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dimanche 30 avril 2017

Si un chrétien peut trop aimer et trop honorer la Sainte Vierge


Extrait de "Les trois roses des élus" de Mgr de Ségur (Tome 11 des Œuvres complètes) :


Notre-Dame du Rosaire
Notre-Seigneur qui, par sa grâce, vit et règne dans le cœur de ses fidèles, y répand les sentiments qui remplissent son divin Cœur ; et, pour être dignes de lui, pour lui être conformes en toutes choses, comme le demande la foi, nous devons aimer, avec lui et comme lui, sa Mère bien-aimée. Nous ne pouvons pas trop aimer la Sain te-Vierge, parce que nous avons beau faire, nous ne l'aimerons jamais autant que l'a aimée JÉSUS.
Jugez un peu, mon bon lecteur, de ce qu'a dû être le Fils de DIEU pour sa Mère, en considérant qu'il l'a élue, seule entre toutes ses créatures, pour être aussi digne que possible de devenir un jour sa Mère ! C'est pour lui-même, pour son honneur qu'il a fait d'elle un chef-d'œuvre accompli de sainteté, l'exemptant totalement de tout péché, originel et actuel, la comblant de ses grâces les plus excellentes, les plus délicates, les plus sublimes, et la rendant ainsi capable d'être aimée de lui par-dessus tout, après son Père céleste. Tout en elle attirait le Cœur de Jésus ; et son cœur à elle-même ne faisait qu'un avec celui de son Fils, de son DIEU, de son doux Amour.
Je le répète, pour imiter JÉSUS, pour porter dignement le beau nom de chrétien, nous devons, tous tant que nous sommes, aimer sa Mère et la nôtre de tout notre cœur, de toutes nos forces, de toute notre âme, de tout notre esprit. Autrement nous ne ressemblons plus à JÉSUS, l'exemplaire des chrétiens.
Le seul hommage que nous ne pouvons pas, que nous ne devons pas rendre à la Mère de DIEU, c'est l'hommage suprême de l'adoration, due à DIEU seul. Mais quel est le catholique qui a jamais pensé à adorer la Sainte Vierge ?
Quand ils nous en accusent, les ministres, protestants mentent impudemment et sciemment : il n'en est pas un seul, en effet, qui puisse être assez ignorant pour se tromper de bonne foi sur un pareil sujet. Non, nous n'adorons point la Sainte Vierge ; mais nous l'aimons, nous la vénérons de toutes les forces de notre foi ; mais nous l'honorons le plus et le plus parfaitement possible, de toutes les manières que peuvent nous suggérer la foi et l'amour ; mais nous la prions tant que nous pouvons, jamais trop ; nous sommes à ses pieds comme de bons fils, pleins de respect et de confiance, s'adressant à la meilleure, à, la plus puissante, à la plus douce, à la plus miséricordieuse des mères. Et cet amour filial, c'est dans le Cœur même de JÉSUS que nous le puisons ; nous aimons MARIE avec JÉSUS, et nous tâchons de l'aimer comme JÉSUS l'a aimée. C'est elle qui nous a donné JÉSUS, à Bethléem d'abord, puis au Calvaire ; pourrions-nous trop la bénir, trop l'aimer ?
« Mais, me disait un jour une bonne et sincère dame protestante, qui hésitait alors à rentrer dans le sein de l'Église et qui a eu le bonheur de se faire catholique deux mois après ; mais le chapelet ? On y récite dix Ave Maria contre un seul Pater. N'y a-t-il pas là un excès ? Et n'est-ce point honorer la Sainte Vierge dix fois plus que DIEU ? » — Je répondis à cette bonne dame : « Le chapelet est un exercice de prières tout spécialement destiné à honorer la Mère de DIEU ; et par conséquent, il ne faut pas s'étonner si c'est à elle surtout que s'adresse directement notre prière, quand nous récitons le chapelet, et si, dans le chapelet, il y a dix Ave Maria pour un seul Pater. Dans la pensée du grand saint Dominique, qui en a été l'instituteur, cet exercice de prière en l'honneur de la Mère de DIEU devait remplacer, pour les pauvres gens et pour tous ceux qu'absorbait le travail de chaque jour, la récitation du Psautier ; aussi a-t-on longtemps appelé le Rosaire (dont le chapelet n'est que la troisième partie) le Psautier de la Sainte Vierge. Les quinze Pater qui séparent les cent cinquante Ave Maria du Rosaire (et les cinquante du chapelet), sont simplement des points d'arrêt, destinés à rappeler aux fidèles la méditation de ce qu'on nomme les quinze mystères du Rosaire, et qui nous remettent incessamment en mémoire les principaux faits delà vie de la Sainte Vierge dans ses rapports avec son divin Fils. Il n'y a donc rien ici qui puisse ressembler à un honneur plus ou moins considérable, rendu à la Sainte Vierge, aux dépens de Notre-Seigneur.
Et puis, quelle idée fausse, quelle fausse manière d'envisager la piété catholique que de voir dans les manifestations de notre amour pour la Sainte Vierge une sorte de larcin fait au bon DIEU ! Comme si nous ne savions pas que toutes les grandeurs, toutes les excellences de la bonne Vierge et des Saints viennent tout entières de DIEU, et de DIEU seul ! Et comme si nous n'obéissions pas à la parole de DIEU en le louant dans ses Saints, et dans la Reine, dans la merveille de ses Saints, qui est sa très-sainte Mère ! Combien de fois l'Écriture Sainte ne nous répète-t-elle pas cette belle invitation : « Louons le Seigneur dans ses Saints ! » Et dans lequel de ses Saints ce bien-aimé Seigneur est-il plus admirable que dans la Sainte par excellence, dans sa Mère immaculée, qu'il a faite plus sainte mille fois que tous ses Saints, que tous ses Anges, et au-dessus de laquelle il n'y a que lui, le Saint des Saints.
Qu'on le sache bien, dans la prière de l'Église, dans le culte catholique tout est à sa place : DIEU seul, Jésus-Christ seul y est adoré, parce que seul il est adorable ; et tout ce qui se joint à ce culte souverain, à titre de vénération, de respect et d'amour, n'est que le rayonnement et comme le complément de son culte à lui-même, l'Église se faisant très justement un devoir de bénir et d'exalter le Seigneur dans ses œuvres.
La sainte Mère de DIEU tient à nos yeux la place que tient, dans un grand royaume, la mère du Roi. MARIE est la Reine-Mère du ciel et de la terre, parce que son Fils en est le Roi. En définitive, n'est-ce pas au Roi que revient tout l'honneur des hommages que ses sujets rendent à sa mère ? Il en est de même de l'Église : c'est à DIEU, c'est à Notre-Seigneur JÉSUS-CHRIST que reviennent tous les hommages que notre piété filiale ne cesse de rendre à sa très-sainte Mère. Plus nous honorons et aimons la Sainte Vierge, plus il nous bénit et nous regarde avec complaisance.
Ô mon cher lecteur, mon ami, ne craignons jamais de trop aimer la bonne Sainte Vierge, notre Mère. Plus nous l'aimerons, plus elle nous aimera. « Ô ma chère Souveraine ! lui disait un jour naïvement le jeune Frère Alphonse Rodriguez de la Compagnie de JÉSUS, agenouillé devant une de ses images ; ô ma chère Souveraine ! si vous saviez combien je vous aime ! Je vous aime tant, que vous ne pouvez m'aimer davantage. » Et la sainte et douce Mère de DIEU lui apparaissant et le regardant avec une ineffable tendresse, lui répondit en souriant : « Tu te trompes, mon fils. Car je t'aime bien plus que tu ne saurais m'aimer. »




Écoutez ce sermon sur la dévotion à la Sainte Vierge Marie.


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