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samedi 18 mars 2017

Méditation pour le Samedi de la deuxième semaine de Carême






L'Enfant prodigue dans les bras de son père (Gustave Doré)



LE SAMEDI DE LA DEUXIÈME SEMAINE DE CARÊME

Jour de conversion


PRATIQUE


Commencez la journée par un examen sur votre passion dominante, et sur le péché dans lequel vous tombez le plus souvent. Demandez à Dieu ses lumières pour le bien connaître et pour l'extirper à fond. Commencez et finissez toutes vos prières et vos pratiques par demander à Dieu votre conversion : travaillez-y en la demandant ; mais demandez-la avec ardeur et persévérance, et soyez sûr que vous l'obtiendrez. Imaginez-vous que vous êtes cet enfant prodigue qui va se réconcilier, et regardez Jésus-Christ comme ce tendre père à qui vous allez demander miséricorde.


MÉDITATION

Un homme avait deux enfants, dont le plus jeune lui dit : Mon père, donnez-moi la portion du bien qui doit me revenir. (Luc, 16)


1er point.
Ce jeune homme partit de chez son père, et il s'en alla dans un pays éloigné. Quand on s'est procuré de quoi contenter ses passions, et qu'on est destitué de la crainte de Dieu, on s'émancipe aisément de son adorable conduite ; on sort bientôt de la voie de ses conseils et ensuite de ses préceptes ; on s'éloigne de sa divine présence, de sa parole, de la prière et des sacrements ; éloignement qui faisait trembler le roi prophète, quand il disait : Seigneur, ceux qui s'éloignent de vous perdront ; mon Dieu, ne vous éloignez pas de moi.
Ce fut aussi dans cet éloignement que ce jeune homme dissipa tous ses biens par ses débauches ; ce qui nous montre qu'il n'est point de péché si énorme dont on ne soit capable quand on est une fois éloigné de Dieu, et qu'on dissipe en peu de temps les plus précieux trésors, c'est-à-dire la crainte de Dieu, son amour et sa grâce.
Ce jeune débauché commença à sentir vivement sa pauvreté ; mais, au lieu de revenir à son père, il se mit au service d'un homme qui lui donna ses pourceaux à garder ; et sa misère était si grande, qu'il aurait souhaité se nourrir de ce qu'on leur donnait, et on ne lui en donnait pas. Rien n'est comparable à la pauvreté d'une âme qui a abandonné son Dieu : tout lui manque, parce qu'elle n'a pas Dieu pour elle : elle manque de soutien et de nourriture, de secours et de consolation dans les peines ; elle est abandonnée à elle-même, et c'est le comble de la pauvreté et de la misère.
Recourez à Dieu dès que vous sentez le moindre éloignement.


Enfin, l'enfant prodigue étant rentré en lui-même, dit : Combien mon père a-t-il de serviteurs qui ont plus de pain qu'il ne leur en faut, pendant que je suis ici à mourir de faim.


2e point. Il faut que je me lève, dit ce jeune homme, et que j'aille trouver mon père. Il rentrera bientôt en grâce, puisqu'à la réflexion il fait succéder une généreuse résolution. Les réflexions vagues et stériles, sans résolution, ne font qu'amuser le pécheur et l'endurcir davantage dans son éloignement de Dieu, et le rendent beaucoup plus malheureux sans le guérir. L'enfant prodigue met aussitôt sa résolution eu pratique : il marche dans le moment et sans délai ; il entre dans la carrière de la pénitence ; exténué par la faim, et dans une extrême pauvreté, il entreprend un long et pénible voyage. Rien ne coûte à une âme pénitente qui veut retourner à Dieu ; rien ne l'effraie, rien ne la rebute ; elle puise des forces dans sa douleur et son amour ; son courage surmonte toutes les difficultés qui se rencontrent.
Mon père, dit-il, j'ai péché contre le ciel et contre vous, et je ne suis plus digne d'être appelé votre fils. Non content de cette confession, il demanda à porter la peine de ses péchés en travaillant comme un serviteur dans la maison de son père. Pour vous inspirer le désir de vous rapprocher de Dieu, examinez la bonté de ce père. Il va au-devant de ce fils qui méritait d'être chassé honteusement de sa présence ; il lui pardonne avant même qu'il confesse ses péchés, et qu'il demande miséricorde : il se jette à son cou, l'embrasse, lui donne le baiser de paix, et le remet dans tous ses droits. Si nous avons dans le fils le modèle de notre conversion, nous en trouvons un motif pressant dans la tendresse du père.


SENTIMENTS


Je le confesse, ô père de miséricorde ! j'ai péché contre le ciel et contre vous, et je ne suis plus digne d'être appelé votre fils : mais écoutez ma prière, et laissez attendrir votre cœur sur un enfant qui implore votre clémence et votre bonté. Revêtez-moi de cette robe d'innocence que j'ai perdue et souillée, après l'avoir reçue au baptême. Je vous demande encore, pour marque de réconciliation, que vous m'admettiez au baiser de paix, et a ce festin délicieux où vous donnez votre chair en aliment et votre sang en breuvage, en attendant que je puisse être admis à cette table céleste et bienheureuse où je serai nourri et rassasié éternellement de votre propre substance, sans figure et sans déguisement.


SENTENCES

Convertissez-nous, Seigneur ; montrez-nous votre face, et nous serons sauvés (Psaume 79)

On trouve de la douceur dans les prémices de conversion ; du travail ; des rigueurs, des dégoûts et des tentations à combattre dans ses progrès et la paix et le repos dans sa fin. (D. Isid. de. sinu. 2).


RÉFLEXIONS

Jésus conduit à Caïphe


Il fallait que Jésus fût conduit à plusieurs tribunaux et devant plusieurs juges pour rendre sa condamnation plus éclatante et plus ignominieuse, pour être plus exposé à la risée du peuple, et pour souffrir à chacun de ces tribunaux une infinité d'outrages et d'affronts beaucoup plus sensibles et plus douloureux que la mort même. Du tribunal d'Anne, il est conduit, ou pour mieux dire, trainé au milieu des rues, à celui de Caïphe, qui était le plus furieux et le plus emporté de tous ces juges. Ce sauveur, lié de cordes, tiré et poussé rudement par des soldats impitoyables, marche dans Jérusalem, suivi et précédé d'une insolente canaille : quel triste spectacle, ô mon Sauveur ! Suivons-y ce Dieu souffrant. Il est lié bien plus étroitement par les chaînes de son amour, et par le désir qu'il a de souffrir pour briser nos chaînes, que par les cordes qui l'environnent, et qui paraissent sur ses mains et sur tout son corps.


PRIÈRE

Dieu tout-puissant et tout miséricordieux, qui couronnez vos dons en couronnant nos mérites, produisez en nous une sincère conversion. Rendez avec abondance à notre âme ce que nous ôtons à notre chair. Élevez, vivifiez, nourrissez et fortifiez cette âme que vous avez créée à votre image, et rachetée de votre Précieux Sang, pendant que nous nous occupons à abattre, à mortifier cette chair pécheresse, de peur qu'elle ne se révolte contre l'esprit. Nous vous en prions, par Jésus-Christ, Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.



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