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jeudi 12 décembre 2019

La Vierge Immaculée de Guadalupe, Pèlerinage et Méditation sous forme de dialogue



La Vierge Immaculée de Guadalupe (Mexique), XVIe siècle ; d’après une copie conservée chez les prêtres de l’Assomption, à Paris. — Le 9 décembre 1531, la Vierge apparaît au pied de la colline de Tepeyacac (Mexique), à Juan Diego, Indien nouvellement converti. — « Je veux, lui dit-elle, que l’on me bâtisse ici un temple... Va de ma part trouver l’évêque et fais-lui connaître ma volonté. » — Le prélat demande à l'Indien un signe de sa mission. — D’après l’ordre de la Vierge, Juan Diego gravit la colline, cueille, sur une roche naguère aride et nue, autant de roses que peut en contenir son manteau, puis retourne vers l’évêque. Admis à grand’peine en sa présence, il déploie son manteau, les roses tombent et laissent voir, peinte sur le tissu, une image miraculeuse représentant Marie Immaculée.  (Illustration et légende tirées de Histoire de la Médaille Miraculeuse)


Extrait de "Année de Marie ou pèlerinage aux sanctuaires de la Mère de Dieu, suivis de Méditations sur plusieurs des principales vérités de la Religion" (1842) :

L'évêque ne balance plus ; dès le jour suivant, il se rend sur la colline de Tépéjacac, et là un nouveau prodige le confirme dans la pensée d'y fonder une église en l'honneur de Marie ; c'est une source d'eau qui jaillit pour désigner le lieu précis des différentes apparitions. L'image miraculeuse resta déposée dans la cathédrale de Mexico, jusqu'à la dédicace de l'église construite pour la recevoir. Des miracles vinrent alors confirmer la vérité des faits sur lesquels s'appuyait le culte rendu à Marie dans son image ; et moins de cent soixante ans après, l'an 1695, ce premier sanctuaire ne pouvant plus contenir la foule immense qui se pressait autour de la Mère de Dieu, l'archevêque de Mexico, monseigneur Aguiar, fit élever à grands frais la superbe église qu'on admire aujourd'hui. Enfin, par un sentiment de reconnaissance qu'on ne doit pas taire ici, le Mexique se consacra solennellement à Notre-Dame de Guadalupe, et obtint l'établissement d'une fête solennelle fixée au 12 décembre en l'honneur de sa sainte protectrice.

Ô Marie ! l'univers catholique retentit de vos louanges, et vous adressa ses vœux avec de grands sentiments de confiance et d'amour, quand un peuple du nouveau monde vous salua, dans le ravissement de la reconnaissance, du nom de Notre-Dame de Guadalupe ! Une ville prit naissance à l'ombre de votre sanctuaire ; des copies de votre image miraculeuse se répandirent partout avec profusion ; enfin, en tous lieux s'établirent des confréries sous le nom que vous avez rendu si vénérable. Vierge sainte ! continuez de veiller avec les regards d'une bonne Mère sur les destinées des peuples, soit au moment où, sortant des ténèbres, ils ouvrent les yeux à la foi, soit quand, abusant de la grâce, ils se voient menacés de l'extinction des lumières du divin flambeau !


Méditation sous forme de dialogue : Le mystère des ennemis de Marie dévoilé

Le Fidèle. Quel étonnement s'empare de mon âme, ô divine Marie ! quand, après tant de titres que vous offrez à notre vénération et à notre amour, je rencontre dans le monde des hommes qui ne vous aiment et ne vous honorent point ! Expliquez-moi vous-même un mystère si diabolique.

Marie. Ne vous est-il point suffisamment expliqué dès les premières pages du texte sacré ? Quand le Seigneur me présenta dans l'avenir à vos premiers parents désolés, le caractère spécial auquel il voulut qu'on pût me reconnaître, ce fut l'inimitié qui existerait entre moi et le serpent, entre ma postérité et la sienne (Gen. 3, 15) ? Le serpent ! voyez, mon fils, quelle déplorable postérité il traîne après lui sur la terre ! Quoique vaincu, il est parvenu à soufflerie feu de sa rage et de, son iniquité dans des cœurs malheureux dont j'aurais voulu me faire aimer, en les soumettant au joug du Sauveur ; et qui, au contraire, me poursuivent de leur mépris, après s'être rangés sous les étendards de Satan. De même que les fidèles, après avoir puisé une nouvelle vie au saint baptême qui les rend membres de mon Fils (1 Cor, 6, 15), forment avec lui une Sainte Famille que guide l'Esprit de Dieu (Rom. 8, 14), et deviennent ma postérité sur la terre ; ainsi, mes ennemis, on s'éloignant de la vérité et embrassant le parti du mensonge, deviennent enfants du démon, ce monstre qui est menteur et père du mensonge (Jean 8, 44).

Le Fidèle. Tels sont donc, ô Vierge sainte, les malheureux enfants du serpent ! Remplis d'animosité contre les vôtres, ils ne cessent de les persécuter, et de vomir contre eux et contre vous des blasphèmes que ne désavouerait pas Lucifer lui-même. Imitant les païens qui se créaient des dieux vicieux, afin de s'autoriser dans le crime, ces misérables dénaturés (2 Tim. 3, 3) pour donner à leur conduite indigne contre vous un air de raison, n'ont pas craint de calomnier le divin Sauveur, et d'en faire un Dieu qui leur ressemblât et fût dénaturé comme eux. Ô notre soutien et notre refuge ! nous ne nous affligerons pas de leurs persécutions ; il nous est trop glorieux d'être traités comme notre Mère. Oui, leurs malédictions nous seront une source de joie, puisque l'Écriture cesserait d'être vraie, s'il n'y avait plus d'inimitiés entre votre postérité et celle du serpent.


Notre-Dame de Guadalupe, dans l'église collégiale de Saint-Nicolas, in Carcere Truliano, à Rome

Nous avons récemment visité en esprit l'illustre pèlerinage de Notre-Dame de Guadalupe, au Mexique ; aujourd'hui, nous nous transportons avec une joie nouvelle au pied de l'image miraculeuse du même nom, que l'on garde à Rome, dans l'église Saint-Nicolas.
Les dévoués serviteurs de Marie comprennent trop le bonheur que l'on goûte au service d'une Mère si prodigue de ses faveurs, pour ne pas désirer avec ardeur de connaître de plus en plus des grâces et des bienfaits destinés à leur inspirer pour elle un zèle toujours plus vif, une confiance toujours plus entière. L'image de Notre-Dame de Guadalupe, exposée à la vénération des fidèles, sur le retable de l'autel de saint Jean-Baptiste, fut donnée à l'église Saint-Nicolas par un pieu Jésuite, qui désirait vivement inspirer aux fidèles toujours plus d'amour pour Marie. Elle est parfaitement conforme à la célèbre image du Mexique, d'où elle tire son nom : à ce fameux tableau de Notre-Dame de Guadalupe, où la sainte Vierge s'est peinte elle-même, lorsqu'elle plaça dans le manteau grossier de l'humble (Juan Diego), les roses et les autres fleurs cueillies par son ordre sur la colline de Tépéjacac. L'effigie dont nous parlons est elle-même empreinte sur une espèce de manteau étendu dans l'air et soutenu par deux anges. Elle représente Marie ayant à ses pieds le symbole du croissant dont parle l'Écriture (Apoc. 12, 1 luna sub pedibus ejus), et qui est l'indice de sa beauté originelle et des consolations qu'elle nous apporte (Pulchra ut luna, Cant. 6, 3). La Reine des anges paraît dans la première fleur de la jeunesse ; sa tête est élevée, mais d'une manière naturelle, qui n'ôte rien à l'air d'humilité et de recueillement dont elle est empreinte ; les yeux sont modestement baissés sans aucune direction déterminée ; les paupières supérieures en couvrent environ la moitié, laissant apercevoir une partie sensible des prunelles et du blanc qui est autour ; les mains sont jointes devant la poitrine.
Déjà, Marie, sous le gracieux portrait que nous venons d'esquisser, attirait une foule empressée devant l'autel du bienheureux précurseur de son divin Fils. Cependant, qu'était-ce en comparaison de l'affluence immense qu'un grand prodige devait un jour y attirer ! « Le 15 juillet 1796, dit M. Marchetti, furent tout à coup entendues, de saisissantes acclamations ; il se passait, en effet, quelque chose d'extraordinaire. Bientôt la merveille qui avait déjà commencé à exciter l'admiration de quelques pieuses personnes, parut à tout le monde si évidente, qu'en un instant l'église Saint-Nicolas fut remplie, et qu'on sonna les cloches comme pour annoncer une solennité. Les assistants étaient pénétrés de la plus douce consolation, en voyant le mouvement presque continuel des prunelles, qui, sans vélocité ni lenteur, mais semblables à celles d'une personne tranquille qui regarde autour d'elle, allaient comme naturellement de l'un à l'autre côté, et s'enfonçaient alternativement dans les angles opposés de l'œil, pour reprendre ensuite leur place.
L'église fut fréquentée durant plusieurs mois que parut ce merveilleux mouvement des yeux, par un si grand nombre de personnes, qu'on peut dire qu'elle n'a cessé un seul instant d'être remplie ; pendant quelques jours mêmes, on fut obligé de la laisser ouverte nuit et jour. Aux cris de joie, quand le mouvement se faisait un peu attendre, succédait cette prière naïve à la meilleure des Mères : Marie ! sainte Marie ! faites-nous la grâce de le revoir encore ! et la Reine des Cieux, daignant avec une ineffable bonté accorder cette consolation à ses enfants groupés autour de son image, ouvrait de nouveau les yeux, et promenait sur eux ses regards maternels.

Ô Marie ! quel encouragement vous donnez à ceux qui multiplient les objets de piété au moyen desquels on vous honore ! Ceux qui reproduisent vos images miraculeuses vous forcent en quelque sorte de reproduire à l'infini vos faveurs sur tous ceux qui les vénèrent avec foi et amour. Ô Mère incomparable ! vous nous autorisez, pour ainsi dire, à vous faire une sainte violence ; vous nous donnez des armes pour subjuguer de plus en plus ce cœur maternel toujours ouvert à nos besoins, toujours riche en miséricorde, toujours indulgent quand nous vous prions de demander grâce pour nous à Jésus !



Reportez-vous à La Vierge Marie et les derniers TempsInimitiés entre les enfants de Marie et les esclaves du DiableDécouvertes sur le Tilma de la Vierge de Guadalupe et Histoire religieuse des deux cités.