Conversion de Saint Pantaléon (Paul Véronèse) |
Ses parents. — Il confère avec saint Hermolaüs. — Sa conversion et celle de son père par un miracle. — Sa charité envers les pauvres. — Il est accusé devant l'empereur. — Il parait devant lui. — Paralytique guéri. — Diverses tortures. — Martyre de saint Hermolaüs et de saint Pantaléon.
Pantaléon est un des plus illustres Martyrs qui aient soutenu la gloire de la religion chrétienne dans la persécution des empereurs Dioclétien et Maximien. Il était de Nicomédie, où il eut pour père un païen fort obstiné, nommé Eustorge, et pour mère une chrétienne très-sainte et très religieuse appelé Eubule. Sa mère étant morte durant son bas âge, il ne put profiter de la semence de la véritable religion qu'elle avait jetée dans son cœur, et, selon l'éducation qu'il reçut de son père, il fut engagé dans le culte et l'adoration des idoles. Après avoir étudié les humanités et la philosophie, il s'adonna à la médecine, et il y réussit si bien, sous la discipline d'Euphrosyne, premier médecin de l'empereur Maximien, que ce prince, informé de son habileté, et, d'ailleurs, admirant la beauté de son esprit, sa douceur, son honnêteté et sa prudence, résolut de le prendre à sa cour et d'en faire un des médecins de sa personne.
Mais le Ciel, qui le destinait à servir un autre souverain qu'un homme de la terre, permit qu'il fût rencontré par un saint prêtre, nommé Hermolaüs, qui s'était retiré dans une petite maison fort secrète, pour se garantir de la persécution des Gentils. Ce grand serviteur de Dieu, lisant sur son visage les bonnes dispositions de son cœur, le pria d'agréer qu'ils eussent un entretien familier ensemble. Pantaléon l'ayant trouvé bon, ce prêtre s'informa de lui, qui il était, et ce qu'il faisait ; il répondit qu'il était un jeune homme de la ville, d'une naissance assez illustre, et qui pouvait espérer de grands biens ; que son père suivait l'ancienne religion de l'empire, mais que sa mère avait été chrétienne et qu'elle était morte dans cette profession ; que, pour lui, il s'occupait à étudier la médecine, parce que son père l'avait ainsi désiré. Ce sage vieillard se servit avantageusement de cette réponse pour réveiller en lui les premiers feux que sa mère y avait allumés pour Jésus-Christ. Il lui dit qu'Esculape, Hippocrate et Gallien donnaient à la vérité des secrets pour guérir les maux du corps et pour maintenir, durant un peu de temps, la santé et la vie qu'il faut nécessairement perdre ; mais que Jésus-Christ était un médecin beaucoup plus excellent, puisqu'il guérissait les maladies du corps et de l'âme, qu'il donnait une vie éternelle, et que ses serviteurs, par sa vertu, avaient même le pouvoir de guérir des maux qui mettaient tous les médecins au désespoir : comme d'éclairer les aveugles, de rendre l'ouïe aux sourds et la parole aux muets, de redresser les boiteux et de ressusciter les morts. Ces paroles ayant gagné le cœur de Pantaléon, il ne se sépara d'Hermolaüs que dans le dessein de le revenir voir. Il le fit donc souvent, et ses conférences lui furent si utiles, qu'il se sentit enfin embrasé du même feu dont son bienheureux catéchiste était rempli. Mais ce qui le détermina entièrement à renoncer à l'idolâtrie, pour embrasser la religion chrétienne, ce fut un grand miracle qu'il opéra lui-même par l'invocation du nom de Jésus-Christ.
Un jour, qu'il se promenait dans la campagne en rêvant sur le changement qu'il voulait faire, il rencontra en son chemin un enfant mort, et une vipère auprès de lui ; il jugea bien d'abord que c'était la morsure envenimée de cet animal qui l'avait empoisonné ; mais, croyant que la divine Providence lui offrait cette occasion pour éprouver la puissance souveraine de Jésus-Christ, dont le saint prêtre lui disait tant de merveilles, il eut la hardiesse de dire à l'enfant : Mort, lève-toi, au nom de Jésus-Christ ; puis il dit à la vipère : Et toi, mauvaise bête, reçois le mal que tu as fait. Au même instant, l'enfant ressuscita et la vipère mourut. À ce prodige, il n'hésita plus à se faire chrétien ; il courut donc sur-le-champ vers Hermolaüs, lui raconta ce qui venait d'arriver, et le supplia de lui donner le saint Baptême : ce que le saint prêtre lui accorda de bon cœur.
Ayant reçu cette grâce, il n'eut point de plus grand désir que d'en faire part à son père. Il entra souvent, pour cela, en des conférences sérieuses avec lui, sans dire ouvertement qu'il était chrétien ; il lui faisait, sur le culte des idoles, des questions qui l'embarrassaient et lui en montraient l'erreur et la superstition. Quelle pitié, disait-il, mon père, que ces pauvres dieux, si on les a faits debout, ne puissent jamais s'asseoir, et si on les a faits assis, ne puissent jamais se mettre debout. Ils ne voient point, ils n'entendent point, ils ne sentent point. Ces discours et autres semblables ébranlèrent beaucoup ce païen ; mais, ce qui acheva de le convertir, fut un autre miracle que fit son fils en sa présence. On lui amena un aveugle qui se plaignit à lui que les médecins, le voulant guérir d'un mal violent qu'il avait aux yeux, lui avaient, au contraire, fait perdre la vue par la multiplicité de leurs remèdes. Le Saint lui dit qu'il le guérirait, pourvu qu'il promît de donner aux pauvres le salaire qu'il lui aurait destiné. L'aveugle le promit, et, en même temps, le Saint, mettant la main sur ses yeux, et invoquant le nom de Jésus-Christ, lui donna une très-bonne vue. Ce prodige éclaira aussi l'âme de l'aveugle, et lui fit connaître qu'il n'y avait point de vrai Dieu que celui que les chrétiens adoraient. Eustorge confessa la même vérité : de sorte qu'ils demandèrent tous deux le Baptême, qui leur fut conféré dans l'église chrétienne, à la prière de saint Pantaléon. On ne peut exprimer la joie que reçut ce bon fils de voir son père dans les voies du salut éternel ; il en donna mille louanges à Dieu comme à l'auteur d'un si grand bien, et s'enflamma de plus en plus du désir de lui plaire et de faire quelque chose d'extraordinaire pour son service. La mort de son père, qui survint peu de temps après, et que Dieu envoya à ce bon vieillard pour le mettre hors de danger de perdre la grâce reçue dans le Baptême, lui en fournit une belle occasion. Se voyant héritier de tous ses biens et dans le pouvoir d'en disposer, il affranchit ses esclaves et leur donna de quoi faire un honnête établissement dans le monde ; il vendit une partie de ses fonds et en distribua l'argent aux pauvres ; il se défit, en faveur des veuves et des orphelins, de ses meubles et de ses joyaux ; en un mot, s'il se retint quelque chose, ce ne fut que pour pouvoir continuer ses aumônes et avoir de quoi soulager jusqu'à sa mort toutes sortes de misérables. Sa condition de médecin fit qu'il se consacra à la visite des prisonniers et des malades. Mais, ce qui était admirable en sa conduite, c'est qu'il remédiait efficacement à trois sortes de maux : à la pauvreté, en donnant abondamment à ceux qui étaient dans la nécessité de quoi soulager leur misère ; à la maladie, en guérissant les maux les plus désespérés, non par les règles d'Hippocrate et de Gallien, mais par la vertu de Jésus-Christ ; aux besoins de l'âme, en convertissant les pécheurs et éclairant les infidèles des pures lumières de la religion chrétienne.
Des actions si éclatantes le mirent bientôt en telle réputation, qu'il n'y avait personne dans Nicomédie, pauvre ou riche, qui ne le voulût avoir pour médecin, et l'on venait de toutes parts comme à un homme qui avait entre ses mains la vie et la mort, la santé et la maladie. Mais ce qui lui devait concilier la bienveillance de tout le monde excita contre lui la haine et l'envie des autres médecins. Ils crurent que les cures admirables qu'il faisait étaient la condamnation de leur art et la preuve de leur ignorance, et que sa réputation, leur ôtant leurs meilleures pratiques, les mettait en danger de manquer de travail pour gagner leur vie et faire subsister leur famille. Ainsi, apprenant que Pantaléon avait grand commerce avec les chrétiens, et que ceux qu'il guérissait étaient ou devenaient de cette religion, ils allèrent le déceler comme chrétien à Maximien, qui était alors à Nicomédie, lui remontrant que, s'il n'y mettait ordre, il verrait bientôt le Christianisme établi et le culte des dieux entièrement ruiné par son moyen. Ils confirmèrent ce qu'ils disaient en faisant paraître devant le prince l'aveugle qu'ils n'avaient pu guérir par leurs remèdes, et que Pantaléon avait guéri en invoquant le nom de Jésus-Christ. Maximien lui demanda comment il avait recouvré la vue. Il répondit courageusement qu'il en était obligé à Pantaléon, et que ce n'était point par les remèdes, mais par la vertu du Tout-Puissant, qui n'était autre que Jésus-Christ, qu'elle lui avait été rendue. Ne dites pas cela, répliqua Maximien ; mais reconnaissez que vous tenez de nos dieux une faveur si signalée. — Mais comment se peut-il faire, dit l'aveugle illuminé, que ceux qui ne voient pas et qui n'ont ni sentiment ni vie, donnent la vue ; cela est hors de toute apparence et même contre toute sorte de raison. Maximien entra aussitôt en fureur contre lui et commanda qu'on lui tranchât la tête : ce qui fut exécuté. Saint Pantaléon, en étant averti, acheta son corps et le fit enterrer à côté de celui de son père, les considérant tous deux comme des enfants qu'il avait engendrés à la foi et à la grâce, et avec lesquels il avait une alliance toute sainte et toute divine, et qui surpassait à l'infini celle de la chair et du sang.
Quelque temps après, l'empereur fit appeler Pantaléon, qu'il traita d'abord avec assez de douceur, se contentant de lui représenter l'amour qu'il lui portait, les bontés qu'il avait eues pour lui, le soin qu'il avait pris de le faire instruire et l'intention qu'il avait eue de le nommer son médecin. Il n'est pas croyable, après cela, ajouta-t-il, que tu sois ingrat en mon endroit et que tu te révoltes contre la justice de mes ordonnances, en refusant aux dieux de l'empire le culte que je veux qu'on leur rende. — Il ne faut point vous le cacher, grand prince, dit Pantaléon, je n'adore plus vos dieux, je ne les reconnais plus pour des divinités véritables : je n'adore que Jésus-Christ, mon souverain Seigneur, qui a le pouvoir d'éclairer les aveugles, de rendre l'ouïe aux sourds, la parole aux muets, la marche aux boiteux, et de ressusciter les morts. Si vos dieux avaient cette puissance, ils mériteraient quelque honneur ; mais, pour montrer qu'ils ne l'ont pas, et que Jésus-Christ l'a véritablement faites paraître ici un malade dont toute la médecine désespère ; que vos prêtres invoquent Jupiter, Apollon, Mars et Neptune, et moi j'invoquerai le nom redoutable de Jésus-Christ, et l'on verra par qui il sera guéri, afin que celui-là seul soit reconnu pour vrai Dieu. L'empereur agréa cette proposition. On fit appeler un paralytique qui, depuis très-longtemps, était tellement perclus de tous ses membres, que tous les remèdes humains lui étaient devenus inutiles. Les idolâtres firent ce qu'ils purent par leurs prières, leurs cris et leurs sacrifices, pour obtenir sa guérison, mais ce fut en vain. Les vœux de Pantaléon furent bien plus efficaces. Il leva les yeux et les mains au ciel, et, après avoir fait ses prières au vrai Dieu, il prit le paralytique par la main, le leva de son lit, lui commanda de marcher au nom de Jésus-Christ, et aussitôt cet infortuné se trouva heureusement délivré de son mal et dans le libre usage de tout son corps.
Ce miracle fit un effet merveilleux sur l'esprit de tous les spectateurs. La plupart reconnurent la vérité, et, se relevant de leur paralysie spirituelle, commencèrent à avoir des mouvements utiles pour le Ciel. L'empereur, néanmoins, n'en fut point touché ; au contraire, il s'opiniâtra davantage dans sa superstition, et, prenant cette guérison pour une opération de magie, il forma le dessein d'employer la rigueur de ses plus cruels supplices pour forcer Pantaléon à reconnaître ses dieux. Il le fit premièrement exposer tout nu sur la place publique, où on lui déchira la peau avec des ongles de fer et on lui brûla le dessous des aisselles avec des torches ardentes. Ensuite il le fit jeter dans une chaudière pleine de plomb fondu ; mais Notre-Seigneur, lui apparaissant sous la forme de saint Hermolaüs, son maître en la foi, le délivra miraculeusement de l'un et de l'autre tourment. Il le sauva de même du fond de la mer, où on l'avait précipité avec une pierre au cou ; de la gueule des bêtes sauvages, auxquelles on l'avait exposé, et de la violence d'une roue armée de rasoirs et de pointes de fer, à laquelle on l'avait attaché pour le couper en même temps en mille morceaux. Il arriva même que cette machine, s'étant rompue en mille pièces, les éclats tombèrent de côté et d'autre sur la tôle des bourreaux et en firent un grand carnage.
Ce fut alors que Maximien, reconnaissant que la constance du Martyr était à l'épreuve de toute sa rage, et qu'elle ne pouvait être vaincue ni ébranlée par les douleurs les plus aiguës, rechercha l'origine de sa conversion, et lui demanda qui était celui qui l'avait si bien instruit dans la religion des chrétiens. Pantaléon connut bien son dessein, qui était de décharger sa fureur sur celui qui l'avait instruit en la foi ; mais, comme il était aussi très-bien persuadé que le saint vieillard Hermolaüs n'avait point de plus ardent désir que de donner sa vie pour Jésus-Christ, il ne fit point difficulté de le nommer à l'empereur, et de lui déclarer le lieu de sa retraite. Aussitôt ce prince l'envoya prendre, et le fit amener devant lui. Le saint prêtre, à qui Dieu avait révélé, la nuit précédente, que le temps de son martyre était proche, parut en son parquet avec une joie et une modestie admirables. Il levait continuellement les yeux vers le ciel, qu'il regardait comme sa patrie ; et, dans cette glorieuse posture, non-seulement il avoua qu'il avait contribué, de tout son pouvoir, à la conversion de saint Pantaléon, mais il rendit aussi compte de sa foi et de sa doctrine : ce qu'il fit avec une vigueur et une fermeté qui jetèrent le tyran dans une extrême consternation. En même temps Jésus-Christ se fit voir à lui pour le consoler et le fortifier, et toute la salle de l'audience trembla. Maximien s'écria que c'était une marque de l'indignation de ses dieux. Mais que diriez-vous, répondit Hermolaüs, si vos dieux tombaient eux-mêmes par terre ? À peine eut-il achevé ces paroles, qu'un officier fendant la presse vint donner avis que la plupart des temples étaient renversés, et qu'on ne voyait partout que des dieux abattus et brisés en mille pièces. L'empereur, bien loin d'attribuer cet événement au vrai Dieu et à la vertu de Jésus-Christ, qui avait triomphé si glorieusement de ses ennemis, dit que c'était une nouvelle opération de magie. Aussi, sans différer davantage, il condamna Hermolaüs à avoir la tête tranchée avec ses deux compagnons, Hermippe et Hermocrate, frères, qu'il avait fait prendre avec lui. Pour saint Pantaléon, il l'envoya en prison, le réservant à de nouveaux tourments par lesquels Dieu voulait augmenter sa gloire sur la terre et ses couronnes immortelles dans le ciel.
Quelque temps après, il fut rappelé en jugement, le tyran lui voulut faire croire qu'Hermolaüs et ses associés s'étaient enfin rendus à ses volontés, et avaient sacrifié aux dieux pour éviter la mort. Le Saint, qui savait, par révélation, qu'ils avaient glorieusement enduré le martyre, et qu'ils régnaient déjà dans les cieux, se moqua de cette fourberie, et protesta que ni les promesses, ni les menaces n'arracheraient jamais la foi et l'amour de Jésus-Christ de son cœur. Sur cette dernière confession, Maximien le fit fouetter très-cruellement et l'envoya décapiter. C'était là ordinairement le dernier supplice par lequel les Martyrs finissaient leur vie ; et Dieu a fait rarement des miracles pour les en préserver : mais il en fit un très-grand pour le rendre inefficace à l'égard de saint Pantaléon ; car, le bourreau l'ayant attaché à un olivier et lui ayant déchargé un coup, son épée devint molle comme de la cire, et ne lui fit pas même de blessure. Ce prodige étonna tellement cet exécuteur de la justice, qu'il se jeta aux pieds du Saint avec ses compagnons, et lui demanda pardon. Le Martyr, se souvenant que Jésus -Christ avait pardonné sur la croix à ses persécuteurs, et même à ceux qui lui étaient la vie, lui pardonna de très-bon cœur, et implora pour lui la miséricorde de Dieu. Et en même temps on entendit en l'air une voix miraculeuse qui déclara qu'il ne s'appellerait plus Pantaléon, mais Pantaléémon (c'est-à-dire : pitié pour tous : avoir pitié (grec)), parce que plusieurs recevraient miséricorde par son moyen.
Cependant, comme il témoignait un désir incroyable de mourir pour son Sauveur, le bourreau, croyant lui faire plaisir, reprit une seconde fois son épée et lui abattit la tête. Cette mort ne fut pas sans miracle : au lieu du sang qui devait couler de son cou, il en coula une grande abondance de lait, qui arrosa la terre et l'olivier auquel il était attaché. De plus, cet olivier, qui n'avait point de fruit, en fut incontinent chargé, pour marquer les grands fruits que la douceur des exemples de saint Pantaléon produirait dans le monde. Enfin, quelque ordre que pût donner l'empereur pour faire brûler son corps, afin d'en abolir la mémoire, il ne put empêcher qu'il ne fût enlevé par les chrétiens et enterré avec beaucoup d'honneur dans le champ d'un homme de lettres, appelé Adamance, qui était au faubourg de Nicomédie : ce qui arriva le 27 juillet, au commencement du IVe siècle.
Depuis, les reliques de ce glorieux Martyr furent transportées à Constantinople, et elles y étaient déjà, dans le lieu appelé Concorde, au temps du second Concile général qui fut célébré en cette ville en 380. On y bâtit, en son honneur, une église, qui fut rétablie par Justinien, comme le rapporte l'historien Procope. L'empereur Charlemagne, ayant obtenu ces mêmes reliques, les fit apporter en France. Le chef fut mis à Lyon et le reste des ossements dans la célèbre abbaye de Saint-Denis, à deux lieues de Paris. La ville de Lavello, au royaume de Naples, conserve encore maintenant, en son église cathédrale, une fiole pleine du sang de ce Martyr, que l'on expose tous les ans au jour de son triomphe, et qui, à ce que l'on raconte, devient liquide en ce temps-là, quoique tout le reste de l'année il soit froid et figé.
Le Ménologe des Grecs et les Martyrologes des Latins marquent tous la mémoire de saint Pantaléon et de ses compagnons, en ce jour, 27 juillet. Baronius en parle aussi dans ses Annales.
(Extrait de Vie des Saints du P. Giry)
Reportez-vous à Abrégé de la vie de Saint Pantaléon, et méditation sur la Foi.
Pantaléon est un des plus illustres Martyrs qui aient soutenu la gloire de la religion chrétienne dans la persécution des empereurs Dioclétien et Maximien. Il était de Nicomédie, où il eut pour père un païen fort obstiné, nommé Eustorge, et pour mère une chrétienne très-sainte et très religieuse appelé Eubule. Sa mère étant morte durant son bas âge, il ne put profiter de la semence de la véritable religion qu'elle avait jetée dans son cœur, et, selon l'éducation qu'il reçut de son père, il fut engagé dans le culte et l'adoration des idoles. Après avoir étudié les humanités et la philosophie, il s'adonna à la médecine, et il y réussit si bien, sous la discipline d'Euphrosyne, premier médecin de l'empereur Maximien, que ce prince, informé de son habileté, et, d'ailleurs, admirant la beauté de son esprit, sa douceur, son honnêteté et sa prudence, résolut de le prendre à sa cour et d'en faire un des médecins de sa personne.
Mais le Ciel, qui le destinait à servir un autre souverain qu'un homme de la terre, permit qu'il fût rencontré par un saint prêtre, nommé Hermolaüs, qui s'était retiré dans une petite maison fort secrète, pour se garantir de la persécution des Gentils. Ce grand serviteur de Dieu, lisant sur son visage les bonnes dispositions de son cœur, le pria d'agréer qu'ils eussent un entretien familier ensemble. Pantaléon l'ayant trouvé bon, ce prêtre s'informa de lui, qui il était, et ce qu'il faisait ; il répondit qu'il était un jeune homme de la ville, d'une naissance assez illustre, et qui pouvait espérer de grands biens ; que son père suivait l'ancienne religion de l'empire, mais que sa mère avait été chrétienne et qu'elle était morte dans cette profession ; que, pour lui, il s'occupait à étudier la médecine, parce que son père l'avait ainsi désiré. Ce sage vieillard se servit avantageusement de cette réponse pour réveiller en lui les premiers feux que sa mère y avait allumés pour Jésus-Christ. Il lui dit qu'Esculape, Hippocrate et Gallien donnaient à la vérité des secrets pour guérir les maux du corps et pour maintenir, durant un peu de temps, la santé et la vie qu'il faut nécessairement perdre ; mais que Jésus-Christ était un médecin beaucoup plus excellent, puisqu'il guérissait les maladies du corps et de l'âme, qu'il donnait une vie éternelle, et que ses serviteurs, par sa vertu, avaient même le pouvoir de guérir des maux qui mettaient tous les médecins au désespoir : comme d'éclairer les aveugles, de rendre l'ouïe aux sourds et la parole aux muets, de redresser les boiteux et de ressusciter les morts. Ces paroles ayant gagné le cœur de Pantaléon, il ne se sépara d'Hermolaüs que dans le dessein de le revenir voir. Il le fit donc souvent, et ses conférences lui furent si utiles, qu'il se sentit enfin embrasé du même feu dont son bienheureux catéchiste était rempli. Mais ce qui le détermina entièrement à renoncer à l'idolâtrie, pour embrasser la religion chrétienne, ce fut un grand miracle qu'il opéra lui-même par l'invocation du nom de Jésus-Christ.
Un jour, qu'il se promenait dans la campagne en rêvant sur le changement qu'il voulait faire, il rencontra en son chemin un enfant mort, et une vipère auprès de lui ; il jugea bien d'abord que c'était la morsure envenimée de cet animal qui l'avait empoisonné ; mais, croyant que la divine Providence lui offrait cette occasion pour éprouver la puissance souveraine de Jésus-Christ, dont le saint prêtre lui disait tant de merveilles, il eut la hardiesse de dire à l'enfant : Mort, lève-toi, au nom de Jésus-Christ ; puis il dit à la vipère : Et toi, mauvaise bête, reçois le mal que tu as fait. Au même instant, l'enfant ressuscita et la vipère mourut. À ce prodige, il n'hésita plus à se faire chrétien ; il courut donc sur-le-champ vers Hermolaüs, lui raconta ce qui venait d'arriver, et le supplia de lui donner le saint Baptême : ce que le saint prêtre lui accorda de bon cœur.
Ayant reçu cette grâce, il n'eut point de plus grand désir que d'en faire part à son père. Il entra souvent, pour cela, en des conférences sérieuses avec lui, sans dire ouvertement qu'il était chrétien ; il lui faisait, sur le culte des idoles, des questions qui l'embarrassaient et lui en montraient l'erreur et la superstition. Quelle pitié, disait-il, mon père, que ces pauvres dieux, si on les a faits debout, ne puissent jamais s'asseoir, et si on les a faits assis, ne puissent jamais se mettre debout. Ils ne voient point, ils n'entendent point, ils ne sentent point. Ces discours et autres semblables ébranlèrent beaucoup ce païen ; mais, ce qui acheva de le convertir, fut un autre miracle que fit son fils en sa présence. On lui amena un aveugle qui se plaignit à lui que les médecins, le voulant guérir d'un mal violent qu'il avait aux yeux, lui avaient, au contraire, fait perdre la vue par la multiplicité de leurs remèdes. Le Saint lui dit qu'il le guérirait, pourvu qu'il promît de donner aux pauvres le salaire qu'il lui aurait destiné. L'aveugle le promit, et, en même temps, le Saint, mettant la main sur ses yeux, et invoquant le nom de Jésus-Christ, lui donna une très-bonne vue. Ce prodige éclaira aussi l'âme de l'aveugle, et lui fit connaître qu'il n'y avait point de vrai Dieu que celui que les chrétiens adoraient. Eustorge confessa la même vérité : de sorte qu'ils demandèrent tous deux le Baptême, qui leur fut conféré dans l'église chrétienne, à la prière de saint Pantaléon. On ne peut exprimer la joie que reçut ce bon fils de voir son père dans les voies du salut éternel ; il en donna mille louanges à Dieu comme à l'auteur d'un si grand bien, et s'enflamma de plus en plus du désir de lui plaire et de faire quelque chose d'extraordinaire pour son service. La mort de son père, qui survint peu de temps après, et que Dieu envoya à ce bon vieillard pour le mettre hors de danger de perdre la grâce reçue dans le Baptême, lui en fournit une belle occasion. Se voyant héritier de tous ses biens et dans le pouvoir d'en disposer, il affranchit ses esclaves et leur donna de quoi faire un honnête établissement dans le monde ; il vendit une partie de ses fonds et en distribua l'argent aux pauvres ; il se défit, en faveur des veuves et des orphelins, de ses meubles et de ses joyaux ; en un mot, s'il se retint quelque chose, ce ne fut que pour pouvoir continuer ses aumônes et avoir de quoi soulager jusqu'à sa mort toutes sortes de misérables. Sa condition de médecin fit qu'il se consacra à la visite des prisonniers et des malades. Mais, ce qui était admirable en sa conduite, c'est qu'il remédiait efficacement à trois sortes de maux : à la pauvreté, en donnant abondamment à ceux qui étaient dans la nécessité de quoi soulager leur misère ; à la maladie, en guérissant les maux les plus désespérés, non par les règles d'Hippocrate et de Gallien, mais par la vertu de Jésus-Christ ; aux besoins de l'âme, en convertissant les pécheurs et éclairant les infidèles des pures lumières de la religion chrétienne.
Des actions si éclatantes le mirent bientôt en telle réputation, qu'il n'y avait personne dans Nicomédie, pauvre ou riche, qui ne le voulût avoir pour médecin, et l'on venait de toutes parts comme à un homme qui avait entre ses mains la vie et la mort, la santé et la maladie. Mais ce qui lui devait concilier la bienveillance de tout le monde excita contre lui la haine et l'envie des autres médecins. Ils crurent que les cures admirables qu'il faisait étaient la condamnation de leur art et la preuve de leur ignorance, et que sa réputation, leur ôtant leurs meilleures pratiques, les mettait en danger de manquer de travail pour gagner leur vie et faire subsister leur famille. Ainsi, apprenant que Pantaléon avait grand commerce avec les chrétiens, et que ceux qu'il guérissait étaient ou devenaient de cette religion, ils allèrent le déceler comme chrétien à Maximien, qui était alors à Nicomédie, lui remontrant que, s'il n'y mettait ordre, il verrait bientôt le Christianisme établi et le culte des dieux entièrement ruiné par son moyen. Ils confirmèrent ce qu'ils disaient en faisant paraître devant le prince l'aveugle qu'ils n'avaient pu guérir par leurs remèdes, et que Pantaléon avait guéri en invoquant le nom de Jésus-Christ. Maximien lui demanda comment il avait recouvré la vue. Il répondit courageusement qu'il en était obligé à Pantaléon, et que ce n'était point par les remèdes, mais par la vertu du Tout-Puissant, qui n'était autre que Jésus-Christ, qu'elle lui avait été rendue. Ne dites pas cela, répliqua Maximien ; mais reconnaissez que vous tenez de nos dieux une faveur si signalée. — Mais comment se peut-il faire, dit l'aveugle illuminé, que ceux qui ne voient pas et qui n'ont ni sentiment ni vie, donnent la vue ; cela est hors de toute apparence et même contre toute sorte de raison. Maximien entra aussitôt en fureur contre lui et commanda qu'on lui tranchât la tête : ce qui fut exécuté. Saint Pantaléon, en étant averti, acheta son corps et le fit enterrer à côté de celui de son père, les considérant tous deux comme des enfants qu'il avait engendrés à la foi et à la grâce, et avec lesquels il avait une alliance toute sainte et toute divine, et qui surpassait à l'infini celle de la chair et du sang.
Quelque temps après, l'empereur fit appeler Pantaléon, qu'il traita d'abord avec assez de douceur, se contentant de lui représenter l'amour qu'il lui portait, les bontés qu'il avait eues pour lui, le soin qu'il avait pris de le faire instruire et l'intention qu'il avait eue de le nommer son médecin. Il n'est pas croyable, après cela, ajouta-t-il, que tu sois ingrat en mon endroit et que tu te révoltes contre la justice de mes ordonnances, en refusant aux dieux de l'empire le culte que je veux qu'on leur rende. — Il ne faut point vous le cacher, grand prince, dit Pantaléon, je n'adore plus vos dieux, je ne les reconnais plus pour des divinités véritables : je n'adore que Jésus-Christ, mon souverain Seigneur, qui a le pouvoir d'éclairer les aveugles, de rendre l'ouïe aux sourds, la parole aux muets, la marche aux boiteux, et de ressusciter les morts. Si vos dieux avaient cette puissance, ils mériteraient quelque honneur ; mais, pour montrer qu'ils ne l'ont pas, et que Jésus-Christ l'a véritablement faites paraître ici un malade dont toute la médecine désespère ; que vos prêtres invoquent Jupiter, Apollon, Mars et Neptune, et moi j'invoquerai le nom redoutable de Jésus-Christ, et l'on verra par qui il sera guéri, afin que celui-là seul soit reconnu pour vrai Dieu. L'empereur agréa cette proposition. On fit appeler un paralytique qui, depuis très-longtemps, était tellement perclus de tous ses membres, que tous les remèdes humains lui étaient devenus inutiles. Les idolâtres firent ce qu'ils purent par leurs prières, leurs cris et leurs sacrifices, pour obtenir sa guérison, mais ce fut en vain. Les vœux de Pantaléon furent bien plus efficaces. Il leva les yeux et les mains au ciel, et, après avoir fait ses prières au vrai Dieu, il prit le paralytique par la main, le leva de son lit, lui commanda de marcher au nom de Jésus-Christ, et aussitôt cet infortuné se trouva heureusement délivré de son mal et dans le libre usage de tout son corps.
Ce miracle fit un effet merveilleux sur l'esprit de tous les spectateurs. La plupart reconnurent la vérité, et, se relevant de leur paralysie spirituelle, commencèrent à avoir des mouvements utiles pour le Ciel. L'empereur, néanmoins, n'en fut point touché ; au contraire, il s'opiniâtra davantage dans sa superstition, et, prenant cette guérison pour une opération de magie, il forma le dessein d'employer la rigueur de ses plus cruels supplices pour forcer Pantaléon à reconnaître ses dieux. Il le fit premièrement exposer tout nu sur la place publique, où on lui déchira la peau avec des ongles de fer et on lui brûla le dessous des aisselles avec des torches ardentes. Ensuite il le fit jeter dans une chaudière pleine de plomb fondu ; mais Notre-Seigneur, lui apparaissant sous la forme de saint Hermolaüs, son maître en la foi, le délivra miraculeusement de l'un et de l'autre tourment. Il le sauva de même du fond de la mer, où on l'avait précipité avec une pierre au cou ; de la gueule des bêtes sauvages, auxquelles on l'avait exposé, et de la violence d'une roue armée de rasoirs et de pointes de fer, à laquelle on l'avait attaché pour le couper en même temps en mille morceaux. Il arriva même que cette machine, s'étant rompue en mille pièces, les éclats tombèrent de côté et d'autre sur la tôle des bourreaux et en firent un grand carnage.
Ce fut alors que Maximien, reconnaissant que la constance du Martyr était à l'épreuve de toute sa rage, et qu'elle ne pouvait être vaincue ni ébranlée par les douleurs les plus aiguës, rechercha l'origine de sa conversion, et lui demanda qui était celui qui l'avait si bien instruit dans la religion des chrétiens. Pantaléon connut bien son dessein, qui était de décharger sa fureur sur celui qui l'avait instruit en la foi ; mais, comme il était aussi très-bien persuadé que le saint vieillard Hermolaüs n'avait point de plus ardent désir que de donner sa vie pour Jésus-Christ, il ne fit point difficulté de le nommer à l'empereur, et de lui déclarer le lieu de sa retraite. Aussitôt ce prince l'envoya prendre, et le fit amener devant lui. Le saint prêtre, à qui Dieu avait révélé, la nuit précédente, que le temps de son martyre était proche, parut en son parquet avec une joie et une modestie admirables. Il levait continuellement les yeux vers le ciel, qu'il regardait comme sa patrie ; et, dans cette glorieuse posture, non-seulement il avoua qu'il avait contribué, de tout son pouvoir, à la conversion de saint Pantaléon, mais il rendit aussi compte de sa foi et de sa doctrine : ce qu'il fit avec une vigueur et une fermeté qui jetèrent le tyran dans une extrême consternation. En même temps Jésus-Christ se fit voir à lui pour le consoler et le fortifier, et toute la salle de l'audience trembla. Maximien s'écria que c'était une marque de l'indignation de ses dieux. Mais que diriez-vous, répondit Hermolaüs, si vos dieux tombaient eux-mêmes par terre ? À peine eut-il achevé ces paroles, qu'un officier fendant la presse vint donner avis que la plupart des temples étaient renversés, et qu'on ne voyait partout que des dieux abattus et brisés en mille pièces. L'empereur, bien loin d'attribuer cet événement au vrai Dieu et à la vertu de Jésus-Christ, qui avait triomphé si glorieusement de ses ennemis, dit que c'était une nouvelle opération de magie. Aussi, sans différer davantage, il condamna Hermolaüs à avoir la tête tranchée avec ses deux compagnons, Hermippe et Hermocrate, frères, qu'il avait fait prendre avec lui. Pour saint Pantaléon, il l'envoya en prison, le réservant à de nouveaux tourments par lesquels Dieu voulait augmenter sa gloire sur la terre et ses couronnes immortelles dans le ciel.
Quelque temps après, il fut rappelé en jugement, le tyran lui voulut faire croire qu'Hermolaüs et ses associés s'étaient enfin rendus à ses volontés, et avaient sacrifié aux dieux pour éviter la mort. Le Saint, qui savait, par révélation, qu'ils avaient glorieusement enduré le martyre, et qu'ils régnaient déjà dans les cieux, se moqua de cette fourberie, et protesta que ni les promesses, ni les menaces n'arracheraient jamais la foi et l'amour de Jésus-Christ de son cœur. Sur cette dernière confession, Maximien le fit fouetter très-cruellement et l'envoya décapiter. C'était là ordinairement le dernier supplice par lequel les Martyrs finissaient leur vie ; et Dieu a fait rarement des miracles pour les en préserver : mais il en fit un très-grand pour le rendre inefficace à l'égard de saint Pantaléon ; car, le bourreau l'ayant attaché à un olivier et lui ayant déchargé un coup, son épée devint molle comme de la cire, et ne lui fit pas même de blessure. Ce prodige étonna tellement cet exécuteur de la justice, qu'il se jeta aux pieds du Saint avec ses compagnons, et lui demanda pardon. Le Martyr, se souvenant que Jésus -Christ avait pardonné sur la croix à ses persécuteurs, et même à ceux qui lui étaient la vie, lui pardonna de très-bon cœur, et implora pour lui la miséricorde de Dieu. Et en même temps on entendit en l'air une voix miraculeuse qui déclara qu'il ne s'appellerait plus Pantaléon, mais Pantaléémon (c'est-à-dire : pitié pour tous : avoir pitié (grec)), parce que plusieurs recevraient miséricorde par son moyen.
Cependant, comme il témoignait un désir incroyable de mourir pour son Sauveur, le bourreau, croyant lui faire plaisir, reprit une seconde fois son épée et lui abattit la tête. Cette mort ne fut pas sans miracle : au lieu du sang qui devait couler de son cou, il en coula une grande abondance de lait, qui arrosa la terre et l'olivier auquel il était attaché. De plus, cet olivier, qui n'avait point de fruit, en fut incontinent chargé, pour marquer les grands fruits que la douceur des exemples de saint Pantaléon produirait dans le monde. Enfin, quelque ordre que pût donner l'empereur pour faire brûler son corps, afin d'en abolir la mémoire, il ne put empêcher qu'il ne fût enlevé par les chrétiens et enterré avec beaucoup d'honneur dans le champ d'un homme de lettres, appelé Adamance, qui était au faubourg de Nicomédie : ce qui arriva le 27 juillet, au commencement du IVe siècle.
Depuis, les reliques de ce glorieux Martyr furent transportées à Constantinople, et elles y étaient déjà, dans le lieu appelé Concorde, au temps du second Concile général qui fut célébré en cette ville en 380. On y bâtit, en son honneur, une église, qui fut rétablie par Justinien, comme le rapporte l'historien Procope. L'empereur Charlemagne, ayant obtenu ces mêmes reliques, les fit apporter en France. Le chef fut mis à Lyon et le reste des ossements dans la célèbre abbaye de Saint-Denis, à deux lieues de Paris. La ville de Lavello, au royaume de Naples, conserve encore maintenant, en son église cathédrale, une fiole pleine du sang de ce Martyr, que l'on expose tous les ans au jour de son triomphe, et qui, à ce que l'on raconte, devient liquide en ce temps-là, quoique tout le reste de l'année il soit froid et figé.
Le Ménologe des Grecs et les Martyrologes des Latins marquent tous la mémoire de saint Pantaléon et de ses compagnons, en ce jour, 27 juillet. Baronius en parle aussi dans ses Annales.
(Extrait de Vie des Saints du P. Giry)
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