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lundi 7 janvier 2019

Le souvenir de nos péchés est un moyen propre pour nous aider à supporter avec résignation, toutes les afflictions que Dieu nous envoie



Extrait de "Abrégé de la pratique de la perfection chrétienne" par le R.P. Alphonse Rodriguez :



Le Satan affligeant Job d'un ulcère malin
(Illustration de William Blake pour le Livre de Job)


Le souvenir de nos péchés est un moyen très propre pour nous aider à supporter avec une résignation absolue, toutes les afflictions, soit générales, soit particulières, que Dieu nous envoie
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C'est un sentiment unanime des saints, lequel est confirmé par l'autorité des saintes Écritures, que Dieu envoie ordinairement les calamités publiques en punition des péchés des hommes. C'est pour nos péchés, Seigneur, disait Azarias dans la fournaise (Dan. 3, 28, et seq.), que vous avez fait tomber tous ces maux sur nous ; car nous avons péché ; nous avons marché dans les voies de l'iniquité : en nous éloignant de vous, nous sommes tombés en des fautes sans nombre : nous n'avons ni écouté, ni observé vos préceptes, et nous n'avons rien fait de ce que vous nous avez commandé de faire pour être heureux : c'est pourquoi nous avons bien mérité tous les malheurs qui sont venus fondre sur nous par votre ordre ; et généralement tout ce que vous avez fait contre nous, vous l'avez fait avec justice. Nous voyons, par cet aveu du prophète, que Dieu punissait son peuple, et le livrait entre les mains de ses ennemis, parce qu'il l'avait offensé : de même lisons-nous, en une infinité d'endroits, qu'il le délivrait ensuite de ses calamités, lorsque ce peuple faisait pénitence, et qu'il retournait sincèrement à son Dieu. Lorsque Jésus-Christ guérit le paralytique attaqué depuis trente-huit ans d'une cruelle maladie : Vous voilà guéri, lui dit-il (Joan. 5, 14), ne péchez plus, de peur qu'il ne vous arrive quelque chose de pis. Les saints docteurs observent que ces paroles du Sauveur marquent particulièrement cette vérité. En conséquence de cette doctrine, nous disons qu'un des moyens qui peuvent le plus nous aider à nous conformer à la volonté de Dieu dans toutes les adversités, soit générales, soit particulières, et à les supporter avec patience, c'est de rentrer sérieusement en nous-mêmes, de faire réflexion sur nos péchés, et de songer que c'est avec justice que nous méritons le châtiment que Dieu nous envoie : car alors, quoi qu'il nous arrive de fâcheux, nous le supporterons avec humilité ; et nous confesserons, qu'eu égard à la grandeur de nos fautes, la punition est bien légère, et que nous en mériterions infiniment davantage.
Les saints et les véritables serviteurs de Dieu, non-seulement reçoivent de bon cœur les afflictions et les peines, mais même ils les désirent, et les demandent à Dieu avec instance : Qui fera en sorte, disait Job (Job. 6, 8, et seq), que l’effet de ma demande arrive : que celui qui a commencé achève de me briser ; qu'il étende sa main et me revanche ; et que j'aie la consolation de n'être point épargné dans les douleurs dont il m'afflige ? C'est la disposition où était le saint Roi-prophète, lorsqu'il disait (Ps. 25, 2) : Éprouvez-moi, Seigneur, et me tentez : car je suis prêt (Ps. 37, 18) à recevoir toute sorte de châtiments. Il m'est avantageux (Ps. 118, 71) que vous m'ayez humilié. Les justes et les chrétiens fervents souhaitent si ardemment, dit saint Grégoire (Greg. lib. 7. Mor. c. 7 et 8), que Dieu les châtie et les humilie en cette vie, que même ils s'affligent, lorsque, considérant le nombre et la grièveté de leurs fautes, ils voient que Dieu ne les en punit pas ; parce qu'alors ils craignent qu'il ne les réserve à un châtiment plus rigoureux dans l'autre vie ; c'est dans la même vue que Job ajoute : Et que j'aie la consolation de n'être point épargné dans les douleurs dont il m'afflige. Comme s'il disait : Il en est que Dieu épargne en ce monde, pour les punir ensuite plus rigoureusement en l'autre ; pour moi, je lui demande qu'il ne m'épargne point maintenant de cette sorte, afin qu'il m'épargne dans l'éternité ; que maintenant il me châtie comme un père charitable, afin qu'il ne me punisse pas ensuite comme un juge rigoureux. Je n'en murmurerai point, je ne m'en plaindrai pas même, ni ne m'opposerai point à ses saints décrets (Job. 6, 10) : je trouverai au contraire dans mes souffrances, le sujet de ma consolation. C'est ce que disait pareillement saint Augustin, lorsqu'il s'écriait à Dieu : Brûlez, Seigneur, coupez, ne m'épargnez pas en cette vie, afin que vous m'épargniez dans l'éternité.
Est-il une plus étrange stupidité que celle d'être si peu sensible aux maux de l'âme, et de l'être tant à ceux du corps ? Car enfin nos péchés devraient beaucoup plus nous toucher, que tout ce qu'il nous faudrait souffrir pour les expier ; et si nous connaissions bien la grièveté de nos fautes, le plus sévère châtiment nous semblerait trop léger, et nous dirions avec Job (Job. 33, 27) : J'ai péché, j'ai effectivement failli, et je n'en suis pas encore puni comme je méritais. Nous devrions avoir toujours ces paroles dans la bouche et plus encore dans le cœur ; car tout ce que nous pouvons souffrir en ce monde, n'est rien en comparaison de ce que mérite un seul péché : vous connaîtriez alors que vous recevez de Dieu un châtiment qui n'a nulle proportion avec la grandeur de vos offenses. Si nous faisions réflexion que nous avons grièvement offensé Dieu, et que nous avons par conséquent mérité l'enfer, il n'est pas d'affronts, il n'est pas d'injures, il n'est pas d'opprobres que nous ne fussions dans la disposition de souffrir, et que nous ne reçussions même avec joie, en expiation des fautes que nous avons commises contre sa divine majesté.
Ayons donc toujours devant les yeux et le souvenir de nos péchés et la volonté de Dieu ; alors nous nous y conformerons aisément dans toutes les afflictions qu'il lui plaira de nous envoyer : Il est le maître (I Reg. 3, 18), qu'il fasse ce qu'il lui plaira. Qu'il soit fait (Matth. 5, 10) selon qu'il a été ordonné dans le Ciel.... Je me suis tu (Ps. 38, 10), et je n'ai pas ouvert seulement la bouche pour me plaindre ; parce que c'est vous, Seigneur, qui avez fait tout ce que je souffre. Voilà ce que nous devons dire ; voilà quelle doit être notre consolation dans les accidents les plus fâcheux : Dieu le veut ; Dieu l'ordonne ; Dieu le fait ; Dieu l'envoie : à la bonne heure ; il faut recevoir tout de sa main ; et il n'est pas besoin d'autre raison pour supporter toutes choses avec patience et avec joie.




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