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samedi 14 septembre 2019

Sub exitum, Lettre de Sa Sainteté le Pape Pie X à l'Institut Catholique de Paris


Le jeune Joseph Sarto, futur Pape Pie X,
au séminaire de Padoue


SUB EXITUM

LETTRE DE SA SAINTETÉ LE PAPE PIE X

À L'INSTITUT CATHOLIQUE DE PARIS

(6 mai 1907)




LETTRE À NOTRE CHER FILS FRANÇOIS-MARIE RICHARD, CARDINAL-PRÊTRE DE LA SAINTE ÉGLISE ROMAINE, ARCHEVÊQUE DE PARIS, ET AUX AUTRES ARCHEVÊCHÉS ET ÉVÊQUES DE FRANCE PROTECTEURS DE L'INSTITUT CATHOLIQUE DE PARIS,


PIE X PAPE


CHER FILS, VÉNÉRABLES FRÈRES, SALUT ET BÉNÉDICTION APOSTOLIQUE.


Vers la fin de ce mois, ainsi que Nous l'avons appris, vous devez vous réunir tous ensemble pour vous faire rendre compte, suivant l'usage, de la situation de l'Institut catholique de Paris, dont vous êtes les protecteurs. Comme les difficultés des temps vous amèneront probablement à délibérer sur le sort futur de l'Institut lui-même, Nous avons pensé qu'il  était de Notre devoir, en présence d'intérêts aussi graves, de vous adresser cette lettre. 

Nous comprenons bien, certes, en quelle situation difficile vous a jetés cette séparation entre l'État et l'Église, si injustement accomplie chez vous. Dépouillés, en effet, des ressources que les lois vous assuraient, forcés de demander à la seule libéralité des fidèles tout ce qui est nécessaire pour l'entretien du culte divin, il vous sera bien souvent difficile de trouver de quoi subvenir à tant de besoins nouveaux sans chercher à diminuer les dépenses qui, tout en étant utiles, ne seraient pas de première nécessité. Mais Nous ne voudrions pas que cette recherche d'économie se fît en quoi  que ce soit au détriment de l'Institut dont Nous vous entretenons. Car il ne faut pas le mettre au rang des choses que l'on peut sacrifier, mais de celles au contraire que l'on doit conserver à tout prix. Il est facile de voir qu'en ces circonstances si malheureuses pour la France, ce qui, par-dessus  tout, est en grand péril, c'est la jeunesse. Soustraite en grande partie à la sollicitude et à la tutelle de l'Église, elle est poussée en masse dans ces collèges publics et grands lycées, que l'on dirait faits tout exprès pour déraciner dans les Âmes le sentiment religieux. Eh bien ! si nous ne pouvons complètement remédier à un pareil mal, du moins tout ce qui nous reste, à l'usage de nos jeunes gens, d'établissements d'instruction catholiques, nous devons faire tous nos efforts pour le conserver dans son intégrité. 

Il n'y a donc pas d'hésitation possible : cet Institut catholique de Paris que vous avez soutenu jusqu'ici, vous voudrez le soutenir encore, et même le perfectionner, comme l'exige la défense de la religion.  

Dans l'enseignement supérieur public, vous le savez, on a récemment fondé certaines chaires spécialement destinées à combattre la vérité catholique. Il est à souhaiter que, dans votre Institut, des enseignements analogues soient donnés par des maîtres capables de réfuter nos adversaires.

Comment réaliser ce vœu avantageusement, c'est-à-dire sans créer de nouvelles charges ? C'est à vous d'y aviser. Mais vous veillerez à ce que l'Institut, pourvu de tous les enseignements nécessaires, soit encore florissant par le nombre de ses élèves : aussi aurez-vous à cœur, parmi les jeunes clercs de votre diocèse qui donnent de bonnes espérances, d'en envoyer un plus grand nombre à l'Institut, pour qu'ils y étudient à fond la philosophie et les sciences sacrées. 

Pour ce qui est de la philosophie, Nous vous demandons de ne jamais souffrir que dans vos Séminaires on se relâche sur l'observation des  règles que Notre  prédécesseur a édictées avec tant de prévoyance dans son Encyclique Aeterni Patris : ce point est de très grande importance pour le maintien et la protection de la foi. C'est certainement une douleur pour vous comme pour Nous de voir sortir des rangs du clergé, du jeune clergé surtout, des nouveautés de pensées, pleines de péril et d'erreur, sur les fondements mêmes de la doctrine catholique. Quelle en est la cause habituelle ? Évidemment, c'est un dédain superbe de l'antique sagesse, le mépris de ce système philosophique des princes de la scolastique que l'approbation de l'Église a pourtant consacré de tant de manières. Pour vos élèves ecclésiastiques, vous ne devez donc pas vous contenter d'une instruction philosophique telle que la prescrivent les règlements officiels pour l'enseignement public des Lettres, mais exiger d'eux une étude d'autant plus étendue et plus profonde suivant la doctrine de saint Thomas d'Aquin : ainsi pourront-ils ensuite acquérir une science solide de la théologie sacrée et des matières bibliques.

Comme gage de l'assistance divine, et en témoignage de Notre particulière bienveillance, Nous vous accordons très affectueusement, à vous, Notre très cher Fils, et à vous, Vénérables Frères, la bénédiction apostolique.

Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 6 mai de l'année 1907, de Notre Pontificat la quatrième.


PIE X, PAPE. 



Reportez-vous à De l'étude des Lettres, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Du vrai Religieux, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Méditation sur la soumission de l'esprit aux vérités de la Foi, Mit brennender Sorge, du Pape Pie XI, sur la condamnation du nazisme, Divini illius magistri, du Pape Pie XI sur l'éducation chrétienne de la jeunesse, Du devoir des Pères de familles, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Discours aux jeunes filles sur la mode, du Pape Pie XII, Pascendi Domini Gregis, du Pape Saint Pie X, sur les erreurs du modernisme, et Inscrutabile divinae, du Pape Pie VI, contre l'athéisme et les idées des Lumières.