vendredi 27 décembre 2019

LA VIERGE MARIE ET LES DERNIERS TEMPS



Extrait de "LA VIERGE MARIE ET LES APÔTRES DES DERNIERS TEMPS D'APRÈS LE B. LOUIS-MARIE DE MONTFORT", par le Père LHOUMEAU :





LA VIERGE MARIE ET LES DERNIERS TEMPS

Plusieurs fois, dans les pages que nous étudions, le Bienheureux de Montfort affirme que, selon le plan divin, Marie doit être plus connue, mieux aimée et servie. Il dit même que « Dieu veut révéler et découvrir Marie, le chef-d'œuvre de ses mains, dans ces derniers temps. L'expression est hardie, car elle annonce un tel accroissement de gloire pour Marie, qu'en comparaison de ce qui a précédé, il sera comme la découverte d'une œuvre, sinon inconnue, du moins encore imparfaitement appréciée. Selon le Bienheureux, ce progrès dans la connaissance de la sainte Vierge et dans la manifestation de son rôle est en liaison avec les derniers temps dont il est un signe. C'est une vue propre au Bienheureux et dont l'importance ne saurait être méconnue. Elle fait l'objet de ce chapitre.
Entre saint Jean l'Évangéliste et le Bienheureux de Montfort il y a des ressemblances fort intéressantes et jusqu'ici trop peu étudiées. Ce sont deux fils bien-aimés de la Vierge Marie, qui vécurent dans une union intime avec Elle et qui se consacrèrent à son service d'une manière et dans une mesure distinctives. L'heure bénie et si grave où l'Apôtre reçut Marie dans l'intimité de sa demeure et de sa vie — et ex illa hora accepit eam discipulus in sua — n'inaugurait pas ses relations d'amour filial et de services dévoués envers la Mère de Jésus. Le disciple bien-aimé du Maître l'était aussi de la Mère et l'on pourrait relever dans l'Évangile plusieurs indices de ces relations avant la scène du Calvaire. Le fait d'avoir, seul parmi les apôtres, accompagné Marie jusque-là, témoigne assez des rapports qui les unissaient. En ce point la ressemblance entre Montfort et saint Jean est complète. La devise qui résume la vie et l'apostolat du Bienheureux : Tuus totus ego sum, et omnia mea tua sunt, redit en d'autres termes l'accepit eam, discipulus in sua de l'apôtre saint Jean.
Or voici qu'à ces deux fils bien-aimés la Reine des prophètes a fait un don semblable : elle leur a donné des vues prophétiques sur les derniers temps, particulièrement en ce qui la concerne, c'est-à-dire sur le rôle que Dieu lui assigne dans ces luttes suprêmes et dans le retour triomphal du Christ. Toutefois ces vues, bien que semblables par leur objet, se nuancent diversement chez l'un et chez l'autre.
Les commentateurs expliquent comment l'Apôtre, dans son Évangile, s'élève d'un premier vol au-dessus des créatures jusqu'au sein du Père pour contempler le Verbe : In principio erat Verbum. C'est aussi dans ces hauteurs célestes, dans ces splendeurs de la divinité que s'offre à saint Jean la vision de l'Apocalypse, où lui apparaît la sainte Vierge. Il la voit comme la Femme revêtue du soleil, ayant la lune sous ses pieds et couronnée de douze étoiles. Sa lutte avec le dragon se déroule, il est vrai, ici-bas ; mais elle est retracée sous des figures grandioses et mystérieuses qui maintiennent nos regards comme entre ciel et terre. Marie combat contre Satan, mais en Souveraine qui domine les attaques et les colères du dragon, aussi bien que le cours des événements.
Le Bienheureux de Montfort s'inspire de cette vision qui retrace l'histoire de l'Église militante ; mais il en considère la réalisation selon les procédés de la divine Sagesse dont Marie est le trône. Il s'est familiarisé avec les vues de cette Sagesse, qui dans ses œuvres atteint d'une extrémité à l'autre et sait relier la fin au commencement : attingens a fine usque ad finem. Dans la conduite des choses aussi bien que des personnes, rien ne peut entraver sa puissance à la fois douce et forte : fortiter suaviterque disponens omnia. C'est dans cette lumière spéciale qu'il contemple Marie et son rôle providentiel. C'est par Elle, dit-il, que le Sauveur est venu en ce monde en se faisant Homme, et c'est Elle aussi qui préparera son second avènement à la fin des temps. Alors Elle luttera contre le dragon, l'antique Serpent mais ce ne sera pas un simple épisode de sa vie, une rencontre accidentelle ; ce sera la continuation et l'achèvement de sa mission divine ; car Dieu l'a posée dès le Paradis terrestre, comme l'adversaire personnelle de Satan dont finalement Elle écrasera la tête. Cette ampleur de perspective, qui embrasse à la fois le passé et l'avenir, qui relie les derniers âges du monde aux premiers et nous montre dans toute son étendue le plan de la divine Sagesse sur Marie, est assurément d'une originalité et d'une magnificence extraordinaires ; et c'est en cela qu'entre tant d'autres vues prophétiques se distinguent celles du Bienheureux de Montfort. Un rapide coup d'œil sur l'histoire de l'Église nous montrera comment ont progressé parallèlement au cours des siècles la gloire de Marie et sa lutte contre le serpent infernal.
Dans l'antiquité chrétienne, la poésie liturgique, les discours des orateurs chrétiens et leurs écrits célèbrent en Orient comme en Occident les louanges de la sainte Vierge. C'est une littérature où la doctrine mariale est exposée avec piété, grâce et magnificence.
Elle fut en partie inspirée par la lutte contre les hérésies. En effet, après les violences de la persécution, l'antique Serpent employa la ruse : Serpens erat callidior cunctis animantibus terræ. Il essaya de mordre au talon de la Femme et attaqua tantôt sa maternité humaine, tantôt sa virginité, tantôt sa maternité divine.
Dieu qui réserve à Marie la victoire sur toutes les hérésies dans le monde entier, cunctas hæreses sola interemisti in universo mundo, Dieu illumina son Église, afin qu'elle enseignât dans toute leur splendeur ces dogmes si glorieux pour Marie. Ainsi finissaient par un accroissement de sa gloire les luttes qu'aux premiers siècles le dragon suscita contre la Femme.
Les Pères et les Docteurs du moyen âge tressèrent à la Mère de Dieu une belle couronne, tandis que son culte se propageait sous des vocables multiples en d'innombrables sanctuaires.
Mais voici que surgit l'empire antichrétien de Mahomet prédit par Daniel. Jamais la chrétienté n'avait couru pareil danger. L'invasion progressait dans le monde entier, dans tout ce qui du moins en était connu et avec la destruction, les ruines et la stérilisation, elle imposait l'anéantissement du christianisme. Après les lieux saints, après Constantinople, le sultan menaçait Rome et la papauté. Ce fut encore la Vierge Marie qui se dressa contre Satan, et par la vertu du Rosaire brisa la puissance antichrétienne à Lépante. Elle fit plus : jusqu'au sein de cet empire, elle voulut protéger les fidèles et les arracher à la tyrannie en instituant deux Ordres religieux pour le rachat des captifs. À mesure que grandissent les luttes et les maux de la chrétienté se révèlent donc de plus en plus la puissance et la miséricorde de Marie. Il nous tarde d'arriver aux siècles qui sont plus spécialement l'objet de notre étude, à ces temps modernes qui comptent parmi les derniers.
Le protestantisme avait fait la grande scission entre les nations en posant en principe la révolte contre l'Église, qui engendra bien vite les guerres de religion. Après les fureurs de la bête, voici encore les ruses du serpent. La lutte contre la religion reprend avec le jansénisme et le philosophisme. Le premier, hypocrite et respectueux ; le second, railleur et méprisant, travaillèrent à détruire la foi dans le monde : là aussi le Serpent essaya de mordre la Femme au talon en rabaissant sa gloire, en contestant ses privilèges, en diminuant son culte. C'est alors que Montfort prêchait avec vigueur et redisait inlassablement dans ses discours et ses écrits : « Dieu veut que sa sainte Mère soit à présent plus connue, plus aimée, plus honorée que jamais elle n'a été. » Et il ajoutait : « Ce qui arrivera sans doute, si les prédestinés entrent avec la grâce et la lumière du Saint-Esprit dans la pratique intérieure et parfaite que je leur découvrirai dans la suite. » C'était de la parfaite consécration à Marie par le saint esclavage que parlait le Bienheureux de Montfort car cette dévotion devait en effet contribuer puissamment à faire mieux connaître la sainte Vierge, à la faire aimer plus ardemment et à lui procurer un culte plus parfait. Elle n'est pas une trouvaille de sa piété. L'ambiance du milieu où s'écoula sa jeunesse en était tout imprégnée. Saint-Sulpice et l'Oratoire, la mère Mechtilde du Saint-Sacrement et sa Congrégation, le Père Eudes, M. Boudon et combien d'autres ont, dans la spiritualité du XVIIe siècle, mis en honneur ce saint esclavage de Marie. Il était réservé à Montfort de populariser cette dévotion, de lui donner une ampleur jusque-là inconnue, d'en montrer les fondements solides et d'en développer sur nombre de points les admirables conséquences. Deux siècles ont passé depuis son apostolat, et il nous a tant devancés que nous avons à apprendre de lui, avec la persuasion que les générations à venir le comprendront mieux encore. Toutefois, en parlant à ses contemporains, Montfort savait que son enseignement était approprié aux besoins et aux périls de son temps ; il comprenait que cette dévotion s'adaptait merveilleusement aux événements et aux idées de son époque. Elle était pour lui plus qu'une pratique excellente de piété, plus qu'une voie bien caractérisée de spiritualité, car il la tenait pour appuyée sur les fondements mêmes du christianisme. Elle était l'antidote contre cet esprit d'indépendance que l'on appelait l'esprit moderne, mais qui n'était que le sifflement de l'antique Serpent. Cependant, si clairvoyant que fût Montfort en face de son époque, si pressants que fussent ses appels à la lutte contre les ennemis de Dieu, c'est particulièrement sur les âges futurs qu'il fixa ses regards.

« Dieu veut, dit-il, révéler et découvrir Marie dans ces derniers temps » et l'une des raisons qu'il en donne est que la sainte Vierge étant la voie par laquelle Jésus-Christ est venu à nous la première fois, elle le sera encore lorsqu'il viendra la seconde, quoique non pas de la même manière ». Enfin il explique « que Marie doit être terrible au démon et à ses suppôts, comme une armée rangée en bataille, principalement dans ces derniers temps, parce que le diable, sachant bien qu'il a peu de temps et moins que jamais pour perdre les âmes, redouble tous les jours ses efforts et ses combats ». Voilà déjà ce que constatait Montfort à son époque ; puis il ajoute ces paroles remarquables : « Mais il suscitera bientôt de nouvelles persécutions et mettra de terribles embûches aux serviteurs fidèles et aux vrais enfants de Marie, qu'il a plus de peine à surmonter que les autres. » C'est toujours la persistance des mêmes vues et leur unité. La lutte sera bien contre Dieu, mais aussi contre la Femme et sa race et cette lutte est proche. Quant à ces nouvelles persécutions, l'histoire nous montre qu'en effet elles arrivèrent bientôt. Le XVIIIe siècle dont Montfort avait vu le début, s'achevait dans ce qu'on a nommé la grande Révolution, grande par l'étendue de ses bouleversements et l'influence de ses idées. Elle fut satanique dans son essence ; et loin d'être une tempête soudaine, inexplicable, elle fut l'œuvre méthodiquement préparée de la franc-maçonnerie. Ni l'empire de Napoléon, ni les gouvernements qui lui succédèrent ne firent la restauration de la société chrétienne en France ou ailleurs. Il y eut des temps de calme relatif, des reconstitutions dont la religion profita, mais les idées révolutionnaires et antireligieuses n'étaient abjurées ni par les princes, ni par les peuples.
Elles étaient inoculées aux nations et fermentaient en elles. La maçonnerie universelle continuait son œuvre et préparait l'assaut à l'Église en variant ses procédés selon les temps et les pays. Les sociétés secrètes se concertèrent pour en finir avec le pouvoir temporel des Papes, dans l'espoir que ce coup porté à la tête entraînerait la chute de l'Église, ou du moins faciliterait leur triomphe. Ce fut alors qu'en face de Satan se dressa la Vierge Marie et que fut proclamé par l'Église le dogme de l'Immaculée Conception. Comme elle se réalisait la parole de Montfort annonçant que Dieu voulait que sa Mère fût plus connue et mieux aimée que jamais! En suite de cette définition, la théologie mariale s'irradia en tous sens de lumières nouvelles, qui laissaient pressentir pour l'avenir d'autres clartés. Mais de plus, en vertu de son Immaculée Conception, la Vierge apparaissait comme l'adversaire de Satan qui vient engager la lutte et nous donner un gage de victoire. Hodie contritum est abea caput serpentis antiqui, chante l'Église ; et c'est à l'Immaculée que, dans cette fête, l'Église applique ces mots de l'Apocalypse : « Signum magnum apparuit in cælo ». Un prodige, un signe, un étendard (le mot latin a tous ces sens que justifie le fait en question) est apparu dans le ciel. »Le peuple chrétienne s'y méprit point ; il comprit en voyant cette rencontre solennelle des deux adversaires quelle était la gravité de la lutte. Et parce qu'elle devait se poursuivre plus âprement en France, que le plan de Satan était de faire apostasier la fille aînée de l'Église et de la détruire, c'est sur la terre de France que l'Immaculée vint poser son pied virginal. Elle voulut y amener le monde entier pour qu'il puisât largement à la source des grâces et qu'en face du surnaturel rendu palpable par les miracles, ressortissent jusqu'à l'évidence le mensonge et le crime du naturalisme. Quelle est la portée du fait de Lourdes ? L'avenir nous la montrera. Comment en effet se méprendre sur la coïncidence providentielle du congrès eucharistique de Lourdes avec la déclaration de la guerre en 1914 ? C'est une suite, la suite que la Sagesse met dans ses voies. Au moment où aboutissait le plan de Satan, par la conjuration des Loges, la Vierge semblait dire : « Ayez confiance ; je suis l'Immaculée, je préside aux événements pour les conduire et j'ai mission de vaincre Satan. » L'avenir, n'en doutons pas, nous montrera comment s'accroîtront encore la gloire et la puissance de Marie, puisque toutes les générations la proclameront bienheureuse.
Mais ce qu'il importe de remarquer, c'est qu’à mesure que le temps marche, que les événements se déroulent, que la lutte se généralise et s'intensifie, la dévotion mariale du Bienheureux de Montfort, déjà si bien adaptée aux besoins de son époque, se propage d'une manière surprenante et se révèle comme une arme de choix aux mains des enfants de la Vierge. Fait étonnant ! Cette dévotion, en apparence destinée uniquement aux Âmes dévotes et aux petites chapelles, se révèle aussi comme une dévotion de combat, un moyen de lutter sous l'étendard de Marie avec des armes appropriées. Les idées dites modernes, écloses au souffle de Satan, donnent maintenant les fruits de leur maturité. Le libre-examen aboutit à s'affranchir de tout dogme et de toute autorité, religieuse ou autre ; le naturalisme et la laïcité vont de pair avec le socialisme révolutionnaire : tout cela se condense dans la formule : « Ni Dieu, ni maître. »
Or quel coup droit à l'orgueil satanique que cette filiale et totale dépendance, ce saint esclavage de Marie que prêche Montfort ! L'âme qui s'y consacre vit d'une foi profonde et s'établit dans une atmosphère de surnaturel très pur, qui la préserve du naturalisme jusque dans l'intime de son esprit et de son cœur. Considérez encore comment cet hommage à la royauté de Marie prépare le règne du Christ dans les âmes et son avènement dans le monde : Ut adveniat regnum tuum, adveniat regnum Mariæ. Vraiment on n'exagère pas en disant que si saint Ignace et sainte Thérèse furent opposés dans les desseins providentiels à Luther et au protestantisme, plus tard, dans la lutte de la Femme contre le serpent, Montfort fut choisi par Dieu pour combattre le jansénisme et l'esprit d'indépendance. De son temps, cet esprit soufflait déjà en tempête ; bientôt il allait révolutionner le monde.
Il conviendrait de rappeler aussi à la gloire de la sainte Vierge les événements qui, depuis vingt-cinq ans surtout, l'ont fait mieux connaître et plus honorer : les congrès mariaux sont déjà de tradition ; les solennités du Rosaire, que Léon XIII a instituées « afin que dans nos temps de grandes épreuves et de tempêtes prolongées, la Vierge, tant de fois victorieuse des ennemis, terrestres, nous fasse aussi triompher de ceux de l'enfer. » Mais cette énumération nous entraînerait trop loin. Constatons que l'accroissement de gloire de Marie et la manifestation de sa puissance sur les ennemis de Dieu vont de pair dans l'histoire, ainsi que le voyait et l'annonçait Montfort. Et combien le P. Faber avait raison d'affirmer que ses écrits auraient dans l'Église une influence plus grande encore dans les âges à venir !
Qu'adviendra-t-il dans ce siècle qui commence au milieu de ces grands cataclysmes et dans un assaut de l'enfer jusqu'ici sans égal ? Les affirmations du Bienheureux sont nettes « Marie doit éclater plus que jamais en miséricorde, en force et en grâce dans nos derniers temps : en miséricorde, pour ramener et recevoir amoureusement les pauvres pécheurs et dévoyés qui se convertiront et reviendront à l'Église catholique ; en force, contre les ennemis de Dieu, les idolâtres, schismatiques, mahométans, juifs et impies endurcis, qui se révolteront terriblement pour réduire et faire tomber par promesses et menaces tous ceux qui leur seront contraires ; et enfin Elle doit éclater en grâce, pour animer et soutenir les vaillants soldats et fidèles serviteurs de Jésus-Christ qui combattront pour ses intérêts. » (Vraie Dévotion.)
La Vierge prélude déjà à ces prodiges de la fin des temps par des faits dont la portée échappe à ceux qui ne suivent pas attentivement les voies de Dieu. De ces faits nous sommes d'ailleurs loin de connaître la majeure partie. Sans nul doute, comme Montfort l'insinue dans les lignes qui précèdent, il y aura parmi les juifs les descendants de ceux qui furent déicides, et ceux-là continueront la lutte contre le Christ avec toute la puissance de la coalition judéo-maçonnique qui mène les nations. Mais il y aura aussi — et Montfort le rappelle plusieurs fois — la conversion d'Israël, des fils d'Abraham selon l'esprit, après l'entrée des nations au sein de l'Église. Ce prodige de miséricorde tant de fois prédit dans les Écritures, escompté par Marie elle-même dans son Magnificat (Suscepit Israël puerum suum recordatus misericordiæ suæ), ne se fera pas sans Elle. La conversion d'Alphonse de Ratisbonne, soudainement illuminé par la sainte Vierge, est plus qu'un événement privé, si l'on rapproche les circonstances où elle s'est accomplie des idées du Bienheureux de Montfort. C'est l'antienne d'un cantique plus beau que ceux du retour de la captivité, le présage d'un grand mouvement et l'affirmation du rôle souverain de Marie dans les événements des derniers âges (Théod. et Alph. de Ratisbonne se firent prêtres et apôtres. Ils fondèrent aux lieux saints l’Œuvre de N-D de Sion. L’annuaire de l’Œuvre témoigne d’un grand mouvement de conversion parmi les juifs bien plus grand qu’on ne le pense généralement. Il y aurait eu aussi beaucoup à dire sur les abbés Léman, le P. Herman et autres convertis illustres).

Quoi encore ? Regardez, à mesure qu'elle suit son cours et va se développant en mille incidents divers, la lutte de la Femme et du Serpent. Le rôle de Marie s'y affirme d'une manière incessante. N'y a-t-il aucun rapport entre les prédilections de la sainte Vierge pour la France, entre ses récentes visites à la Salette, Lourdes, Pontmain et les persécutions, les complots, les efforts de la Maçonnerie contre ce royaume de Marie ?
Que l'on veuille bien aussi prêter attention à la sacrilège parodie du drapeau du Sacré-Cœur inventée par les Loges, qui rêvent de l'imposer à la société des Nations. Satan n'a pas oublié la Mère dont il blasphème le Fils. Au revers est peint le Cœur de Marie, comme le symbole du principe féminin dans la nature, expliqué dans un esprit spirite et athée. C'est, avec une ruse infernale et dans une haine profonde à laquelle rien n'échappe, le contrepied des deux dévotions qui montent de concert au firmament des âmes : celle du Sacré Cœur de Jésus et celle du Cœur Immaculé de Marie.
Telle est l'originalité caractéristique des vues de Montfort sur les derniers temps : elles se réfèrent toutes à Marie comme à leur but principal. On le verra de plus en plus clairement en méditant ce qu'il dit des apôtres que la Vierge doit former pour cette époque si troublée de l'Église militante. Le portrait que Montfort en a tracé et la description de leur apostolat remplit quelques pages qu'en vain l'on chercherait ailleurs. Dans sa Prière embrasée, aussi bien que dans son Traité de la vraie dévotion, ces pages offrent au lecteur des vues aussi neuves qu'admirables que nous ne méditerons pas sans profit pour nos âmes.



Saint Jean l'Évangéliste (Batoni)



LES INIMITIÉS DIVINES

Le lecteur voudra bien relire en entier les pages où Montfort a si fortement esquissé le portrait de ces apôtres qu'aux derniers âges de l'Église Marie doit susciter et conduire au combat. Ce portrait mérite qu'on examine sa ressemblance trait pour trait avec Celle qui est leur Reine et leur Mère. Il est de mode d'illustrer le texte d'un écrit par des photographies. Ne sera-ce pas faciliter notre étude que de continuer à la concrétiser par moments dans les deux figures déjà connues de saint Jean et du Bienheureux de Montfort ? Ce que nous savons de la similitude de leurs vues sur les derniers temps s'accentuera encore dans ce que nous allons exposer.
Dans le tableau que Montfort nous a fait des derniers temps, ce qui frappe surtout, en raison de son puissant relief, c'est l'antagonisme de la Vierge et de Satan établi par Dieu lui-même dès la chute originelle. Le Bienheureux commente, mais avec une accumulation presque hâtive de fortes pensées, le texte célèbre de la Genèse, qui contient, avec les malédictions, les promesses divines. Il s'ensuit qu'à son tour le texte de Montfort appelle des explications.
« Je poserai des inimitiés entre toi et la Femme... Inimicitias ponam inter te et mulierem, » (Gen. III, 5.) C'est, remarque le Bienheureux, la seule inimitié que Dieu ait faite et formée. Scrutons ces deux mots d'un sens profond. Cette inimitié, Dieu ne l'a pas seulement permise, il l'a faite. C'est son œuvre ; et de même qu'au début de la création il sépara la lumière d'avec les ténèbres — divisit lucem a tenebris, — ainsi a-t-il fait entre Marie et le Serpent, aussi bien qu'entre leurs races.
Cette œuvre, comme toutes celles de Dieu, reflète ses perfections. Il lui a donné une forme telle qu'il la voulait dans sa sagesse : cette inimitié sera essentiellement totale, irréductible et éternelle.
Elle est totale, « car non seulement Dieu a mis une inimitié, mais des inimitiés, des antipathies, des haines secrètes. » (Vraie Dév.) Ce pluriel emphatique (Il est dans le texte de la Vulgate) : inimicitias est usité dans la sainte Écriture, comme ailleurs, pour désigner une chose portée à son plus haut degré, à son maximum d'intensité. Une inimitié peut s'affaiblir et disparaître, elle peut comporter des exceptions : toutes choses improbables, s'il s'agit d'un faisceau d'inimitiés plus difficile à briser, comme l'est un triple lien : funiculus triplex difficile rumpitur (Eccl. IV, 12). Ce faisceau se compose des manifestations d'inimitiés successives dans le temps ou multiples par leurs applications diverses : antagonisme dans les idées, les intentions et les sentiments ; antagonisme dans l'amour ou la haine, dans le but comme dans les moyens, dans les joies et les tristesses ; antagonisme enfin dans la vie des individus aussi bien que dans celle des sociétés.

Inimicitias ponam. Ce verbe : poser, fonder, établir, « ponam », exprime la solidité de l'œuvre divine, dans la nature comme dans la grâce. Ainsi donc posée par Dieu, cette inimitié est si ferme qu'elle est irréductible ou absolue. C'est l'opposition de l’Être et du néant, de la vérité et de l'erreur, du bien et du mal, de l'amour et de la haine, où se reflètent l'absolu de l'Être divin, sa pureté et sa transcendance.
Et conséquemment cette inimitié est éternelle, comme l'amour qui est à l'opposé, parce que Dieu est éternel. « Cette inimitié durera et augmentera même jusqu'à la fin. » (Vraie Dév.)
Ah ! si Dieu veut que sa sainte Mère soit mieux connue et glorifiée, est-ce que Montfort ne l'a pas fait resplendir d'une lumière plus grande en montrant comment ce miroir sans tache — speculum sine macula — dans son opposition à Satan, reflète très purement les perfections divines ? Sans doute nous ne célébrerons jamais assez la bonté de Marie, sa miséricorde et son amour maternel ; mais n'oublions pas la haine qui en est inséparable et les suit. Dieu l'a mise en Elle dès le commencement, et sa sainteté infinie s'y reflète avec complaisance.
Mais la Femme et le Serpent ont chacun leur race ; et entre elles Dieu veut que se perpétue un antagonisme inaltérable : Inimicitias ponam inter te et mulierem, et semen tuum et semen illius. Cette inimitié les caractérise essentiellement, au point que dans la mesure où elle s'altère et disparaît, les hommes sortent de l'une ou l'autre lignée et ne vivent plus de son esprit. Quelle grande leçon et combien féconde pour la vie chrétienne toujours militante ici bas ! C'est en réalité la pureté de la foi et la sainteté de la vie qui sont en question.
Quelle est cette race du Serpent ? « Ce sont, dit le Bienheureux de Montfort, les enfants de Bélial, les esclaves de Satan, les amis du monde, car c'est la même chose. » (Vraie Dév.) Gardons-nous de voir dans cette accumulation de qualificatifs un artifice de rhétorique ; c'est une énumération complète des catégories diverses qui composent la race du serpent. En premier lieu les enfants de Bélial, de celui qui dans son orgueil, comme le signifie son nom, ne se soumet à aucune loi. Donc enfants de Bélial les révoltés contre l'Église, les révolutionnaires de l'ordre naturel établi par Dieu. Viennent ensuite les esclaves de Satan, la foule innombrable des pécheurs séduits et asservis : Qui facit peccatum servus est peccati. (Jean, VIII, 34.) Enfin les amis du monde, de ce monde tout entier enraciné dans le mal — mundus totus in maligno positus est Jean, V, 19) ; de ce monde qui ne reconnaît pas Dieu : et mundus eum non cognovit (Jean, I, 18) ; de ce monde où il n'y a que concupiscence de la chair, convoitise des yeux et orgueil de la vie. Quoniam omne quod est in mundo concupiscentia carnis est, et concupiscentia oculorum et superbia vitæ (Jean, II, 16). Est-il besoin de rappeler les traits qui caractérisent les enfants de la Vierge, la race de la Femme ? Ils sont tout l'opposé de ceux que nous venons d'examiner. Maintes fois le Bienheureux parle de l'humilité, de l'obéissance, de la pauvreté qui distinguent les enfants de la Vierge et brilleront d'un vif éclat chez les apôtres qu'Elle doit former.
Mais entre les deux races, comme entre la Femme et le Serpent, l'inimitié posée par Dieu doit persister entière, absolue, irréductible et par conséquent éternelle. Nulle association n'est possible entre la lumière et les ténèbres, nul accord entre le Christ et Bélial (II Cor. VI, l5). Si la race du Serpent ne cesse de persécuter celle de la Femme, celle-ci doit non seulement fuir, mais haïr le mal et garder avec un soin jaloux l'intransigeance de la foi contre l'erreur. Comment oublier que si Satan est la bête cruelle, le lion rôdeur cherchant qui dévorer, il est aussi le serpent aux ruses sans égales — callidior cunctis animantibus terræ.
Or cette séparation absolue des deux races, qui est dans la logique des inimitiés divines, lui est insupportable. Elle est pour lui comme un stigmate révélateur de son état, un déshonneur et un obstacle à ses entreprises. Elle affirme Dieu avec ses perfections infinies et ses droits en face de sa condition de créature déchue ; elle est l'écho prolongé de ce quis ut Deus, qui précipita sa chute dans l'abîme ; elle proclame que Dieu est bon, et que lui est l'ange mauvais, le damné. Si Dieu permet qu'il lutte encore sur terre à la tête de ceux qui sont de sa race et mus par son esprit, du moins en maintenant séparées les deux lignées, comme jadis furent Israël et les nations païennes, Dieu sauvegarde chez ses fils bien-aimés l'intégrité de la foi et la science du bien ; il met son peuple élu hors des atteintes de Satan.
Si encore cette inimitié n'était pas immuable et par suite éternelle ! Si elle pouvait se modifier, s'atténuer et finalement disparaître ! Mais non ! L'immutabilité de l'Être divin, qui est la vérité, la bonté, la sainteté, rend immuable aussi la condition de l'ange déchu. Éternellement il reste le damné en face de la béatitude céleste, les ténèbres en face de la lumière, l'erreur et le mensonge contre la vérité, l'esprit mauvais opposé au bien, le mort s'attaquant à la vie, le maudit rejeté pour toujours de la face du Seigneur. Toujours donc entre lui et Dieu, entre lui et cette Femme que Dieu lui oppose et qu'il abhorre, « qu'il appréhende, dit Montfort, plus que tous les anges et les hommes et, en un sens, que Dieu lui-même », entre sa race et la sienne, persisteront cette inimitié et cette lutte où finalement il sera vaincu. Cette fixité irrite sa haine et fait son supplice. Aussi comme en tout temps il l'a combattue, mêlant l'astuce à l'audace, selon sa manière habituelle ! Jamais ce travail satanique et ses résultats ne furent aussi universels et profonds qu'à notre époque. Comment n'y pas voir un signe de ces temps qui précéderont le retour du Christ, et où, sous le charme des séductions de Satan, la foi se perdra et la charité se refroidira par la multitude des péchés ?
Jésus-Christ a dit qu'il venait apporter sur terre, non la paix, mais le glaive (Matth., X, 34), par allusion à ces luttes des deux races. Il est cependant le Prince de la paix, Princeps pacis, dit Isaïe ; il donne aux siens sa paix, paix véritable et totale qui se consommera dans l'éternelle félicité. Mais, de même qu'il veut se substituer à Dieu, lumière éternelle qui se lève de l'Orient, et qu'il s'efforce de lui dérober ce titre et ses symboles (La Maçonnerie a groupé des Loges sous le vocable du Grand-Orient), Lucifer déchu se fait aussi Prince de la paix à l'encontre des inimitiés divines. Voilà la source de ce pacifisme qu'il voudrait établir surtout et d'abord en matière religieuse, dans les idées comme dans les faits, pour les individus et pour les nations ; et le mirage est d'autant plus séduisant que les bouleversements sont plus profonds et les luttes plus épouvantables. Le moyen-âge, où les guerres et les malheurs n'ont pas manqué, a prié pour que le Seigneur y mît un terme. Avec l'Église, il a fait dans sa prière, liturgique une large part à la paix mais jamais il n'a rêvé cette paix en dehors de Dieu. Après les guerres de religion et les horreurs de la Révolution, qui furent des manifestations de la haine violente contre Dieu, le Serpent usa de ruse et de mensonge pour tromper les hommes, affaiblir, énerver l'inimitié sur laquelle Dieu fonde la religion et, qui est l'armature de la foi chrétienne. C'est, un phénomène caractéristique de nos temps modernes.

La paix religieuse ? Le christianisme y travaille par l'union des âmes dans la même foi et la divine charité, par leur réunion au même bercail sous la houlette du divin Pasteur. Satan la propose dans l'abolition de toute inimitié, de tout antagonisme exclusif entre l'erreur et la vérité, entre la révélation et la raison indépendante, dite libre pensée, Plus de luttes, plus de barrières infranchissables par la fixité des dogmes et l'intransigeance des lois divines ou ecclésiastiques. C'est la tolérance religieuse dans les esprits comme dans les actes de la vie. Poison subtil et non sans charmes, anesthésique parfait et progressif, maladie du sommeil qui envahit l'âme dont elle énerve la vitalité et les forces. Cette paix, un illustre apostat la résumait en deux mots : scepticisme et douceur. Ce sont, disait-il, deux exquises vertus. Nous avons vu cette tolérance s'étaler en thèses savantes à l'usage des intellectuels, ou se monnayer pour le peuple en aphorismes bien frappés : « Toutes les religions sont bonnes ; toutes doivent fraterniser : l'Église ne doit plus revendiquer que le droit commun ; la vérité n'a droit à aucun privilège. Et puis qu'est-ce que la vérité ? Quid est veritas ? (Par contre on a aussi formulé et à la fois réfuté par les conséquences absurdes les idées du faux libéralisme qui mettrait un cierge à saint Michel et un autre au dragon ; ou qui plus sentencieusement déclare que : La vérité se trouve entre les deux extrêmes Et la vertu se tient dans un juste milieu : Conséquemment n'aimez, ni ne haïssez Dieu)
Le XIX siècle a bu copieusement ce breuvage magique dont Renan fut le distillateur le plus vanté. Il s'en est suivi l'anémie des âmes. Ne voit-on pas en effet les opinions religieuses et le sentiment remplacer trop souvent la vigueur de la foi et la haine du mal ? Mais la guerre actuelle a secoué cette léthargie et montré à nu l'erreur qu'on ne voulait pas reconnaître. Pour tout esprit droit, sain et vraiment chrétien, elle est l'aboutissement fatal des doctrines impies, d'une civilisation sans Dieu, d'un état social où la neutralité religieuse est tenue désormais pour légitime ; elle est le châtiment des blasphèmes, des crimes et des persécutions contre l'Église, dont on finissait par prendre son parti. Le coup de tonnerre ébranla tout, et la leçon était si claire que sous la première impression le mouvement religieux fut considérable. Il y eut un réveil de la foi, un recul du mal. Dieu allait-il triompher ? Avec son intelligence et sa ruse, Satan comprit que, la violence n'étant plus opportune, il fallait endormir et anesthésier à tout prix le malade qui se réveillait et le mot d'ordre de la Maçonnerie fut l'appel à l'union sacrée. Formule hypocrite, comme celles dont elle a la spécialité, pouvant s'entendre selon l'ordre, mais interprétée et appliquée dans un tout autre esprit. Elle fut lancée par un ministre qui avait proféré du haut de la tribune cet orgueilleux défi : « D'un geste large nous avons éteint au ciel des lumières qui ne se rallumeront plus. » Et Celui qui habite aux cieux et se rit des impies lui rétorqua, par une ironie divine, son blasphème en l'obligeant à voiler les clartés de la terre. Paris même a vu s'éteindre la féerie de ses lumières, et longtemps est resté plongé dans les ténèbres que sillonnèrent trop souvent d'autres lueurs meurtrières.
Qu'est donc cette union sacrée ? C'est, en somme, le pacifisme satanique dans les idées et dans les faits, la suppression de tout antagonisme nécessaire, la fraternisation dans l'abdication des droits de la vérité, de Dieu et de son Église. Pour ce faire on allègue la patrie au-dessus de tout. N'est-elle pas même la seule vraie religion qui doive unir toutes les volontés ? De grâce, qu'on ne parle plus de péché, surtout de péché national, ni du châtiment qui le suit, afin de ne pas irriter le pécheur et l'impie. Même la prière ordonnée par l'autorité ecclésiastique était dans ce but censurée et tronquée. Union sacrée ! Comme si quelque chose pouvait être sacré sans Dieu et à plus forte raison contre lui ! À moins qu'on ne donne à ce mot le sens d'exécrable et de maudit, comme dans l'auri sacra fames du poète latin. Ainsi a mûri en pleine guerre, comme tant d'autres choses, la tolérance religieuse du siècle précédent.
Mais rapprocher, affaiblir, altérer n'est qu'une étape. Satan ne peut s'en contenter, il veut détruire cette inimitié, supprimer cet antagonisme qui le tient à l'écart et lui oppose les forces divines. Alors avec cette audace qui, après d'insidieuses questions, lui fit brusquement nier la menace divine qu'Ève lui objectait : Nequaquam moriemini, il ne se contente plus d'accommodements et de tolérance, il pousse à fond son mensonge contre Dieu. S'il y a dans le temps une opposition, un antagonisme, cela ne tient pas à l'essence des choses, ou de l'Être divin et ne durera pas éternellement. Un jour viendra où les deux principes, le bon et le mauvais, se réconcilieront ; où l'enfer enfin cessera et rendra ses habitants au céleste séjour ; où l'erreur et la vérité se confondront ; où le bien et le mal se réuniront en toute paix. Donc le jugement après la mort ne conclut rien, ne fixe pas la destinée des hommes irrévocablement. Après ou sans les pérégrinations de la métempsycose, tout finira par s'absorber en Dieu : justes et pécheurs, œuvres bonnes ou mauvaises. Plus rien d'immuable ; tout évolue : la terre et le ciel, la religion et Dieu lui-même. Dès lors, pourquoi des inimitiés et des luttes ? Comment les établir sur ce qui ne dure pas et change perpétuellement ?
Le manichéisme avait favorisé ces séductions infernales, qui de nos jours réapparaissent habillées de nouvelles formules et propagées par des procédés nouveaux ou renouvelés. Les théories de l'évolutionnisme ou du devenir perpétuel ont fait école. Puis l'occultisme, le spiritisme, la métempsycose moderne ou réincarnation recrutent des adeptes. Là, s'il est encore question d'une sorte de purification nécessaire, de coins d'ombre, où pour un temps sont reléguées les âmes, jamais vous n'entendrez parler de l'enfer, de l'éternelle damnation, des anges bons et des anges déchus. Ces dogmes affirment explicitement ou par voie de conséquence toute la religion et révèlent Satan tel qu'il est. N'a-t-on pas vu des esprits droits se retourner vers Dieu et croire en lui, parce que d'abord ils avaient cru au diable ? Logique inévitable et salutaire des antagonismes posés par Dieu et que le Serpent s'efforce de combattre à tout prix. Il le fait même aux dépens de la raison, dont il détruit à cette fin les notions fondamentales et nie les opérations les plus évidentes. C'est l'œuvre infernale de la philosophie allemande, plus redoutable par son inexplicable séduction que par la violence de la puissance militaire. Cette fumée qui est montée du puits de l'abîme, plus meurtrière et plus épandue sur le monde que les gaz toxiques inaugurés par la Germanie, a corrodé jusqu'aux racines de la raison et de la foi. Ce sont en effet des principes antichrétiens et antirationnels que ce subjectivisme et cet égocentrisme au-dessus de tout, que cette identité du moi et du non moi et généralement de tous les contraires ; que cet agnosticisme des relations de cause à effet ; que ces formules anesthésiques : areligieux, amoral, au lieu d'irréligieux et d'immoral. Pas de heurts, pas d'antagonisme. Mais, au demeurant, ce sont d'impudents mensonges de celui qui en est le prince, puisqu'en cela omettre est aussi coupable que commettre et que l'un et l'autre s'équivalent. Au souffle de Satan, ces fumées toxiques ont plus on moins pénétré jusque chez les fidèles. D'où viennent ces répugnances à entendre parler de l'enfer et de l'éternité des peines ? Ne se souvient-on pas des discussions fameuses sur le Symbole de saint Athanase et ses sanctions finales ? On ne peut douter de l'esprit qui les inspira.
Il y a plus encore ; car ce n'est pas seulement sur les individus, mais sur les nations que Satan veut régner contre le Christ à qui Dieu les a données en héritage. Et toujours et partout, s'il s'élève contre les lois divines, contre l'ordre établi par Dieu, c'est en persuadant la paix ; mais l'on peut ici justement appliquer le mot de l'historien latin : là où il fait régner la dévastation et la mort, Satan proclame que c'est la paix. La paix dans les consciences, quand il n'y a plus de conscience ; la paix dans la raison, quand elle ne raisonne plus : la paix dans l’esprit, quand il n’y a plus ni vérité ni lumière ; la paix dans la famille, quand il n'y a plus de famille par le divorce et la stérilité volontaire ; la paix dans les nations, quand le patriotisme en aura disparu et que toutes seront fondues et soumises à son pouvoir. Voilà le but de cette Société des nations que travaille actuellement à organiser la Maçonnerie internationale. Ainsi marchent les événements vers ce règne de l'Antéchrist, qui marquera la fin des temps.
Daigne la Vierge immaculée conserver dans l'âme de ses prêtres et de ses apôtres l'intelligence et le sentiment de ces inimitiés inaltérables. Que cette Vierge très pure et fidèle sauvegarde en eux l'intégrité d'une haine énergique et sans alliage, qui seule peut garantir la pureté de leur foi et la fidélité de leur amour pour le Christ. Qui les laisse s'affaiblir commence à renier son baptême et sa vie chrétienne ; car de même que Dieu a posé ces inimitiés au commencement du monde, il les exige aussi comme condition de la régénération baptismale, et l'on ne devient enfant de Dieu qu'en haïssant Satan : Abrenuntias Satanæ ?... Abrenuntio.
Pour perfectionner cette vie chrétienne, pour donner à Marie des âmes plus abandonnées, que demande donc le Bienheureux de Montfort ? Rien autre chose que de renouveler et perfectionner cette inimitié. Perfecto odio oderam illos et inimici facti sunt mihi. Dans la formule de sa consécration à Jésus par les mains de Marie, il oppose « au cruel esclavage du démon » le saint esclavage de Marie et la rénovation des promesses baptismales. C'est prendre pied irrévocablement sur l'autre rive, tous les ponts coupés ; c'est se ranger décidément du côté de Dieu, face à l'ennemi. Et quel sera le fruit de cette donation totale ? Le Bienheureux énumère en premier lieu une participation plus grande à la foi de Marie : « une foi animée par la charité..., une foi inébranlable comme le rocher..., une foi pour résister au diable et à tous les ennemis du salut » (Vraie Dévotion).
Cette foi qui animait Montfort s'exalte en accents sublimes dans sa Prière embrasée. C'est son propre portrait qu'il trace dans celui des apôtres des derniers temps, lutteurs intrépides qu'il anime par ses accents jusqu'à la victoire finale. Nulle part on ne voit dans ses écrits ou dans sa vie trace de compromis, d'accommodements, d'affaiblissement dans les inimitiés contre le monde et Satan. Comment y en aurait-il, puisque, au terme de la lutte, Marie écrasera la tête du serpent ? Et ipsa conteret caput tuum : c'est la parole de Dieu lui-même contre laquelle l'enfer ne prévaudra pas.
Ainsi feront les apôtres suscités par Marie, « ces nuées tonnantes et volantes... tonneront contre le péché ; ils gronderont contre le monde ; ils frapperont le diable et ses suppôts, et ils perceront d'outre en outre, pour la vie ou pour la mort, avec le glaive à deux tranchants de la parole de Dieu, tous ceux auxquels ils seront envoyés de la part du Très-haut. »
Ce n'est pas là certainement le portrait des pontifes de la fausse paix dont Satan est le prince. En revanche, on y reconnaît le Bienheureux de Montfort dont ces lignes résument l'apostolat si caractérisé.
Il était bien aussi de la race de la Femme et pénétré de son esprit ce disciple bien-aimé qui fut saint Jean. Dès le début de son Évangile, il sépare nettement ceux qui sont nés de la chair et du sang de ceux qui sont enfants de Dieu. Nul rapprochement entre les deux races n'est suggéré par lui. Ses Épîtres sont pleines d'anathèmes contre le monde, d'énergiques condamnations contre les hérésies et les hérésiarques. Quand enfin dans son Apocalypse, où il y aurait tant à relever, il fait entendre les soupirs mutuels de l'Époux et de l'Épouse qui s'appellent, quand il parle de cette venue de Jésus qui sera le triomphe et la récompense des justes, c'est après avoir exclu du ciel « les cyniques, les empoisonneurs, les impudiques, les homicides, les idolâtres et quiconque aime et pratique le mensonge ». (Apoc., in fine.) Ainsi se consommera par une éternelle et complète séparation l'inimitié posée par Dieu dès le commencement. De même que le Christ, qui en est la raison, cette inimitié est aussi l'alpha et l'oméga des saints Livres. Proclamée dès les premières pages pour punir la faute originelle et y remédier, elle s'affirme à la fin comme la conclusion de l’œuvre rédemptrice et le triomphe de l'Église militante. Et c'est saint Jean, l'Évangéliste de l'amour, l'apôtre par excellence de la divine charité, qui annonce cette sentence finale d'inimitié consommée, de séparation définitive et d'éternelle damnation. Foris canes, et venefici, et impudici, et homicidæ, et idolis servientes, et omnis qui amat et facit mendacium. (Apoc., in fine.)


« On s'explique dès lors pourquoi durant ces luttes suprêmes Satan dirigera ses efforts spécialement contre le sacrifice de la Messe. Le prophète Daniel annonçait que l'Antéchrist, dont Antiochus était la figure, prévaudrait contre le sacrifice perpétuel et le ferait cesser (Daniel, VII, 2 et 12).
Lorsque dans le monde les divins mystères se feront plus rares, la foi s'obscurcira : prosternetur veritas in terra ; Satan exercera plus librement ses violences et ses perfides séductions en vue d'un triomphe définitif... : et faciet et prosperabitur. (...)
Lorsque le prophète Daniel dit que l'ennemi de Dieu « aura pouvoir contre le sacrifice perpétuel à cause des péchés » qui abonderont ici bas : Robur autem datum est ei contra juge sacrificium propter peccata (Dan., VIII), pensons sans doute aux péchés des fidèles, mais aussi à ceux des prêtres tièdes, relâchés ou indignes. Par contre, quelle force pour l'Église en ces jours d'épreuve, quelles grâces pour les âmes, si dans leurs fonctions saintes les prêtres de Marie suppléent à leur impuissance ou à leurs dispositions imparfaites par leur union avec Elle ! » (LA VIERGE MARIE ET LES APÔTRES DES DERNIERS TEMPS D'APRÈS LE B. LOUIS-MARIE DE MONTFORT, par le Père LHOUMEAU)


« A-t-on bien assez remarqué dans ces apôtres pénétrés de l'esprit de la Croix et formés par Marie le double caractère de force et de douceur par lequel ils ressemblent à leur Mère ? Ils sont doux, car Elle est femme ; mais ils sont forts, car Elle est Femme forte. Contemplez-les tous, ces Fils de la Vierge qu'elle forme à son image et qu'Elle arme contre les ennemis de Dieu : Élie, Jean-Baptiste, le bienheureux de Montfort. En eux l'austérité de la vie, la vaillance dans le combat, le sacrifice jusqu'à la mort s'allient avec les tendresses et les indulgences d'une divine charité pour les petits, les pauvres, les pécheurs et les âmes de bonne volonté. » (LA VIERGE MARIE ET LES APÔTRES DES DERNIERS TEMPS D'APRÈS LE B. LOUIS-MARIE DE MONTFORT, par le Père LHOUMEAU)

« Cet avènement du Christ dans les âmes par la grâce, et finalement en personne sur cette terre pour le jugement général, est l'objet des prières et des soupirs des âmes saintes. Marie sera à leur tête ; et, comme autrefois pour l'Incarnation ou pour la descente du Saint-Esprit à la Pentecôte, cette toute-puissance suppliante — omnipotentia supplex, — cette épouse bien-aimée entre toutes, l'unique du Seigneur, sera écoutée avec complaisance. L’Église priera en union avec Elle ; mais à ceux qui lui sont voués spécialement ; à ses consacrées et à ses prêtres, Marie ne donnera-t-elle pas une part spéciale aux gémissements ineffables de l'Esprit divin... Spiritus postulat gemitibus inenarrabilibus ? La réponse est déjà donnée par les faits. Rappelons-nous comment saint Jean, le fils bien-aimé de Marie, a soupiré après la venue de Jésus. Il a fini par ces appels les visions de son Apocalypse. Et qu'est-elle autre chose qu'un soupir ardent, cette prière du Bienheureux de Montfort, qui demande à mourir plutôt que de n’être pas exaucé ? En donnant aux siens cet Esprit de grâce et de prière, Marie prépare le second avènement de Jésus.
Mais Jésus nous l'a dit : Il viendra comme un voleur, et la parabole des vierges est toujours présente à notre esprit. De quel secours sera donc cette Vierge très prudente, Virgo prudentissima, pour maintenir les âmes vigilantes et les disposer à cette venue plus ou moins prochaine du Christ? D'autant plus que les séductions sont aussi prédites. Les faux prophètes, les faux Christs ou Messies apparaîtront. Mais pour tous, surtout pour ceux qui lui appartiennent totalement, Marie est la voie sûre, droite et immaculée pour aller à Jésus-Christ et le trouver parfaitement ; c'est par elle que les saints qui doivent éclater en sainteté doivent le trouver. (Vraie Dévotion)
Enfin, dans ces derniers temps, Marie doit plus que jamais faire éclater sa puissance sur tous les démons. Montfort insiste sur ce point, non sans une grande justesse de vues. Plus que jamais, en effet, nous aurons à lutter moins contre les forces de la chair et du sang, contre une puissance humaine, que contre les forces spirituelles ou les puissances de ténèbres (Éph., VI, 12). L'action des esprits mauvais se manifestera davantage. Ce sont eux qui mènent le combat contre l’Église avec une habileté, une haine obstinée, dont l'homme seul n'est pas capable. À cette sorte de possession diabolique, ou, si l'on veut, à cette servitude des suppôts de Satan, s'opposera le saint esclavage de Marie ou l'appartenance totale de ses dévots. Le rôle de la Vierge, en cela, apparaît donc nettement avec les moyens d'apostolat et de lutte qui seront appropriés aux circonstances.
De cette armée de la Vierge, l'Archange saint Michel est le généralissime aux ordres de sa Reine. À la tête des anges fidèles il mena le combat contre Lucifer ; il le continue avec l'Église militante, selon les voies de la divine Sagesse, où tout se suit et se coordonne jusqu'au bout. Dès maintenant il assiste cette Église et a mandat pour offrir les prières des saints, conduire les âmes en paradis et venir au secours du peuple de Dieu. Et quand viendront ces temps, qui n'auront pas eu de pareils depuis que le monde existe, le glorieux Archange se lèvera, et debout, dans l'attitude du combat et du commandement, il assurera le salut des enfants du peuple choisi. In tempore autem illo consurget Michael, princeps magnus, qui stat pro filiis populi tui. (Dan., XIIl, 1) Ainsi s'explique la dévotion du Bienheureux de Montfort à saint Michel. C'est pour lui recommander ses propres combats, autant que ceux de ses futurs missionnaires, qu'il fit un pèlerinage à son célèbre sanctuaire de Normandie ; et pour nous entraîner à la suite de ce chef et de ce modèle, il jette cet appel : « Quasi aucun saint Michel ne s'écrira du milieu de ses frères en zèlant votre gloire : Quis ut Deus ? » (Prière)

(...)
Comment ne pas se rappeler ici les assurances que Montfort aime à redire et que nous trouverons près de « Celle qui retient les saints dans leur plénitude et les y fait persévérer jusqu'à la fin » ? Et le Speculum B. V., attribué à saint Bonaventure, détaille ainsi le sens de cette parole : « Marie empêche les vertus de disparaître, les mérites de périr, les grâces d'être gaspillées ou perdues, les démons de nous nuire. »
Et puisque nous sommes en face des derniers temps, de leurs épreuves, de leurs combats, de leur apostolat caractérisé, qui exigeront une trempe d'âme spéciale, une vaillance inlassable, n'est-ce pas la Femme forte luttant contre le dragon qui soutiendra le courage de ses enfants et de ses apôtres ? La génération présente, qui incline vers sa fin et dont beaucoup ont quitté ce monde, vit en ce moment des jours terribles. On peut affirmer cependant qu'ils sont moins affligeants que ceux écoulés depuis un demi-siècle environ. La lutte contre Dieu s'accentuait et se généralisait ; rien n'arrêtait le progrès du mal et de l'erreur ; les destructions succédaient aux destructions ; l'Église, dans son Chef comme dans ses membres, était persécutée ; l'audace de ceux qui haïssent Dieu montait toujours, et leur puissance semblait s'affermir. « Jusques à quand, Seigneur : Usquequo, Domine ? » gémissaient les âmes fidèles. Mais Dieu semblait dormir. Voici que la tempête soudain se déchaîne, violente, désastreuse, universelle ; mais on entrevoit l'issue.
Le triomphe et la restauration s'approchent ; les deuils et les sacrifices l'assurent et hâtent leur venue. Ces jours et ces angoisses des heures que Dieu concède à la puissance des ténèbres reviendront sans doute, plus sombres et plus graves encore. Pour rester, comme saint Jean, forts dans leur amour et leur foi, ces apôtres des derniers temps n'auront qu'à demeurer près de Celle dont l'amour et la foi en la Résurrection, même après le Calvaire et la sépulture, n'ont pas faibli un seul instant. Aux prises avec les forces de l'enfer, et quels que soient ses triomphes apparents, leur foi demeurera inaltérable et leur assurera la victoire. Et hæc est victoria quæ vincit mundum, fides nostra. (Jean, V, 8.) « Seigneur Jésus ..., souvenez-vous de donner à votre Mère une nouvelle Compagnie, pour renouveler par Elle toutes choses et pour finir par Marie les années de la grâce, comme vous les avez commencées par Elle. » (Bienheureux de Montfort.)
» — (LA VIERGE MARIE ET LES APÔTRES DES DERNIERS TEMPS D'APRÈS LE B. LOUIS-MARIE DE MONTFORT, par le Père LHOUMEAU)

« Ces grandes âmes, pleines de grâce et de zèle, seront choisies pour s'opposer aux ennemis de Dieu, qui frémiront de tous côtés, et elles seront singulièrement dévotes à la très sainte Vierge, éclairées par sa lumière, nourries de son lait, conduites par son esprit, soutenues par son bras et gardées sous sa protection, en sorte qu'elles combattront d'une main et édifieront de l'autre. D'une main, elles combattront, renverseront, écraseront les hérétiques avec leurs hérésies, les schismatiques avec leurs schismes, les idolâtres avec leur idolâtrie, et les pécheurs avec leurs impiétés ; et, de l'autre main, elles édifieront le temple du vrai Salomon et la mystique cité de Dieu, c'est-à-dire la très sainte Vierge, appelée par les saints Pères le temple de Salomon et la cité de Dieu. Ils porteront tout le monde, par leurs paroles et leurs exemples, à sa véritable dévotion, ce qui leur attirera beaucoup d'ennemis, mais aussi beaucoup de victoires et de gloire pour Dieu seul. C'est ce que Dieu a révélé à saint Vincent Ferrier, grand apôtre de son siècle, comme il l'a suffisamment marqué dans un de ses ouvrages. (...)
C'est par Marie que le salut du monde a commencé, et c'est par Marie qu'il doit être consommé. Marie n'a presque point paru dans le premier avènement de Jésus-Christ, afin que les hommes, encore peu instruits et éclairés sur la personne de son Fils, ne s'éloignassent pas de lui, en s'attachant trop fortement et trop grossièrement à elle, ce qui apparemment serait arrivé si elle avait été connue, à cause des charmes admirables que le Très-Haut avait mis même en son extérieur ; ce qui est si vrai, que saint Denis l'Aréopagite nous a laissé par écrit que, quand il la vit, il l'aurait prise pour une divinité, à cause de ses charmes secrets et de sa beauté incomparable, si la foi, dans laquelle il était bien confirmé, ne lui avait appris le contraire. Mais, dans le second avènement de Jésus-Christ, Marie doit être connue et révélée par le Saint-Esprit afin de faire par elle connaître, aimer et servir Jésus-Christ. Les raisons qui ont porté le Saint-Esprit à cacher son Épouse pendant sa vie, et à ne la révéler que bien peu depuis la prédication de l'Évangile, ne subsistent plus.
» (Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, Saint Louis-Marie Grignion de Montfort)



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