HOMÉLIE PRONONCÉE DANS LA SOLENNITÉ
DU COURONNEMENT DE NOTRE-DAME-DE-LOURDES
PAR Mgr LE NONCE APOSTOLIQUE, DÉLÉGUÉ DE PIE IX
(3 JUILLET 1876)
Et il arrivera que, dans les derniers jours, dit le Seigneur, Je répandrai de Mon Esprit sur toute chair ; et vos fils et vos filles prophétiseront, et vos jeunes gens auront des visions. (Actes des Apôtres, II, 17.)
MONSEIGNEUR,
(S. Exc. le Nonce Apostolique, délégué par le Saint-Père, pour le couronnement de Notre-Dame de Lourdes. Étaient présents : S. Em. le cardinal archevêque de Paris avec trente-trois archevêques et évêques)
I. Devant de telles multitudes et en présence de tels spectacles, la parole humaine se sent défaillir. Comment ma faible voix aurait-elle la prétention d'être entendue là où l'organe le plus puissant et le plus sonore se déclarerait vaincu ?
N'entendez-vous pas d'ailleurs s'échapper de tout ce qui nous entoure une clameur immense, un dialogue où se croisent les interrogations et les réponses ?
Pour ma part, j'avais vu ces lieux, il y a tantôt douze ans ; par quelle force mystérieuse ont-ils été transformés de la sorte ?
« Qu'as-tu donc eu, ô Gave, que tu t'es enfui et que tu as reculé là-bas ? Montagnes, quel transport vous a pris de sauter comme les béliers suspendus à vos cimes ; et vous, collines, de bondir comme les agneaux attachés à vos flancs ? »
Et tout l'espace contenu dans ce vaste horizon de s'écrier : cette terre, cette contrée, elle a été soulevée, remuée de fond en comble par l'apparition de la face du Seigneur : A facie Domini mota est terra. Car, c'était bien la divinité elle-même qui rayonnait à travers les traits de la Vierge sans tache. Que dis-je ? Le globe entier a ressenti cette commotion depuis que, par la vertu du commandement céleste, la pierre a été creusée ici en forme de bassin et de réservoir, et que le rocher a été converti en une fontaine d'eau qui n'a plus cessé de couler : A facie Dei... qui convertit petram in stagna aquarum, et rupem in fontes aquarum (Ps. CXIII, 5-8). De là part le branle qui s'est communiqué au monde des deux hémisphères. Là est la racine de toute cette végétation d'édifices sacrés et de maisons religieuses de toute cette germination d'autels et d'oratoires qui fait aujourd'hui de Lourdes une cité sans pareille, un lieu unique dans l'univers.
Et quand l'Église, toujours si lente, si réservée en face des prodiges qui sortent de l'ordre naturel ; quand l'épiscopat, à la suite de ses plus hauts dignitaires ; enfin quand, sous les regards et aux applaudissements de près de cent mille fidèles, le pontife suprême, par la main de son représentant auprès de la nation française, s'apprête à couronner l'image de la Vierge apparue dans cette grotte, en vérité le discours est de trop. Ou du moins devrait-il, lui aussi, se précipiter comme le torrent, tressaillir avec les montagnes et les béliers, bondir avec les collines et les agneaux.
Or, voici qu'au contraire ces bonds et ces élans vont m'être interdits. Me dérobant aux ardeurs de l'enthousiasme, j'ose vous prier de supporter durant quelques instants le langage calme et discret de la doctrine. D'autres ont entonné déjà l'hymne lyrique, et cet hymne très légitime sera repris et continué ; résignez-vous en ce moment à une parole froide et didactique. Là où intervient, même indirectement et tout à fait en dehors de sa suprématie enseignante, le vicaire infaillible du Christ, tout doit être ramené à des termes précis. Il le faut pour éclairer l'esprit des croyants eux-mêmes, sujets à s'égarer dans de fausses suppositions ; il le faut pour fermer la bouche aux ennemis, à ceux que l'apôtre saint Pierre, malgré la bénignité accoutumée de son style, appelle « des êtres sans raison, qui prennent dans leur ignorance la matière et la mesure de leurs blasphèmes » : Velut irrationabilia pecora..., in his quæ ignorant blasphemantes (II Petr., II, 12). Et comme toute saine théologie a son fondement dans la parole révélée, la lumière se fera pour nous au moyen du texte que nous avons produit d'abord, et dont le développement sera l'objet de cette homélie.
II. « Et il arrivera que dans les derniers jours, dit le Seigneur, Je répandrai de Mon Esprit sur toute chair ; et vos fils et vos filles prophétiseront, et vos jeunes gens auront des visions ». C'était un oracle de Joël que le prince des apôtres alléguait ainsi le jour même de la Pentecôte, expliquant par là les merveilles dont la Judée était témoin à cette heure. Les signes miraculeux, nécessaires pour l'établissement de la foi, ne devaient pas se perpétuer aussi nombreux, aussi quotidiens, après que l'Église aurait été assez affermie et assez étendue pour avoir moins besoin de ces secours. Toutefois, le Seigneur gardait toute Sa puissance ; chaque siècle devait avoir ses prodiges, et les âges es plus rapprochés de la fin des choses, précisément parce que l'empire du mal y devait prévaloir davantage, verraient renaître et se multiplier les merveilles de l'Église naissante.
À la vérité, Joël, dans le texte que nous invoquons, considère au premier plan de sa prophétie les temps qui suivraient la captivité : et erit post hæc (Joël, II, 28). Après lui, l’apôtre saint Pierre parle d'abord de son propre temps qui, pour la synagogue, était celui des derniers jours et erit in novissimis diebus (Act., II, 17). Mais le regard prophétique de l'un et de l'autre plonge plus loin ; il vise des jours qui précéderont l'avènement du jour du Seigneur, de ce jour grand et horrible, qu'éclairera la manifestation universelle des choses : antequam veniat dies Domini magnus et horribilis (Joël, II, 31), dies Domini magnus et manifestus (Act., II, 20).
La tradition et les règles posées par l'école nous permettent et, je vais le dire bientôt, nous ordonnent de le comprendre ainsi.
Car, M. T.-C. F. la négation, quoique tardive, a fini par se produire sur ce point. Deux catégories distinctes de contradicteurs ont surgi. De la part des matérialistes et des déistes, cela, n'a rien d'étonnant : ils sont conséquents avec leur impiété quand ils rejettent l'apparition de tout symptôme surnaturel quelconque, ancien ou nouveau. Ce qui s'explique plus difficilement, c'est que des chrétiens qui admettent la parole de Dieu, bien mieux, ceux-là surtout qui basent leur croyance sur cette parole librement et individuellement interprétée, aient posé en principe que Dieu s'est interdit de parler dorénavant aux hommes, et que toute vision et révélation privée est désormais chimère ou mensonge : assertion, disons-le, qui n'a pas tardé d'être combattue chez eux et dans leurs propres rangs par une pullulation sans bornes de voyants et d'illuminés.
Or, M. T.-C. F., l'enseignement authentique de l'Église, l'enseignement des docteurs, des conciles et des papes n'a pas été muet sur cette question. Sans doute, le dépôt sacré de la révélation a été clos avec l'ère apostolique.
À la différence de l'ancienne loi, sous laquelle le canon des Écritures demeura ouvert jusqu'aux derniers jours d'Israël, le nôtre est scellé par la prophétie de saint Jean, qui d'ailleurs embrasse les destinées de l'Église et des sociétés jusqu'à la fin des temps. Mais il ne suit pas de là que la révélation privée ait été exclue de l'économie de la loi nouvelle.
La raison toute seule nous enseigne qu'il est toujours libre à Dieu de se mettre en rapport avec Sa créature ; et les annales de l'Église nous montrent de siècle en siècle de grands fruits de sainteté obtenus, de grandes lumières et de grandes grâces octroyées aux âmes, des consolations et des directions très opportunes offertes au peuple chrétien par la voie de ces communications extraordinaires. « À toutes les époques, dit l'ange de l'école, il y a toujours eu quelques personnes favorisées de lumières surnaturelles, non pour révéler une nouvelle doctrine de foi, mais pour la direction de la conduite humaine » (Et singulis temporibus non defuerunt aliqui prophetiæ spiritum habentes, non quidem ad novam doctrinam fidei depromendam, sed ad humanorum actuum directionem. 2a 2æ Quæst. CLXXIV, art. VI, ad tertium).
III. Le cinquième concile oecuménique de Latran, en réponse aux diatribes anticipées de l'école luthérienne, dont Melanchthon et les centuriateurs de Magdebourg allaient se faire les porte-voix, a solennellement affirmé et vengé cette permanence de l'inspiration dans l'Église ; et il n'a pas fait difficulté de l'appuyer sur l'autorité de l'ancien et du nouveau Testament : « Le Seigneur Lui-même, dit-il, s'est engagé à cela par le prophète Amos » : Ut per Amos prophetam ipse promittit (Voici le texte du concile : « Cæterum, si quibusdam eorum Dominus futura quædam in Dei Ecclesia inspiratione quadam revelaverit, ut per Amos prophetam ipse premittit, et Paulus apostolus prædicatorum princeps : Spiritum, inquit, nolite extinguere ; prophetias nolite spernere (I Thess., V), hos aliorum fabulosorum et mendacium gregi connumerari vel aliter impediri minime volumus. Extinguitur namque ipsius gratia spiritus, Ambrosio teste, si incipientibus loqui fervor contradictione sopitur : et tunc Spîritui sancto injuria certe fieri dicitnr. Et quoniam res magni momenti est, eo quod non de facile credendum sit omni spiritui, sed sint probandi spiritus, teste Apostolo, an ex Deo proveniant (I Joann., IV) ; volumus ut, lege ordinaria, etc. Constit. Leon. X, Supernæ majestatis præsidio, edit. in concil. Later. V, sess. XI ; apnd Harduin., T. IX, p. 1806).
Je vois sourire l'incrédule. Mon frère, ne récusez pas trop légèrement cet oracle. En fait de science politique, vous avez le vôtre, et c'est peut-être Machiavel. Or Machiavel, c'est-à-dire, je veux le reconnaître, l'un des écrivains qui ont porté dans l'étude de l'histoire des sociétés humaines un flair très fin et très exercé, Machiavel a écrit que « jamais il ne s'est produit dans le monde de grands événements qui n'eussent été prédits de quelque manière » (cité par Joseph de Maistre, Soirées de Saint-Pétersbourg, Entretien onzième). Savait-il qu'il traduisait le verset d'Amos auquel la constitution conciliaire du pape Léon X semble avoir fait allusion ?
Quia non facit Dominus verbum, nisi revelaverit secretum suum ad servos suos prophetas (Amos, III, 7) : « Le Seigneur n'exécute point Son dessein », il ne frappe jamais ses grands coups, « sans avoir préalablement révélé son secret à ses serviteurs ».
Mais, me dites-vous, on peut être conduit loin par cette doctrine ; et ne voyez-vous pas naître des milliers de visionnaires ?
Assurément, M. F., s'il y a des visions vraies, il y en a de fausses ; j'accorde même, étant donnée la disposition des esprits, à certaines époques surtout, qu'une vision vraie devient le signal d'une multitude de visions fausses.
Que conclure de là ? Qu’il faut mettre en même catégorie ce qui est vrai et ce qui est faux ? C'est ce que le concile nous défend :
Hos aliorum fabulosorum et mendacium gregi connumerari minime volumus ; et il nous le défend, armé de l'autorité de l'apôtre, lequel, à côté du principe, établit la règle et le moyen de discernement.
« Donnez-vous bien garde, dit Saint Paul, d'éteindre l'esprit, et de mépriser de parti pris toute espèce de révélations : Spiritum nolite extinguere ; prophetias nolite spernere. « Mais soumettez-les à l'épreuve, et retenez ce qui est bon » : Omnia autem probate : quod bonum est tenete (I Thess., V, 19, 20, 21). Ainsi fait l'Église. Elle a appris de saint Jean « qu'il ne faut pas se fier à tout esprit, mais qu'il faut éprouver si les esprits proviennent de Dieu » (I Joann., IV, 1). Et la discipline qu'elle a établie à cet égard, la jurisprudence qu'elle suit, les règles qu'elle s'est tracées, sont en vérité si sages, si méticuleuses, si sévères, qu'elles dépassent les exigences de la critique humaine et de la méthode scientifique la plus rigide. Puis, quand elle a formé sa conviction sur la valeur de la révélation, si elle en autorise la croyance, ainsi que les actes de piété qui s'y rattachent ; elle ne fait pourtant de commandement et n'impose d'obligation à personne.
En ces matières, dit le pape Benoît XIV, l'Église a coutume de procéder par voie de permission, mais non de précepte (Bened. XIV, De Serv. Dei canoniz. L. II, C. XXXII, 11, 12).
Sans doute, celui qui a conscience que Dieu lui a personnellement parlé, doit à Dieu, pour sa part, l'assentiment de sa foi, parce que c'est le devoir de la créature « de ne pas récuser Dieu quand Il parle » : videte ne recusetis loquentem (Hebr., XII, 25). Si la communication ainsi faite est destinée à un tiers, c'est pareillement le devoir de celui-ci de croire à Dieu et de Lui obéir, sitôt que des preuves suffisantes lui ont été fournies : nul n'a le droit de se soustraire à un ordre qui lui vient du ciel. Mais quant aux autres ; quant à l'ensemble de la communauté chrétienne, en règle générale, il n'est prescrit à personne d'accorder son attention et son adhésion positive à ces phénomènes surnaturels (Suarez, De fide, disput. III, sect. X. n. 7. - Lugo, De Virt. fidei, disput. I, sect. XI, n. 228. - Bened. XIV, De Serv. Dei canoniz., L. III, c. ultim., p. 12, 13, 14).
Phénomènes ardemment recherchés de toutes les âmes saintement jalouses d'entrevoir dès ici-bas quelque chose de la face du Seigneur ; tandis qu'il est d'autres trempes d'esprit, d'autres tempéraments, d'autres caractères, qui n'aiment point aller au devant de ces manifestations, parce qu'elles sont pour eux un sujet d'ahurissement et d'effroi : stupor apprehendit omnes, et repleti sont timore dicentes : Quia vidimus mirabilia hodie (Luc. V, 26).
IV. Ces notions une fois établies, je reviens au texte du prophète que s'est approprié l'apôtre saint Pierre. Donc, « en ces derniers temps, dit le Seigneur, Je répandrai de Mon esprit sur toute chair ». Quoique cette effusion générale de l'Esprit divin se puisse entendre d'abord de la justification et de l'adoption de toute créature baptisée, de toute chair touchée par l'onde régénératrice, cependant la suite nous montre qu'il ne s'agit pas seulement des grâces se rapportant au salut personnel de ceux qui les reçoivent, mais plus spécialement des dons gratuitement donnés, c'est-à-dire de la prophétie et du miracle, des apparitions, des visions, des révélations : et prophetabunt filii vestri et filiæ vestræ, et juvenes vestri visiones videbunt. À cet effet, Dieu, sans exclure les vieillards, se servira de préférence des enfants, des jeunes gens, des jeunes filles : Filii restri et fili vestræ et juvenes vestri. Il ira les prendre dans les conditions modestes, obscures : les pâtres du désert ou de la montagne, la pauvre bergère de la vallée, de petits serviteurs et d'humbles servantes : Et quidem super servos meos et super ancillas meas in diebus illis effundam de Spiritu meo et prophetabunt (Act. II, 18 ; Joël, II, 29).
Quant au fruit, quant au résultat de ces manifestations extraordinaires, le prophète l'avait exprimé dans, le verset précédent.
« Et vous saurez par là que Je suis, Moi, au milieu d'Israël » : Et scietis quia in medio Israël ego sum : « Moi le Seigneur votre Dieu, en dehors duquel il n'y a rien » : Ego Dominus Deus vester, et non est amplius ; « et Mon peuple ne sera pas indéfiniment dans la confusion » : Et non confundetur populos meus in æternum (Joël, II, 27).
N'en est-ce point assez, Messeigneurs et mes Frères, pour que nous abordions maintenant avec confiance, et que nous considérions, à la lumière du flambeau divin de l'Écriture et de la théologie, l'acte solennel qui va s'accomplir, et qui, à lui seul, prend les proportions d'un véritable prodige ?
Car enfin, n'est-ce pas le cas de dire ici avec saint Jean Chrysostome : « Si vous ne croyez pas aux paroles, croyez aux faits » : Si non verbo credis, rebus crede (Homil. ante exil, T. III, édit, Gaume, col. 495).
V. Je me tairai donc, M. F., sur les circonstances et les particularités de l'événement merveilleux dont toute la trame et l'histoire est présente à vos esprits.
Je ne ferai point remarquer qu'aucune des garanties désirables du côté de la personne n'a fait défaut. « Elle ne doit pas avoir demandé ni désiré ces sortes de grâces, dit le pape Benoît XIV ; elle doit s'en être ouverte à ceux qui ont autorité et compétence, lumière et grâce d'état ; elle doit avoir conservé, au milieu de ces faveurs, la tranquillité et l'aisance de l'âme, avoir excellé dans l'humilité et continué de pratiquer la mortification » (De Serv. Dei canoniz., Lib. III, c. ult).
Je n'ajouterai pas que la teneur des choses révélées n'a rien qui prête flanc aux objections : rien de nouveau dans la doctrine, puisque c'est la confirmation, par la bouche même de la Vierge immaculée, du dogme défini de son Immaculée Conception ; rien de contraire à la morale chrétienne, puisque c'est une exhortation à la prière et à la pénitence.
Je ne rappellerai pas que, loin d'y apporter l'empressement d'une crédulité fanatique, le respectable pasteur du lieu, le clergé de la contrée, le très prudent évêque du diocèse y ont opposé pendant plusieurs années une réserve, un silence, une abstention, sages sans doute, mais dont se scandalisait, dont s'indignait presque la ferveur des multitudes, d'une part, en face des violences administratives et des clameurs impies qui s'élevèrent bientôt ; de l'autre, en présence des guérisons frappantes qui se succédaient de jour en jour. Laissons toutes ces considérations et ne parlons que de ce qui est présentement sous nos yeux.
À la date du vingt-cinq février mil huit cent cinquante-huit, une pauvre enfant crut avoir rapporté des grottes de Massabieille la mission d'aller dire aux prêtres qu'il doit se bâtir ici une chapelle et qu'on y doit venir en procession.
Dix-huit ans se sont écoulés, et quelle chapelle et quelles processions ! La chapelle, c'est une immense église souterraine, que surmonte un temple magnifique, consacré hier par le vénérable archevêque de la capitale de la France, et déjà baptisé du nom de basilique par le pontife romain : basilique insuffisante malgré ses vastes proportions ; et béni soit le Seigneur qui, à la faveur d'une température exquise, nous donne en ce moment pour temple l'immensité de cet espace !
Et quant aux processions, chaque jour en renouvelle le spectacle. La voyez-vous en marche cette procession du genre humain ?
Hier, le nord et le midi ; demain l'ouest et le levant : l'Angleterre, la Hollande, l'Amérique, que sais-je ? Ex omni tribu, et lingua, et populo, et natione (Apoc., V, 10) : ils viennent « de toute tribu, de toute langue, de tout peuple, de toute nation ».
Voilà le phénomène certain, le phénomène constaté. Si vous ne croyez pas à la parole, vous êtes bien forcé de croire aux résultats : Si non verbo credis, rebus crede.
Secondement, à la date du vingt-cinq février de la même année, la jeune fille a reçu l'ordre d'aller boire à la fontaine ; et la fontaine qui n'existait pas (toute la contrée est là pour le dire), ayant commencé de jaillir sous les doigts de l'enfant, n'a plus discontinué. Dix-huit ans se sont écoulés : et le nombre de ceux qui ont bu de l'eau de la fontaine de Lourdes ne peut plus se calculer ; et l'univers entier raconte des faits de guérisons instantanées, de guérisons manifestement surhumaines, de guérisons renversantes, selon l'aveu d'un esprit fort : de sorte que l'argument sur lequel l'Église a coutume de baser son jugement, l'argument de l'attestation divine formulée par le miracle, se trouve ici, non point à l'état accidentel et transitoire, mais à l'état permanent et presque continuel. Si non verbo credis, rebus crede : Si vous ne croyez point à la parole de l'enfant, vous ne pouvez refuser de croire aux choses qui ont suivi la parole.
VI. Mais Dieu ne fait rien sans motif, sans but. Et qu'a-t-Il donc pu Se proposer ici, me demandez-vous ? On vous l'a dit hier avec une rare éloquence, et je serais vraiment naïf si j'entreprenais de redire ce qui a été si bien dit (Discours de Mgr l'évêque d'Hébron, vic. apost. de Genève, à la suite de la consécration de l'église de Notre-Dame de Lourdes).
Mais, j'en demande pardon à mon vénérable frère, le Seigneur Lui-même avait répondu avant nous par la bouche du prophète : Et scietis quia in medio Israël ego sum, ego Dominus Deus vester : « Et vous saurez que Je suis au milieu d'Israël, Moi, le Seigneur votre Dieu ».
Ah ! génération incrédule, tu ne veux croire qu'à la raison et qu'à la nature : pour toi, as-tu dit, l'ordre, de foi et de révélation est non avenu ; à ton sens, l'Évangile n'est pas assez certifié, le ministère ordinaire de l'Église n'est pas suffisamment autorisé. Est-ce que le Dieu tout puissant, auquel Il a plu d'entrer en communication directe avec la terre, va reculer devant tes négations ou tes dédains ? Ou bien plutôt, à tes insolents défis ne va-t-il pas répondre par d'autres défis ?
C'en est fait du surnaturel, ont dit les hommes du dix-neuvième siècle. Eh bien ! voici que le surnaturel afflue, voici qu'il déborde, voici qu'il suinte du sable et du rocher, voici qu'il jaillit de la source, voici qu'il déroule en longs replis les vagues vivantes d'un fleuve de prières, de chants et de lumières, voici qu'il s'abat, qu'il se précipite sur des foules que personne ne peut dénombrer, et qui sont emportées par la force supérieure d'un courant auquel rien ne résiste.
Ô hommes de la libre-pensée, vous n'avez voulu en croire ni Moïse et les prophètes (Luc., XVI, 31), ni le Christ et Ses apôtres, ni l'Église et ses jugements solennels. Eh bien ! voici que, dans cette gorge de la montagne, dans une anfractuosité longtemps inaccessible, Marie, la mère de Dieu, apparaîtra et parlera à une humble fille des champs ; la fille des champs racontera ce qu'elle a vu, ce qu'elle a entendu. Ailleurs ils étaient deux : elle sera seule à voir et à entendre. Elle n'aura pour elle ni l'autorité de Moïse et des prophètes, ni celle du Christ et de Ses apôtres. L'Église même, par son tribunal de première instance, par la sentence du juge ordinaire, qui est l'évêque, se contentera de délivrer un certificat de crédibilité, sans imposer à personne une obligation doctrinale ou pratique : pourvu qu'on demeure dans les limites du respect, l'abstention est permise. Et, dans ces conditions, la croyance s'impose d'elle-même avec tant d'autorité et d'efficacité que le monde entier s'en émeut. L'ébranlement devient tel, que l'administration des voies ferrées a peine à suffire, et qu'elle y a trouvé un accroissement de sa richesse en des temps où la langueur des affaires et le contrecoup des calamités publiques l'auraient réduite à l'appauvrissement. Si non verbe credis, rebus crede.
Ah ! c'est ainsi que le céleste médecin oppose à chacun des vices les remèdes contraires (Coelestis medicus singulis quibusque vitiis obviantia adhibet medicamenta. S. Greg., Homil. XXXII in Evang). C'est là cette puissante médication qui combat la froideur incroyante du naturalisme par l'application du spécifique surnaturel à sa plus forte dose, à sa plus grande puissance, à son plus haut degré de chaleur (Sicut arte medicinæ frigida calidis, ita Dominus noster contraria opposait medicamenta peccatis. Ibid). Celui qui tient en Ses mains les sources de la grâce, et auquel obéissent les lois de la nature, Dieu fera si bien que vous croirez à Bernadette, et que par là vous serez ramenés à croire à Lui : Et scietis quia in medio Israel ego sum, ego Domitius Deus vester.
VII. Car hélas ! M. T.-C. F., ce n'est pas seulement au Dieu de l'Évangile, au Dieu de la grâce et de la révélation, c'est au Dieu même de la raison et de la nature qu'un trop grand nombre de nos contemporains ont besoin d'être ramenés. Disons-le, ceux-là qui crient le plus haut contre le miracle, sont ceux qui en ont le plus grand besoin. Les miracles de l'ancien et du nouveau Testament suffisent, nous disent-ils ; et ceux qui disent cela sont le plus souvent de ceux qui ne croient ni à l'ancien ni au nouveau Testament. Les preuves de raison établissent à elles seules l'existence de Dieu, ajoutent-ils. Ont-ils la prétention de nous l'apprendre, à nous qui, dans le concile du Vatican, avons prononcé l'anathème contre quiconque refuserait à la raison la puissance d'arriver, par le spectacle du monde créé, à la connaissance certaine d'un Dieu créateur et maître du monde ? Mais ces mêmes vengeurs de la raison, nous les entendons, bientôt après, poser l'existence de Dieu parmi les problèmes douteux de la science : esprits blasés, aux yeux de qui le spectacle quotidien de l'univers, et la vue constante des causes secondes, avec leurs lois régulières et leurs mouvements invariables, finissent par dérober la cause première. Or, dit saint Augustin, c'est précisément pour ces hommes que Dieu, dans Sa miséricorde, s'est réservé de faire à propos, en dehors du cours usité de la nature, non pas des œuvres plus grandes en elles-mêmes, mais des ouvres inaccoutumées par lesquelles Il réveillerait leur attention et se démontrerait plus sûrement à eux (Quia miracula ejus quibus totum mundum regit, universamque creaturam administrat, assiduitate viluerunt, ita ut nemo pene digne tur attendere ;... secundum suam ipsam misericordiam servavit sibi quædam quæ faceret opportuno tempore præter usitatum cursum naturæ, ut non majora sed insolita videndo, stuperent quibus quotidiana viluerant. S. Aug. in Evang. Joann. Tract. XXIV, 1).
Dites-en ce que vous voudrez, Messieurs : c'est chose acquise que plus d'un philosophe athée a retrouvé ici la croyance en Dieu. Pour ma part, j'ai connu un homme du monde élevé à l'école du matérialisme, un docteur médecin, qu'aucun argument n'avait pu ramener à Dieu durant les phases d'une très longue maladie, et qui tout à coup, soumettant à son diagnostic très exercé le cas pathologique de Bernadette et tout l'ensemble des phénomènes de Lourdes, s'est mis à réciter son Credo, son Je crois en Dieu, qu'il avait désappris depuis cinquante ans, et n'a pas tardé à demander et à recevoir les sacrements de l'Église.
C'est ainsi, Messieurs, que Dieu possède en propre des moyens directs d'action et de persuasion, dont Il n'a pas disposé même en faveur du ministère ordinaire de Son Église. Il a une façon à Lui de donner à Sa voix l'accent qui révèle sa vertu : dabit voci tuæ vocem virtutis (Ps. LXVII. 34). Nul alors ne peut la méconnaître, à moins qu'il ne soit de la famille de cet aspic naturellement sourd et qui se bouche encore les oreilles pour ne pas entendre : sicut aspidis surdæ et obturantis aures suas (Ps. LVII, 34). Disons-le, quand le miracle se produit dans de pareilles proportions, quand il éclate subitement, quand il se renouvelle quotidiennement, quand il déconcerte toutes les prévisions de l'art, quand il met en défaut toutes les données de la science : il n'y a qu'à s'incliner et à reconnaître que Dieu est toujours présent dans Son œuvre, toujours présent dans la création et présent dans l'Église : et scietis quia in medio Israel ego sum, ego Dominus Deus vester.
VIII. Ego Dominus Deus vester, et non est amplius ; et non confundetur populos meus in æternum. Oui, M. F., dans des jours pleins de troubles et d'appréhension, à la veille peut-être des plus graves commotions dans l'orient et dans l'occident ; quand, à regarder du côté des hommes, on pourrait croire que tout est perdu, et que Dieu, qui a renversé l'esprit des prétendus sages, brisé le bras des prétendus forts, annihilé l'action des prétendus habiles, s'est décidément retiré de nous, l'événement de Lourdes, les merveilles de la sainte grotte et de la sainte fontaine, enfin les manifestations comme celles d'hier et d'aujourd'hui, ont appris à la terre que Dieu, Dieu en personne, est encore au milieu d'Israël : et scietis quia in medio Israel ego sum : Lui, le Seigneur, le Maître, qui n'abdique point, qu'on ne détrône point, Lui en dehors et en l'absence duquel il n'y a plus rien : ego Dominus Deus vester, et non est amplius ; et, par là, Il nous a donné la confiance que Son peuple n'était pas livré pour toujours à la confusion dont il semble couvert aujourd'hui : et non confundetur populus meus in æternum ; qu'il y aura spécialement pour la France un jour de guérison, de redressement, de résurrection.
Car enfin, si chaque jour des infirmités particulières sont miraculeusement guéries, est-il donc plus difficile à Dieu d'opérer, plus difficile à la mère de Dieu d'obtenir la guérison de la société chrétienne, cette fille d'Abraham qui ne peut rester dans les liens dont elle est actuellement garrottée, sans que la cause même de Dieu soit profondément atteinte ici-bas : hanc autem filiam Abrahæ, quam alligavit Satanas, non oportuit solvi vinculo isto ? (Luc, XIII, 6)
C'est cette espérance, Messeigneurs et mes Frères, c'est cette attente ferme et certaine de la délivrance, que nous porterons tous de cette solennité. Malgré leurs vains efforts pour se hausser et se grandir, les hommes continuent à descendre. Chacun des sauveurs qui apparaît à l'horizon, ne tarde pas à tomber au-dessous de celui qui l'a précédé ; c'est comme une compétition et une rivalité d'impuissance. Depuis que le Seigneur a vainement regardé d'en haut sur les enfants des hommes pour voir s'il en est un qui soit intelligent et qui cherche Dieu : Dominus de coelo prospexit super filios hominum, ut videat si est intelligens aut requirens Deum : car, qu'on le sache bien, il n'y a de travailleur intelligent au service de la chose sociale que celui qui se préoccupe avant tout de sauver le droit et de faire la juste part de Dieu dans le gouvernement des sociétés humaines ; depuis, dis-je, que le regard divin s'est vainement abaissé sur les enfants des hommes, tous ils ont décliné, et, les uns comme les autres, ils sont devenus également inutiles : omnes declinaverunt, simul inutiles facti sunt ; malgré des talents et des dévouements envers lesquels nous ne nous pardonnerions pas d'être injustes, on n'en a pas trouvé un, pas un seul, qui sût donner un branle décisif, pas un qui pût sérieusement faire le bien et procurer le salut qu'attend le pays : non est qui faciat bonum, non est usque adunum (Ps. XIII, 2).
Mais si déplorable que soit la décadence et la nullité des hommes, rien n'est perdu, et notre confusion ne sera pas éternelle, puisque Dieu daigne se montrer au milieu de Son peuple. Avoir Dieu avec soi et pour soi, c'est avoir tout, même quand il ne reste plus rien : Et scietis quia in medio Israel ego sum, ego Dominus vester, et non est amplius ; et non confundetur populus meus in æternum.
IX. Finissons. L'Évangile nous dit, et l'Église nous rappelait hier, qu'un jour une humble vierge de Juda s'en était allée, d'un pas hâté et rapide, vers une modeste cité située dans les montagnes de la Judée (Exurgens autem Maria in diebus illis, abiit in montana cum festinatione in civitatem Juda. Luc, I, 39).
Et là cette jeune fille, que rien jusqu'alors n'avait signalée à l'attention publique, sentit son esprit tressaillir dans le Seigneur ; et, par la prédiction humainement la plus invraisemblable, elle annonça qu'à partir de ce jour toutes les générations l'appelleraient bienheureuse : Ecce enim ex hoc beatam me dicent omnes generationes (Luc, I, 48). Fut-il donné alors à Marie de voir se dérouler sous ses yeux tous les détails du merveilleux accomplissement de cette prophétie sur les divers points du globe et jusqu'à la fin des âges ? Je l'ignore. Mais, à coup sûr, le couronnement de la Vierge Immaculée qui va s'accomplir tout à l'heure sur ce plateau des Pyrénées, retentira dans tous les âges et jusque dans les hauteurs des cieux, comme un des plus magnifiques échos de la parole chantée, il y a bientôt dix-neuf siècles, dans les montagnes de Juda.
Oui, toute la chrétienté vivante, et le ciel uni à la terre, va proclamer Marie bienheureuse, à l'heure où Pie IX, par le ministère de son vénérable délégué, couronnera aujourd'hui sa propre sentence, en couronnant l'image de celle qui s'est ici nommée et déclarée elle-même « l'Immaculée Conception ». Vous n'avez pu le dire au monde, ô Marie, qu'après que le vicaire de votre Fils l'avait dit à l'Église ; mais, répondant à l'oracle du Vatican, l'oracle de Lourdes a été reçu avec enthousiasme par tous ceux qui sont jaloux de votre gloire et qui le sont aussi des prérogatives du pontificat romain (Revelationes privatæ per se non pertinent ad depositi fidei catholicæ explicationem promovendam, ad quam Christus Dominus ministerium ordinarium in visibili capite Ecclesiæ, ut principio et fundamento unitatis infallibilis assistentiæ, non autem sub direction per novas revelationes. Hinc est quod inter rationes ob quas privatæ revelationes suspectæ videri possent, juxta Benedictum XIV (De canoniz. Sanct. L. III, c. 53, n. 8), recensetur illa «si revelatum dicatur quod adhuc sit sub judicio Ecclesiæ». J.-B. Franzelin, Tract. de divina revelatione, Sect. IV, pag. 235).
À partir de ce jour, Lourdes va devenir plus cher encore à la piété chrétienne. En vérité, il fait bon d'être ici, et l'on voudrait y pouvoir fixer sa tente avec celle de tous les siens (Matth., XVII, 4). On y respire un air, on y goûte un bien-être, un calme, une suavité qui est un avant-goût du ciel ; et quand on a commencé de gravir cette montagne, on se croit, je ne dirai pas à moitié chemin, mais aux trois quarts de route du Paradis. Quelque chose de la transfiguration du visage de la pure et naïve fille de Soubirous semble s'y refléter sur tous les fronts. Les préoccupations vulgaires de la vie terrestre n'y comptent pour rien. Et comme là-haut, où il y aura de grandes foules, les corps spiritualisés ne se causeront point de gêne et d'embarras mutuel ; il semble qu'ici on ne se touche que par les côtés de l'âme, et que l'entassement de la multitude y apporte seulement, comme dans la Jérusalem céleste, la joie de la participation de tous à la félicité de chacun : cujus participatio ejus in idipsum (Ps, CXXI, 3). Aussi en est-il de Lourdes comme de Rome, d'où l'on ne s'éloigne jamais qu'avec la résolution qu'avec l'espoir d'y revenir.
Très sainte Dame et Reine de la terre et des cieux, vous avez bien montré ici dans votre langage que vous êtes de la famille de Celui qui traite très révérencieusement Ses plus humbles créatures : et cum magna reverentia disponis nos (Sap., XII, 18). « Faites-moi la grâce », disiez-vous à cette pauvre enfant, « faites-moi la grâce de venir pendant quinze jours ».
N'est-ce donc pas cette même invitation, ô Marie, qui se fait entendre à nous, alors que toutes les puissances de notre âme cherchent à nous retenir dans ces lieux, et que toutes les aspirations de notre coeur nous y rappellent ? Mais nous ne nous appartenons pas à nous-mêmes : mille obstacles peuvent nous enchaîner. À notre tour, ô Mère aimable, ô Mère admirable ; nous ne nous éloignerons point sans vous dire : Faites-nous la grâce de nous ramener encore ici plus d’une fois. Et puisque nous sommes aujourd'hui à vos pieds, ah ! du creux de la grotte, des fentes de la pierre, montrez-nous votre face, et que votre voix sonne à nos oreilles : in foraminibus petræ, in caverna maceriæ, ostende mihi faciem tuam, sonet vox tua in auribus meis. Car, dès à présent, autant qu'il nous est permis d'en jouir, votre voix est douce et votre face est belle : vox enim tua dulcis, et facies tua decora (Cantic, II, 14). Comme fruit de cette journée et de cette solennité, obtenez-nous, à nous et aux nôtres, la grâce des grâces, la grâce d'une vie pure : vitam præsta puram ; aplanissez la route sous nos pas pour faciliter le reste de notre trajet mortel : iter para tutum ; jusqu'à ce que, transfigurés déjà et à demi béatifiés par la vue de votre visage, nous soyons admis à contempler comme vous à découvert la face de votre fils Jésus ; et que, couronnés par Ses mains et par les vôtres, après qu'il nous a été donné de prendre part à votre couronnement terrestre, nous partagions avec vous les joies et les gloires de l'éternelle félicité : Ut videntes Jesum, semper collætemur.
Amen.
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