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jeudi 13 juin 2019

Du miracle que Dieu fit par le moyen de saint Antoine, lorsqu'il prêcha les poissons de la mer





Du miracle que Dieu fit par le moyen de saint Antoine, lorsque, pendant son séjour à Rimini, il prêcha les poissons de la mer.


Le même fait, avec presque toutes ses circonstances, se trouve délicieusement raconté, en vieux style français, dans les Chroniques des Frères Mineurs, liv. v, chap. XVIII. M. Chavin de Malan rapporte ce passage dans son Histoire de saint François, ch. XII
.


Le Christ béni voulant faire éclater la sainteté de son serviteur saint Antoine, et montrer avec quel respect on devait écouter ses prédications et suivre sa doctrine, se servit un jour d'animaux sans raison, de poissons, pour reprendre les hérétiques de leur fausse sagesse ; comme autrefois, dans l'Ancien-Testament, il s'était servi d'un âne pour confondre l'ignorance de Balaam. Dans le temps où la ville de Rimini se trouvait infestée d'une multitude d'hérétiques, saint Antoine entreprit de les ramener à la lumière de la vraie foi et dans les sentiers de la vertu, en leur expliquant, pendant plusieurs jours, les principes de la religion et les vérités de la Sainte-Écriture. Mais, loin de se laisser convaincre par ses paroles, ces cœurs endurcis et obstinés dans l'erreur refusaient de l'écouter. Inspiré alors par un mouvement divin, le Saint se rendit à l'embouchure de la rivière, près du bord de la mer, et là, il s'écria : « Poissons de l'Océan et de la rivière, écoutez, c'est à vous que je vais annoncer la parole de Dieu, puisque les hérétiques refusent de l'entendre. » À ces mots, une multitude de poissons de toute grosseur se presse auprès de saint Antoine, et le nombre en était si considérable que jamais on n'en avait autant vu dans cet endroit. Tous, la tête hors de l'eau et tournés vers leur prédicateur, se tenaient paisiblement rangés en ordre. Les plus petits se trouvaient les plus rapprochés de la rive ; ceux de moyenne grandeur se tenaient derrière eux, et les plus gros se trouvaient les derniers, à l'endroit le plus profond. Lorsqu'ils furent ainsi disposés, saint Antoine, d'une voix solennelle, leur adressa ces paroles : « Poissons, mes petits frères, vous devez, autant qu'il est en vous, rendre grâces à notre Créateur des biens dont il vous a comblés ; c'est à lui que vous devez le noble élément où il a fixé votre demeure ; c'est lui qui vous donne, à votre choix, des eaux douces ou salées ; c'est à lui que vous devez ces innombrables retraites où vous pouvez vous réfugier au moment de la tempête, et c'est de lui que vous avez reçu cet élément clair et transparent, avec toute la nourriture nécessaire à votre subsistance. Ce Dieu libéral et bienfaisant, vous imposa, au jour de votre création, l'ordre de croître et de vous multiplier, et il vous donna sa bénédiction. Et puis, quand survint le déluge universel, tous les animaux périrent, et vous fûtes les seuls qu'il mit à l'abri de tout danger. Il vous a donné des nageoires au moyen desquelles vous pouvez courir où il vous plaît. C'est à vous qu'il a confié le soin de conserver le prophète Jonas, et, au bout de trois jours, de le rendre sain et sauf. C'est vous encore qui avez fourni à Notre-Seigneur Jésus-Christ de quoi payer le cens ; à ce Dieu, qui, semblable à un pauvre, n'avait alors rien à donner. Enfin, par un choix mystérieux, c'est vous encore qui avez servi de nourriture au Christ, au Roi éternel, avant et après sa résurrection. Au souvenir de ces bienfaits si multipliés et si précieux, louez donc et bénissez le Dieu de qui vous les tenez ; vous y êtes obligés plus que toutes autres créatures. » En écoutant ces exhortations, les poissons ouvrent la bouche, inclinent la tête, et par leur attitude respectueuse, s'efforcent, autant qu'il est en eux, de rendre à Dieu leur tribut de louanges.
À cette vue, saint Antoine s'écrie, transporté de joie : « Béni soit le Dieu éternel, puisque des poissons lui rendent plus d'hommages que les hérétiques, et que des animaux sans raison écoutent sa parole avec plus de docilité que des hommes infidèles ! » Cependant la multitude des poissons augmentait à mesure que le Saint leur parlait, et pas un d'eux ne quittait l'endroit où il s'était placé. Au bruit de ce prodige, toute la ville accourut, et les hérétiques, en présence d'un miracle aussi étonnant et aussi manifeste, se sentirent entièrement touchés, se jetèrent aux pieds du saint prédicateur et demandèrent à entendre ses instructions. Aussitôt, le Saint se mit à leur prêcher avec tant de force que tous se convertirent et revinrent à la foi de Jésus-Christ ; tandis que les fidèles, fortifiés eux mêmes, demeurèrent remplis de la joie la plus vive. Alors saint Antoine congédia les poissons, en les bénissant au nom de Dieu ; et la multitude se retira ravie du prodige éclatant dont elle venait d'être témoin. Après cela, le Saint demeura plusieurs jours encore à Rimini, et il y produisit dans les âmes les fruits spirituels les plus abondants.


(Extrait des Fioretti ou petites fleurs de Saint François d'Assise)




Prière à saint Antoine de Padoue

Saint Antoine de Padoue, vous qui possédez et voyez Dieu face à face et qui, malgré l'extase, désormais éternelle, dans laquelle vous vivez au ciel, avez encore compassion de ceux qui sont ici-bas dans les sollicitudes de sa vie ; vous que l'on n'invoque jamais en vain, selon le témoignage de saint Bonaventure, dans les dangers, dans les calamités publiques et dans les divisions de famille ; vous qui mettez en fuite les démons, qui rendez la santé aux malades qui vous prient avec confiance ; vous qui, en un mot, faites retrouver tout ce qui était perdu, aussi bien dans l'ordre spirituel que dans l'ordre temporel.
Veuillez, je vous en prie, demander à Dieu pour moi qu'il écarte les périls qui me menacent et qu'il me fasse retrouver tout ce que j'ai perdu. Ainsi soit-il.

Dire cinq Pater et Ave.




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