d'y remédier. Troisièmement, la résignation doit encore se pratiquer à l'égard des choses que Dieu n'ordonne point, et qu'il ne peut point ordonner, mais qui ne sauraient arriver sans sa permission ; comme sont les scandales publics, les fautes considérables qui font tort à la Religion et à la vertu : en tout cela nous pouvons et nous devons adorer avec soumission la volonté de Dieu, sans cesser de détester le péché, qui lui déplaît.


Jusqu'où doit aller l'abandon aveugle entre les mains de Dieu ?

Jusqu'à être parfaitement tranquille sur toute sorte d'événements : Mais en particulier, il faut en user, 1. à l'égard de la Providence : Tout ce qui nous vient de sa part, ou qui arrive aux personnes que nous chérissons, la maladie, aussi bien que la santé, la perte aussi bien que le profit ; tout cela doit être accepté, non seulement sans murmure, mais encore avec plaisir. 2. En matière d'obéissance : Il ne suffît pas de se soumettre aux ordres des Supérieurs, il faut s'y livrer sans examen, et sans réserve. 3. Dans la manière d'observer la Loi évangélique, il faut tout sacrifier, tout risquer pour y être fidèle, se confiant pleinement en la sagesse, et en la bonté de celui qui en est l'auteur. Ainsi le pratiqua saint Antoine, lorsqu'ayant ouï ces paroles, allez, vendez tout ce que vous avez, etc. il se dépouilla de tout pour obéir à cette voix. Ainsi l'observent tous les jours ceux qui quittent père, mère, et tout ce qu'ils possèdent, pour l'amour de J. C., sans se mettre en peine de tout ce qui peut arriver.


Qu'est-ce que la conformité à la volonté divine ajoute à la soumission et à l'abandon ?

La plus excellente et la plus utile de toutes les pratiques, laquelle seule suffit pour conduire l'homme à la perfection. Cette pratique consiste à faire ce que Dieu veut, aie faire comme il veut, et parce qu'il le veut. C'est à quoi une âme qui désire son avancement, doit apporter une attention continuelle. Il faut qu'à tout moment elle se demande à elle-même : La volonté de Dieu se trouve-t-elle dans l'action que je vais faire ? La manière dont je fais cette action, est-elle conforme à la volonté de Dieu ? Est-ce bien le motif de la volonté de Dieu, qui me l'a fait entreprendre ? On doit pendant plusieurs mois s'examiner tous les jours, et plusieurs fois le jour sur ces trois points, jusqu'à ce que cette sainte pratique ait passé en habitude, et qu'elle nous soit devenue aisée et familière.



Reportez-vous à De la conduite des âmes, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Du Silence, par Saint Vincent Ferrier, Sur la vaine curiosité, De l'amour parfait, par le R.-P. Jean-Joseph SurinDe l'heureux état d'une âme qui a établi sa perfection et sa félicité dans l'acquiescement au bon plaisir de Dieu, par le R.-P. Jean-Joseph SurinDe la vie parfaite, par le R.-P. Jean-Joseph SurinDe la paix du cœur, par le R.-P. Jean-Joseph SurinDe la voie surnaturelle ou extraordinaire, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Qu'il est très-utile d'ajouter quelques pénitences à l'examen particulierDu discernement des esprits en tant que vertu acquise par le travail et l'industrie, Du bon Directeur, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Du Recueillement, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Du vrai Religieux, par le R.-P. 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