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jeudi 4 mai 2017

Communier saintement et trouver refuge et salut en Jésus-Christ au Saint-Sacrement


L'Eucharistie par Pietro Antonio Novelli (1779) :
distribution de la communion en dehors de la messe


Extrait de "Les trois roses des élus" de Mgr de Ségur (Tome 11 des Œuvres complètes) :


Le degré de sainteté seul absolument nécessaire pour communier dignement, c'est que l'on soit en état de grâce, et que l'on ait au fond du cœur la bonne et sincère volonté d'éviter à l'avenir le péché mortel, ainsi que les occasions prochaines du péché mortel.
Il faut, pour faire une bonne communion, qu'en recevant Notre-Seigneur on ait actuellement ce ferme propos et cette bonne volonté. Il le faut ; mais en soi, cela suffit. Demander davantage, c'est demander trop, c'est demander plus que ne demandent Notre-Seigneur et sa sainte Église. Demander moins, c'est ne pas demander assez, c'est ne pas demander ce que demandent et Notre-Seigneur et son Église. — En ce qui touche l'état de grâce, n'oublions pas la règle si prudente, imposée par le Concile de Trente à ceux qui auraient eu le malheur de commettre quelque, péché mortel : quelle que puisse être la sincérité, la, vivacité, la perfection de leur contrition, ils ne doivent pas se permettre de communier sans s'être confessés préalablement et avoir reçu l'absolution.
Tel est donc le degré de sainteté exigé de tous par la saine théologie catholique pour qu'une communion soit bonne, soit suffisamment sainte.
Quelles sont maintenant les dispositions que l'on doit apporter pour qu'une communion soit pieuse et sainte, dans le sens ordinaire de ces mots ? Outre celles que nous venons d'indiquer pour la communion suffisamment bonne, il y faut apporter une préparation et une action de grâces plus soignées, plus recueillies ; des efforts plus soutenus pour devenir meilleur, pour se corriger de ses défauts, pour renoncer plus courageusement à ce qui serait capable de diminuer en nous la pureté de conscience et la délicatesse de l'amour du bon DIEU ; il faut plus de zèle pour la prière, plus d'humilité et de mortification ; en un mot, un amour plus vrai, plus généreux envers Notre-Seigneur, et une bonne volonté plus délicate d'éviter ce qui lui déplaît, de lui demeurer très fidèle et d'être tout à lui. Voilà les dispositions que l'on doit s'efforcer d'apporter pour faire ce qu'on appelle ordinairement une communion pieuse, une bonne et sainte communion.
Je dis que « l'on doit s'efforcer » d'apporter ces dispositions, et non pas qu'elles sont absolument requises ; car, bien qu'elles soient grandement désirables, elles ne sont nécessaires, même pour une pieuse et sainte communion, que dans une mesure qui varie suivant les besoins ou les attraits de l'âme ; et pour cette raison elles ne doivent point être, en pratique, exigées d'une manière absolue. C'est cette exigence imprudente qui a été l'écueil de ce que l'on a appelé l'école janséniste, qui a découragé et perdu tant d'âmes, et qui a fait déserter peu à peu la Sainte-Table d'abord, puis le confessionnal. Là, comme en bien d'autres cas, le mieux a été l'ennemi du bien.
En pratique, visons donc à obtenir les dispositions les plus parfaites possibles ; mais, quand nous ne pouvons les obtenir, sachons nous contenter des moins imparfaites et de cette sincère bonne volonté ordinaire dont la miséricordieuse bonté de Notre-Seigneur daigne se contenter également.
Ceci soit dit en général ; car si une âme en particulier avait reçu de DIEU des grâces spéciales, elle se trouverait par là même engagée à ne pas se contenter du strict nécessaire et à rendre beaucoup à Celui qui lui a beaucoup donné. Mais lors même qu'elle ne répondrait pas comme il convient à l'amour spécial du bon DIEU, sa communion ne serait que moins sainte, et ne cesserait point pour cela de lui apporter une certaine mesure de grâce et de secours.

(...)

La Communion, [en effet], purifie de plus en plus l'âme fidèle ; elle fait disparaître, sous l'action de l'amour divin, les cicatrices des anciens péchés ; et la théologie nous apprend que, lorsqu'elle est toute fervente d'amour, sa puissance va jusqu'à prévenir tout à fait les flammes expiatrices du Purgatoire. — Donc, les grands pécheurs pardonnés doivent, à cause même de leurs péchés d'autrefois, aller au Sauveur et se jeter avec un humble amour dans les flammes de son Cœur-sacré.« Il n'est point de perte spirituelle qui ne puisse être réparée par une digne réception du Corps de JÉSUS-CHRIST » dit sainte Gertrude.
En outre, les pécheurs pardonnés ont tous plus ou moins la crainte trop fondée, hélas ! de retomber dans le péché, et plus d'un serait tenté de ne point communier. Qu'ils n'oublient pas que c'est précisément pour se préserver des rechutes et à cause de leur faiblesse même qu'ils doivent aller à leur Sauveur au Saint-Sacrement. La sainte Communion n'est point, en effet, une récompense de la vertu acquise, mais un antidote et un moyen de ne point retomber. Elle nous a été donnée par Notre-Seigneur JÉSUS-CHRIST, dit en toutes lettres le saint Concile de Trente, « pour nous préserver des péchés mortels, ut a peccatis mortalibus praeservemur. »
Ce point de vue est essentiel dans la pratique de la vie chrétienne et de la piété. Il a été complètement faussé par les jansénistes, qui, renversant les choses, ont voulu faire des sacrements de Pénitence et d'Eucharistie, une institution de justice rigoureuse, au lieu de les présenter sous leur véritable jour, comme une institution de miséricorde et de pardon, de sanctification, d'union et d'amour.
Non, le Saint-Sacrement n'a pas été institué pour les Anges ni pour les Saints du Paradis, mais pour nous, pauvres pécheurs de la terre, qui, malgré notre bonne volonté, malgré notre amour très sincère pour le bon DIEU, n'en restons pas moins exposés chaque jour aux assauts du démon, aux tentations de la chair et aux mille séductions du monde.
L'Eucharistie est le grand moyen, offert au chrétien pour demeurer en état de grâce, pour s'affermir, se fortifier dans ce bienheureux état, pour triompher des ennemis du salut, enfin pour avancer dans les voies de la perfection. Sans Notre-Seigneur, en effet, nous ne pouvons rien ; or, dans la Communion, il vient à nous lui-même, en personne, s'unir à nous et nous unir à lui, augmentant dans nos âmes le trésor de la grâce sanctifiante, et accompagnant la réception de son Corps et de son Sang, d'une multitude de grâces actuelles, qui nous aident grandement à éviter le péché et à pratiquer les bonnes vertus chrétiennes. La sainte Communion est donc à la fois le grand remède de notre infirmité et le grand moyen de notre sanctification.
Le Concile de Trente ajoute que Notre-Seigneur a institué ce sacrement « pour nous délivrer de nos fautes quotidiennes, et a culpis quotidianis liberemur. » Ces fautes quotidiennes qui échappent à chaque instant à notre fragilité, ce sont les péchés véniels. Ici encore, nous ne devons point nous laisser détourner de la sainte Communion, parce que depuis notre absolution nous aurions commis quelque péché véniel ; par exemple : un petit mensonge pour nous excuser, une impatience, une désobéissance en matière peu grave, quelques distractions dans la prière, un peu de dissipation, ou de vanité, un peu de négligence à repousser une tentation, etc.
Ce serait étrangement se fausser la conscience que de s'abstenir de la sainte Communion à cause de ces misères, et de se croire obligés d'aller se confesser préalablement. Ce n'est pas tant la confession que la sainte communion qui, dans la pensée de DIEU, est destinée à nous délivrer de ces péchés véniels, de ces fautes courantes. Le Catéchisme du Concile de Trente est formel à cet égard, « On ne peut point douter, dit-il, que l'Eucharistie n'ait la vertu de remettre et d'effacer les péchés moins graves, que l'on nomme ordinairement véniels. »
Encore moins faudrait-il s'abstenir de communier parce qu'on retombera certainement dans ces sortes de fautes. C'est précisément à cause de cette désolante facilité à retomber que nous devons aller à JÉSUS et à son sacrement de force et d'amour. En entrant dans notre pauvre cœur, JÉSUS y anéantit d'abord, par sa sainte présence, ce qu'il peut y rencontrer de péchés véniels, pourvu que nous ne les aimions pas ; et de plus il nous apporte de nouvelles grâces pour les éviter le plus possible à l'avenir.
Dans une de ses plus belles visions, sainte Gertrude entendit un jour Notre-Seigneur lui dire, pour la consoler, qu'il était lui-même le supplément de ce qui manquait à ses fidèles pour être dignes de lui et de la sainte Communion. Et il ajoutait avec bonté : « Et maintenant, es-tu contente ? » — Je le serais parfaitement, mon doux Seigneur, répondit-elle, s'il n'y manquait encore une chose. Sans doute vous avez effacé mes fautes et mes négligences passées ; mais connaissant la pente que j'ai au mal, je vais bientôt retomber dans mes misères. — Je me donnerai si bien à toi, lui dit alors le Seigneur, que je réparerai non seulement tes négligences passées, mais aussi, et pleinement, les misères où tu pourras retomber encore ; mais, avec la grâce de mon Sacrement, tâche de te garder pure de tout péché. — Hélas ! Seigneur, reprit Gertrude, je crains bien de ne pas accomplir cette condition comme il conviendrait. Enseignez-moi donc, vous le plus doux des maîtres, comment je pourrai effacer les taches que j'aurai contractées. — Ne les laisse pas vieillir en toi, lui répondit JÉSUS ; mais dès que tu en apercevras quelqu'une, dis avec humilité et ferveur : « Seigneur, ayez pitié de moi ! » ou bien : « JÉSUS, mon unique Sauveur, pardonnez-moi ! »
Puis la Bienheureuse s'étant approchée, et ayant reçu le Corps du Seigneur, elle vit aussitôt son Âme transparente comme un pur cristal et resplendissante comme la neige. JÉSUS-CHRIST, qu'elle venait de recevoir, avec sa divinité, était renfermé miraculeusement dans ce cristal lumineux, resplendissant au travers comme de l'or.
Telle est, proportion gardée, la bonté infinie de JÉSUS au Saint-Sacrement pour chacun de nous.




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