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mardi 14 juin 2016

Les saints et le combat spirituel : Saint Antoine de Padoue


Vision de Saint Antoine de Padoue (Alonso Cano)



Extrait de "SAINT ANTOINE DE PADOUE, SA VIE, SES ŒUVRES ET SON TEMPS" Par L'Abbé J.-A. GUYARD :



La maison des ancêtres de Ferdinand devint plus tard le palais des Comices de la ville de Lisbonne.
Aujourd'hui la somptueuse église de saint Antoine occupe la partie du monument où naquit l'apôtre Franciscain.
Les fonts baptismaux sur lesquels Ferdinand reçut le sacrement de la régénération, et acquit les titres d'enfant de Dieu et de l’Église, subsistent encore ; et on se fait facilement une idée du soin religieux avec lequel on les conserve. Cet antique et précieux baptistère dit bien des choses à l'esprit et au cœur de ceux qui le contemplent. De plus, un des degrés en pierre, qui servent à monter au chœur de la cathédrale, porte l'empreinte d'une croix miraculeusement tracée par le doigt du jeune Ferdinand lui-même un jour que le démon lui apparut sous une forme horrible. Cette croix est encore après plus de six siècles, l'objet de la vénération des fidèles.

Un jour qu'on se disposait à l'oraison, après compiles, le frère qui venait de sonner l'exercice vit plusieurs malfaiteurs occupés à dévaster et à détruire les moissons d'un des principaux bienfaiteurs du monastère. Il courut de suite en prévenir Antoine; mais, à sa grande surprise, le recteur s'écria : « Rendez-vous tous, mes pères, rendez-vous à la prière, et ne vous inquiétez aucunement du prétendu dommage qu'on cause à notre bienfaiteur. Ceux qui foulent ses récoltes ne sont autres que les démons; ils voudraient, par ce stratagème, vous détourner de l'oraison et vous faire passer ce temps précieux à les expulser. Mais gardez-vous de vous laisser entraîner ainsi, sous le prétexte de la charité, et sachez que le pouvoir du démon est très-limité. Dieu ne l'a pas autorisé à dévaster ces blés ; vous en serez convaincus dès demain, car vous verrez le champ aussi beau que jamais. Les frères se rassurèrent sur la parole du saint, et effectivement ils reconnurent bientôt que ce dont ils avaient été témoins n'était qu'une illusion de l'ange de ténèbres.

Antoine devant prêcher dans une ville de la même contrée, et voyant que la multitude qui se préparait à venir au sermon ne pourrait entrer dans l'église, résolut de donner son instruction sur la place publique. Il fit donc disposer une estrade, afin d'y monter lui-même avec le clergé et les principaux habitants de l'endroit. Au moment de parler, il connut par révélation que le démon chercherait à troubler l'assemblée, mais cependant qu'aucun accident grave n'aurait lieu. Il avertit aussitôt son auditoire et le rassura. Il était à peine au milieu de son discours, que l'ange déchu renversa l'estrade avec un horrible fracas. On fut d'abord effrayé ; mais on reconnut l'esprit prophétique de l'homme de Dieu : ni lui ni ceux qui l'entouraient n'avaient aucune blessure. On improvisa de suite une autre chaire, et le père put achever son instruction avec le plus grand calme et au milieu d'un silence parfait.

Jaloux des nombreuses conquêtes que faisait Antoine, le démon poussa souvent les hérétiques à lui tendre des embûches et à attenter à ses jours. Ils l'invitèrent à dîner à Rimini, sous le prétexte d'être instruits par lui ; mais, en réalité, dans le dessein de l'empoisonner. Ils lui offrirent donc un mets dans lequel ils avaient jeté une forte dose de poison.
L'homme de Dieu, averti surnaturellement de cette criminelle tentative, se contenta de reprendre les hérétiques et de leur reprocher doucement leur malice. Puis, sans hésiter et comptant sur la promesse de l’Évangile (S. Matth. XVI, 18.), il se mit à manger ce qu'on lui présentait, au grand étonnement des assistants. Mais le poison avait perdu toute sa force, et le saint ne ressentit pas la moindre douleur. Ce miracle confondit les hérétiques, et plusieurs se convertirent à l'instant même.

Le démon, cet ennemi déclaré de tout bien, ne pouvait voir d'un œil tranquille tant d'âmes arrachées à son empire et conduites à Jésus-Christ. Il résolut de se venger à tout prix. Il essaya d'inquiéter Antoine, de le troubler, et de le rendre incapable d'exercer plus longtemps son ministère. Il chercha d'abord à le tourmenter par des songes effrayants et par d'horribles visions. Mais voyant que le saint conservait toujours le calme de l'esprit, il voulut attenter à sa vie. Antoine raconta lui-même ce qui avait eu lieu. Une nuit que l'homme de Dieu s'était couché pour donner un peu de repos à ses membres brisés de fatigue, et qu'il commençait à sommeiller, le génie du mal s'approcha de lui, le saisit à la gorge, et le serra si fortement, que, sans un secours surnaturel, il l'aurait infailliblement étranglé. Aussitôt qu'il sentit les funestes étreintes du démon, le serviteur de Marie songea à sa bonne mère, et se mit à réciter comme il put, l'hymne : Ô gloriosa Domina, sublimis inter sidera, etc. Sur-le-champ, l'ange déchu lâcha prise et se retira confus. Alors Antoine, tout-à-fait délivré, ouvrit les yeux pour voir ce que devenait son ennemi ; mais il avait fui honteusement, et une brillante clarté illuminait la cellule (Annales Minorum, t. Il, p. 258).

Une jeune fille de Padoue, nommée Marie, gardait le troupeau de son père sur les bords de la Brenta. Tout-à-coup, le Démon, sous la forme d'un homme noir et d'un aspect horrible, sortit du fleuve et se précipita sur Marie. Il la saisit violemment, l'emporta sous un arbre, la jeta à terre, et la maltraita cruellement. Quand on la releva, elle était à demi-morte, ne pouvait se mouvoir, et avait les vertèbres disloquées et même brisées en plusieurs endroits. Elle se trouvait depuis cinq ans dans ce triste état ; et elle endurait des douleurs atroces. On la conduisit au tombeau du saint, et sur le champ ses souffrances cessèrent; il ne lui resta aucune trace des coups portés par le Démon.



Quelques citations de Saint Antoine :



Le démon a aussi ses martyrs : les pécheurs lui servent d'holocauste en ce monde et en l'autre. Ici bas il leur fait commettre une foule de crimes ; et dans l'éternité, il les torturera sans relâche.

Les tyrans faisaient mourir les martyrs en les suspendant à des poutres ou à des arbres, en les plongeant dans l'eau, en les lapidant, en leur tranchant la tête, etc. etc. Le démon agit ainsi envers les pécheurs : il suspend les orgueilleux en les portant à la vaine gloire ; il perce d'un glaive les envieux ; il lapide les paresseux ; il ensevelit les avares au milieu de leurs trésors ; et il fait brûler les impudiques par les feux de la luxure. (Sermons de Saint Antoine - Sagesse, III, 6.)

1° Les élus ont vaincu trois empires : celui du monde, celui de la chair et celui du démon. Ensuite, ils ont gagné le royaume des cieux.
2° Le royaume de ce monde a deux provinces: la soif d'acquérir et le désir de conserver toujours ce qu'on a obtenu. Le royaume de la chair a la gourmandise et la volupté ; le royaume du démon a l'orgueil, la vaine gloire, l'envie, la colère et la haine ; enfin, le royaume céleste renferme les chœurs des anges et des bienheureux.
3° Nous devons vaincre ces quatre empires, et cela avec l'arme des vertus : 1° par la pauvreté d'esprit et la douceur, nous remportons la victoire sur le monde ; 2° par les larmes de la pénitence et la mortification, nous détruisons le règne de la chair ; 3° par l'exercice de la charité et la pureté du cœur, nous renversons l'empire du démon ; 4° par la patience et l'amour des persécutions, nous faisons la conquête du ciel. (Sermon de La Toussaint - Hébr., XI, 33.)

La crainte du Seigneur est la plus fidèle gardienne de l'innocence et de la vertu. Elle chasse le monde et les démons.

Nous lisons dans le livre de Job : « Terre, ne couvre pas mon sang, et que mes cris ne soient point étouffés dans mon sein. » Si un roi a péri dans un combat, son armée et son peuple conservent le souvenir de cette mort, et ils cherchent par tous les moyens à se venger de celui qui a tué leur prince. Tels sont les sentiments que le Sauveur veut réveiller dans nos âmes. « Terre, ne couvre pas mon sang » c’est-à-dire : ô chrétien, n'oublie jamais que mon sang a été versé jusqu'à la dernière goutte, et conserve une haine profonde au démon, cause de ma mort ! « Que mes cris ne soient point étouffés dans ton sein ! » Tu le sais, c'est pour t'animer à la lutte que j'ai crié sur la croix.

L'odorat fait sentir les odeurs éloignées ; ainsi la sainte Vierge découvre de suite les ruses et les pièges du démon : elle protège ses enfants contre les attaques de cet antique ennemi, qui ne cherche qu'à nous donner la mort et à s'emparer de nos âmes.

Les prédicateurs de notre temps, s'écrie-t-il, ne remportent plus de victoires sur le démon, parce qu'ils marchent désarmés. Ils publient la doctrine contenue dans les saints livres, et ils se dispensent de suivre les prescriptions qu'ils tracent aux autres ; de là la stérilité de leur ministère. (Dominica la in quadrages. — Serm. 2, p. 174.)



Récits divers sur Saint Antoine de Padoue (ou Saint Antoine de Lisbonne) :



Saint Antoine fut assailli d’une effroyable légion de démons, desquels ayant assez longuement soutenu les efforts, non sans une peine et des tourments incroyables, enfin, il vit le toit de sa cellule se fendre, et un rayon céleste fondre dans l’ouverture, qui dissipa en un moment la noire et ténébreuse troupe de ses ennemis, et lui ôta toute la douleur des coups reçus en cette bataille, dont il connut la présence spéciale de Dieu, et jetant un profond soupir du côté de la vision : « Où étiez-vous, ô bon Jésus ! dit-il, où étiez-vous ? Pourquoi ne vous êtes-vous pas trouvé ici dès le commencement pour remédier à ma peine ? » « Antoine, lui fut-il répondu d’en-haut, j’étais ici ; mais j’attendais l’issue de ton combat. Or, parce que tu as été brave et vaillant, je t’aiderai toujours. » Mais en quoi consistait la vaillance et le courage de ce grand soldat spirituel ? Il le déclara lui-même une autre fois qu’étant attaqué par un diable, qui avoua être l’esprit d’impureté, ce glorieux saint, après plusieurs paroles dignes de son grand courage, commença à chanter le verset 7 du psaume CXII : L’Éternel est de mon parti, Par lui je serai garanti ; Et des ennemis de ma vie, Nullement je ne me soucie. (Traité de l'amour de Dieu - Saint François de Sales)

« Les démons firent un tel vacarme que tout l'endroit en fut ébranlé et, renversant les quatre murs de la tombe, ils y entrèrent en foule, prenant la forme de toutes sortes de bêtes monstrueuses et d'affreux reptiles. Et tout le lieu se remplit de lions, d’ours, de léopards, de taureaux, de loups, d’aspics, de scorpions. Les lions rugissaient prêts à s'élancer ; les taureaux semblaient le menacer de leurs cornes ; les serpents s'avançaient en rampant en cherchant un lieu d'attaque et les loups rôdaient autour de lui. Tous faisaient un bruit épouvantable. Gémissant de douleur, saint Antoine affrontait les démons, se moquant : 'Si vous aviez quelque pouvoir, un seul d'entre vous suffirait pour m'abattre ; mais comme le Seigneur vous a enlevé votre force, vous cherchez à m'effrayer par votre nombre. La preuve de votre impuissance est que vous en êtes réduits à prendre la forme d'animaux dépourvus de raison. Si vous avez quelque pouvoir contre moi, allez, attaquez-moi ! Mais si vous ne pouvez rien, pourquoi vous tourmenter inutilement ? Car ma foi en Dieu est mon rempart contre vous'.

Mais tout-à-coup, une éclatante lumière illumina la tombe ; à l'instant, les démons disparurent. Les douleurs cessèrent. Quand il comprit que Dieu venait à son secours, il pria : 'Où donc étais-Tu, Seigneur ? Pourquoi n'as-Tu pas fait cesser plus tôt ces souffrances ?'. Dieu lui répondit : 'Antoine, J'étais présent, à tes côtés. Mais j'attendais en observant ton combat. Et puisque tu as su résister avec tant de courage, Je serai désormais toujours à tes côtés et Je rendrai ton nom célèbre par toute la terre'. Ayant entendu les paroles du Seigneur, le moine se leva et pria. Il reçut alors une telle force qu'il ressentit dans son corps une vigueur plus grande qu'auparavant
». (Saint Athanase)




Bref de Saint Antoine


Voici la Croix du Seigneur !
Fuyez puissances ennemies !
Il a vaincu le Lion de la tribu de Juda,
le descendant de David !
Alléluia !

Ecce Crucem Domini !
Fugite partes adversae !
Vicit Leo de tribu Iuda,
Radix David !
Alleluia !







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