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jeudi 7 mai 2020

Des fruits merveilleux des Confessions générales au Laus ; délivrance de plusieurs possédés par l'intercession de la très-Sainte Vierge


Apparition de Notre-Dame à Benoîte Rencurel
La Bergère heureusement instruite par la Reine du Ciel, n'ignorait pas combien les conversions des pécheurs réjouissent les Anges, et combien elles sont glorieuses à Dieu, sa miséricorde étant au-dessus de ses œuvres ; aussi travaillait-elle avec un zèle extrême à réconcilier les plus grands pécheurs, leur représentant avec une douceur et une charité saintes, combien il était avantageux de rentrer dans les voies du salut, en quittant celles de l'iniquité ; ses discours simples, mais pleins d'onction, faisaient recevoir ses conseils et ses exhortations avec docilité : ils avoient pour principal objet des Confessions générales, vraies et sincères ; elle leur inspirait sur toutes choses l'amour de Dieu, la confiance en sa sainte miséricorde avec toutes les dispositions d'un cœur contrit et humilié : elle les recommandait à la très-Sainte Vierge, elle les faisait prier avec elle pour les disposer à cette heureuse fin ; et pendant qu'ils travaillaient ensuite à la révision de leur vie, ils la consultaient, elle les consolait, les encourageait, et leur faisait apercevoir quelquefois des péchés griefs qu'ils auraient cru n'être connus que de Dieu, comme ils l'ont avoué dans la suite ; aussi a-t-on vu plusieurs personnes venues au Laus dans un état de trouble et de désespoir, s'en retourner comblées de joie et de consolation.
Du reste, ces fruits de l'Esprit Saint se sont étendus même sur les possédés, comme on le peut voir dans le récit suivant.
Magdelene Beautin, du lieu de Laval, possédée depuis long temps, hurlait et contrefaisait toute sorte d'animaux, faisait des postures indécentes, des sauts et des bonds si extraordinaires et si surprenants, qu'on avait de la peine de l'arrêter dans l'Église du Laus, pendant la neuvaine qu'on lui fit faire, ou plutôt que ses parents firent pour elle. La Bergère qui ne la quittait presque point, redoublait ses prières et ses austérités, pour obtenir la guérison ; elle l'obligea enfin à faire une confession générale. Dès qu'elle l'eut achevée, et qu'elle eut reçu quelque temps après la Communion, on ne vit plus en elle qu'un visage serein et tranquille, des discours de piété, rendant continuellement grâces à Dieu. On l'a vue venir dans la suite au Laus toujours plus pieuse et reconnaissante envers Dieu et la très-Sainte Vierge. Cette délivrance arriva le 29 Juin 1683.
L'année suivante, un Avocat (Blanchard) de Forcalquier en Provence, était dans un état d'obsession si furieux , qu'il fallut l'attacher et le fermer dans une chambre pendant quelque temps : on l'amena enfin au Laus, accompagné d'un Religieux et de plusieurs autres personnes. Dès son arrivée, la Bergère travailla par ses prières, ses jeûnes, et ses exhortations charitables à contribuer à sa conversion ; elle l'engagea à faire une confession générale, en quoi plusieurs Directeurs, qui s'étaient donné de grands soins, n'avaient pu réussir. Après sa confession, elle lui dit en secret qu'il avait omis certains péchés griefs qui lui avoient attiré cette obsession, et l'exhorta d'avoir une grande confiance en Dieu, et en l'intercession de la très-sainte Vierge. Il satisfit à tout avec beaucoup de soumission, et après de grandes épreuves de conversion, ayant reçu la sainte Communion, il se trouva parfaitement sain du corps et de l'âme, bénissant Dieu et la très sainte Vierge ; il fut depuis lors l'exemple de Forcalquier, tout occupé aux bonnes œuvres de cette Ville. (la relation de sa maladie et de sa guérison est écrite et signée de lui-même)
Lucrèce Pelissier, du lieu du Villard-Aymon, avait été exorcisée par un Religieux (le Père Ramuel, Recollet) ensuite d'une commission de M. Le Camus, Évêque de Grenoble, sans avoir été délivrée ; elle avait des agitations extraordinaires, elle injuriait tout le monde. Le Curé du lieu conseilla aux parents de l'envoyer au Laus ; il manda son triste et déplorable état aux Prêtres de cette maison, leur marquant que dans le second exorcisme, elle avait déclaré le nombre de Démons qui étaient dans son corps. On ne vit jamais d'air et de figure si horribles et si hideux ; son teint était noir et rouge, sa bouche toute brulée, ses yeux égarés et étincelants, ses paroles sans ordre, sa voix haute et brutale. La Bergère exerça sur cette victime infortunée tout son zèle et ses soins charitables, et la disposa enfin à une confession générale, et à s'adresser avec confiance à la très-Sainte Vierge, l'assurant qu'à ces conditions, elle serait heureusement délivrée : Dès qu'elle eut fut cette confession en plusieurs jours, et approché enfin de la sainte Table, on la vit revenir comme d'un profond sommeil, toute changée, tranquille, paisible, continuant ses exercices de piété plusieurs jours après avec une ferveur singulière. Elle s'en retourna en paix le 18 Octobre 1685.
La même grâce fut accordée à Joseph Ardouin du Monétier de Briançon, qui avait été aussi exorcisé par plusieurs Prêtres, de l'autorité de M. l'Archevêque d'Embrun, sans qu'on eue pu même l'obliger de parler pendant ce temps-là ; il avait les jambes pliées, et ne marchait que des genoux, il ne proférait que des exécrations inouïes contre le Saint Nom de Dieu, on voyait sur son visage le trouble de son âme. Ses parents l'ayant amené au Laus, de l'avis de leur Curé, il y fit enfin ses dévotions, et au bout de la neuvaine étant offert avec des prières ardentes à la très sainte Vierge le flambeau à la main dans la Chapelle, il se trouva, au sortir de ce Saint lieu, parfaitement guéri, il s'en retourna en paix avec ses parents, rendant gloire à Dieu et à sa très-Sainte Mère : tous les peuples de l'Embrunois et du Briançonnois furent étonnés de cet heureux changement.
Nous croyons devoir rapporter plus au long la guérison miraculeuse et assez récente de Catherine Hermite dite Sufronne de la ville de Seyne en Provence, possédée depuis longtemps.
Ce fut au mois d'Octobre 1716. qu'elle fut délivrée au Laus, au grand étonnement d'une grande foule de peuple qui en fut témoin : elle était si fort agitée par un esprit de blasphème et immonde, qu'il ne sortait de sa bouche écumante, que des impiétés horribles dont l'Enfer seul était capable, et des paroles si obscènes et si impudiques que les oreilles les moins chastes ne pouvaient les entendre qu'avec horreur ; ses yeux semblaient lui sortir de la tête, son regard était affreux, ses hurlements donnaient de l'épouvante ; elle n'était guère moins furieuse que ces deux possédés, que le Sauveur du Monde rencontra sur les confins des Gerazeniens, qui durant la nuit se retiraient dans des Tombeaux, et se tenaient dans le chemin pendant le jour pour maltraiter les passants ; elle se cachait la nuit dans une Cave, d'où elle ne sortait le jour que pour insulter tous ceux qu'elle rencontrait dans les rues, particulièrement les Prêtres et les Religieux, leur tenant des discours qui n'étaient qu'un tissu d'ordures et de blasphèmes horribles ; elle mettait le trouble et le désordre dans la Ville, chacun craignait sa rencontre. Le Curé de Seyne par ordre de M. l'Archevêque d'Embrun l'avait exorcisée plusieurs fois sans soulagement ; elle répondait juste en sa langue naturelle du Pays, aux questions que l'Exorciste lui faisait en Latin.
Enfin les Habitants de la Ville, fatigués extrêmement de cette infortunée, l'envoyèrent à N. Dame du Laus liée sur un cheval, escortée par plusieurs hommes, espérant qu'elle y serait délivrée.
Étant arrivée au Laus, il ne fut pas possible de la faire entrer dans l'Église, jusques à ce que la Bergère la prenant par la main, elle la suivit sans résistance.
L'esprit immonde voyant qu'elle lui allait échapper, fit un nouvel effort, et la tourmenta plus qu'auparavant ; elle se prit à blasphémer le très-Saint nom de Dieu plus horriblement que jamais, et à faire des cris épouvantables.
Le Supérieur du Laus fit un commandement de la part de Dieu au démon de la laisser en paix, et aussitôt elle se calma : la Bergère l'exhorta vivement à faire une Confession générale ; elle entra enfin au Tribunal de la pénitence, ou elle fut encore quelque temps agitée, après quoi elle commença de confesser ses péchés sans pouvoir achever, cet esprit de ténèbres lui liant la langue : de là passant à la Sacristie, on lui présenta du pain béni, et on l'obligea d'en manger ; dès qu'elle en eut goûté, comme si elle fut revenue d'un profond sommeil, elle dit à haute voix en soupirant : Ah mon Dieu, que je me trouve soulagée ! Elle vint d'elle-même achever la Confession de toute sa vie avec des grands sentiments de douleur et de repentir ; elle approcha quelque temps après de la Sainte Table avec un très profond respect, restant même près de deux heures immobile au pied de l'Autel, et tout cela sans aucune forme d'exorcisme, Dieu par l'intercession de la très sainte Vierge y suppléant en cette occasion pour mieux manifester sa gloire.
Au sortir de l'Église, la Bergère la fit dîner avec elle, assaisonnant ce repas frugal de plusieurs avis de salut qu'elle lui donna.
Comme elle se retirait dans son hôtellerie, elle entendit une voix qui lui dit : Rendez, gloire à Dieu, remerciez, la très sainte Vierge, vous voilà parfaitement délivrée. Dès lors la douceur, le calme, la modestie et la joie parurent sur son visage, ainsi qu'après un furieux orage, et une horrible tempête (les nuages dissipés), le Ciel devient serein, et le soleil réjouit toute la nature ; on vit un air de retenue dans son extérieur ; toutes ses paroles étaient pleines de piété, de Religion et de reconnaissance envers Dieu et la très-sainte Vierge, édifiant tous ceux qui avaient été les témoins de ses fureurs et de sa délivrance.
Sur la route à son retour chantant les louanges de Dieu, ceux qui l'avaient vue passer attachée, et ne proférant que des impiétés, bénissaient le Seigneur. Étant de retour à Seyne chacun accourut pour la voir, la félicitant, et admirant les miséricordes du Seigneur : tous marquaient les sentiments de confiance qu'on doit avoir à l'intercession de la très-sainte Vierge. Les Officiers de la Ville écrivirent aussitôt une Lettre de remerciement aux Prêtres du Laus, de la charité qu'ils avoient eue pour cette pauvre femme.


(Extrait de Recueil Historique des Merveilles que Dieu a opérées à Notre-Dame du Laus)



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