DÉCALOGUE DE LA PLUS HAUTE PERFECTION
1) Pour tendre à la plus haute sainteté, à la perfection la plus consommée, à la plus étroite, la plus intime et la plus suave union avec Dieu, il faut que l’âme se tienne habituellement dans un abîme d’anéantissement, d’humilité, de mépris d’elle-même et d’oubli de tout le créé.
2) Quand Dieu, comme Maître absolu de toute créature, retire cette âme de l’abîme où la grâce l’avait fait cacher pour la mettre en sûreté, elle ne doit pas, sous prétexte d’humilité, opposer d’obstacles à l’Amour dans ses opérations, mais le suivre comme une éponge qui, retirée de l’eau où elle était plongée, porte cette eau avec elle, en reste pleine, et non seulement la donne si elle est pressée, mais aussi la perd sans même être pressée. Ainsi l’âme, retirée par la grâce divine de cet abîme d’anéantissement, doit en porter avec soi le parfum et les fruits, non seulement quand elle est pressurée, c’est-à-dire corrigée, mais aussi en quelque moment que ce soit.
3) Une fois que l’âme a servi l’Amour en ce qu’il réclamait d’elle, il la remet en sécurité dans l’abîme de l’anéantissement, de l’humilité et du mépris de soi, et elle doit se trouver si bien dans cette atmosphère qu’elle n’en désire plus sortir, sinon pour servir de nouveau à l’Amour. Les opérations de l’âme en cette demeure d’anéantissement consistent à s’unir aux dispositions intérieures du Verbe de Dieu lorsqu’il se revêtit de la nature humaine. Tout son travail se résume en ces mots : admiration, adoration.
4) Quand l’Amour, attiré par l’âme humaine, se présente à elle avec ses divines faveurs, la première chose qu’elle doit faire, c’est se prosterner aux pieds de son Dieu, confessant son indignité. Ensuite, lorsque satisfait de cet accueil, Dieu la relève en se communiquant à elle, son devoir est d’adhérer aussitôt avec amour, avec joie, avec reconnaissance à quelque grâce que ce soit, fût-ce la plus extraordinaire, parce qu’alors ce n’est pas elle qui les cherche, mais elle les reçoit, et Celui qui les lui donne pense encore à la tenir dans l’humilité. Tout consiste à bien établir la préparation, le fondement, la base : Humilité, humilité, toujours humilité. Quand il y a de l’humilité, je donne ; quand j’en trouve davantage, je donne davantage, et quand je vois une âme ne vivre que d’humilité, ne désirer qu’humiliations, elle m’attire comme un aimant.
5) Je porte insensiblement, mais efficacement, l’âme qui m’est fidèle à ceci :
a) À un grand désir de disparaître, de ne plus faire occuper d’elle ; et lorsque, en quelque rencontre, elle doit recourir à la charité de ses supérieurs, elle en est confuse comme si elle dérobait leur temps.
b) À se faire la servante de tous et toujours céder, mais sans laisser paraître qu’elle cède ; à contenter les autres ; à favoriser les autres ; à secourir les autres ; au prix de continuelles mortifications : voilà les fruits du véritable amour.
c) À une telle faim et soif d’obéissance, qu’elle ne respirerait même plus que par obéissance. C’est aussi un fruit très précieux de l’amour : l’obéissance est comme la sœur de l’humilité.
d) Enfin j’allume dans l’âme qui m’aime un tel feu d’amour, d’imitation, qu’elle ne peut plus vivre sans agir pour Dieu : le sacrifice est sa vie, comme l’huile est la vie de la flamme qui brûle.
6) L’âme humble étant ainsi ensevelie dans l’abîme de l’humilité et de l’anéantissement, je descends avec amour au lieu de sa retraite et, m’approchant d’elle avec mes communications spéciales, je lui fais goûter par avance les délices du paradis. Oh ! qui pourra exprimer ce que je dis à l’âme humble, et qui pourra répéter ce que je lui explique ! Ce sont les leçons que l’Amour donne par amour et qu’il donne uniquement à l’âme humble, parce que, à elle seule il donne la capacité de les comprendre. La disposition intérieure de l’âme en cet état si sublime doit être celle-ci : silence avec Dieu, attendre tout de lui, et recevoir avec une souveraine gratitude tout ce que Dieu lui donne. Ce n’est pas humilité de refuser les grâces quand Dieu les donne, mais c’est véritablement humilité de s’en reconnaître indigne et de les prendre en le remerciant et en magnifient sa bonté.
7) Un état auquel j’appelle une âme fidèle, dès le principe de sa vie d’union avec moi, c’est celui d’une particulière imitation de ma vie dans le sein de ma très pure Mère, l’auguste Vierge Marie. Cette âme est ensevelie en Dieu, Dieu la porte, il se sert d’elle pour faire le bien, mais l’âme ne voit rien, n’est point en vue ; elle est l’instrument de beaucoup de bien que Dieu fait passer par elle, mais c’est un instrument ignoré. C’est la voie la plus sûre. C’est celle des âmes intérieures qui n’ont pas de relations extérieures avec le prochain. Tout leur bien est au-dedans. C’est un bien personnel et un bien en faveur du prochain, mais tout caché.
8) Un autre état auquel j’appelle les âmes, spécialement les prêtres et tous ceux qui ont le soin des âmes, c’est l’imitation de ma vie cachée. Elle est moins cachée que celle que j’ai vécu dans le sein de ma Mère, mais elle est plus difficile à imiter. La retraite en est moins profonde et il faut plus de vigilance pour agir purement pour Dieu, pour rapporter tout à Dieu, pour recevoir de lui les consolations que donne la bonne conduite de ceux dont on est chargé. Oui, il est beaucoup plus facile à une âme qui opère d’une manière cachée, de faire du bien purement pour Dieu ; mais elle ne dit pas pourtant se mettre en peine si elle est appelée au ministère des âmes. Qu’elle se souvienne alors qu’elle est seulement un signe sensible, mais que c’est Dieu qui opère, et qu’elle se tienne dans un profond sentiment d’humilité. Le bien qu’elle fera sera en proportion de son abaissement, de sa défiance d’elle-même et de sa confiance en Dieu.
9) En quelque état que se trouve une âme quand je la favorise, je lui donne l’attrait d’imiter ma vie eucharistique. C’est une vie de mort, que par là, je lui inspire. Avoir des yeux, et ne pas voir ; avoir des oreilles, et ne plus écouter que ce qui peut accroître l’amour ; avoir une bouche et ne l’employer que pour parler de l’Amour ; avoir des mains, des pieds…, avoir un cœur et ne s’en servir qu’autant que le voudra l’Amour : dépendre de l’Amour comme un petit enfant dépend de sa mère, en tout. Vivre seulement pour s’immoler à l’amour de Jésus, et par chaque immolation, acquérir une force nouvelle pour servir l’Amour.
10) L’Amour est joie, l’amour est paix, il est repos, tranquillité, fidélité. Lorsque ce divin amour prend possession d’un cœur, il y porte à sa suite une paix divine, une confiance inébranlable, une fidélité absolue et un parfait repos ; puis il s’arrête dans cette âme fortunée, en fait le centre de ses divines faveurs et comme le dépôt de ses grâces de choix.
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