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samedi 30 octobre 2021

Des Trésors infinis que nous possédons en JÉSUS-CHRIST



On ne saurait jamais parvenir à exprimer les biens et les trésors que nous possédons en Jésus-Christ ; Il faudrait pour cela avoir reçu, comme Saint Paul, la grâce d'annoncer aux nations les richesses inestimables de Jésus-Christ. Le Sauveur lui-même ne nous marque-t-il pas combien il est difficile de s'en faire une idée ? Si vous saviez, dit-il, à la Samaritaine, quel est le don de Dieu, et qui est celui qui vous dit, donnez-moi à boire ! Si nous savions le don que Dieu nous a fait, en nous donnant son Fils unique, si nous connaissions ce don, qui renferme tous les autres dons, et dans lequel il nous a donné toutes choses, si nous en pouvions comprendre l'excellence, s'il plaisait à Dieu de nous découvrir un si précieux trésor, que nous serions riches, et que nous serions heureux ! Saint Augustin, à qui le Seigneur avait fait cette faveur, disait, dans le transport de son zèle et de sa reconnaissance : « Seigneur, celui qui est ingrat au bienfait de la création, mérite certainement l'enfer, mais il faudrait un autre enfer pour celui qui est ingrat et insensible au bienfait de la Rédemption. » On rapporte du Père Avila, qu'il avait toujours ce bienfait si présent à l'esprit, que quand ceux qui avaient reçu quelque grâce particulière de Dieu, venaient la lui communiquer, et lui en parlaient en admirant la bonté divine : Ce n'est pas en cela, leur répondit-il, qu'il faut admirer cette bonté ; c'est de ce que Dieu a aimé le monde, jusqu'à donner son Fils unique pour lui. Ce sont les mêmes paroles dont Saint Jean se sert, pour nous exprimer la grandeur de l'amour de Dieu pour les hommes, par la grandeur du don qu'il leur a fait ; et certainement le prix infini de l'un, marque bien le prix infini de l'autre, car ne peut-on pas appeler un amour sans bornes, celui qui porte un Dieu à donner son Fils unique pour nous racheter par sa mort ? Ô merveilleux excès de bonté ! dit l'Église au Père Éternel : ô inestimable mouvement de charité, que Vous ayiez livré votre Fils pour racheter un esclave ! Qui pourrait jamais se figurer rien de semblable ? Qui est l'homme qui, réduit à la condition d'esclave, oserait proposer à son prince de donner son Fils unique pour le racheter ? Cependant ce que vous n'auriez jamais osé demander, ce que vous n'auriez jamais pu croire, ce qui ne vous seront pas même venu en pensée, c'est cependant ce que Dieu a fait pour vous.
Mais non content de nous avoir affranchi, par un amour aussi généreux, de l'esclavage où nous étions réduits, il nous élève ensuite à la dignité d'enfants de Dieu ; il prend notre nature, pour nous rendre participant de la sienne, il se fait, homme pour faire les hommes enfants de Dieu. Voyez, dit Saint Jean quel excès de bonté le Père a eu, de vouloir qu'on nous appelât enfants de Dieu, et que nous le soyons en effet !
Et en effet, nous sommes les enfants de Dieu ; ce n'est point en vain que nous appelons Dieu notre Père, et J.-C. notre frère : J.-C. lui-même n'a point honte, dit S. Paul, de nous appeler ses frères, lorsqu'il dit : J'annoncerai votre nom à mes frères. Il semble au contraire que ce divin Maître s'en fasse un sujet de gloire, tant il se plaît a nous qualifier de ce nom. Que reste-t-il donc à désirer à celui qui peut dire qu'il a Dieu pour père, et J.-C. pour frère ?
Que si les offenses que vous avez commises contre un Dieu-Sauveur, vous font craindre les redoutables effets de sa vengeance, rassurez-vous : la pénitence que vous en avez faite, l'a déjà porté à les oublier, et non-seulement il les a oubliées, mais il se rend même votre avocat et votre médiateur auprès de son Père, pour vous en obtenir le pardon. C’est l'assurance que nous donne S. Jean par ces paroles : « Mes petits enfants, je vous écris ces chose, afin que vous ne péchiez pas : mais si quelqu'un pèche, nous avons un avocat auprès du Père, qui est J.-C., le juste par excellence. » S. Paul nous apprend qu'il est monté au Ciel pour paraître devant la face de Dieu pour nous. Saint Bernard dit qu'il y montre à son Père les plaies qu'il a reçues pour nous, et pour lui obéir, et qu'il le conjure, par le mérite de ces plaies sacrées, de ne pas souffrir que l'homme périsse, après l'avoir racheté par tant de travaux et de souffrances. C'est pour cela, disent les Saints, que J.-C. a voulu conserver ses sacrées stigmates après sa Résurrection glorieuse, pour les montrer à son Père, et le solliciter en notre faveur.
« Nous avons donc toutes choses en J.-C., conclut Saint Ambroise, et J.-C. nous est toutes choses. Si vous voulez guérir vos blessures, il est le Médecin ; si l'ardeur de la fièvre vous brûle et vous consume, il est cette source d'eau vive qui peut l'éteindre : si le poids de vos iniquités vous accable, il est la justice par excellence : si vous avez besoin de secours, il est la force et la puissance même : si vous appréhendez la mort, il est la vie : si vous voulez aller au Ciel, il en est la voie : si vous craignez les ténèbres, il est la lumière : si vous vous sentez pressé de la faim, il est une nourriture céleste : enfin, tout ce qui pourrait vous manquer, et tout ce que vous pourriez désirer, vous le trouverez en lui... Si le loup infernal, dit-il, ailleurs, vient à vous pour vous dévorer, prenez une pierre, ils enfuira aussitôt, et cette pierre, c'est J.-C. : si vous avez recours à J.-C., ce loup furieux prendra aussitôt la fuite, et il ne pourra plus vous épouvanter. »
Tout ce qu'il y a de bien en nous, n'est qu'un écoulement de richesses de J.-C. ; et nous ne possédons ce bien que par sa médiation et par le mérite de ses souffrances. C'est par lui que nous sommes délivrés des tentations les plus dangereuses, c'est par lui que nous acquérons la vertu, c'est en lui que nous possédons tout ce que nous avons ; c'est de lui seul que nous pouvons obtenir tout ce que nous désirons, et c'est à lui seul que nous devons rapporter la gloire de tout le bien qui est en nous. C'est pour cela que toutes les prières que l'Église adresse au Père céleste, elle les termine toujours par ces paroles : Par Notre-Seigneur J.-C. ; à l'imitation de celle que faisait à Dieu le Saint Roi Prophète : Ô Dieu ! qui êtes notre protecteur, regardez, et tournez les yeux sur la face de votre Christ ! Comme si elle disait : Seigneur, accordez-nous nos demandes, pour l'amour de J.-C. votre Fils ; pardonnez-nous nos péchés pour l'amour de lui, puisque c'est pour nos péchés qu'il est mort en croix : jetez les yeux sur les plaies qu'il a voulu recevoir pour nous, et que cette vue nous attire votre miséricorde.
Lorsque l'Ange dit aux Pasteurs, et à tous les hommes en leurs personnes : Voilà que je vous annonce une grande joie, qui sera dans tout le peuple ; car il vous est né aujourd'hui un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. Cette joie qu'il leur annonçait, n'était pas une joie ou un bien particulier : c'était l'assemblage de toutes sortes de joies et de biens qu'il leur annonçait. Origène demande pourquoi Isaïe n'ayant dit qu'au singulier : Qui annonce le bien, S. Paul, en rapportant le même passage, se sert du même terme au pluriel : Qui annonce les biens : mais il répond que c'est parce que J.-C. n'est pas un seul bien, mais qu'il est tous les biens ensemble. Ce divin Sauveur est en même temps notre salut, notre vie, notre résurrection, la lumière du monde, la vérité, le chemin et la porte du Ciel, la sagesse, la puissance, la source et le trésor de tous les biens. Il est né et il est mort, afin que nous vivions : il est ressuscité, afin que nous ressuscitions : il est monté au Ciel, pour nous y aller préparer une place, comme il le dit lui-même, et il était utile pour nous qu'il y allât, puisque c'est de-là qu'il nous a envoyé le Saint-Esprit, et que de la droite de son Père où il est assis, il répand continuellement ses grâces sur nous. S. Cyprien dit, qu'une des raisons pour lesquelles les plaies de son sacré corps sont demeurées ouvertes, c'est pour nous faire connaître que ce sont autant de canaux et autant de sources inépuisables, d'où les trésors de sa libéralité et de ses miséricordes doivent couler incessamment, et se répandre sur les hommes : Ses mains sont faites au tour : elles sont d'or, elles sont remplies de pierres précieuses : et comme elles sont percées, les richesses dont elles sont pleines, découlent continuellement par les trous de ses sacrées plaies.
Concluons cet article par les paroles de l'Apôtre, et disons : Puisque nous avons pour grand Prêtre Jésus Fils de Dieu, qui a pénétré dans les Cieux, allons avec confiance que nous obtenions miséricorde, et que nous trouvions grâce dans nos besoins.

(Abrégé de la Pratique de la Perfection Chrétienne)


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