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vendredi 6 décembre 2019

Comment Saint Nicolas abat les temples des idoles et détruit les lieux dédiés aux superstitions païennes, et comment le démon tenta de se venger



Extrait de "La vie et les miracles de Saint Nicolas, Archevêque de Myre" :


Relief, Saint Nicolas et le miracle de la tempeête
La piété de Constantin ne se borna point à donner une entière liberté aux Chrétiens dans l'exercice de leur Religion, ce pieux Empereur travailla encore de toutes ses forces à extirper du monde toute la superstition païenne. Pour cet effet il fit publier des édits pour faire abattre toutes les idoles, et en démolir les temples. Le zèle de S. Nicolas avait plus besoin d'un pouvoir que d'un commandement sur ce sujet, ne souhaitant rien avec tant d'ardeur, que de dépouiller les démons de l'injuste tyrannie qu'ils avoient usurpée sur les hommes.
Profitant donc d'une occasion si favorable il met en œuvre tout ce qu'il y avait de gens de métier dans sa province pour raser jusqu'aux fondements toutes ces détestables retraites de satan. Il met aussi le Ciel de la partie, qui fait plus de dégât par la force de ses prières que tous les ouvriers par la pioche, par la hache, et par les marteaux.
Les démons, qui rendaient leurs oracles dans ces lieux profanes, ne pouvant soutenir la présence du Saint, se retiraient avant sa venue avec des cris et des hurlements effroyables.
Patare ville où il était né avait plus que tous les autres lieux de son Diocèse gémi sous cette tyrannie de l'enfer. Les démons y avaient comme deux forteresses très-considérables, dans le temple d'Apollon surnommé du nom de cette ville, et dans celui de la Déesse Diane, qui étaient très-renommés. Les impudicités horribles, qui se commettaient dans ce dernier, aussi bien que les cruautés barbares et dénaturées par l'immolation qu'on y faisait de la vie et du sang humain, causaient une horreur indicible à sa pureté virginale, et faisait frémir sa douceur. II les fit tous deux raser jusqu'aux fondements, il voulut même mettre lui-même la main à cette démolition, par l'horreur qu'il avait de ces édifices abominables, assisté d'une troupe de jeunes hommes animés de son zèle et de son exemple.
Les habitants de ces lieux trouvèrent des oracles plus sûrs dans la doctrine que S. Nicolas prêchait, et étant éclairés de ces vérités, ils changèrent avec plaisir les prestiges et les tromperies des démons avec la lumière et la foi de l'Évangile. Ce grand Saint ayant purgé les villes, et les ayant délivrées de ses ennemis cruels du genre humain, qui ne promettent, et qui ne donnent que des biens apparents pour faire des maux véritables, poussa son zèle jusque dans les bois les plus obscurs, et les côtes de la mer les plus éloignées, et là comme un Gedeon invincible y renversa et coupa par le pied tous les bocages dédiés aux fausses divinités, et ne laissa pas les moindres marques de la superstition païenne. Les démons se plaignaient et faisaient de grandes menaces, de ce qu'il les poussait ainsi à toutes extrémités, et lui demandaient s'il leur voulait envier jusqu'à ces demeures basses et obscures, il leur répondait en se moquant d'eux et de leurs menaces, que leur demeure était les feux de l'enfer, qu'ils avoient mérités, et où ils pouvaient se retirer.
Les habitants du lieu nommé Placomiton s'étant venu plaindre à notre Saint des vexations horribles qu'ils souffraient des démons, qui de rage de ce que depuis la publication de l'Évangile ils ne recevaient plus d'eux les hommages et les sacrifices accoutumés, non plus que des peuples voisins, au pied d'un Cyprès d'une grandeur prodigieuse, dont la hauteur était de quarante coudées, et qui en avait trois et demi de tour, où ces malins esprits faisaient leur retraite depuis un temps immémorial sous le nom et l'invocation de la Déesse Diane, transportés, dis-je, de rage et de fureur ils ravageaient tous les lieux d'alentour, en sorte qu'une grande partie des terres demeuraient en friche. Ils prièrent donc le Saint de les vouloir secourir dans cette extrémité. Son humilité lui fit d'abord dire, que d'entreprendre et d'attaquer un si puissant ennemi dans un fort qu'il possédait depuis plusieurs siècles, c'était une chose au-dessus de ses forces, mais la charité trahissant saintement cette vertu fit bientôt connaître, qu'il pouvait et qu'il voulait apporter un prompt remède à un si grand mal.
II se fait aussitôt conduire par les gens du lieu jusqu'au pied de cet arbre, malgré tous les bruits et les prestiges des démons capables d'épouvanter les plus grands courages, son exemple, ses discours ayant donné à une partie de ce monde l'hardiesse de le suivre, il leur commanda de prendre en main la coignée et de couper cet arbre par le pied, mais pas un n'eut l'assurance de l'entreprendre, ce que voyant le Saint il arrache lui-même la coignée de la main d'un d'entr'eux, et frappe sept grands coups sur la tige, à chaque coup les démons faisaient des cris et des gémissements comme s'ils étaient touchés eux-mêmes sur un corps passible, et au septième cette grande plante par une vertu divine, et non pas par un effet naturel, commença à pencher du côté de l'Orient ; le Saint ayant averti tous ceux qui se trouvaient de ce côté-là de s'enfuir à l'opposite, les démons ramassant toutes leurs forces la firent de nouveau pencher contre l'Occident avec menace de vouloir écraser tous ceux qui s'y étaient retirés ; mais dans ce danger Nicolas ayant levé la main, et fait le signe de la Croix contre l'arbre, il le fit aussitôt tomber dans un endroit où il ne put nuire à personne. Et pour géhenner davantage ces malins esprits ayant fait scier de ce bois un grand nombre de planches il les fit servir à la construction d'une Église consacrée au vrai Dieu, comme un illustre trophée de sa victoire remportée sur les ennemis de J. C. qui étant si honteusement vaincus n'osèrent plus paraître dans ces lieux, et les laissèrent entièrement libres de leurs infestations.
Les habitants ayant commencé d'en cultiver les terres en retirèrent une récolte si abondante, qu'ils ne la regardèrent que comme une continuation du premier miracle, de quoi ils ne pouvaient assez donner de louange à Dieu, ni témoigner à S. Nicolas assez de marques d'une véritable et sincère reconnaissance.


Le démon n'osant, ni ne pouvant décharger sa rage sur la personne de Nicolas, pour se venger d'avoir été déchassé de tant d'endroits par l'efficacité de ses mérites et de ses prières, fait dessein de s'en prendre à sa Cathédrale, et de la réduire en cendres.
Pour cet effet prenant la figure d'une vieille femme il se tint au bord de la mer dans un certain endroit, où des voyageurs Chrétiens, Scythes de nation, devaient passer pour se rendre en Lycie, aussitôt qu'ils commencèrent à paraître elle les appela à haute voix et par plusieurs signes ; ce qui les fit approcher du rivage, pour lui dire qu'ils s'en allaient à Myre, elle leur dit, qu'ayant reçu beaucoup de grâces de Nicolas Archevêque de cette ville, elle avait voué par reconnaissance un don à son Église
Cathédrale, mais que son grand âge et son peu de moyens ne lui permettaient pas d'entreprendre ce voyage, elle les priait donc de se vouloir charger d'un vase rempli d'une huile très-précieuse, qu'elle leur mit entre les mains, et qu'aussitôt qu'ils seraient arrivés à Myre, ils en devaient remplir les lampes de l'Église, et en oindre les murailles, parce qu'il en sortirait aussitôt une odeur et un parfum des plus agréables et des plus exquis, qu'on ait jamais ressenti.
Mais cette huile infernale, appelée des Grecs Midiaçon, avait au contraire toutes les qualités du feu Gregeois, et quelque chose encore de plus funeste, ayant un effet si prompt, qu'elle brûlait et réduisait en cendres presque en un moment tout ce à quoi elle s'attachait, et bien loin que l'eau puisse servir à l'éteindre, elle a la force de s'allumer dans cet élément, et d'y brûler encore avec plus d'activité.
Ces gens se chargèrent donc de bonne foi de ce funeste présent, et se mirent à poursuivre leur chemin : mais comme si la mer n'eût pu porter cette composition diabolique, ni l'air en supporter l'odeur, et les vents en souffrir l'exhalaison, ils commencèrent d'abord à souffler avec impétuosité. L'air s'obscurcit, la mer s'enfle, et forment tous ensemble une horrible tempête, qui dura plusieurs jours, Nos voyageurs en étant extrêmement fatigués et en danger de perdre la vie, prennent la résolution de rebrousser chemin et d'attendre une meilleure saison pour accomplir leurs vœux.
La nuit suivante le Pilote s'étant endormi de lassitude, le saint Prélat lui apparut à son côté monté sur une barque, qui lui découvrît la qualité de l'huile qu'il portait, celui qui la lui avait donnée, et ensemble son mauvais dessein, qu'il eût promptement, à la jeter dans la mer. Celui-ci demande au Saint, qui il était ? il lui répondit, qu'il était Nicolas Archevêque de Myre, que lui et ses compagnons allaient voir, et dans ce moment il donna le calme à la mer, et disparut.
Le Pilote éveillé de son sommeil n'hésita point à accomplir aussitôt le commandement du Saint, mais il sortit de cette huile en même temps un si grand feu avec un vent si horrible, et des puanteurs si insupportables, que ces pauvres voyageurs ne croyaient avoir échappé le danger de périr par les eaux, que pour être consommés par le feu.
Mais Nicolas leur apparut alors à tous ensemble, les encourageant, leur dît de ne rien craindre, éteignît toutes ces vapeurs allumées, dissipa tout cet orage, et se déroba à l'instant à leurs yeux. Dans la joie qu'ils en eurent, il ne leur resta que le regret d'avoir si tôt perdu la présence de leur Bienfaiteur, et d'avoir été privés des moyens de lui témoigner leur reconnaissance.
Ayant le vent favorable pour la Lycie ils dressent leurs voiles et tournent la proue de ce côté-là, et arrivent en peu de temps à Myre. Ils n'eurent pas plutôt abordé , qu'ils se rendirent avec empressement à la maison de leur saint libérateur. Ils le reconnurent aussitôt, lui firent le récit du succès de leur voyage, lui rendirent mille actions de grâces de les avoir sauvés deux différentes fois du danger de périr, ajoutant qu'ils l'avoient vu lui-même en sa propre personne, et que sans l'avoir jamais vu auparavant, maintenant qu'ils avaient l'honneur de lui parler, ils le reconnaissaient très-bien pour le même, qui leur avait apparu miraculeusement sur la mer.
Nôtre Saint ne pouvant nier des témoignages si authentiques, la modestie néanmoins ne les put avouer sans rougir, il prit de là occasions de leur faire connaître le soin que Dieu prend de délivrer de toutes sortes de danger ceux, qui se confient en lui, combien ils devaient avoir soin de conserver sa crainte et son amour dans le fond de leur cœur ; il leur donna là-dessus sa bénédiction qu'ils étaient venus chercher de si loin, et de laquelle tous les Chrétiens avaient tant d'estime et regardaient comme un bonheur tout particulier de la pouvoir recevoir, et les renvoya ensuite dans leur pays, où ils arrivèrent heureusement, et publièrent partout ce que le grand Archevêque de Myre avait fait en leur faveur.
Le pouvoir que S. Nicolas avait sur les démons étant connu dans les pays étrangers, tant par ce que nous en avons dit dans ce Chapitre que dans les précédents, les habitants d'un bourg, nommé Abadriaco, vinrent s'adresser à lui pour le prier de les venger d'un de ces esprits de ténèbres, qui leur avait joué un tour des plus malins ; car n'ayant pour tous qu'un puits commun, qui par l'abondance de ses eaux en fournissait à tous suffisamment, un jour qu'une pauvre vieille femmelette en aloi puiser à son tour, cet ennemi de leur bien l'a prit, et la précipita dans ce puits ; depuis ce temps-là, les eaux en devinrent si corrompues et si infectées , qu'elles ne purent être d'aucun usage pour personne, et ainsi ils se trouvaient par là privés d'un des principaux soutiens de la vie.
Nôtre Saint touché de compassion pour leur misère, toujours accoutumé à tout faire pour son prochain, et à lui tout accorder avec une bonté, une franchise, une simplicité et une ouverture de cœur, qui surpassait encore tous ses bienfaits, s'offre en cette rencontre à faire, et à donner ce qui n'était pas même en son pouvoir, sachant que le Ciel ne refuse rien à ceux qui ne savent rien refuser à leur prochain de ce qui se peut faire pour leur bien ; se mit en chemin avec eux, se rendit dans leur bourg, offrit le S. Sacrifice de la Messe dans leur Église, de là il fut conduit sur une colline du voisinage, qui avait ci-devant, selon le rapport des habitants, féconde en source d'eaux, mais dont on ne découvrait alors aucun vestige. Ayant taché d'animer la foi de tout le peuple, qui l'avait accompagné, par un saint discours, qu'il leur fit en peu de mots, il tira de leurs bouches des protestations, qui marquaient leur confiance en Dieu et la piété de leurs sentiments.
Le Saint ayant ensuite mis les genoux en terre pour demander le secours du Ciel par une humble et assez longue prière, s'étant relevé, il commanda à l'un de ses Clercs de prendre un hoyau et de fouir dans la terre au lieu qu'il lui désigna, ce qu'ayant été fait, on vit partir de cet endroit un démon qui s'envolait et s'éloignait dans l'air. En même temps il sortit de ce même lieu une source d'une eau très-claire et très-bonne, qui fournit abondamment à tous les besoins de ces pauvres gens, et qui les remplit en même temps de joie, d'étonnement et de reconnaissance envers Dieu et son serviteur pour un si grand bienfait.



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