L’Éden |
Notre bienheureux avait l'esprit plus doux, et ne fuyait pas les entretiens après la table. Quand je lui rendais visite, il avait soin de me divertir après le travail de la prédication. Lui-même me menait promener en bateau sur ce beau lac qui lave les murailles d'Annecy, ou en des jardins assez beaux, qui sont sur ces agréables rivages. Quand il me venait voir à Belley, il ne refusait point de semblables délassements, auxquels je l'invitais ; mais jamais il ne les demandait, ni ne s'y portait de lui-même.
Et quand on lui parlait de bâtiments, de peinture, de musique, de chasse, d'oiseaux, de plantes, de jardinage, de fleurs, il ne blâmait pas ceux qui s'y appliquaient ; mais il eût souhaité que toutes ces occupations, ils s'en fussent servis comme d'autant de moyens pour s'élever à Dieu ; et il en donnait l'exemple, tirant de toutes ces choses autant d'élévations d'esprit.
Si on lui montrait de beaux plants : Nous sommes, disait-il, le champ que Dieu cultive (I Cor. III, 9 et 17). Si des bâtiments : Nous sommes l'édifice de Dieu. Si quelque église magnifique et bien parée : Nous sommes les temples du Dieu vivant : que nos âmes ne sont-elles aussi bien ornées de vertus ! Si des fleurs : Quand est-ce que nos fleurs donneront des fruits ? Si de rares et exquises peintures : Il n'y a rien de beau comme l'âme qui est faite à l'image de Dieu.
Quand on le menait dans un jardin : Oh ! quand celui de notre âme sera-t-il semé de fleurs et rempli de fruits, dressé, nettoyé, poli ? Quand sera-t-il clos et fermé à tout ce qui déplait au jardinier céleste ?
À la vue des fontaines : Quand aurons-nous dans nos cœurs des sources d'eaux vives, rejaillissantes jusqu'à la vie éternelle (Joan., IV, 14) ? Jusqu'à quand quitterons-nous la source de vie pour nous creuser des citernes mal enduites (Jerem., II, 3) ? Oh ! quand puiserons-nous à souhait dans les fontaines du Sauveur (Is., XII, 3) ?
À l'aspect d'une belle vallée : Elles sont agréables et fertiles, les eaux y coulent (Psal. LXIII, 14, et CIII, 10) ; c'est ainsi que les eaux de la grâce coulent dans les âmes humbles, et laissent sécher les têtes des montagnes, c'est-à-dire, les âmes hautaines.
Voyait-il une montagne : J'ai levé mes yeux vers les montagnes d'où me doit venir du secours (Psal. CXX, I). Les hautes montagnes servent de retraite aux cerfs (Psal. CIII, 18). La montagne sur laquelle se bâtira la maison du Seigneur, sera fondée sur le haut des monts (Is., II, 9). Que les montagnes avec toutes les collines bénissent le Seigneur (Psal. CXLVIII).
Si des arbres : Tout arbre qui ne porte point de fruits sera coupé et jeté au feu. Un bon arbre ne porte point de mauvais fruits (Luc, VII, 18 et 19).
Si des rivières : Quand irons-nous à Dieu, comme ces eaux à la mer ?
Si des lacs : Ô Dieu, délivrez-nous du lac et de l'abîme de misère, et de la boue profonde (Psal. XXXIX, 3) où je suis.
Ainsi il voyait Dieu en toutes choses, et toutes choses en Dieu, ou, pour mieux dire, il ne regardait qu'une seule chose, qui est Dieu.
(Manuel des petits séminaires)
Reportez-vous à Élévation à Dieu à la vue de ses créatures, Dieu béni dans les oiseaux, ABRÉGÉ DU CATÉCHISME DE PERSÉVÉRANCE, PREMIÈRE PARTIE, Leçon IV : Connaissance de Dieu par ses ouvrages, 1er Jour de la Création, Cantique des créatures ou Cantique de frère soleil, La Sagesse éternelle dans la Création, et après la chute de l'homme, Saint François de Sales, sur la marque de la Bête, Prière filiale de Saint François de Sales, Abrégé de la vie de Saint François de Sales, Les saints et le combat spirituel : Saint François de Sales, Évêque de Genève, Docteur de l’Église et exorciste et Exorcisme de Saint François de Sales, pour les époux dont la fécondité du mariage est entravée par le démon ou des maléfices.