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vendredi 19 février 2016

Méditation pour le vendredi de la première semaine de Carême



Jésus et le paralytique
(Romain Cazes, peintre, Église Bagnères de Luchon, Haute Garonne)



LE VENDREDI DE LA PREMIÈRE SEMAINE DE CARÊME


Jour de victoire


PRATIQUE

À votre réveil, demandez à Dieu son esprit de force pour ne donner aucune prise au démon sur votre cœur. Soyez sur vos gardes, car, s'il a le moindre avantage dans les combats qu'il vous livrera, il triomphera de votre faiblesse et vous fera commettre bien des fautes. Soyez donc dans une attention continuelle sur vos pensées, vos paroles, vos sentiments ; sans cela, vous ne remporterez pas la victoire ; et prenez une généreuse résolution de plutôt mourir que de vous laisser abattre.


MÉDITATION

Il y avait à Jérusalem une piscine, auprès de laquelle plusieurs malades étaient couchés, pour attendre que l'ange du Seigneur vint en troubler l'eau, et le premier qui y descendait était guéri. Jean, 5.


1er POINT. Parmi ces malades, il se trouve un paralytique qui souffrait depuis trente-huit ans, et Jésus-Christ le guérit. Ce paralytique est la figure d'une âme languissante et malade depuis long temps de quelque infirmité spirituelle, qui attend tranquillement la grâce de Dieu, sans vouloir faire d'elle-même aucun effort violent pour se procurer la guérison ; elle est trop lâche pour remporter la victoire sur une mauvaise habitude et sur une passion dominante ; elle s'y repose tranquillement, et ne veut point entrer dans la piscine de la pénitence, tant elle a peur de se contraindre et de se faire la moindre violence. Cependant il faut vaincre ou mourir ; on ne peut pas vaincre une attache, une habitude, sans faire violence à son esprit, à son cœur et à sa chair. La langueur ou la paralysie spirituelle n'est-elle point la maladie habituelle de votre âme ? Ne portez-vous pas la tiédeur partout, à la prière, à la parole de Dieu, à la lecture, à vos pratiques de piété, et même aux sacrements ? Quelle violence vous êtes-vous faite pour revenir de cet état dangereux et pour acquérir. l'esprit de ferveur ? Ce n'est point l'aveuglement ? non un aveuglement grossier, causé par une habitude de péchés énormes, mais par une multitude de fautes légères et réfléchies, qui rendent peu à peu le cœur insensible, diminuent la charité, ôtent la tendresse de conscience et conduisent une âme à sa perte par des degrés insensibles.

2e POINT. Voulez-vous guérir ? dit Jésus-Christ au paralytique. Pour obtenir sa guérison, il faut le vouloir efficacement. Car il y a cette différence entre les maladies corporelles et les maladies spirituelles, que dans celles-là il ne suffit pas de vouloir guérir pour guérir efficacement ; mais dans celles-ci il suffit de le bien vouloir. Si après tant de résolutions, tant de promesses et tant de communions, vous êtes aussi mondain, aussi lâche, aussi vain, aussi plein de vous-même, aussi ardent au plaisir, aussi tenace dans vos intérêts, aussi vif dans vos ressentiments, vous n'avez jamais voulu vous vaincre et sortir de votre habitude. Défiez-vous de toutes vos résolutions et de toutes vos promesses : on ne les forme souvent que pour amuser sa conscience, pour calmer ses remords, et pour approcher avec moins de trouble des sacrements à l'abri de ces promesses brillantes. Vous devriez être troublé d'avoir fait tant de communions sans en tirer aucun fruit. La marque d'une pleine victoire sur une mauvaise habitude, dit Saint Augustin, est une habitude de la vertu contraire. Ne vous attribuez pas l'heureux succès de votre victoire, si vous l'avez remportée, mais au Sauveur et à sa grâce. Craignez toujours les attaques de votre ennemi, imaginez-vous entendre Jésus-Christ qui vous dit comme à notre malade : Vous voilà guéri ! ne retombez pas, de peur qu'il ne vous arrive quelque chose de pis.


SENTIMENTS

Venez à moi, Seigneur, mon âme est malade, et elle ne peut guérir que par votre secours. Ouvrez-moi les portes de la piscine de la pénitence, afin que j'y sois lavé et purifié de toutes mes souillures. Ô mon Dieu, ouvrez-moi votre cœur, et ouvrez le mien à votre grâce et à votre amour. S'il est fidèle à cette grâce, s'il est embrasé de cet amour, il sera bientôt victorieux. Je veux combattre, Seigneur, je veux vaincre, quoiqu'il en coûte à ma délicatesse ; je veux guérir à fond de toutes mes misères. Aidez-moi, soutenez-moi, et donnez-moi les forces que vous m'avez méritées par votre sang. Ah ! Seigneur, guérissez-moi comme le paralytique : j'implore votre miséricorde.


SENTENCES

Je suis le Seigneur votre Dieu ; vous avez demeuré avec les Égyptiens, prenez garde de les imiter dans leurs mauvaises habitudes (Levit. 38).

Voulez-vous remporter la victoire sur vos mauvaises habitudes ? que la violence du péché le cède à celle de la pénitence (D. Aug. tract. 49. in Joan).


RÉFLEXIONS

Sueur de sang


Le cœur de Jésus, livré à une excessive douleur dans le jardin des Oliviers, devint le champ de bataille du plus surprenant et du plus rude de tous les combats : combat entre Dieu et la créature, combat entre l'âme et la chair, combat entre la vie et la mort, combat si terrible, que s'il n'en fut pas surmonté, parce qu'il était un Homme-Dieu, et par conséquent invincible, il en fut agité et affaibli de telle sorte, que le sang de ce divin Sauveur, poussé à l'extérieur de sa chair par la violence de sa douleur et par l'excès de son amour, coula avec une si grande abondance, que ses habits en furent pénétrés, et la terre arrosée et ensanglantée.
Jusqu'à ce moment douloureux, Jésus-Christ ne nous avait donné que des larmes : il commence à nous donner du sang. Non content de ces larmes d'eau qui n'étaient sorties que de ses yeux, il verse des larmes de sang de tout son corps, pour se hâter de nous délivrer et de nous ouvrir plus tôt le ciel. Ah ! si l'extérieur du corps de Jésus-Christ était alors un spectacle si touchant, quelle devait être la situation de son esprit, de son cœur et de toute son âme ! Si les portes de ce sanctuaire nous étaient ouvertes, nous y verrions bien des mystères de douleur et d'amour, et nous ne refuserions pas quelques larmes à un Dieu qui, pour nous marquer son amour, nous donne par avance une si prodigieuse quantité de sang, en attendant qu'il répande le reste sur la croix.


PRIÈRE

Soyez-nous toujours favorable, ô mon Dieu ! et augmentez dans nos cœurs la piété et la dévotion ; donnez-nous les secours nécessaires pour vaincre tout ce qui s'oppose à votre amour, et pour vous servir avec fidélité jusqu'au dernier soupir de notre vie, sans jamais nous relâcher dans nos devoirs. Nous vous en prions par les mérites de Jésus-Christ, votre fils, notre seigneur.




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