Comme la santé est un présent de la main de Dieu, la maladie en est pareillement un don : et Dieu nous l'envoie pour nous éprouver, et nous corriger ; pour nous faire connaître notre faiblesse, et nous désabuser de nous-mêmes ; pour nous détacher de l'amour des choses de la terre et des plaisirs des sens ; pour amortir le feu des passions, et diminuer les forces de notre plus grand ennemi, qui est la chair ; pour nous faire ressouvenir que nous sommes ici dans un lieu d'exil, et que le Ciel est notre véritable patrie ; pour nous procurer enfin tous les autres avantages qui y sont attachés, quand on la reçoit comme un présent de sa main. C'est pour cette raison que le Sage dit (Eccli. 31, 2), qu'une griève maladie rend l'âme sobre. Un ancien Père du désert disait un jour à un de ses disciples qui était malade : « Mon fils, ne vous affligez point de votre maladie ; rendez-en grâces à Dieu, car c'est un feu qui vous fera perdre la rouille, si vous n'êtes que du fer, et qui servira à vous éprouver, si vous êtes de l'or. » C'est l'effet d'une grande vertu et d'une piété consommée, de remercier Dieu des maladies qu'il nous envoie.
Saint Chrysostôme dit que Job mérita plus par ces paroles : Il n'est arrivé que ce qu'il a plu au Seigneur (Job. I, 21), le nom du Seigneur soit béni, et par sa soumission à la volonté divine dans ses afflictions et dans ses souffrances, que par toutes les bonnes œuvres qu'il avait faites étant dans la prospérité et dans la santé. Vous mériterez plus aussi, et vous serez plus agréable à Dieu en vous conformant à sa volonté pendant que vous êtes malade, qu'en tout ce que vous pourriez faire dans une santé parfaite. Saint Bonaventure est du même sentiment : « Il y a plus de perfection, dit-il (Bonav. de Grad. virt. c. 24), à supporter patiemment les adversités, qu'à s'appliquer avec ferveur à faire de bonnes œuvres ; car Dieu n'a besoin ni de vous, ni de moi pour produire dans son Église le fruit qu'il souhaite » : J'ai dit au Seigneur (Ps. 15, 2), vous êtes mon Dieu, et vous n'avez que faire de mes biens.
Saint Augustin (Aug. serm. 72. de temp.) prêchant sur l'obligation imposée à tous les chrétiens de jeûner pendant le carême, et parlant ensuite de ceux qui, pour cause de maladie, ne peuvent satisfaire à ce précepte, dit qu'à ceux-là il leur suffit, lorsqu'ils ne peuvent pas jeûner, de gémir et de soupirer dans leur cœur, de ce qu'ils sont obligés de se ménager ainsi dans le temps que les autres fidèles font pénitence.
Ce que nous disons de la maladie, se doit entendre pareillement de tout ce qui arrive dans le temps d'épreuve. Saint Basile (Basil. in regul. fusius disputatis. Disput. 55) nous donne, à ce sujet, une instruction très-salutaire : il dit que nous devons recourir de telle sorte aux médecins et aux remèdes, que nous n'y mettions pas entièrement notre confiance, ainsi qu'il arriva au roi Asa , qui est repris par le prophète (Paral. 16. 12) que Dieu lui envoya, de ce que pendant sa maladie il ne chercha pas le Seigneur, et qu'il se confia plutôt en la science des médecins. Ce n'est point en effet aux médecins qu'il faut attribuer le bon ou le mauvais succès des remèdes ; il faut l'attribuer à Dieu seul, qui les fait opérer, comme il lui plaît : et quand il arriverait que nous fussions destitués du secours des médecins et des remèdes, il ne faudrait pas, ajoute ce Père, désespérer pour cela de notre santé.
Lorsqu'il arrivera pareillement, ou que le médecin n'aura pas connu votre mal, et ne l'aura pas bien traité, ou que ceux qui ont soin de vous, vous auront négligé, vous devez attribuer tout cela à la seule volonté de Dieu : vous vous garderez donc bien alors de vous plaindre de qui que ce soit, et de dire que c'est par leur négligence que le mal a augmenté, mais vous croirez qu'il a voulu se servir d'eux pour le faire subsister, et vous recevrez tout comme venant de sa main. Car, quoiqu'il soit vrai de dire que ceux qui vous traitent, ne soient pas exempts de fautes, toutefois, quant à Dieu qui les permet, et à l'égard duquel il n'arrive rien par hasard, c'est un pur effet de sa providence, qui l'avait ainsi déterminé.
Tiré de l'Abrégé de la pratique de la perfection chrétienne, R. P. A. Rodriguez, de la Compagnie de Jésus.
Reportez-vous à Prière pendant la maladie, Soin que l'état de maladie demande, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Le Purgatoire considéré comme motif de patience dans les maladies, Prière à Saint Raphaël Archange, Prières à dire en temps de maladies ou de calamités, Celui qui souffre pieusement ici-bas va tout droit au repos éternel, Litanies des Saints invoqués dans les épidémies, Prière contre toute maladie contagieuse, et Méditation transcendantale, hypnose... et forces démoniaques.
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