mercredi 30 septembre 2020

Sur ces paroles : Vous avez tiré votre parfaite louange de la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle. (Psaume 8)




Jésus-Christ s'est appliqué ces paroles et s'en est servi pour confondre les pharisiens offensés des louanges que le peuple lui donna à son entrée dans Jérusalem, entrée qui fut le triomphe de sa petitesse et de son humilité. Le peuple le reconnut alors, le salua et le bénit, comme le Messie, le fils de David, le roi d'Israël. En ce moment, il rendit à ce Dieu sauveur une louange parfaite, parce qu'il honora sa pauvreté, sa bassesse, son anéantissement. Il ne réfléchit point, il ne raisonna point ; mais il se laissa conduire en enfant à l'instinct de la grâce. Au contraire, le pharisien orgueilleux, séduit par une fausse raison, ne vit rien dans cette pompe qui ne choquât ses idées, rien qui ne lui parût méprisable, ridicule, extravagant ; ses lumières trompeuses, ses préjugés bas et humains, ses fausses idées de grandeur, l'aveuglèrent et le confirmèrent dans son incrédulité.
Non-seulement notre raison ne comprend pas les choses de Dieu, mais elle est naturellement portée à les mépriser, à les traiter de folie. Cette disposition est plus commune qu'on ne pense parmi les chrétiens, surtout parmi ceux qui se croient dévots ; ils sont pour l'ordinaire les plus grands ennemis de la vie intérieure, comme les pharisiens, les dévots du judaïsme, furent les plus grands ennemis de Jésus-Christ.
On ne commence à goûter les choses de Dieu et à les comprendre, que lorsqu'on entre dans l'enfance spirituelle. Mais qu'est-ce que cette enfance ? L'enfant spirituel est celui qui se sent véritablement incapable de raisonner et de parler sur les choses de Dieu. C'est celui qui, sentant toute sa faiblesse et son ignorance, se laisse conduire par la grâce de Dieu, et par ceux qui lui tiennent la place de Dieu ; qui est petit, soumis, dépendant en toutes choses ; qui croit sans examen ce qu'on lui dit ; qui fait aveuglément ce qu'on lui ordonne, sans savoir, pour ainsi dire, ce qu'il fait. C'est celui qui, réduit à un instinct divin, à cet esprit de foi, bien supérieur à tous les raisonnements, marche d'autant plus sûrement qu'il ne connaît ni la route par laquelle on le mène, ni le terme où il doit aboutir. Il est dans l'état de saint Paul, aveuglé par la lumière céleste, que ses compagnons conduisirent par la main à Damas, sans que lui-même vît où il posait ses pas.
Je le répète : on ne voit rien en tout ce qui concerne l'intérieur, ou l'on voit mal et l'on s'égare, tant qu'on y fait usage de son propre esprit. La perte du propre esprit est ce qui nous introduit dans les secrets de Dieu ; et, plus on avance, plus cette perte augmente, jusqu'à ce qu'elle devienne totale et irrévocable. Ceux qui font consister leur avancement dans les grandes lumières, dans les idées sublimes, dans les raisonnements profonds, se trompent bien fort. Le démon a plus d'intelligence, plus de science, plus d'élévation dans les idées que tous les hommes ensemble. En perdant son bonheur, il n'a pas perdu ses lumières naturelles ; elles servent même à le tourmenter. Tout le progrès spirituel consiste donc dans l'anéantissement du propre esprit, du jugement propre, en sorte qu'on ne fasse absolument aucun fond sur soi-même, qu'on ne voie rien par ses yeux, qu'on ne juge de rien, qu'on ne raisonne sur rien par soi-même. Cet état est incompréhensible à quiconque ne l'éprouve pas. Les ennemis de la vie intérieure le traitent de vision et de chimère. Mais il est réel, confirmé par l'expérience des Saints ; l'Écriture en parle en mille endroits, et jamais on ne comprendra rien dans la doctrine de l'Évangile, ni aux états de Jésus-Christ, si l'on n'est dans cette bienheureuse enfance. Oui, heureux celui qui ayant donné son esprit et son cœur à Dieu, ne sait plus s'il a un esprit et un cœur, qui ne regarde pas même à ce que Dieu fait en lui, qui pratique la vertu sans songer qu'il la pratique, qui prie sans savoir comment il prie, ni même s'il prie, qui aime sans s'occuper de son amour, qui marche sans connaître la voie, sans voir son progrès ; qui est, en un mot, dans un parfait oubli de soi-même ; et qui, sans soin, sans réflexion, sans attention, se repose pleinement dans le sein de Dieu, comme un petit enfant sur le sein de sa mère.
Voilà l'état dont Dieu tire sa louange parfaite ; parce que, dans cet état, Dieu est tout et la créature n'est rien, parce que Dieu fait dans cette créature tout ce qu'il veut, comme il veut, autant qu'il le veut, sans trouver aucun obstacle à ses desseins. Qu'est-ce qui honore Dieu ? sont-ce nos grandes actions, nos grands projets ? sont-ce nos grandes austérités, nos longues prières, nos pratiques multipliées ? sont-ce même nos croix, nos souffrances de toute espèce ? Non, rien de tout cela par soi-même n'honore Dieu. L'orgueil peut empoisonner tout cela ; l'esprit propre, la volonté propre peuvent en être le principe ; et, avec une sainteté apparente, on peut être un réprouvé. Ce qui honore Dieu, c'est notre destruction, c'est notre anéantissement, c'est la consomption entière de la victime.
Or, il ne nous appartient pas de nous détruire et de nous anéantir. Si nous le faisions par un principe qui fût en nous, ce principe prendrait de la vie et de la force par la mort de tout le reste. L'ouvrage de notre destruction n'appartient qu'à Dieu. Il faut que le principe détruisant soit extérieur et qu'il attaque en nous tout notre être. Il faut que le feu qui doit consumer la victime vienne d'en haut, et tout ce que la victime a à faire est de se tenir sur le bûcher, dans la disposition propre à être consumée, et de n'apporter aucune résistance à sa totale destruction.
Il faut donc pour cela qu'elle soit purement passive, qu'elle n'agisse point, qu'elle ne remue point, qu'elle ne regarde point à ce que le feu divin produit en elle ; qu'elle ne puisse pas même y regarder ; car un regard sur soi est un acte de vie ; et tant qu'on regarde ou qu'on peut regarder, on n'est pas mort.
Ainsi, l'enfance spirituelle qui nous dépouille de notre propre esprit, de notre propre volonté, de notre propre vie, pour faire place à l'esprit, à la volonté, à la vie de Dieu, est le commencement de la mort mystique ; c'est la formation de l'homme nouveau, et la destruction du vieil homme. À mesure que celui-ci se détruit, celui-là prend de l'accroissement ; et quand l'homme nouveau est tout à fait formé, l'autre est pleinement anéanti.
On voit à présent clairement que la vie spirituelle, ainsi que la vie naturelle, doit commencer par l'enfance ; que c'est là l'entrée et le premier pas ; le fond de l'homme et tout ce qui le constitue dans l'état d'homme parfait, soit pour le corps, soit pour l'âme, est dans l'enfant. Le temps, la nourriture, l'éducation, les exercices, l'expérience donnent le développement à ses facultés spirituelles et corporelles. Mais, dès la plus tendre enfance, toutes ces facultés y sont déjà en petit. Il en est de même de l'homme spirituel. Quand Dieu veut le former en nous, il le produit par sa grâce dans l'état d'enfant ; ensuite, par l'opération continuelle de cette même grâce à laquelle l'âme coopère par un plein acquiescement et par une inviolable fidélité, il lui donne peu à peu, et par un progrès insensible, l'accroissement et la perfection. Dieu agit toujours le premier ; l'essentiel même, qui est la formation de cet enfant spirituel, il le fait seul, et l'enfant ne contribue en rien à sa formation ; mais, une fois formé, il faut qu'il seconde l'action de Dieu, non en agissant de son chef, mais en faisant tout ce que Dieu veut qu'il fasse, et en souffrant tout ce que Dieu veut qu'il souffre.
Il est dans l'ordre que Dieu donne à cet enfant un directeur pour le conduire ; car, comment dans cet état se conduirait-il lui-même ? Il faut que l'enfant et son guide soient parfaitement souples l'un et l'autre aux mouvements de la grâce. Et Dieu exige de l'enfant une confiance sans bornes, une obéissance entière à celui qu'il lui donne pour guide. La confiance doit aller jusqu'à communiquer sans réserve tout ce qui se passe en nous de plus secret et de plus intime ; et l'obéissance, jusqu'à n'avoir aucune volonté, aucun jugement arrêté sur quoi que ce soit.


(Extrait du Manuel des âmes intérieures)


Reportez-vous à Excellence et nécessité de l'Humilité, De l'abandonDe la simplicité, Sur le Crucifix, L'intérieur de Jésus-Christ, Sur Jésus-Christ, La crèche, L'intérieur de Marie, De l'amour pur, De la jalousie de Dieu, De l'enfance spirituelle, De la lumière divine, Vérités fondamentales touchant la vie intérieure, De la paix de l'âme, De la vie de l'âme, Du repos en Dieu, Sur l'Amour de Dieu, De la confiance en Dieu, De la prière continuelle, Dieu seul, Sur les réflexions dans l'oraison, De la pensée de l'éternité, Sur la pensée de la mort, Sur les paroles du Psaume LXXXll : Je suis devenu, en votre présence, comme une bête de somme, et je suis toujours avec vous, Marthe et Marie, De la pureté d'intention, Le prix d'une âme, De la Providence de Dieu sur ses enfants, De la générosité, De l'anéantissement, Du moi humain, Conduite à tenir à l'égard des tentations, De la violence qu'il faut se faire à soi-même, Des tentations, Du directeur, Du cœur humain, Du monde, Faiblesse et corruption du cœur humain, Aveuglement de l'homme, Remèdes à l'amour-propre, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De l'amour du prochain, De l'esprit de Foi, De la fidélité aux petites choses, Sur les trois mots qui furent dits à saint Arsène : Fuyez, taisez-vous, reposez-vous, De l'emploi du temps, Ce que Dieu nous demande, et ce qu'il faut demander à Dieu, Commerce : Image de la vie spirituelle, De la liberté des enfants de Dieu, Instruction sur la Grâce, Instruction sur la Prière, Sur la sainteté, De la Crainte de Dieu, Conduite de Dieu sur l'âme, Moyens d'acquérir l'amour de Dieu, Quels moyens prendrez-vous pour acquérir, conserver et augmenter en vous l'amour de Dieu ?, Litanies de l'amour de DieuSoupir d'amour vers Jésus, Prière de Sainte Gertrude, Élan d'amour, Prière, Acte d'amour parfait, de Sainte Thérèse d'Avila, Prière de Saint Augustin, pour demander l'amour divin, Motifs et marques de l'amour de Dieu, De l'amour parfait, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Se conformer en tout à la volonté de Dieu, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Instruction sur la Charité, Méditation sur l'excellence de la Charité, Prière pour demander la charité, De la force en soi-même et de la force en Dieu, De la consommation en la Grâce, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Sur la croix, De la Simplicité, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la véritable Sagesse, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Des Vertus, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De l'Union avec Jésus-Christ, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Le Paradis de la Terre, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la paix du cœur, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la véritable Sagesse, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Avis important pour ceux qui ont des peines d'esprit, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Sur la vie nouvelle en Jésus-Christ, De l'activité naturelle, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la vie parfaite, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la Mortification, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Des moyens de parvenir à la vraie et solide vertu, Idée de la vraie Vertu, De la vraie et solide dévotion, Degrés des vertus qu'on se propose d'acquérir, Pour bien faire l'oraison et pour en tirer le fruit qu'on a lieu d'en attendre, En quelque état que vous soyez, rendez respectable, par vos sentiments et votre conduite, votre titre de Chrétienne, En quoi consiste l'exercice de la présence de Dieu, De la doctrine de Jésus-Christ, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, et Des Conseils Évangéliques, par le R.-P. Jean-Joseph Surin.














mardi 29 septembre 2020

Du culte et de la vénération qui est due à l'Archange Saint Michel




I. Point. Adoration. Adorez Dieu dans la primauté de sa puissance, choisissant saint Michel entre tous les Princes de sa Cour, pour présider depuis la chute des rebelles, à toute la nature Angélique, et pour marcher à la tête des Armées célestes.
Honorez ce digne Archange, comme la plus vive image de la Divinité, comme le plus noble caractère de sa nature, et comme la plus riche expression de ses grandeurs. Je me prosterne devant vous, ô saint Ange de Dieu, ébloui de l'éclat de vos perfections, dont je ne puis soutenir la splendeur. Je vous révère comme le premier de tous les Anges en gloire ; et comme le plus élevé des Séraphins en amour. J'implore votre protection avec toute l'Église, vous suppliant de me secourir pendant ma vie et à l'heure de ma mort ; et c'est pour cela que je vous prends pour patron auprès de Dieu.

II. Point. Considérations. Quoique tous les Esprits bienheureux méritent selon la pensée d'un grand Patriarche, la vénération la plus profonde, saint Michel en mérite encore plus, à cause de son excellence renfermée dans ce peu de parole : « Respectons en lui, dit saint Laurent Justinien (Serm. de S. Mich.), l'éminence de sa gloire, ses prérogatives singulières, la fidélité de son ministère, sa victorieuse puissance, les bonnes grâces de son Créateur, sa constance dans le combat ; mais admirons surtout en lui, le Dieu, qui l'a fait grand, et qui nous a formés nous-mêmes. » Considérons ces grands titres d'honneur dans le saint Archange ; et faisons trois réflexions.
1. Saint Michel est un des plus grands Princes de la Cour céleste.
2. C'est un puissant Protecteur.
3. C'est le grand adversaire des méchants.

I. Tous les Anges sont des Princes : chaque Hiérarchie a le sien en particulier ; mais saint Michel est le premier de tous (Dan. 10, 15), 1° Michaël unus de Principibus primis, dit la sainte Écriture. Unus, c'est-à-dire, Primus, disent les Interprètes. Quel honneur pour cet Archange, de présider à l'assemblée de tant de milliers d'Esprits. Par sa primauté il est le plus élevé, le plus proche, et le plus uni à Dieu de tous les Anges. Il reçoit de Dieu immédiatement les divines communications, et les autres Anges les reçoivent par lui. Il les purifie, il les éclaire, il les perfectionne. Il renferme en lui l'amour des Séraphins, la splendeur des Chérubins, la paix et la fermeté des Thrônes, et ainsi des autres. Ayant eu tant d'honneur dans le combat contre le démon ; on peut dire qu'il devint l'Ange Gardien des Anges mêmes en travaillant à les contenir dans l'obéissance.
2° C'est un grand Prince (Dan. 12, 1), Princeps magnus. Jugez-en par son nom, qui exprime ce que Dieu a de plus grand, l'éminence de son être et de ses incomparables perfections. Son nom signifie, Qui est semblable à Dieu ? Quis ut Deus ? Ce n'est point ici un vain titre d'honneur, c'est un nom de gloire, que lui a mérité la noble victoire qu'il a remporté dans un combat contre les ennemis de son Maître, après avoir bien défendu ses intérêts, en opposant une humilité profonde et religieuse à la superbe de Lucifer, en disant, Qui peut subsister sans lui ? Qui a quelque chose qu'il n'ait pas reçu de lui ? Qui étions-nous il n'y a qu'un moment ? Et que ferions-nous, si la main qui nous a tirés du néant ne nous conservait ? C'est ce même Nom qui aguerrit encore les fidèles serviteurs de Dieu, et qui leur est comme un avertissement continuel d'être attachés à son service. C'est ce nom qui le rendra encore victorieux de l'Antéchrist, dans le combat qu'il doit lui livrer, et par lequel il couronnera ses victoires (2 Thess. 2, 8).
3° Saint Michel est un grand Prince (Dan. 12, 3), Princeps magnus, il est Prince par la noblesse de son origine. La véritable noblesse se tire de la grâce, et comme plus on s'approche de Dieu, plus aussi on est rempli de grâce, et comme plus on s'approche de Dieu, plus aussi on est rempli de grâce, et plus on est par conséquent véritablement illustre. Que penser de cet archange, qui a reçu plus de grâce qu'aucun des Anges ? Il a eu une grâce de Chef pour la communiquer à tous ses inférieurs ; de plus, il a parfaitement correspondu à cette grâce. En effet, il ne l'a point reçue en vain ; il en a fait usage selon toute la force de son esprit, et de toute l'activité de son cœur. Aussi toutes les beautés dont Lucifer fut dépouillé passèrent à ce généreux Guerrier. Il fut à son tour revêtu de pierres précieuses ; il devint parfait en beauté, et reçut le sceau d'une ressemblance parfaite avec Dieu.
4° Saint Michel est un grand Prince, il est le nôtre en particulier (Dan. 10, 21), Michael Princeps vester. Ainsi parlait l'Ange, en s'adressant à Daniel : Il n'y a, dit-il, que Michel votre Prince dont je reçoive du secours dans les efforts que je fais pour délivrer le peuple. Un Prince mérite toujours de profonds respects, et sa faveur est toujours un bien considérable ; mais on aime bien autrement, et on sert bien plus fidèlement son propre Prince, surtout quand il est grand. Saint Michel combat continuellement pour nous. Il marche comme notre Roi continuellement à notre tête, avec les Anges de lumière (S. Bruno. Ast. Serm. de S. Mich.).
5° Saint Michel est l'Ange gardien et tutélaire de l'Église. Nous combattons sous ses enseignes ; et si ce glorieux Archange a fait tant de merveilles en faveur de la Synagogue, qui peut douter que l'Église chrétienne n'en reçoive de grands secours ? Sa prière pour elle a plus d'efficace que celle des autres Anges. Le démon a employé inutilement toute la rage des tyrans, pour étouffer l'Église de Jésus-Christ dans son berceau, et pour noyer dans une mer de sang tous ses enfants. Aussi voit-on dans l'Apocalypse, que cette femme mystérieuse dont parle saint Jean, voyait sortir de son sein un enfant que le dragon se préparait à dévorer au moment qu'il devait naître d'elle. Mais saint Michel armé de la puissance de Dieu, l'a fait triompher de ses persécuteurs par sa force, et des Hérétiques par ses lumières. C'est lui qui travaille encore à maintenir la pureté de la foi. C'est lui qui éclaire les Pasteurs dans le gouvernement des peuples, qui les dirige dans leurs assemblées canoniques. C'est lui qui s'emploie à l'extinction des schismes, qui entretient la paix de l'Église ; et il n'y a pas jusqu'au saint Sacrifice même, dont on ne croie qu'il présent les dons, lorsqu'au milieu des plus redoutables mystères, le Prêtre dit au nom de l'Église : « Nous vous supplions ô Dieu Tout-puissant ; commandez que ces dons soient portés par les mains de votre saint Ange sur l'Autel élevé qui est en présence de votre Majesté divine. »
6° Enfin, comme un Prince magnifique et libéral, il répand partout ses faveurs. Imitateur fidèle du Roi des rois, dont il est l'image ; tantôt à côté des saints Autels, il offre ses prières, et féconde les nôtres : tantôt il assiste les Princes Chrétiens dans les guerres justes ; il obtient des Prédicateurs zélés, comme ses seconds, pour annoncer l'Évangile ; tantôt il comble de biens les peuples entiers qui lui sont dévots ; tantôt enfin il opère des prodiges en faveur de qui il lui plaît (S. Greg. Hom. 34 in Evang.)

Affections. Grand Prince, qui êtes élevé en grâce et en gloire au-dessus de tous les Esprits bienheureux, mettez en fuite par la force de votre bras, l'ennemi que vous avez déjà terrassé par ces foudroyantes paroles, Quis ut Deus ? Que je serais heureux si j'étais comme vous rempli d'une profonde vénération pour la grandeur de dieu, et si ce sentiment m'accompagnait dans toutes mes actions !


II.
Saint Michel est un puissant protecteur (Dan. 12, 1). Michel qui défend les enfants de votre peuple, s'armera pour vous, dit l'Écriture. Les Hébreux l'ont reconnu comme le premier des Archanges, comme le Chef des Armées du Ciel, et comme le tutélaire du peuple d'Israël sur la terre. Ils croient que c'est de lui dont il est dit dans l'Exode : Mon nom est en lui, et est nomen meum in ille (Exod. 23, 21). Ma face marchera devant vous. Facies mea pracedet te (Exod. 33, 14). Que c'est lui qui apparut à Josué et devant qui ce général se prosterna ; qu'il était le conducteur de l'armée d'Israël dans le désert ; qu'il marquait le lieu du camp. Ils lui donnent aussi le nom de Grand Scribe, parce qu'il tient registre des mérites du peuple d'Israël. L'Église Chrétienne à l'imitation de la Synagogue l'honore comme son Chef. Il a dans la nouvelle Loi, trois pouvoirs sur chaque fidèle, qui doivent bien nous faire ménager sa protection.
Il répond de nos âmes, et elles lui sont données spécialement en garde ; il a un zèle ardent de les sauver, il nous assiste dans les combats que nous avons à livrer aux démons, et à proportion que les attaques de nos ennemis sont plus violentes, il nous envoie du secours, comme un Capitaine vigilant. « Parce que, dit un saint Père (S. Bruno Ast.), Michel veut dire, qui est semblable à Dieu, il nous fortifie de son Nom même au combat, il nous exhorte à ne point craindre celui, qui a été renversé pour avoir voulu se rendre égal à Dieu. »
Il doit encore recevoir nos âmes à la mort : Suscipiat te Michael, nous dira le Prêtre qui nous assistera à la dernière heure. C'est pour cette raison, qu'on le représente la balance à la main, comme s'il devait faire le premier, le jugement particulier de nos œuvres, en attendant le jugement universel, auquel le Fils de Dieu présidera lui-même.
Il est enfin chargé d'introduire les âmes dans le Ciel. L'Église demande dans la Messe des Morts, que saint Michel, qui est le porte-étendard des armées du Ciel, représente les âmes dans le séjour de la lumière  (In Offert. Miss. Def.), ou qu'il les tire du Purgatoire, si elles y sont condamnées. C'est à cette extrémité, quand tout le reste manque, qu'on ressent sa charité : Ecce Michael venis in adjutorium (Dan. 10, 13). Il n'a qu'à se présenter à ce dernier moment ; heureuse l'âme qui lui aura été dévote, elle ressentira alors les effets de sa protection.

Réflexions. Rien n'est plus capable d'inspirer du courage à un soldat que de savoir qu'il est sous la conduite d'un généreux Capitaine qui a remporté de glorieuses victoires sur les mêmes ennemis qu'il doit combattre. Que craindrez-vous donc en entrant dans le champ de bataille contre les démons, ayant en tête et étant sous la protection d'un aussi grand Prince que saint Michel ? Que le succès de ses armes, la gloire qui lui en est restée, le prix de la victoire relèvent votre courage, et vous animent à bien faire votre devoir dans la milice de Jésus-Christ, et dans cette guerre spirituelle que vous devez entreprendre sous ses étendards.

Affections. C'est particulièrement pour l'heure de ma mort, que j'implore votre assistance, ô Prince de la milice céleste. Prenez alors les armes et le bouclier, et venez à mon secours, délivrez mon âme de la gueule du lion, et conduisez-la avec les troupes angéliques, dans le lieu du repos éternel (Ordo. comm. animae)


III. Si saint Michel est un puissant protecteur pendant la vie et à la mort, il est aussi le grand adversaire des méchants et des impies. Il a combattu dès le commencement Lucifer et ses anges ; mais depuis il ne cesse d'attaquer et de confondre ceux qui sur la terre parlent et agissent comme lui.
1. Il n'en est que trop encore, qui disent comme Lucifer : Je monterai dans le Ciel (Is. 14, 13). Ce sont des téméraires sacrilèges, que le Sage a décrit dans les Proverbes, qui veulent sonder les profondeurs de Dieu, creuser les mystères les plus relevés ; juger des choses divines par les sens. Saint Michel les perce tous par le glaive de cette parole, Quis ut Deus ? Qui oserait s'égaler à Dieu ? Et ailleurs il est encore écrit : Celui qui est assez téméraire, pour sonder la Majesté de Dieu, sera opprimé de sa gloire (Prov. 25, 27). La langue de ces téméraires sera confondue par celui, qui s'est voilé par les ténèbres, et qui a dit qu'il habiterait dans l'obscurité de la nuée (3 Reg. 8, 12).
2. Les autres ennemis que combat Saint Michel sur la terre, ce sont les superbes, qui comme Lucifer, disent encore dans Isaïe : J'élèverai mon trône au-dessus des astres (Is. 14, 13)
3. Les scandaleux font la guerre à Dieu. Saint Michel les entreprend et les surmonte. Il le fit autrefois, en ôtant au Peuple de Dieu un sujet d'idolâtrie, le corps de Moïse, que ce Peuple voulait adorer. (Ep. Judae 9) Il le fit encore, lorsque par l'ordre de Dieu, pour punir le scandale de Lucifer, il le précipita dans les enfers ; mais il le poursuit de nouveau dans les hommes, tant à cause de son énormité qu'à cause de la perte des âmes les plus saintes, qu'il entraîne dans l'abîme du péché.
4. Enfin, saint Michel est l'adversaire de ceux qui pèchent mortellement, et qui disent comme leur maître : Je m'assiérai sur la montagne de l'alliance, aux côtés de l'Aquilon. (Is. 14, 13) Ne disputent-ils pas à Dieu son trône, ceux qui préfèrent leur volonté à la sienne, qui méprisent et foulent aux pieds sa loi, pour suivre celle de leurs passions brutales. Vous avez plus honoré vos enfants que moi-même, dit le Prophète au Grand-Prêtre (1 Reg. 2, 29). Or qui est semblable à Dieu, dit encore ici l'Archange ? Qui ne sera en effet surpris de l'insolence d'un pécheur, qui s'en prend au trône de la Divinité, pour l'ébranler, qui en veut à la couronne de Dieu même, pour la lui enlever ; à son sceptre, pour l'arracher de ses mains ?

Réflexions. Un sujet se révoltant contre son Prince légitime, se rend d'autant plus criminel qu'il lui a plus d'obligation à cause des bienfaits qu'il a reçus de sa libéralité, comme au contraire il est d'autant plus considéré qu'il se montre plus fidèle à son service. Réfléchissez combien de grâce et de faveurs vous avez reçu de la bonté de Dieu, et craignez de lui donner sujet de vous punir sévèrement si vous vous révoltez contre lui, et si vous faites un mauvais usage de ses dons.

Affections. C'est moi-même, ô grand Dieu, qui ait été assez insensé, pour me révolter contre vous, et pour vouloir usurper le trône que vous occupez. J'en fais amande honorable devant vous, en présence de saint Michel, le défenseur de vos droits, et devant toute la Cour céleste. Ne permettez pas, Seigneur, que j'oublie jamais mon néant. que ma misère et ma pauvreté soient toujours devant mes yeux pour ne pas m'élever comme un autre Lucifer de ce que j'ai reçu de vous. Préservez-moi du malheur de l'imiter jamais dans sa rébellion ; on a vu les étoiles du ciel tomber du firmament, et les cèdres du Liban s'ébranler. Que ne dois-je pas appréhender moi qui ne suis qu'un faible roseau ? Soutenez-moi, Seigneur, de peur que je ne succombe sous le poids de mon infirmité, et de peur que l'esprit qui est prompt, ne l'emporte sur la chair qui est faible.


III. Point. Résolutions. 1. Respectons toute notre vie la dignité et la grandeur de l'Archange saint Michel. (S. Laur. Justin. Serm. de S. Michel) Que tous reconnaissent en lui leur protecteur, qu'ils le louent, qu'ils le prient assidument, qu'ils lui adressent leurs vœux, pour attirer sur eux son secours ; qu'ils le réjouissent enfin par la correction de leurs mœurs ; car il ne méprisera point ceux qui le prieront, et ne rejettera point ceux qui se confieront en lui, et qui l'aimeront : il aime lui-même les humbles, et ceux qui sont chastes, il chérit ceux qui ont le cœur pur, il les garde et il les introduit dans le chemin du ciel, il les conduit à leur patrie.
2. Imitons saint Michel dans l'anéantissement de lui-même devant Dieu, et dans l'impression qu'il a toujours porté de sa Sainteté. Souvenons-nous, que tout être doit se réduire au néant en la présence de Dieu, que rien n'est digne de subsister devant elle, et qu'il se plaît à confondre les ambitieux.
3. Craignons de tomber dans le péché mortel, de peur d'être punis peut-être dans le moment comme les anges apostats.
[Que les Prêtres se souviennent que c'est particulièrement à eux, que le démon en veut. (S. Bruno Ast.) Il n'attaque point tant, dit un Saint, le commun du peuple le moins réglé, que les plus gens de bien, et le plus souvent les Évêques mêmes et les Prêtres.]
4. Dans les actions de zèle, prenez pour modèle saint Michel. Il y a sujet d'admirer sa modération dans la contestation qu'il eut avec le démon touchant le corps de Moïse. Saint Jude (Ep. 9) dit qu'il n'osa le condamner avec exécration ; Dieu en effet en voulait faire lui-même un exemple, et s'en était réservé le jugement. Saint Michel se contenta de lui dire : Que le Seigneur exerce sur toi sa puissance. Le vrai zèle, quelque fort qu'il soit, est toujours humble, modeste et subordonné, comme le faux zèle est ordinairement fier et emporté, et rebelle aux puissances établies de Dieu.
5. Faites aujourd'hui quelque prière à saint Michel, pur obtenir par son intercession, un jugement favorable au dernier jour. Ne vous en tenez pas là, invoquez-le souvent. C'est lui qui vous assistera dans les combats contre les démons ; et qui comme un vaillant capitaine, vous enverra du renfort à proportion que les attaques seront plus violentes. On a souvent besoin de son secours contre un ennemi qui tremble à son seul Nom, et qui ne peut soutenir l'éclat de sa présence.


(Extrait de La dévotion aux Saints Anges, particulièrement aux Anges Gardiens, réduite en méditations)


Reportez-vous à Prière à saint Michel Archange, Méditation pour la Fête de Saint Michel et de tous les saints Anges, Neuvaine à Saint MichelLes saints Anges montrent le chemin du salutDu combat des bons Anges contre les mauvaisMéditation pour la Fête des Saints Anges Gardiens, Litanie de Saint Michel Archange, Puissance de Saint Michel au jugement dernier, Secours de Saint Michel à l'heure de la mort, Chapelet à Saint Michel Archange, Apprenez de votre bon Ange la science du salut, De la Dévotion aux saints Anges et de l'esprit d'une Association en leur honneur, C'est en tout temps qu'on a invoqué dans l'Église les Anges et les Martyrs, De l'Excellence de la nature Angélique, La  grâce des hommes, quoique inférieure à celle des Anges, a des avantages qui la relèvent infiniment, De la principale occupation des Anges, qui est de louer Dieu, et de leur Nombre, Saint Raphaël, Modèle de l'Ange gardien préposé à la garde de chaque hommeConfiance de Saint Jean-François Régis en la protection de son Ange gardienDu grand Amour du Père Surin pour les Saints Anges, dans l'union avec notre Seigneur Jésus-Christ, VIE CHRÉTIENNE : Dévotion envers les saints Anges, saint Joseph et les autres Saints ; Voyage de piétéSermon du Saint Curé d'Ars pour la Fête des Saints Anges Gardiens : Les anges de ces petits enfants voient sans cesse la face de mon Père céleste, Litanie de Saint Raphaël Archange, Neuvaine à l'Archange Raphaël, Avoir une grande dévotion à saint Michel, à saint Gabriel, à saint Raphaël, et aux autres quatre Anges qui sont auprès du trône de Dieu, Méditation pour la Fête de Saint Raphaël Archange, Lecture du livre de Tobie (12, 7-15) : S'il est bon de tenir cachés les secrets des rois, c'est un honneur que de faire connaître et proclamer les œuvres de Dieu, Méditation pour le 3 Septembre, Saint Raphaël conduisant le jeune Tobie, Méditation pour le 2 septembre, Sur les Saints Anges GardiensDes exercices de piété, par le R.-P. Jean-Joseph Surin : Quels exercices de piété prescrivez-vous à l'honneur des Anges ?Méditation pour le 1er septembre, Les Saints Anges Gardiens, Consécration à tous les Saints Anges, Prières à tous les Saints Anges, Oraison aux neuf Chœurs des saints Anges, Travailler à la conversion des âmes et à leur soulagement dans les flammes du Purgatoire, en l'honneur des saints Anges, Pratiquer quelque vertu, ou s'abstenir de quelque vice en l'honneur des Saints Anges, Avoir une grande confiance en la protection des saints Anges, et recourir à eux en tous ses besoins corporels et spirituels, Autres pratiques pour honorer plus spécialement les saints Anges, et célébrer les fêtes avec tous les respects possibles, Faire des neuvaines en l'honneur des neuf Chœurs des Anges, Chapelet du Saint Ange gardien, Converser intérieurement avec les saints Anges, Jésus crucifié est le Livre des Élus, La réalité des apparitions angéliques, Avoir une dévotion singulière aux Anges, Archanges et Principautés, Honorer principalement les Puissances, les Vertus et les Dominations, Avoir de profonds respects, et des amours extraordinaires pour les Trônes, les Chérubins et les Séraphins, La protection des saints Anges contre les démons, particulièrement au sujet de leurs différentes tentations, Litanies de l'Ange Gardien, Et Michel et ses anges combattaient contre le Dragon, La puissance des démons réglée par la sagesse divine, Discernement des esprits : ce qu'on entend par esprits, combien on en compte et comment ils se forment, Tous les hommes sont assistés des Saints Anges, Les Saints Anges nous assistent dans les choses temporelles, Les perfections admirables de ces sublimes intelligences, Les Saints Anges font tout ce qui peut se faire pour le bien des hommes, Litanie aux Saints Anges Gardiens, Discernement des esprits, Les Anges, princes et gouverneurs de la grande cité du bien, et Litanie de Saint Gabriel Archange.














 

lundi 28 septembre 2020

Du combat des bons Anges contre les mauvais

 



I. Point. Adoration. Adorez Dieu dans l'équité de ses jugements, rendant à chacun selon ses mérites dans le Ciel et sur la terre, aux Anges et aux hommes. Chantons à sa louange des Cantiques pour exalter sa miséricorde, et adorer tout ensemble les œuvres de sa justice (Ps. 100, 1). De toutes les créatures intelligentes ; les Anges ont été le commencement de ses voies et les prémices de ses ouvrages les plus accomplis. En les formant, il avait voulu donner à l'empirée son plus bel ornement ; mais à peine ne leur eut-il fait entendre cette voix, Adorez-le tous les Anges (Ps. 96, 8) : ou selon d'autres, à peine leur eut-il fait la proposition d'adorer l'Homme-Dieu, qui devait être leur Chef et leur Roi. Que tous les Anges de Dieu l'adorent (Hebr. 1, 6), qu'une partie devenue rebelle, refusa de se soumettre à un commandement si juste, tandis que l'Archange saint Michel se mit à la tête de tous les bons Anges, pour foudroyer Lucifer, et adorer ce Dieu humilié.
Félicitons de leur victoire ces généreux combattants. Applaudissons à leur triomphe ; et reconnaissons que la grâce Divine, qui a relevé l'homme tombé de sa chute, est la même en substance, selon un saint Docteur, qui a préservé les Anges fidèles de l'apostasie des démons (S. Fulg. L. 2. ad Trasim.).

II. Point. Considérations. Considérez, 1. La grandeur du combat, la révolte et le châtiment de Lucifer et de ses Anges, Motif d'une crainte salutaire.
2. La soumission parfaite des bienheureux Anges et la récompense qu'ils en retirent. Motif de confiance et d'humilité.
3. La gloire qui est donnée à l'Ange, est promise à l'homme. Motif de ferveur pour l'animer au combat.
Plaise à Dieu, que ce soit là le profit que nous tirions de ces trois considérations.

I. Considérez que ce fut véritablement un grand combat que celui des Anges fidèles contre Lucifer. Factum est proelium magnum (Tert. L. 4. adv. Marc). Grand si l'on regarde la dignité des combattants ; ce sont les premiers Princes du Ciel. Grand, si l'on considère leur puissance et leur force ; ce ne sont point des hommes qui se font la guerre. Grand, si l'on fait réflexion à la multitude des soldats de part et d'autre ; un seul ordre angélique ferait des armées plus nombreuses que celles de tous les Rois de la terre. Grand, si l'on regarde la dignité du champ de bataille ; c'est le Ciel même où il se fit un silence d'étonnement, tant le sujet de la guerre paraissait intéressant. Grand, si l'on réfléchit sur la qualité des armes dont usent les combattants. Ce n'est point par le fer ou par le feu que se font les attaques, les armes sont spirituelles, Bellum spiritale, dit Tertullien, adversùs spiritales hostes, spirituli malitiae et spiritalibus armis debellaturus. Grand en fin, puisqu'il s'agit de couronnes, non pas périssables mais immortelles. Factum est pralium magnum. Ce fut dans cette guerre que les Anges rebelles, quoique doués comme les autres d'une intelligence sublime, capables de tout, sains par la plus ardente charité, et destinés pour être à jamais heureux, refusèrent, comme il a été dit, d'obéir à leur Créateur, et usèrent contre sa volonté du libre arbitre qui leur avait été donné pour se soumettre à lui avec mérite. Dieu offensé les précipita dans l'abîme qui leur était préparé. Ce châtiment fut prompt vu qu'il les saisit comme les armes à la main, c'est-à-dire, dans la pensée orgueilleuse de se révolter ; ils n'eurent ni le temps ni la grâce pour se repentir, et ils tombèrent dans les flammes éternelles avec autant d'impétuosité que la foudre tombe de la nue. Châtiment général, pas un de ces rebelles ne fut épargné, sans égard ni à la multitude des coupables, ni à l'excellence de leur être ni au bien qu'ils eussent pu faire s'ils avaient eu un moment pour reconnaître leur faute, ni à tout le mal qu'ils devaient causer en demeurant rebelles ; enfin leur châtiment fut extrême, puisqu'ils furent dépouillés de tous les dons de la grâce et accablés de tous les supplices sans espérance d'en être jamais délivrés. Tel a été le châtiment de leur péché ; en voici les circonstances et la grièveté. Le péché des Anges fut un péché, 1. de pure malice, puisque malgré les plus vives lumières dont ils étaient éclairés, ils ne demeurèrent point dans la vérité, comme il est dit du premier d'entr'eux (Joan. 8, 44). 2. Ce fut un péché d'ingratitude, puisque nonobstant les profusions de la bonté et de la magnificence de leur Créateur envers eux, en tout genre de dons, de beautés, de perfections et de grâces, ils ont lâchement trahi leur bienfaiteur, et ils ont travaillé à séduire ses plus fidèles sujets. 3. Enfin, ce fut un péché de désobéissance et d'un orgueil intolérable qui porta Lucifer à s'égaler, en quelque sorte, à son Souverain, selon ces paroles qui lui sont appliquées : Je monterai au Ciel, j'établirai mon trône au-dessus des Astres de Dieu, je serai semblable au Très-Haut (Is. 14, 13-14).

Réflexions. Qui ne serait étonné, en voyant la désertion de tant de créatures, si belles et si pures ? Aurait-on pu croire, si le Saint-Esprit ne l'eût révélé, qu'il y eût eu des combats dans le Ciel ? Où se trouvera donc la fidélité à la grâce qui la prévient ! mais en même temps, quel exemple redoutable pour les superbes, qu'une partie des Anges damnés pour un seul péché d'orgueil, sans qu'il y ait lieu à la pénitence ! Lucifer et tous ses complices, sont précipités dans l'abîme, et il ne se trouve plus dans le Ciel le moindre vestige de leur demeure (Apoc. 12, 7).

Affections. Pénétrez-moi, Seigneur, de la crainte de vos jugements. Combien de fois ai-je mérité un châtiment semblable à celui que vous exercez contre des Esprits bien moins criminels que moi ? Les démons n'ont commis qu'un seul péché, et moi combien de fois vous ai-je offensé ? Ils n'ont pas abaissé en péchant au-dessous d'eux-mêmes ; et moi je me suis avili jusqu'à la condition des bêtes. La grâce du repentir ne leur a point été accordée, et moi après l'avoir reçue j'en ai tant de fois abusé. Ils n'ont point profané le Sang de Jésus-Christ qui n'a point été versé pour eux ; et moi je l'ai souvent foulé aux pieds ; un moment pour rentrer dans leur devoir leur a été refusé, tandis que vous me donnez du temps pour faire pénitence, et loin d'en profiter, je le perds. Les Anges fidèles ne manquèrent pas d'employer tous leurs talents, pour empêcher la chute de leurs Collègues ; et vous m'adressez pareillement des Anges terrestres, de zélés Directeurs pour travailler à ma conversion, à la correction de mes mœurs, et tout a été inutile jusqu'à présent. J'ai combattu contre vous, et contre les fidèles Ministres qui m'annonçaient vos volontés. Donnez-moi, ô mon Dieu, par l'intercession des Anges obéissants, la grâce de n'être plus si inconstant dans mes résolutions.

II. Les saints Anges, jaloux de la gloire de leur Dieu, s'opposèrent fortement à l'insolence des Anges rebelles, et combattirent contr'eux par les sentiments de la plus profonde humilité : jamais il n'y eut sur la terre de guerre plus déclarée ni d'armée plus nombreuse. Il n'y eut jamais de combat livré avec plus d'ardeur, ni soutenu avec plus de valeur. Jamais la défaite ne fut plus entière et la victoire plus complète. Les Saints Anges considérant que Dieu était leur souverain bien, qu'ils n'étaient grands que par lui, et qu'ils possédaient tout en lui ; trouvant Dieu comme il est effectivement plein de charmes, plein de bonté, plein de sagesse ; et s'étant considérés eux-mêmes comme tout environnés de ses bienfaits ; ils ne furent plus capables de suspendre ni de diminuer leur amour, et la pente inconcevable de leur volonté vers cet objet infini en toutes sortes de perfections. Ils sont demeurés fermes ; dit saint Augustin (De civ. Dei), dans les richesses de son éternité, dans la lumière de sa vérité, et dans les délices de son amour. C'est pourquoi, comme il le dit encore ; il faut reconnaître à la louange du Créateur, que lorsque David a dit : Il m'est bon de m'attacher inséparablement à Dieu ; qu'il a marqué en quoi consiste la félicité, non seulement des hommes, mais encore plus celle des Anges. Leur éternelle béatitude s'est trouvée dans cette profonde humilité qui leur a fait dire comme saint Michel : Qui est semblable à Dieu ? Dieu est tout et je ne suis rien. Tout mon bien et toute ma gloire est de demeurer inséparablement attaché à lui : aussi Dieu pour récompenser leur fidélité, les confirma aussitôt en grâce, et dans une heureuse impuissance de la jamais perdre. Soutenus par les paroles du Chef des Armées du Très-Haut, Quis us Deus ? Qui est semblable à Dieu ? Ils furent soumis à ses ordres, et méritèrent d'être établis dans la même inflexibilité pour le bien que les autres pour le mal, c'est-à-dire, les Séraphins dans l'amour, les Chérubins dans la contemplation des Grandeurs de Dieu, et ainsi des autres. Alors les Cieux furent affermis par la parole du Seigneur (Ps. 32, 6) ; et comme il n'y eut jamais de rébellion si sévèrement punie que celle des démons, il n'y eut jamais de fidélité plus abondamment récompensée. Comme il n'y eut jamais d'ingratitude plus grande que celle de Lucifer, il n'y en eut jamais aussi de châtiment plus terrible. et comme il n'y eut jamais de fidélité plus signalée que celle des saints Anges, il n'y en eut jamais aussi de plus richement couronnée. Aussi, ce ne fut plus de leur part que de nouvelles louanges et de solennelles actions de grâces, de se voir heureusement assurés de la possession de leur Créateur.
Qui pourrait dignement représenter à quel sublime degrés de gloire les saints Anges furent alors élevés, après avoir si généreusement défendu les droits de la divine Majesté ?  de quelle béatitude la bonté de Dieu leur fit part, et comment ils excellèrent encore plus à ce moment dans la reconnaissance et dans l'amour de leur Bienfaiteur.

Réflexions. Ô qu'il fait bon servir un Maître aussi libéral, et qu'il récompense magnifiquement les plus petits services ! Que l'humilité est une belle vertu ! Si Dieu a puni si sévèrement l'orgueil dans les anges apostats, l'épargnera-t-il dans les hommes ? Écoutez ces paroles de saint Pierre, et voyez si vous pourrez supporter le jugement et l'arrêt que Dieu portera contre les superbes : Quoique les anges soient plus grands en force, ils ne peuvent supporter les supplices auxquels ils sont condamné. (2 Petr. 2, 11). Et saint Jude n'en parle pas avec moins de force, lorsqu'il dit, que les anges qui n'ont pas conservé leur première dignité, mais qui ont quitté leur propre demeure, sont retenus liés de chaînes éternelles, dans de profondes ténèbres, et réservés pour le jugement du grand jour (Ep. Jud. 6). C'est à la même punition, ô mon âme, que vous devez vous attendre, si vous ne persévérez pas dans le service de Dieu, et dans l'humilité de cœur et d'esprit. Et vous, ô prince des orgueilleux, comment êtes-vous tombé du Ciel ? (Isaiae 14, 12) Votre perte est donc irréparable ? Ah, qu'il est horrible de tomber entre les mains d'un Dieu vivant ? Quis non timebit te, ô Rex gentium ! Qui est-ce qui ne vous craindra pas, ô Roi des Nations !

Affections. Ô Dieu, si vous avez agi de la sorte avec un ange, et si vous avez fait passer les rebelles en un moment, d'une extrémité de bonheur à une extrémité de misères, que deviendrai-je, cendre et poussière que je suis ? (S. Bern. Ser. 54. in Cant.) Faites que je devienne sage aux dépens de ces malheureux esprits, et que je lave ainsi mes mains dans le sang du pécheur (Ibid).

III. Les hommes sont destinés pour remplir la place des anges prévaricateurs. Ces déserteurs ne furent pas plutôt hors du Ciel, que leurs trônes furent réservés à ceux d'entre les hommes qui les mériteraient. Saint Augustin a dit sur ce sujet, que Dieu par sa grâce attire à lui un si grand peuple, à dessein de suppléer et de réparer la perte d'une partie des Anges qui s'est perdue (S. Aud. de civ. Dei. cap. 22. L. I). Le bienheureux Lanfranci, expliquant au même sens, ce que dit saint Paul dans son Épître aux Éphésiens, que Dieu avait découvert le mystère de sa volonté, suivant le plan qu'il s'était formé, de rétablir en Jésus-Christ tout ce qui est au Ciel et sur la Terre ; déclare qu'en suppléant le nombre des Anges qui était diminué, il avait renouvelé le Ciel ; et qu'en rachetant le genre humain, il avait rétabli ce qui était sur la terre (Giossa Lanfranci in c. I. Ep. ad Eph.), les hommes devant être un jour, ajoute Saint Bernard, leurs compagnons et leurs cohéritiers, corum futuri aliquando socii, concives et cohardes (In Psal. 91). Voyez par là comment la chute de Lucifer et de ses compagnons a été le bonheur et l'avantage du genre humain. Voyez comment Dieu par sa bonté a voulu créer des natures bonnes, et par sa justice tellement gouverner les plus perverses, et les faire servir à ses desseins, qu'il pût tirer le bien du mal. Voyez enfin ce qu'il vous convient de faire pour monter au Ciel, et pour jouir de la vie éternelle en la compagnie des Anges.

Réflexion. Pour savoir si vous aurez place un jour parmi les Esprits célestes, examinez-vous et pesez ce qui suit. Il y a sujet de croire, que ceux-là seront au rang des Archanges, qui s'acquitteront fidèlement des devoirs de leur état. Que ceux-là seront au rang des Puissances, qui commanderont à leurs inférieurs avec amour et charité. Que ceux-là auront place avec les Principautés, qui se rendront maîtres de leurs passions, et qui dompteront leurs appétits déréglés. Que ceux qui mépriseront les richesses, et qui s'exerceront avec courage à la patience et à l'obéissance, seront placés parmi les Vertus. Que ceux-là seront avec les Dominations, qui conformeront entièrement leur volonté à celle de Dieu. Que ceux-là siègeront avec les Trônes, qui seront de leur cœur un trône à la majesté de Dieu. Que ceux-là seront élevés au rang des Chérubins, qui instruiront les ignorants. Enfin, que ceux-là jouiront à jamais de dieu avec les Séraphins, qui aimeront Dieu sans réserve, sans partage, et leur prochain en esprit de charité. Tel est le chemin qui conduit à la société des neuf Chœurs des Anges. Voyez si vous prenez la même voie pour arriver au Ciel.

III. Point. Résolutions. 1. Pour vaincre tous les respects humains, dites-vous à vous-mêmes ; y a-t-il quelqu'un qui puisse être comparé à Dieu ? Y a-t-il quelqu'un qui mérite mon amour et mes services comme lui ? Y a-t-il quelqu'un dont les récompenses soient plus à désirer, et les menaces plus à craindre ?
2. Pratiquez l'humilité, qui est une vertu angélique, et en conséquence ne méprisera jamais personne. Regardez seulement, et estimez dans les créatures, ce qu'il y a de Dieu en elles.
3. Soyez ferme dans la résolution de servir Dieu, quelque chose qu'il vous en coûte, et n'écoutez point les suggestions des suppôts de l'enfer. Mon âme ne sera-t-elle point soumise à son Dieu, disait le Prophète Roi (Ps. 61, 1).
4. Maudissez mille fois le péché, et vengez sur vous par toutes sortes de pénitences ceux que vous avez commis. Éloignez de vous toute occasion de vous y faire retomber, et priez le Seigneur, qui s'est montré un Dieu de miséricorde et non de vengeance pour vous, d'affermir en votre cœur la résolution de ne l'offenser jamais. Considérez souvent, que les saints Anges ne sont pas seulement les ministres des faveurs de Dieu, mais qu'ils sont encore les exécuteurs de sa justice, comme il paraît entr'autres exemples, par celui de l'embrasement de Sodome, dont les anges que Lot avait reçus furent les ministres, et qu'ils se verront obligés, si vous péchez, de venger contre vous-même l'honneur d'un Dieu offensé.


(Extrait de La dévotion aux Saints Anges, particulièrement aux Anges Gardiens, réduite en méditations)


Reportez-vous à Prière à saint Michel Archange, Méditation pour la Fête de Saint Michel et de tous les saints Anges, Neuvaine à Saint Michel, Excellence et nécessité de l'Humilité, Méditation pour la Fête des Saints Anges Gardiens, Litanie de Saint Michel Archange, Puissance de Saint Michel au jugement dernier, Secours de Saint Michel à l'heure de la mort, Chapelet à Saint Michel Archange, Apprenez de votre bon Ange la science du salut, De la Dévotion aux saints Anges et de l'esprit d'une Association en leur honneur, C'est en tout temps qu'on a invoqué dans l'Église les Anges et les Martyrs, De l'Excellence de la nature Angélique, La  grâce des hommes, quoique inférieure à celle des Anges, a des avantages qui la relèvent infiniment, De la principale occupation des Anges, qui est de louer Dieu, et de leur Nombre, Saint Raphaël, Modèle de l'Ange gardien préposé à la garde de chaque hommeConfiance de Saint Jean-François Régis en la protection de son Ange gardienDu grand Amour du Père Surin pour les Saints Anges, dans l'union avec notre Seigneur Jésus-Christ, VIE CHRÉTIENNE : Dévotion envers les saints Anges, saint Joseph et les autres Saints ; Voyage de piétéSermon du Saint Curé d'Ars pour la Fête des Saints Anges Gardiens : Les anges de ces petits enfants voient sans cesse la face de mon Père céleste, Litanie de Saint Raphaël Archange, Neuvaine à l'Archange Raphaël, Avoir une grande dévotion à saint Michel, à saint Gabriel, à saint Raphaël, et aux autres quatre Anges qui sont auprès du trône de Dieu, Méditation pour la Fête de Saint Raphaël Archange, Lecture du livre de Tobie (12, 7-15) : S'il est bon de tenir cachés les secrets des rois, c'est un honneur que de faire connaître et proclamer les œuvres de Dieu, Méditation pour le 3 Septembre, Saint Raphaël conduisant le jeune Tobie, Méditation pour le 2 septembre, Sur les Saints Anges GardiensDes exercices de piété, par le R.-P. Jean-Joseph Surin : Quels exercices de piété prescrivez-vous à l'honneur des Anges ?Méditation pour le 1er septembre, Les Saints Anges Gardiens, Consécration à tous les Saints Anges, Prières à tous les Saints Anges, Oraison aux neuf Chœurs des saints Anges, Travailler à la conversion des âmes et à leur soulagement dans les flammes du Purgatoire, en l'honneur des saints Anges, Pratiquer quelque vertu, ou s'abstenir de quelque vice en l'honneur des Saints Anges, Avoir une grande confiance en la protection des saints Anges, et recourir à eux en tous ses besoins corporels et spirituels, Autres pratiques pour honorer plus spécialement les saints Anges, et célébrer les fêtes avec tous les respects possibles, Faire des neuvaines en l'honneur des neuf Chœurs des Anges, Chapelet du Saint Ange gardien, Converser intérieurement avec les saints Anges, Jésus crucifié est le Livre des Élus, La réalité des apparitions angéliques, Avoir une dévotion singulière aux Anges, Archanges et Principautés, Honorer principalement les Puissances, les Vertus et les Dominations, Avoir de profonds respects, et des amours extraordinaires pour les Trônes, les Chérubins et les Séraphins, La protection des saints Anges contre les démons, particulièrement au sujet de leurs différentes tentations, Litanies de l'Ange Gardien, Et Michel et ses anges combattaient contre le Dragon, La puissance des démons réglée par la sagesse divine, Discernement des esprits : ce qu'on entend par esprits, combien on en compte et comment ils se forment, Tous les hommes sont assistés des Saints Anges, Les Saints Anges nous assistent dans les choses temporelles, Les perfections admirables de ces sublimes intelligences, Les Saints Anges font tout ce qui peut se faire pour le bien des hommes, Litanie aux Saints Anges Gardiens, Discernement des esprits, Les Anges, princes et gouverneurs de la grande cité du bien, et Litanie de Saint Gabriel Archange.














 

dimanche 27 septembre 2020

ABRÉGÉ DU CATÉCHISME DE PERSÉVÉRANCE, PREMIÈRE PARTIE, Leçon IX : Connaissance de Dieu par ses ouvrages, 5e Jour de la Création

 

ABRÉGÉ DU CATÉCHISME DE PERSÉVÉRANCE


PREMIÈRE PARTIE


Contenant l'histoire et l'explication de la religion
depuis le commencement du monde jusqu'à la venue du messie.


IXe LEÇON

CONNAISSANCE DE DIEU PAR SES OUVRAGES

CINQUIÈME JOUR DE LA CRÉATION




Q. Qu'est-ce que Dieu fit le cinquième jour ?
R. Le cinquième jour Dieu fit les poissons et les oiseaux.

Q. Que remarquez-vous sur les poissons ?
R. Je remarque sur les poissons que c'est une merveille qu'ils puissent naître et vivre dans l'eau de la mer, qui est salée, et que leur race ne soit pas anéantie depuis longtemps.

Q. Comment cela ?
R. Parce que les plus grands donnent continuellement la chasse aux plus petits que nul rempart ne peut défendre. Pour se mettre à l'abri, ils se retirent vers les côtes, où les gros poissons ne peuvent arriver ; mais en sauvant les petits, il semble qu'on condamne les autres à périr en les privant de leur proie. Il en serait ainsi si Dieu n'avait pris soin de leur envoyer des nuées de petits animaux, qu'ils engloutissent par milliers dans leur vaste estomac.

Q. Que remarquez-vous encore sur les poissons ?
R. Je remarque encore que les poissons, qui devraient en apparence périr de froid, sont tenus très chaudement par les écailles et par l'huile dont ils sont couverts,

Q. Quelle utilité retirons-nous des poissons ?
R. Nous retirons des poissons beaucoup d'utilité ; leur chair nous nourrit et leurs os servent à un grand nombre d'usages. Il y en a qui viennent chaque année se faire prendre sur nos côtes ; d'autres remontent les fleuves jusqu'à leur source, afin de porter à tous les hommes les bienfaits du Créateur.

Q. Que Dieu fit-il encore le cinquième jour ?
R. Le cinquième jour Dieu fit encore les oiseaux. Comme les poissons, ils sont nés de la mer ; et c'est un grand miracle que cet élément ait produit en un clin d'œil deux espèces d'êtres si différentes.

Q. Comment les oiseaux nous prouvent-ils la sagesse de Dieu ?
R. Les oiseaux nous prouvent la sagesse de Dieu : 1° par la structure de leur corps, qui est admirablement disposé pour fendre l'air ; 2° par leur conservation, car ils sont pourvus de tout ce qu'il leur faut pour être à l'abri de l'air et de la pluie, ainsi que de tous les instruments nécessaires pour se procurer leur subsistance.

Q. Continuez la même question.
R. 3° Par leurs nids, car ils savent qu'ils auront besoin de nids, et ils connaissent le temps où ils doivent les faire, la forme et la grandeur qu'ils doivent leur donner.

Q. Achevez la même réponse.
R. 4° Enfin les oiseaux sont une preuve de la sagesse de Dieu par leur instinct, car ils changent de naturel et d'inclination, du moment où ils ont des œufs à couver ou des petits à nourrir. Ces petites créatures, auparavant si volages, si gourmandes, si timides, deviennent sédentaires, sobres et courageuses.


Je prends la résolution d'aimer Dieu par-dessus toute chose, et mon prochain comme moi-même pour l'amour de Dieu ; et, en témoignage de cet amour, je ferai avec beaucoup de piété ma prière du matin.


Reportez-vous à Cantique des créatures ou Cantique de frère soleil, Leçon I : Enseignement vocal de la Religion, Catéchisme, Leçon II : Enseignement écrit, Écriture et Tradition, Leçon III : Connaissance de Dieu considéré en Lui-même, Leçon IV : Connaissance de Dieu par ses ouvrages, 1er Jour de la Création, Leçon V : Connaissance de Dieu par ses ouvrages, 2e Jour de la Création, Leçon VI : Connaissance de Dieu par ses ouvrages, 3e Jour de la Création, Leçon VII : Connaissance de Dieu par ses ouvrages, Fin du 3e et commencement du 4e Jour de la Création, Leçon VIII : Connaissance de Dieu par ses ouvrages, suite du 4e Jour de la Création.













 

samedi 26 septembre 2020

La grâce des hommes, quoique inférieure à celle des Anges, a des avantages qui la relèvent infiniment



Quoique la grâce des hommes, à la réserve de quelques-uns, comme la sainte Vierge, les Apôtres, etc., soit inférieure à celle des Anges, elle a néanmoins des avantages qui la relèvent infiniment. La nature humaine ayant été réparée par la grâce du Médiateur, elle a été remise dans les principaux droits de la justice originelle ; ainsi par le Baptême, la grâce sanctifiante, les vertus surnaturelles, et les dons du Saint-Esprit, lui ont été rendus avec avantage. Elle a de plus, droit à des grâces actuelles par la grâce même de la justification ; elle les puise dans la propre source, au sacrement de l'Eucharistie. De plus, les hommes tendent à la même fin que les Anges ; même héritage, même gloire, même Paradis, même félicité. Ils seront donc un jour, s'ils parviennent au même bonheur, comme des Anges dans le ciel (Matth. 22, 30), ils possèderont Dieu à jamais dans sa gloire.

Réflexions. Qu'avez-vous, ô mon âme, que vous n'ayez reçu ? Il ne faut donc pas vous enorgueillir. Au contraire, comme vous avez beaucoup reçu, et que vous avez été mille fois infidèle, humiliez-vous, et recourez à la protection des Esprits angéliques, pour en obtenir qu'ils veuillent bien conserver en vous les dons de Dieu.
Ce qui doit encore exciter la reconnaissance de l'homme envers Dieu, ce sont les faveurs singulière dont Dieu l'a comblé par préférence aux Anges mêmes. Car s'il est vrai que Dieu a plus aimé les Anges que les hommes en leur création, les douant d'une excellence supérieure, il a plus aimé ceux-ci dans le mystère de la Rédemption, puisque son divin Fils n'a point pris la nature angélique, mais qu'il a voulu naître de la race d'Abraham (Heb. 2, 16), qu'il a bien voulu appeler les hommes ses frères, et honorer la chair, selon la pensée de Tertullien, jusqu'à l'appeler la Sœur de son Christ (L. de Resur. c. 8). Ce même Christ a associé l'homme à son Sacerdoce, et en a fait le Prêtre de sa Religion. Religionis sua Sacerdotem (ibid. c. 6), lui donnant en cela le pouvoir d'offrir le saint Sacrifice ; fonction, qui par sa dignité, surpasse toutes celles des Anges. Dieu a encore usé envers les hommes d'une miséricorde plus grande qu'envers les Anges, ayant donné à ceux-là, et leur donnant encore tous les jours du temps pour faire pénitence, temps qui n'a jamais été accordé aux anges prévaricateurs. Dans le Mystère de la sainte Eucharistie, il nourrit les hommes de sa propre substance, qui n'est donnée aux Anges que d'une manière toute spirituelle. Enfin, ce n'est point un petit avantage des Saints de l'Église sur les Anges bienheureux, de ce qu'ils ont le bonheur de souffrir quelque chose pour Dieu. Vous ne savez pas de quoi les Anges nous portent envie, disait le bienheureux François de Sales (Esprit de Sales, Patt. 18, c. 18), certes de nulle autre chose que de ce que nous pouvons souffrir pour notre Seigneur, et de ce qu'ils n'ont jamais rien souffert pour lui. En effet, ils n'ont pu rendre témoignage à la vérité, en mourant comme les Martyrs pour la défense de la Religion, rendant ainsi à Jésus-Christ le sang qu'il a versé pour eux ; ce qui fait que Dieu, selon l'expression de même Tertullien, fait cet honneur à l'homme de l'appeler le soldat de son propre témoignage, testimonii sui militem (Unde suprà).

Affections. Qu'est-ce que l'homme, ô mon Dieu, dont vous faites un si grand cas ? faible, fragile, infirme, vous le couronnez de gloire et d'honneur, et vous en faites un chef-d'œuvre de vos mains. Ô mon âme, reconnaissez votre dignité ; et vous, Anges célestes, aidez-moi à remercier l'Auteur de tout bien. Faites par vos prières, qu'étant si semblable à vous par les dons de la grâce, je ne sois pas assez malheureux pour m'avilir par le péché, à la condition des bêtes.

Résolutions. (...) Aimez tendrement les saints Anges, et puisque par la grâce vous êtes devenu en quelque sorte leur semblable, approchez-vous d'eux avec confiance. Conversez avec eux familièrement, mais faites en sorte, que rien en vous n'offense des yeux si saints (S. Bern., Serm. 1 de Ang.). Priez-les aussi qu'ils vous assistent dans les dangers qui sont inévitables en cette vie, jusqu'à ce que vous soyez arrivé au port du salut.
Puisque l'Ange disait à Tobie que, parce qu'il était agréable à Dieu, il fallait que la tentation l'éprouvât (Tob. 12, 13), que c'est par la souffrances que le Chrétien a en particulier quelque avantage sur ces heureux Esprits. Apprenez à estimer les croix, à les désirer, à vous en glorifier. Elles sont un don précieux qui détrompe, qui guérit, qui détache, qui change, qui purifie, qui unit et qui attache à Jésus-Christ le Dieu des Anges et des hommes. Nul moyen plus propre pour devenir saint comme un Ange. Ce sont toujours de nouveaux sacrifices, de nouveaux détachements. Les maux étant toujours présents, les mérites s'accumulent sans interruption.


(Extrait de La dévotion aux Saints Anges, particulièrement aux Anges Gardiens, réduite en méditations)


Reportez-vous à Du combat des bons Anges contre les mauvaisDe la principale occupation des Anges, qui est de louer Dieu, et de leur Nombre, De l'Excellence de la nature Angélique, Méditation pour la Fête de Saint Michel et de tous les saints Anges, Neuvaine à Saint Michel, Méditation pour la Fête des Saints Anges Gardiens, Litanie de Saint Michel Archange, Puissance de Saint Michel au jugement dernier, Secours de Saint Michel à l'heure de la mort, Chapelet à Saint Michel Archange, Apprenez de votre bon Ange la science du salut, De la Dévotion aux saints Anges et de l'esprit d'une Association en leur honneur, C'est en tout temps qu'on a invoqué dans l'Église les Anges et les Martyrs, Saint Raphaël, Modèle de l'Ange gardien préposé à la garde de chaque hommeConfiance de Saint Jean-François Régis en la protection de son Ange gardienDu grand Amour du Père Surin pour les Saints Anges, dans l'union avec notre Seigneur Jésus-Christ, VIE CHRÉTIENNE : Dévotion envers les saints Anges, saint Joseph et les autres Saints ; Voyage de piétéSermon du Saint Curé d'Ars pour la Fête des Saints Anges Gardiens : Les anges de ces petits enfants voient sans cesse la face de mon Père céleste, Litanie de Saint Raphaël Archange, Neuvaine à l'Archange Raphaël, Avoir une grande dévotion à saint Michel, à saint Gabriel, à saint Raphaël, et aux autres quatre Anges qui sont auprès du trône de Dieu, Méditation pour la Fête de Saint Raphaël Archange, Lecture du livre de Tobie (12, 7-15) : S'il est bon de tenir cachés les secrets des rois, c'est un honneur que de faire connaître et proclamer les œuvres de Dieu, Méditation pour le 3 Septembre, Saint Raphaël conduisant le jeune Tobie, Méditation pour le 2 septembre, Sur les Saints Anges GardiensDes exercices de piété, par le R.-P. Jean-Joseph Surin : Quels exercices de piété prescrivez-vous à l'honneur des Anges ?Méditation pour le 1er septembre, Les Saints Anges Gardiens, Consécration à tous les Saints Anges, Prières à tous les Saints Anges, Oraison aux neuf Chœurs des saints Anges, Travailler à la conversion des âmes et à leur soulagement dans les flammes du Purgatoire, en l'honneur des saints Anges, Pratiquer quelque vertu, ou s'abstenir de quelque vice en l'honneur des Saints Anges, Avoir une grande confiance en la protection des saints Anges, et recourir à eux en tous ses besoins corporels et spirituels, Autres pratiques pour honorer plus spécialement les saints Anges, et célébrer les fêtes avec tous les respects possibles, Faire des neuvaines en l'honneur des neuf Chœurs des Anges, Chapelet du Saint Ange gardien, Converser intérieurement avec les saints Anges, Jésus crucifié est le Livre des Élus, La réalité des apparitions angéliques, Avoir une dévotion singulière aux Anges, Archanges et Principautés, Honorer principalement les Puissances, les Vertus et les Dominations, Avoir de profonds respects, et des amours extraordinaires pour les Trônes, les Chérubins et les Séraphins, La protection des saints Anges contre les démons, particulièrement au sujet de leurs différentes tentations, Litanies de l'Ange Gardien, Et Michel et ses anges combattaient contre le Dragon, La puissance des démons réglée par la sagesse divine, Discernement des esprits : ce qu'on entend par esprits, combien on en compte et comment ils se forment, Tous les hommes sont assistés des Saints Anges, Les Saints Anges nous assistent dans les choses temporelles, Les perfections admirables de ces sublimes intelligences, Les Saints Anges font tout ce qui peut se faire pour le bien des hommes, Litanie aux Saints Anges Gardiens, Discernement des esprits, Les Anges, princes et gouverneurs de la grande cité du bien, et Litanie de Saint Gabriel Archange.