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vendredi 14 août 2015

Les saints et le combat spirituel : Saint François de Sales, Évêque de Genève, Docteur de l’Église et exorciste





Extrait de « Traité de l'amour de Dieu » de Saint François de Sales


« Un jour on faisait des exorcismes sur une personne possédée ; et le malin esprit étant pressé de dire quel était son nom : Je suis, répondit-il, ce malheureux privé d’amour ; et soudain Sainte Catherine de Gênes, qui était là présente, se sentit troubler et renverser toutes les entrailles, d’autant qu’elle avait seulement ouï prononcer le mot de privation d’amour. Car, comme les démons haïssent si fort l’amour divin, qu’ils tremblent lorsqu’ils en voient le signe ou qu’ils en entendent le nom, c’est-à-dire, quand ils voient la croix et qu’ils entendent prononcer le nom de Jésus ; ainsi ceux qui aiment fortement notre Seigneur, trémoussent de douleur et d’horreur quand ils voient quelque signe ou qu’ils entendent quelque parole qui représente la privation de ce saint amour. »

« Que si la crainte n'exclut pas la volonté de pécher, ni l’affection au péché, certes elle est méchante et pareille à celle des diables, qui cessent souvent de nuire, de peur d’être tourmentés par l’exorcisme, sans cesser néanmoins de désirer et vouloir le mal qu’ils méditent à jamais ; pareille à celle du misérable forçat, qui voudrait manger le cœur de l'officier proposé à la chiourme des galères, quoiqu’il n’ose quitter la rame de peur d’être battu ; pareille à la crainte de ce grand hérésiarque du siècle passé, qui confesse d’avoir haï Dieu d’autant qu’il punissait les méchants. Certes celui qui aime le péché et le voudrait volontiers commettre malgré la volonté de Dieu, encore qu’il ne le veuille commettre craignant seulement être damné, il a une crainte horrible et détestable. Car bien qu’il n’ait pas la volonté de venir à l’exécution du péché, il a néanmoins l’exécution en sa volonté, puisqu’il le voudrait faire, si la crainte ne le tenait ; et c’est comme par force qu’il n’en vient pas aux effets. »

« On dit qu’il y a un poisson qu’on nomme pêcheteau, et surnommé diable de mer (le nom de diable de mer s’applique à plusieurs poissons de l’Océan et de la Méditerranée : à la raie, la scorpène et surtout la baudroie ou baudreuil.), qui, émouvant et poussant çà et là le limon, trouble l’eau tout autour de soi, pour se tenir en celle-ci comme dans l’embûche, de laquelle, soudain qu’il perçoit les pauvres petits poissons, il se rue sur eux, les brigande et les dévore, d’où peut-être est venu le mot de pêcher en eau trouble, duquel on use communément. Or, c’est de même du diable d’enfer comme du diable de mer ; car il fait ses embûches dans la tristesse, lorsque, ayant rendu l’âme troublée par une multitude d’ennuyeuses pensées jetées çà et là dans l’entendement, il se rue par après sur les affections, les accablant de défiances, jalousies, aversions, envies, appréhensions superflues des péchés passés, et fournissant une quantité de subtilités vaines, aigres et mélancoliques, afin qu’on rejette toutes sortes de raisons et consolations. »

« L’inspiration céleste vient à nous et nous prévient, excitant nos volontés à l’amour sacré. Que si nous ne la repoussons pas, elle vient avec nous et nous environne, pour nous inciter et pousser toujours plus avant ; et si nous ne l’abandonnons, elle ne nous abandonne point qu’elle ne nous ait rendu au port de la très sainte charité, faisant pour nous les trois offices que le grand ange Raphaël fit pour son cher Tobie : car elle nous guide en tout notre voyage de la sainte pénitence ; elle nous garantit des périls et des assauts du diable, et nous console, anime et fortifie en nos difficultés. »

« Ô que bienheureux est, dit saint Ambroise, celui qui sait la discipline du zèle ! Très facilement, dit saint Bernard, le diable se jouera de ton zèle, si tu négliges la science. Que donc ton zèle soit enflammé de charité, embelli de science, affermi de constance. Le vrai zèle est enfant de la charité, car c’en est l’ardeur ; c’est pourquoi, comme elle, il est patient, bénin, sans trouble, sans contention, sans haine, sans envie, se réjouissant de la vérité (1 Co 13, 4-6). L’ardeur du vrai zèle est pareille à celle du chasseur, qui est diligent, soigneux, actif, laborieux et très affectionné au Pourchas (recherche, poursuite), mais sans colère, sans ire, sans trouble ; car si le travail des chasseurs était colère, ireux (irrité, courroucé), chagrin, il ne serait pas si aimé ni affectionné. Et de même le vrai zèle a des ardeurs extrêmes, mais constantes, fermes, douces, laborieuses, également aimables et infatigables ; tout au contraire le faux zèle est turbulent, brouillon, insolent, fier, colère, passager, également impétueux et inconstant. »



Œuvres complètes


« Mais à qui voulez-vous que le diable présente ses tentations, sinon à ceux qui les méprisent ? Les pécheurs se tentent assez eux-mêmes, le diable les tient déjà pour siens, et ils sont ses confédérés, parce qu'ils ne rejettent point ses tentations, ainsi au contraire ils les suivent, et la tentation réside en eux : C'est pourquoi le diable ne se travaille pas beaucoup pour semer ses tentations dans le monde, mais aux lieux retirés, c'est là où il pense faire un grand gain, faisant déchoir les âmes qui désirent de servir la divine majesté plus parfaitement. » (Sermon LV)

« Notre ennemi est un grand aboyeur ; ne vous en mettez nullement en peine, car il ne vous saurait nuire, je le sais bien. Moquez-vous de lui et laissez faire ; ne contestez point, mais faites-lui la nique, car tout cela n'est rien. Il a bien crié et fait son tintamarre autour des saints, mais ceux-ci ont pris la place qu'il a perdue, le misérable. » (Lettre CCXXXVIII bis)

« Le diable est tellement ennemi de l'humilité que, ne l'ayant pas, il fut chassé du Ciel et précipité en enfer. » (Les vrais entretiens spirituels)

« Le Malin aime la tristesse et la mélancolie parce que lui-même est triste et mélancolique, et le sera éternellement ; il voudrait donc que chacun fût comme lui. » (Introduction à la vie dévote)

« Relevez donc votre cœur quand il tombera, tout doucement, vous humiliant beaucoup devant Dieu pour la connaissance de votre misère, sans nullement vous étonner de votre chute, puisque ce n'est pas chose admirable que l'infirmité soit infirme, et la faiblesse faible, et la misère chétive. Détestez néanmoins de toutes vos forces l'offense que Dieu a reçue de vous, et avec un grand courage dans sa miséricorde, remettez-vous au train de la vertu que vous aviez abandonnée. » (Introduction à la vie dévote)

« L'inquiétude provient d'un désir déréglé d'être délivré du mal que l'on sent, ou d'acquérir le bien que l'on espère (...) Ne permettez pas à vos désirs, pour petits qu'ils soient et de petite importance, qu'ils vous inquiètent ; car après les petits, les grands et plus importants trouveraient votre cœur plus disposé au trouble et au dérèglement. » (Introduction à la vie dévote)

« Il est indubitable que si l'esprit n'avait affaire qu'avec la chair seulement, il en serait bien tôt le vainqueur ; car il est beaucoup plus fort et adroit. L’Esprit est prompt, et la chair est infirme. Mais quoi ? Cette chair est confédérée avec deux autres puissants princes, le monde et le diable : Mundus, caro, daemonia, diversa movent proelia : Le monde, la chair et le diable suscitent divers combats : si l'un de ces trois est si fort et puissant, que sera-ce des trois ensemble ? Fiiniculus triplex difficile rumpitur. Le lien à trois cordons est difficile à rompre, dit l'Ecclésiaste. (...)
Courage, il faut combattre. Prenons le glaive en la main. Nul ne sera couronné, qui n'ait vaillamment combattu. Que si nous nous trouvons faibles, à l'occasion de nos factions domestiques, il ne faut pas perdre courage pour cela, mais appeler quelques secours, et faire quelque alliance.
Or je ne connais que quatre potentats en tout l'univers : Le monde avec toutes ses ambitions, honneurs, pompes et vanités ; l’enfer avec tous ses diables ; la chair avec toutes ses voluptés, ses délices, plaisirs et passe-temps ; Notre-Seigneur avec tous ses Anges et les Saints. À qui nous adresserons-nous ? le diable et le monde sont confédérés à la chair, et voilà leur mot du guet : Le monde crie, je défais ; le diable crie, je déçois ; la chair crie, je corromps ; et Jésus-Christ, je fortifie. Il faut se ranger au parti de Notre-Seigneur, et ainsi nous aurons la victoire sur nous-mêmes, alors nous pourrons dire : Le Seigneur est mon secours, je ne craindrai point ce que me fera l'homme. » (Sermon pour le jour des Rameaux)

« Il est certain que si Adam et Ève avaient connu leur tentateur, ils ne se seraient pas laissé séduire. Mais cet esprit malin, sachant que s'il ne s'était pas caché sous le masque et l'apparence d'un ami avant de donner l'assaut, il n'aurait jamais réussi son coup, il se sert toujours d'artifices. Voilà comment, par ses ruses et tromperies, il réussit à séduire tant de monde. Mais quant à Lucifer et ses anges, ils n'eurent point d'autre tentateur qu'eux-mêmes ; car il n'y avait point encore de diables. Et voilà comme nous pouvons dire que l'ambition s'est trouvée et a commencé dans le ciel, et que du ciel elle est descendue dans le paradis terrestre, et du paradis terrestre elle est venue au monde, et en a fait un enfer terrestre. L'ambition a fait que l'ange est devenu diable, et d'ami de Dieu qu'il était, il est devenu son ennemi : et l'homme par son orgueil et ambition a perdu la justice originelle en laquelle il était créé, et s'est fait un enfer çà bas en terre... » (Sermon pour le 3e dimanche de l'Avent)

« Et voici la dixième raison pour laquelle les chrétiens reçoivent et font volontiers le signe de la croix au front. L'Antéchrist, cet homme de péché, cette bête farouche, voulant renverser pièce à pièce la discipline et religion chrétienne, par l'opposition d'observations contraires à celles des fidèles, entre autres il fera signer ses serviteurs d'un signe, et fera imprimer un caractère en eux ; l'Apocalypse le dit ainsi.
Mais à savoir si ce signe sera visible ou perceptible ? les novateurs disent que non, et qu'être signé de la marque de la bête n'est autre chose, sinon être serviteur de l'Antéchrist, recevant et approuvant ses abominations. Ils le disent, et ne le prouvent point : or je dis au contraire que cette marque sera apparente et visible ; mais voici mes raisons à mon avis inévitables.
Les mots de l'Apocalypse signifient proprement une marque réelle et extérieure, et n'y a point d'inconvénient à les entendre comme cela : pourquoi leur baillerai-je un sens étranger, puisque leur naturel est sortable ?
L'Antéchrist sera extrêmement superbe, à quoi se rapporte très bien, qu'il fasse porter une marque aux siens, comme les grands baillent leurs livrées à leurs gens.
Le diable qui n'est qu'un esprit, ne se contente pas de recevoir l'hommage des sorciers, mais leur imprime une marque corporelle, comme font foi mille informations et procédures faites contre eux. Qui doute donc que cet homme de péché, si exact disciple du diable, n'en fasse de même, et qu'il ne veuille avoir, comme anciennement plusieurs faisaient, des serviteurs marqués et stigmatisés. » (L'étendard de la Sainte Croix)

« Ne pas quitter l'exercice des vertus, pour les difficultés qui s'y rencontrent, est encore le signe d'une âme dont le sacrifice est agréable à Dieu ; parce que cette bonté infinie ne présente point d'épées flamboyantes, pour empêcher l'entrée de son paradis à ceux qui le cherchent purement ; et bien qu'il permette que ses élus soient dans les rigueurs, dans les souffrances et dans les croix, il les remplit de tant de grâces, de force et de douceur, qu'ils s'estiment très heureux et avantagés de pâtir pour l'amour de lui. Le diable, au contraire, leur fait voir une vengeance effroyable en Dieu, pour punir leurs moindres défauts ; il leur présente une colère et une rigueur extrême en celui qui ne peut entendre crier la moindre de ses créatures, sans lui donner du secours, et qui se rend à la première larme qui sort d'un cœur véritablement contrit. » (Opuscules de Saint François de Sales)



Extrait de « Saint François de Sales, son combat contre le démon » du Père Gilles Jeanguenin


« Ceux qui se fâchent contre le péché combattent le mal, mais ceux qui savent être doux le vainquent. Sous son blason épiscopal, nous lisons cette inscription : Non excidet (Point ne faillira). En choisissant cette devise, François annonce d'emblée l'objectif de sa mission de pasteur et d'évêque : pour ramener au sein de l'Église les âmes dispersées, François est prêt à combattre de toutes ses forces, et sans jamais faiblir, avec les seules armes de la charité. »

Extrait de la Préface : « Avec grande surprise nous constatons que François fut aussi un grand exorciste de son vivant, et aussi après sa mort, grâce à son intercession céleste. 
Au cours de son ministère, il a exorcisé et libéré des griffes du démon quatre cents possédés - libération avérées et bien documentées - sans compter ceux qui, individuellement ou en groupe, ont été consolés et délivrés de leur crainte d'être possédés.
Sa méthode consistait à proposer avec simplicité la loi de l'Amour évangélique ; une foi pure qui adhère au Christ victorieux, car plus puissant que le démon ; une intense vie de prière ; le recours à la confession et aux autres sacrements comme moyens très efficaces pour lutter contre Satan. La méthode salésienne, qui ne dramatise rien, était si différente de celles qui vantaient le pouvoir des talismans en tous genres et des potions miraculeuses ! Il lutta sans faiblir contre l'ignorance, contre la superstition et la corruption dans tous les secteurs, y compris celui du clergé. » (Père Giancarlo Gramolazzo, président de l'Association internationale des exorcistes - Rome, 1er mai 2009)




Réciter mon chapelet, c'est ma plus douce occupation et la joie la plus pure de mon cœur.
(Saint François de Sales)





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