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samedi 4 février 2017

Discours sur les douleurs de Marie




Extrait de "Les gloires de Marie" (Tome II) de Saint Alphonse de Liguori :




DISCOURS SUR LES DOULEURS DE MARIE


Marie fut la Reine des Martyrs, parce que son martyre fut plus long et plus cruel que celui de tous les martyrs.



La Pieta (Prosper guérin)
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Pourrait-on trouver un cœur assez dur pour ne pas s'attendrir au récit d'un événement, hélas ! trop déplorable, dont le monde fut autrefois témoin ? Une mère douée des plus belles qualités de la nature et de la grâce n'avait qu'un seul fils ; et ce fils était le plus aimable qu'on puisse imaginer. Ce fils parfaitement vertueux ne lui avait jamais donné le moindre déplaisir, il lui avait toujours montré tout le respect, toute l'obéissance, et tout l'amour possible : il était l'unique objet des affections de sa mère. Ce fils fut calomnié par ses ennemis, et accusé devant un juge, qui, bien qu'il eût reconnu et avoué son innocence, cependant, pour ne pas déplaire à ses mêmes ennemis, le condamna à une mort infâme, telle qu'ils l'avaient demandée. Cette pauvre mère eut la douleur de se voir enlever ce fils bien-aimé à la fleur de son âge par la plus cruelle de toutes les morts ; puisque après toute sorte de tourments, ils le firent mourir publiquement et en sa présence sur un infâme gibet.
Âmes pieuses, qu'en dites- vous ? Cet événement vous paraît-il digne de votre compassion ? ne serez-vous point touchées du sort de cette mère infortunée. Vous comprenez de qui je parle : ce fils si cruellement supplicié fut notre aimable Rédempteur Jésus ; et cette Mère fut la B. V. Marie, qui, pour notre salut, a consenti à le voir sacrifier à la divine Justice par la cruauté des hommes. Cette affreuse peine, que Marie souffrit pour nous, et qui lui coûta plus que mille morts, mérite notre compassion et notre gratitude. Si nous ne pouvons mieux correspondre à tant d'amour, considérons du moins quelques instants toute l'amertume de cette peine, qui rendit Marie la Reine des Martyrs. Son martyre lut plus cruel que celui de tous les martyrs, 1° parce qu'il dura plus longtemps ; 2° parce qu'il fut le plus douloureux de tous.

1er Point. Jésus s'appelle le Roi des douleurs et des martyrs, parce qu'il souffrit en sa vie plus que tous les autres martyrs ; on doit aussi appeler Marie la Reine des martyrs, puisqu'elle a mérité ce titre en souffrant le plus terrible martyre qu'on pût endurer après celui de son Fils. Il est indubitable que Marie a souffert un véritable martyre, puisque, pour être martyr, il surfit qu'on endure une douleur capable de donner la mort, quoiqu'elle ne la donne pas en effet. S. Jean l’Évangéliste est révéré comme martyr, quoiqu'il ne soit pas mort dans la chaudière d'huile bouillante.
Pour avoir la gloire du martyre, il suffit que l'on obéisse à la loi, jusqu'à être prêt à donner sa vie pour elle, Marie fut martyre, dit S. Bernard, non par le fer du bourreau, mais par la douleur de son cœur. « Si son corps ne tomba point sous les coups du bourreau, son cœur fut percé de douleur à la passion de son Fils, et cette douleur suffisait pour lui donner mille morts. Marie fut non seulement martyre, mais son martyre surpassa tous les autres, puis qu'il fut plus long, et que sa vie fut, pour ainsi dire, une mort continuelle.
« La passion de Jésus-Christ commença dès sa naissance ; Marie, qui fut en tout semblable à son Fils, souffrit de même son martyre durant tout le cours de sa vie. Le nom de Marie entre autres significations, veut dire mer amère (Thren.2. 1) ; comme la mer est tout amère et salée, ainsi la vie de Marie fut toujours remplie d'amertume par la seule pensée de la passion du Rédempteur, qui fut toujours présente à son esprit. On ne peut douter qu'éclairée du Saint-Esprit plus que tous les Prophètes, elle ne comprît aussi mieux les prédictions qu'ils firent sur le Messie, et qui se trouvaient dans les saintes Écritures. Marie comprenant toute l'étendue des tourments que le Verbe incarné devait souffrir pour le salut des hommes, commença dès lors, et avant 'même d'en être la Mère, à éprouver une vive compassion pour ce Sauveur, qui devait souffrir une mort si ignominieuse pour nos péchés ; et c'est de cette époque que date son martyre.
Cette douleur augmenta sans mesure quand Marie devint Mère du Sauveur. « La pensée de tout ce que son Fils devait souffrir fut pour elle un martyre qui dura toute sa vie. » Âmes rachetées du Précieux Sang de mon Fils, dit Marie aux Fidèles, mes filles bien-aimées, il ne suffit pas de compatir à mes maux pour le seul instant où je vis mourir mon cher Jésus ; le glaive de douleur que S. Siméon m'avait prédit, me perça le cœur toute ma vie : quand j'allaitais mon Fils, quand je le réchauffais entre mes bras, et que je pensais à la cruelle mort qui l'attendait, jugez combien était grande et continuelle la douleur qui me déchirait.
Marie pouvait bien s'appliquer ces paroles, de David : « J'ai passé ma vie au milieu des douleurs et des larmes (Ps. 30. II. ibid. 37. 18), puis que je n'ai jamais perdu un instant de vue les tourments de la mort que mon Fils bien-aimé devait souffrir un jour. » Après l'Ascension de son Fils, la mémoire de sa Passion était toujours présente et nouvelle à son cœur ; ainsi toute la vie de Marie fut une douleur continuelle.
Le temps qui calme la douleur des personnes affligées, loin d'apaiser celle de Marie, ne fit au contraire que l'augmenter, parce qu'à mesure que Jésus croissait en âge il lui paraissait toujours plus beau et plus aimable ; et comme le temps de sa mort approchait toujours davantage, la douleur de le perdre croissait aussi dans le cœur de Marie. Comme la rose croît parmi les épines, de même la Mère de Dieu croissait en âge au milieu des peines et des souffrances ; et comme à mesure que la rose croît, les épines croissent avec elle, ainsi plus Marie s'avançait en âge, plus ses douleurs croissaient avec elle.

2e Point. Marie ne fut pas seulement Reine des Martyrs, en ce que son martyre fut plus long que tous les autres, mais encore parce qu'il fut le plus douloureux de tous. Qui pourrait en mesurer la grandeur ? Il semble que Jérémie ne sache à qui comparer cette Mère de douleurs, quand il considère la peine indicible qu'elle endura à la mort de son Fils (Thren. 2. 1) « Si Dieu n'eût par un miracle singulier conservé la vie à Marie , sa douleur aurait suffi pour lui donner la mort à chaque instant qu'elle vécut. »
« La douleur de Marie fut si grande, que si on la partageait entre tous les hommes, elle suffirait pour les faire mourir tous à l'instant. »
Examinons pourquoi le martyre de Marie fut plus pénible que celui de tous les martyrs.
Les martyrs ont souffert en leur corps les tourments du fer et du feu ; Marie souffrit dans son âme, selon la prédiction de S. Siméon. Ce saint vieillard lui voulait dire : « Ô Vierge sainte, les autres martyrs auront le corps déchiré par le 1er, mais ce sera la Passion de votre propre Fils qui vous percera et vous martyrisera le cœur. » Or, autant l'âme surpasse le corps en noblesse, autant la douleur de Marie surpassa celle de tous les martyrs, car, suivant la réflexion, de Ste Catherine de Sienne, il n'y a pas de comparaison entre les douleurs de l'âme et celles du corps. « À la mort du Sauveur sur le Calvaire, on aurait pu voir deux grands autels ; l'un dans le corps de Jésus, l'autre dans le cœur de Marie, où dans le même temps que le Fils sacrifiait sa chair par la mort, Marie sacrifiait son âme par la compassion. »
Les autres martyrs souffrirent en sacrifiant leur propre vie, mais la Ste Vierge souffrit en sacrifiant la vie de son Fils, qu'elle aimait bien plus que sa propre vie. Non seulement elle souffrit dans son esprit tout ce que son Fils souffrit dans son corps, mais la vue des peines de son Fils affligea plus son cœur que si elle eût elle-même enduré ses peines. On ne peut douter que Marie n'ait souffert dans son cœur tous les tourments qu'elle vit endurer à son cher Jésus.
Les souffrances d'un fils deviennent celles de la mère, quand elle se trouve présente. S. Augustin dit de la mère des Machabées présente au supplice de ses sept fils, qu'elle souffrait dans son cœur ce qu'ils soufflaient dans leurs corps.
Il en fut de même de Marie : tous les tourments, les coups de fouet, les épines, les clous et la croix, qui affligèrent les chairs innocentes de Jésus, entrèrent en même temps dans le cœur de Marie , pour y achever son martyre. « Jésus souffrit dans sa chair, et Marie dans son cœur, » dit S. Amédée. « De sorte que le cœur de Marie devint comme un miroir des douleurs du Fils, où l'on voyait les crachats, les meurtrissures, les plaies, en un mot tout ce que souffrait Jésus, » « les plaies répandues sur tout le corps de Jésus, étant réunies dans le cœur de Marie. »
« Marie n'était pas seulement auprès de la croix, mais elle était sur la croix, crucifiée en même temps que son Fils. » « Jésus avait raison de dire que dans l'œuvre de la Rédemption il n'y avait pas un homme qui prît part à ses maux (Isaï. 36. 3) ; mais il y avait une femme, c'était sa sainte Mère, qui souffrit dans son cœur tout ce qu'il souffrait dans son corps. »
C'est encore dire trop peu des douleurs de Marie, puisqu'on voyant souffrir son aimable Jésus, elle souffrit plus que si elle eût souffert elle-même tous les tourments et la mort de son Fils. On dit que les pères et les mères ressentent plus vivement les douleurs de leurs enfants que leurs propres douleurs : ce n'est pas toujours vrai, mais il est certain que Marie aimait beaucoup plus son Fils et sa vie, que sa propre vie. « Elle souffrit, donc bien plus que si elle eût enduré toute la Passion de son Fils. » « Où est le trésor, là est aussi le cœur. (Luc. 12) » Puisque Marie aimait plus son Fils qu'elle ne s'aimait elle-même, elle dut aussi éprouver à la mort de ce divin Fils une douleur bien plus forte que si on lui eût fait souffrir à elle-même la mort la plus cruelle du monde.
Marie , dans la passion de Jésus, souffrit sans soulagement. Les Martyrs souffraient dans les tourments, mais l'amour qu'ils avaient pour Jésus leur faisait trouver ses douleurs douces et aimables.
S. Vincent dans son martyre était tourmenté sur le chevalet, déchiré f brûlé ; mais, dit Saint Augustin , il parlait au tyran avec tant de force et avec tant de mépris des tourments, « qu'il semblait qu'il y eût un Vincent qui souffrit, et un autre Vincent qui parlât, » parce que Dieu le soutenait au milieu de ces souffrances par la douceur de son amour. S. Boniface remerciait Dieu, quand il endurait les plus affreuses cruautés ; les Saints Marc et Marcellin, lorsque le tyran les engageait à renoncer à la foi pour être délivrés des tourments, lui répondaient tranquillement : Et quelles sont ces peines ? dis-nous, quelles sont ces peines ? « Pour nous, nous t'assurons que nous n'avons jamais eu de plaisir plus grand, qu'en souffrant tout cela pour l'amour de Jésus-Christ. » Lorsque S. Laurent fut étendu sur le feu, « la flamme intérieure du divin amour était plus puissante pour le consoler dans son cœur, que le feu extérieur pour le tourmenter ; » l'amour le fortifiait au point qu'il affrontait le courroux du tyran, et lui disait :
« C'est assez cuit, prends et mange. » Mais comment, au milieu de tant de tourments si aigus, et durant cette longue mort, pouvait- il conserver tant de sang-froid et de contentement ? Ah ! répond S. Augustin , « c'est qu'enivré du divin amour, il ne sentait ni les tourments ni la mort. »
Plus les martyrs aimaient Jésus, moins ils sentaient les tourments et la mort ; la seule pensée des peines d'un Dieu crucifié suffisait pour les consoler. Mais notre Mère pouvait-elle aussi se consoler par l'amour et par la vue des peines de son Fils ? Non, sans doute : puisque c'était ce même Fils souffrant qui était toute la cause de sa douleur, et que l'amour qu'elle lui portait, était son unique mais cruel bourreau.
Le martyre de Marie consistait à voir son Fils innocent et bien-aimé accablé de douleurs ; plus elle l'aimait, plus sa douleur était amère et privée de soulagement. Ah ! Reine du Ciel, aux autres martyrs l'amour a mitigé la peine, à guéri les blessures ; mais qui a pu adoucir l'amertume de votre cœur ? Qui a pu guérir ses profondes blessures, puisque ce même Fils qui pouvait vous donner quelque soulagement , était par ses souffrances l'unique cause de vos peines, et que votre amour pour lui faisait tout votre martyre ? Comme les autres martyrs sont représentés chacun avec l'instrument de son martyre,
S. Paul avec l'épée, S. André avec la croix, ainsi Marie est représentée tenant son Fils mort entre ses bras, parce que ce lut Jésus seul qui fut l'instrument de son martyre, à cause de l'amour qu'elle lui portait.
Il est certain que plus on aime un objet, plus on éprouve de peine en le perdant. On est assurément plus affligé de la perte d'un frère, que de celle d'un animal, de la mort d'un fils que de celle d'un ami. Or, dit Cornélius à Lapide, pour comprendre combien fut grande la douleur de Marie à la mort de son Fils, il faudrait comprendre combien fut grand l'amour qu'elle lui portait. Mais qui pourrait mesurer un tel amour ? Dans le cœur de Marie étaient réunis l'amour surnaturel, pour aimer Jésus comme son Dieu, et l'amour naturel, pour l'aimer comme son fils. De ces deux amours, il s'en forma un seul, mais un amour immense, de sorte que Marie aima Jésus à un tel degré, qu'une créature n'était point capable de l'aimer davantage. « De même qu'il n'y eut point d'amour comme le sien, il n'y eut point de douleur semblable à la sienne. » « Puisque l'amour de Marie envers son Fils fut immense, sa douleur dut aussi être immense en le perdant. »
La Mère de Dieu au pied de la croix de Jésus mourant nous adresse ces paroles : Ô vous, qui vivez sur cette terre, sans prendre part à ma douleur, arrêtez-vous un instant pour y réfléchir, tandis que je vois expirer à mes yeux ce Fils bien-aimé ; voyez si parmi tous ceux qui sont affligés et tourmentés il se trouve une douleur semblable à la mienne (Jerem. I. 12) « Non, Mers de douleurs, on ne peut trouver de douleur plus arrière que la vôtre, car jamais il n'y eut en ce monde de fils plus aimable que Jésus, ni de mère qui aimât plus son fils que Marie. Si donc il n'y eut jamais ici-bas d'amour semblable à celui de Marie , comment pourrait-on trouver une douleur semblable à la sienne ? »
« C'est peu de dire que les douleurs de la Vierge surpassèrent tous les tourments des Martyrs même réunis ; » « tout ce qu'on fit souffrir de plus cruel aux martyrs fut léger en comparaison du martyre de Marie. » S. Basile dît « qu'autant le Soleil surpasse en splendeur toutes les autres planètes, autant Marie surpasse en douleurs et en souffrances tous les autres martyrs. » La douleur que cette tendre Mère souffrit dans la Passion de Jésus fut si grande, qu'elle seule put dignement compatir à la mort d'un Dieu fait homme.
« Mais pourquoi, ô Marie , avez-vous aussi voulu vous sacrifier sur le Calvaire ? N'était-ce pas assez d'un Dieu crucifié pour nous racheter ? Fallait- il encore que vous, qui êtes sa Mère, le fussiez avec lui ? » Oui, sans doute, la mort de Jésus était plus que suffisante pour sauver le monde, et même une infinité de mondes, mais celle bonne Mère remplie d'amour pour nous, voulut aussi par les mérites de ses douleurs offertes pour nous sur le Calvaire, coopérer à l'œuvre de notre salut. « Nous devons une grande reconnaissance à Jésus qui a daigné souffrir pour nous racheter, et nous la devons aussi à Marie , pour le martyre qu'à la mort de son Fils elle voulut endurer spontanément par amour pour nous ; » je dis spontanément, parce que cette Mère compatissante préféra souffrir toute sorte de peines, plutôt que de laisser les âmes sous l'esclavage du démon, et sans rédemption. « La seule consolation de Marie au milieu d'une si grande douleur, était de voir que la mort de son Fils allait racheter le monde et réconcilier les hommes avec Dieu. »
Un si grand amour de Marie mérite notre gratitude ; et cette gratitude doit du moins consister à méditer ses douleurs pour y compatir.
Mais il est bien peu de chrétiens qui pensent à ces afflictions de Marie. Pour comprendre combien Marie désire que nous nous occupions de ses douleurs, il suffit de savoir qu'en 1239, elle apparut à sept de ses serviteurs qui devinrent les fondateurs de l'ordre des Serviteurs de Marie.
Elle leur présenta un habit noir, et leur dit que pour lui plaire ils devaient adopter ce vêtement lugubre, et méditer souvent ses douleurs.
Jésus-Christ lui-même révéla à la bienheureuse Véronique , que les larmes qu'on répand sur sa Passion lui sont agréables, mais que par un effet de l'amour immense qu'il a pour sa Mère, il préfère que l'on médite sur ce qu'elle souffrit lorsqu'il était attaché sur la croix.
Jésus a attaché beaucoup de grâces à la dévotion aux douleurs de Marie. On est fondé à croire que Marie ayant demandé à son Fils quelque grâce spéciale pour ceux qui honoreraient ses douleurs, Jésus lui en promit pour eux quatre principales. 1° Qu'ils feraient avant leur mort une vraie pénitence de leurs péchés ; 2° qu'il les assisterait dans leurs tribulations, et surtout à l'heure de leur mort ; 3° qu'il graverait bien avant dans leurs cœurs la mémoire de sa Passion, pour les en récompenser ensuite dans le ciel ; 4° qu'il les confierait à Marie , afin qu'elle disposât d'eux, et leur obtînt toutes les grâces qu'elle voudrait.


Exemple

Un grand Seigneur de très mauvaise conduite s'était donné au démon, et il l'avait servi pendant soixante ans. Aux approches de sa mort, Jésus-Christ, pour lui faire miséricorde, ordonna à Ste Brigitte de dire à son confesseur de l'aller visiter, et de l'exhorter à se confesser. Le Prêtre alla, et le malade lui répondit qu'il n'avait pas soin de confession. Le Confesseur y retourna, et l'esclave du démon continuait à le refuser.
Le Confesseur s'y rendit une troisième fois, lui déclara la révélation faite à la Sainte, et lui annonça que le Seigneur voulait lui pardonner.
À cette nouvelle, le malade s'attendrit et versa des larmes : Mais comment puis- je être sauvé, s'écria-t-il, moi qui durant soixante ans ai servile démon, dont je m'étais fait l'esclave, et qui me suis rendu coupable d'innombrables péchés ?
Mon fils, lui répondit le Père, n'en doutez pas, si vous vous repentez, je vous promets le pardon de la part de Dieu même. Ce Prince commença, alors à prendre confiance, et dit au Confesseur : mon Père, je me croyais damné, et je désespérais de mon salut ; mais à présent je me sens une douleur de mes péchés, qui m'anime à la confiance : ainsi puisque Dieu ne m'a pas encore abandonné, je veux me confesser. En effet, ce jour-là même il se confessa quatre fois avec une grande douleur, il communia le lendemain, et six jours après il mourut tout contrit et résigné. Après sa mort, Jésus-Christ déclara à Ste Brigitte que ce pécheur était en purgatoire, et qu'il s'était sauvé par l'intercession de Marie sa Mère, parce qu'au milieu de ses dérèglements, il avait toujours conservé la dévotion aux douleurs de Marie, et que toutes les fois qu'il y pensait, il en avait compassion.


Prière

Ô Mère de douleurs, Reine des martyrs et des souffrances, vous avez tant pleuré votre Fils mort pour mon salut ; mais à quoi me serviront vos larmes, si je viens à me damner ? Par les mérites de vos douleurs, obtenez-moi donc un véritable repentir des mes péchés, et un vrai changement de vie, avec une tendre compassion des souffrances de Jésus et de vos douleurs. Puisque Jésus et vous, quoique innocents, avez tant souffert pour moi, obtenez-moi la grâce de souffrir aussi quelque chose pour votre amour, moi qui par mes péchés ai mérité l'enfer. Ô ma divine Mère, par l'affliction que vous éprouvâtes en voyant votre Fils baisser la tête, et expirer sur la croix, je vous supplie de m'obtenir une bonne mort. Ah ! ne manquez pas alors, â Avocate des pécheurs, d'assister mon âme affligée et combattue à ce grand passage. Je ne pourrai peut-être pas alors invoquer de bouche Jésus et Marie ; je les invoque maintenant d'avance, et vous conjure, ô saint objet de mon espérance, de me secourir au dernier moment. Jésus et Marie, je vous recommande mon âme. Ainsi soit-il.







Lire "Les gloires de Marie" (Tome 1, Tome II).


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