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dimanche 14 juin 2020

Du Mystère de la très Sainte Trinité





Du Mystère de la très Sainte Trinité



(Catéchisme)



Il n'y a qu'un seul Dieu.
Il y a trois personnes en Dieu.
Ces trois personnes sont le Père, le Fils, et le Saint-Esprit, et c'est ce que nous appelons la Sainte Trinité.
Le Père est Dieu.
Le Fils est Dieu.
Le Saint-Esprit est Dieu.
Ce sont trois personnes distinctes, qui ne sont pourtant qu'un seul Dieu.
Elles ne sont qu'un seul Dieu, parce qu'elles n'ont qu'une seule et même nature, une seule et même divinité.
Ces trois personnes divines ont toutes la même grandeur, la même sagesse et la même puissance.
Le Père n'est pas plus ancien que le Fils et le Saint-Esprit. Ils sont tous trois d'une même éternité. Enfin, ils sont égaux en toutes choses, parce qu'ils ne sont qu'un seul Dieu.



EXPLICATION


C'est Dieu qui est le créateur de cet univers, et c'est lui qui le conserve. Il nous a créés libres, et il veut que nous nous servions de notre liberté pour l'honorer en croyant ce qu'il nous dit, quoique nous ne le comprenions pas, et en faisant ce qu'il nous commande, quoi qu'il puisse nous en coûter.
Dieu nous a révélé des mystères, c'est-à-dire, des vérités obscures que notre raison bornée ne peut atteindre. Quelque incompréhensibles qu'ils soient, nous devons savoir en quoi ils consistent, et nous devons les croire sur l'infaillible parole d'un Dieu, la vérité même, qui ne peut nous tromper. Nous ne pouvons être sauvés si nous refusons de les croire.
Quelque impénétrables que soient les mystères qui regardent Dieu, il est très raisonnable de les croire, puisque c'est sur la parole de Dieu, la souveraine vérité, qu'on les croit. Et il n'est pas étonnant qu'on ne puisse comprendre les mystères ; Dieu étant par sa nature l'Être infini, il est nécessairement incompréhensible.
Le premier des mystères, qui a été presque inconnu avant la venue de Jésus-Christ, est le mystère de la très Sainte Trinité.
On entend par la très Sainte Trinité un seul Dieu en trois personnes réellement distinctes, qui ont chacune la même divinité.
La première de ces personnes est le Père, la seconde est le Fils, la troisième est le Saint-Esprit.
Le Père est Dieu, le Fils est Dieu, le Saint-Esprit est Dieu. Ces personnes ne sont pas les mêmes ; elles sont véritablement distinguées, et néanmoins elles ne sont qu'un seul et même Dieu, parce qu'elles n'ont qu'une seule et même nature ; aussi nulle n'est plus grande, plus sage et plus puissante l'une que l'autre. Les trois personnes divines ont la même grandeur, la même sagesse et la même puissance. Le Père n'est pas plus ancien que le Fils ; le Père et le Fils ne sont pas plus anciens que le Saint-Esprit : tous trois sont éternels et égaux en toutes choses ; ils ne sont qu'un même Dieu.
Nous ne concevons pas comment il n'y a qu'un seul Dieu en trois personnes distinguées, dont chacune est Dieu ; mais c'est un mystère, c'est-à-dire une vérité incompréhensible : ne doit-il pas y avoir des vérités que l'esprit humain, qui est fini, ne peut concevoir dans la religion d'une Dieu qui est un être infini ? Ce mystère, ainsi que les autres mystères, ne sont pas contre la raison, puisque la raison n'y voit aucune contradiction ; mais ils sont au-dessus de la raison, c'est-à-dire hors de sa portée.
Les mystères que Dieu nous a révélés, loin d'être inutiles, servent beaucoup à nous faire connaître la sainteté, la justice et la miséricorde de Dieu.
Une preuve que c'est Dieu qui a révélé le mystère de la Sainte Trinité et les autres mystères, c'est qu'il n'y a que Dieu qui ait pu nous en donner l'idée ; c'est qu'il n'y a que Dieu qui ait pu les faire croire ; c'est qu'il n'y a que Dieu qui ait pu en conserver la foi dans l'univers.
Non seulement la raison ne s'oppose pas à la croyance du mystère de la Sainte Trinité et des autres mystères du christianisme, mais elle dit encore qu'il faut les croire malgré leur obscurité, parce que les preuves de la divinité de la religion chrétienne sont invincibles, et que l'obscurité des mystères est essentielle à une foi divine.
Il doit y avoir, dans une religion divine révélée, des mystères, des vérités obscure, soit à cause de l'objet de la foi, qui est la nature de Dieu, soit à cause de la fin de la foi, qui est de soumettre l'esprit de l'homme à Dieu, et de lui fournir, par cette soumission, l'occasion de mériter, soit enfin à cause de l'usage de la foi, puisque la voie qui conduite à la foi, principe de la justification et du salut, doit être la même pour tous, pour ceux dont l'esprit est le plus borné, comme pour ceux dont l'esprit est le plus éclairé ; mais cela serait-il, s'il n'y avait pas pour tous les hommes, même pour ceux qui ont plus d'intelligence et de connaissance, des vérités obscures, des mystères.
Voici ce que Bossuet disait pour instruire les fidèles sur l'ineffable mystère de la Sainte Trinité, ne prétendant point leur donner une connaissance claire, mais une idée d'un mystère qui, par là même qu'il est un mystère, est incompréhensible.
Dieu, qui est nécessairement éternel, n'était point oisif avant la création : il agissait sans cesse, puisqu'un esprit ne peut cesser d'agir. Toujours occupé de lui-même, il se contemplait. Cette contemplation produisait une connaissance parfaite ; de cette contemplation éternelle et perpétuelle qui produisait une connaissance infinie, venait un amour infini.
On appelle Dieu le Père, la première personne qui connaît ; on appelle Dieu le Fils, la connaissance parfaite, l'image substantielle que produit en lui-même celui qui se contemple, et c'est la seconde personne ; on appelle Esprit-Saint, l'amour infini et consubstantiel qui procède de la contemplation et de la connaissance ; c'est la troisième personne.
Ce qui connaît est bien distingué de ce qui est connu, et pareillement l'effet qui en résulte n'est pas la même ; ces personnes ne sont donc pas les mêmes, et elles sont égales, puisque tout ce qui est en Dieu est éternel, parfait, divin ; chacune d'elles est donc Dieu. Cependant on ne peut pas dire que ce sont trois Dieu. Elles n'en sont qu'un, puisque c'est Dieu qui se contemple et qui s'aime.
Il y a dans notre âme, qui est un pur esprit créé, trois choses que nous distinguons bien, la faculté de penser ou la mémoire, la faculté de juger ou l'entendement, et la faculté de désirer, de se réjouir, d'aimer, ou la volonté. On ne doute point que ce ne soit la même âme qui pense, qui juge et qui veut. On voit bien, par cette comparaison, quelque défectueuse qu'elle soit, qu'il ne répugne pas qu'il y ait un seul Dieu en trois personnes distinguées qui sont Dieu. Ne pourrait-on pas dire : En Dieu, la puissance qui pense, c'est le Père ; la sagesse du Père qui juge, c'est le Fils ; la puissance qui se réjouit, qui s'aime, c'est le Saint-Esprit ?
Ne nous contentons pas de croire à la très Sainte Trinité ; animons encore notre foi sur ce qu'elle nous enseigne touchant ce mystère ineffable, et payons aux trois personnes divines le tribut de religion qui leur est dû, en les adorant avec le respect le plus profond.


TRAITS HISTORIQUES


Un homme de génie, qui se promenait sur le bord de la mer, s'occupait du mystère de la Sainte Trinité. Il cherchait à l'approfondir, oubliant ce qui est écrit, que celui qui tente de sonder les profondeurs de la majesté de Dieu, sera opprimé par sa gloire. Il vit alors près de lui un petit enfant qui ne cessait point d'aller prendre de l'eau à la mer dans une coquille, et de revenir mettre cette eau dans un creux qui était dans la terre. Il lui adressa la parole : Que prétendez-vous faire, mon enfant, en mettant dans ce creux l'eau que vous allez chercher ? Y mettre toute l'eau de la mer, lui répondit-il. Il ne put s'empêcher de rire de sa simplicité. Cet enfant s'en aperçut et lui dit : Vous pensez donc que je ne réussirai pas ? je vous assure que je mettrai dans ce trou toute l'eau de la mer, plutôt que vous ne mettrez dans votre tête le mystère de la Sainte Trinité jusqu'à le comprendre : l'esprit de l'homme est trop borné ; comment ce qui est fini pourrait-il renfermer Dieu qui est un être infini ? Cet homme téméraire reconnut que c'était Dieu qui lui donnait une leçon salutaire par la bouche de cet enfant ; et il ne chercha plus à sonder les profondeurs d'une mystère qui est impénétrable à tout mortel. Cet homme de génie, c'est saint Augustin.
Deux aveugles de naissance discouraient ensemble : l'un d'eux était ignorant et impie, mais l'autre était instruit et pieux. L'Aveugle impie : Je voudrais bien savoir de quoi Dieu s'occupait pendant l'éternité, avant d'avoir créé le monde ? Le pieux Aveugle : Et que s'ensuit-il de ce que je chercherais inutilement de savoir à quoi vous vous occupiez avant que je vous eusse connu ? Dieu s'occupait de lui-même, et il pensait à creuser un enfer pour ceux qui ne croiraient pas en lui, ou qui refuseraient de le servir. L'Aveugle impie : Comment peut-il y avoir trois personnes en Dieu, dont chacune est Dieu, quoiqu'elles ne soient qu'un seul Dieu ? Cela me surpassse : folie de croire ce qu'on ne comprend pas. Le pieux Aveugle : Je crois fermement qu'il n'y a qu'un seul Dieu en trois personnes réellement distinctes, qui sont Dieu, et en cela je n'agis point en insensé, mais en homme sage. L'Aveugle impie : Montrez-moi cela, et je vous fais présent de mon bâton qui est très solide, et qu'on m'a dit être fort beau. Le pieux Aveugle : Comment savez-vous que votre bâton est beau ? Un aveugle comprend-il ce que c'est que la beauté ? Nous autres aveugles, nous ne comprenons rien à ce qu'on appelle couleurs.  Qui pourrait nous faire comprendre ce que c'est, et quelle différence il y a entre le rouge et le jaune, le vert et le bleu ? Est-ce que nous devons nier qu'il y ait des couleurs, et qu'il y a une différence entre les couleurs, jusqu'à ce qu'on nous ait fait comprendre ce que c'est ? L'Aveugle impie : Non, parce que nous avons tant de raisons de le croire, tous les hommes qui ne sont pas aveugles le disent. Le pieux Aveugle : Ce sont des hommes qui nous disent qu'il y a des couleurs, et nous les croyons ! C'est un Dieu qui a révélé les mystères, et nous ne le croirons pas ! N'avons-nous pas beaucoup plus de raisons de croire à l'existence de la Sainte Trinité et aux autres mystères, qu'à l'existence des couleurs ? La religion chrétienne qui enseigne les mystères, est démontrée divine, faites-vous-en instruire. Croyons et vivons jusqu'à la mort chrétiennement, nous irons au ciel. Dès que nous y serons, nous cesserons d'être aveugles. Nous y verrons Dieu face à face et tel qu'il est. La Sainte Trinité ne sera plus alors un mystère.
Un serviteur de Dieu, qui avait une singulière dévotion à la très Sainte Trinité, disait tous les jours un certain nombre de fois : Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Bénie soit la sainte Trinité. Saint, Saint, Saint est le Seigneur. — Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit.


(Leçon tirée de l'Explication du catéchisme à l'usage des églises de l'empire français, 1810)


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