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mardi 2 février 2021

LA FÊTE DE LA PURIFICATION OU DE LA CHANDELEUR



ORIGINE

Cette fête date de fort loin, puisque c'est sous Justinien qu'elle fut instituée, sous le nom d'Hypapante, qui signifie en grec l'action d'aller au-devant de quelqu'un. Elle fut établie en commémoration du vieillard Siméon et d'Anne la prophétesse, qui allèrent à la rencontre de Jésus, lorsque Joseph et Marie vinrent le présenter au temple. La loi et l'usage voulaient alors que tout nouveau-né fût porté en présence du grand prêtre, quarante jours après sa naissance, pour être inscrit sur les registres, et, dans cette présentation, la mère elle-même devait être purifiée devant Dieu.
Certes, la mère du Messie, cette femme qui, par un privilège unique et exceptionnel, avait donné le jour à son fils sans perdre une seule des prérogatives de sa virginité ; Marie, cet emblème de la candeur et de la chasteté, n'avait à se purifier d'aucune souillure devant Dieu. Aussi est-ce seulement pour donner l'exemple de l'obéissance à la loi qu'elle se soumet à cette formalité, qui la relève et la grandit encore aux yeux de ses serviteurs.
Les saint livres nous apprennent que la loi voulait encore que toute femme, avant de se purifier, présentât un agneau en sacrifice ; mais celle qui était trop pauvre pour fournir cette victime pouvait y substituer deux colombes. L'histoire et la tradition nous ont transmis un fait bien touchant, et personne n'ignore que la descendante des rois de Juda, que la petite-fille de David, nous n'ajoutons point la mère de Dieu, fut alors réduite à s'en tenir à l'offrande des pauvres.
Ainsi donc, cette existence du Christ, qui avait commencé par une fuite, se continuait par une humiliation, pour se terminer par le supplice !
Cette fête de la Purification s'appelle encore la fête de la Chandeleur, parce qu'autrefois ce jour-là les prêtres et les assistants portaient à la main un cierge, une chandelle de cire allumée, touchant emblème de la mère divine portant dans ses bras l'enfant d'où devait rayonner toute lumière. Ce cierge, par sa blancheur, était encore le symbole naïf de la pureté de Marie, de la candeur de Jésus et de la droiture de Joseph ; car, par un gracieux assemblage d'allégories, la Religion, dans ses fêtes, a toujours voulu poétiser ses croyances, cherchant ainsi à graver dans les cœurs tout ce que sa tendre sollicitude faisait passer par nos yeux ou par notre oreille.
Comme tout ce qui se rattache au culte de la sainte Vierge, la Chandeleur est une solennité qui nous apparaît tout embaumée d'un suave parfum de virginale splendeur. L'Église, ce jour-là, se pare de ses plus blancs ornements ; et, comme si la terre voulait célébrer aussi la fête de la pureté et de la candeur, elle semble se couvrir d'un voile éclatant de blancheur, que le peuple appelle la neige de la Chandeleur.


LA FÊTE DE LA PURIFICATION

Le Seigneur avait dit, par la voix du Prophète (Malachie) :
« — Et voici qu'en ce jour mon ange ira vers vous,
Afin que, devant moi, toute route soit prête.
Et que rien, ici-bas, ne se place entre nous...
Et le Dominateur qu'attend votre espérance
Paraîtra dans le temple, au milieu d'Israël ;
Ses pas seront suivis, par l'Ange d'alliance
Qui porte aux nations les messages du ciel... »

C'est, pour exécuter la parole divine,
Que Jésus, dans le temple, alors fut apporté :
Il pouvait, invoquant sa céleste origine,
Se soustraire à l'arrêt par Moïse dicté ;
Et sa mère, d'ailleurs, ce beau lis d’innocence,
Qu'embaumait le parfum de sa virginité,
Elle qui charmait tout par sa seule présence,
Avait-elle souillé sa chaste pureté ?...
Non !... la douce Marie était une humble femme
Qui, sachant qu'elle était la mère du Sauveur,
Retenait son secret dans le fond de son âme,
Et se nommait, tout haut, Servante du Seigneur...
Elle voulut alors donner un noble exemple,
Qui pût servir de règle aux mères à venir :
Pour se purifier, elle alla dans le temple,
Portant son nouveau-né, que l'on allait bénir.
La loi voulait qu'alors, pour que Dieu fût propice,
On offrît un agneau, symbole de son vœu ;
Les pauvres, ne pouvant faire ce sacrifice,
Immolaient seulement deux colombes à Dieu...
La fille de David , la mère du Messie,
Celle qui dans son sein avait porté Jésus ;
Le rejeton des rois, dont la suprématie
Tenait à la naissance, aussi bien qu'aux vertus ;
Marie et son époux, réduits à l'indigence,
N'apportaient point d'agneau, pour gage de leur foi :
Ils offraient simplement la stricte redevance
Des colombes, alors prescrites par la loi.

Et lui, le jeune enfant, lui le maître du monde,
Qui pouvait, d'un seul mot, renverser les palais,
Remplacer le soleil par une nuit profonde,
Faire régner sur terre ou la guerre, ou la paix ;
Lui qui, seul, commandait à toute destinée ;
Lui, le vrai fils de Dieu, roi dans l'Éternité,
Humiliant alors sa puissance incarnée,
Marchait dans sa faiblesse et dans sa pauvreté ! ...
Pauvres, qui maudissez votre longue misère ;
Riches, qu'enorgueillit la puissance de l'or,
Ayez l'âme moins triste, ayez l'âme moins fière,
Jésus a méprisé ces vanités du sort.
Il voulut dédaigner, en entrant dans la vie,
Ce néant, qu'on appelle ou richesse, ou splendeur,
Et sut, en l'acceptant, rendre digne d'envie
L'obscure pauvreté, dont il fit un honneur...
Marie , en présentant son enfant au Grand-Prêtre,
Se grandissait encore par son humilité ;
Aussi le saint vieillard, en la voyant paraître (Saint Luc),
S'écria tout à coup, par la joie emporté :
« — Maintenant, ô Seigneur, je puis quitter la vie (Cantique de Siméon) ;
Mes yeux ont contemplé le salut d'Israël !...
Ce salut, c'est celui qu'à la terre asservie
Promit, pour l'affranchir, la voix de l'Éternel :
Cet enfant est venu pour la paix ou la guerre,
Pour perdre ou pour sauver... Il deviendra le but
Où seront dirigés les traits de la colère ;
Aux peines de ce monde il paiera le tribut :
Et votre cœur, Marie , en ces jours de tristesse,
Sera cent fois percé d'un glaive de douleur ;
Car il vient accomplir la divine promesse,
Et signer avec nous le pacte du Sauveur !... »

Et, lorsqu'il eut chanté cet hymne prophétique,
Le vieillard, épuisé par ce sublime effort,
S'affaissa lentement sous le sacré portique,
Et ceux qui l'écoutaient virent qu'il était mort...
On entendit alors une douce harmonie,
Qui descendait du ciel, en murmurant un nom ;
Et, parmi les échos de cette mélodie,
On distinguait encor la voix de Siméon :
Il avait annoncé le Messie et sa gloire ;
Le Seigneur le payait en exauçant son vœu :
Il venait de toucher le prix de sa victoire,
Et précédait le Christ, à la droite de Dieu.


SERMON

Ce n'est pas seulement pour satisfaire à la loi qui consacrait au Seigneur tous les enfants premiers-nés, que Jésus-Christ parait aujourd'hui dans le temple ; c'est aussi pour en accomplir la figure. Il ne vient pas seulement se soumettre à une ordonnance qui n'avait pas été faite pour lui, il vient encore développer les mystères d'une cérémonie qui ne se rapportait qu'à lui.
Pourquoi, en effet, mes frères, le Seigneur avait-il ordonné que les premiers-nés des hommes et des animaux lui fussent offert, comme pour racheter par cette offrande la vie et la servitude de tous les autres ? Pourquoi ces premiers-nés des fruits de la terre, que la loi de Moïse lui avait réservés ? N'est-il pas également maître de tous nos biens ? et le sacrifice du soir lui est-il moins dû que celui du matin ? Pourquoi ces figures ? C'est parce que Jésus-Christ, le premier-né d'entre ses frères, devait s'offrir un jour pour les délivrer tous de la condamnation d'Adam. C'est encore parce que Jésus-Christ, ce fruit sublime de la terre, comme l'appelle un prophète, devait être présenté dans le temple ; par cette oblation, sanctifier toute la nature, et rendre à l'homme le droit d'user des biens qu'elle produit, dont un abus injuste l'avait privé.
Ce n'étaient donc là que les ombres de l'avenir. Voilà pourquoi les prophètes ne cessaient de nous annoncer, que l'éclat de l'ancien temple cèderait à la magnificence du nouveau. Ce ne sont plus en effet des nuées de gloire qui descendent du ciel pour couvrir le sanctuaire ; elles enfantent aujourd'hui le Juste. Ce n'est plus l'ange du Seigneur qui, du font du Propitiatoire, annonce ses volontés au peuple ; c'est le seigneur du temple lui-même, qui vient en personne instruire les hommes des vérités éternelles du salut. Ce ne sont plus des princes et des conquérants profanes, qui, attirés par la majesté des princes et des conquérants profanes, qui, attirés par la majesté et par la réputation de ce lieu saint, viennent y adorer le Dieu des armées, et charger ses autels d'offrandes magnifiques ; c'est le prince de la paix, le roi immortel des siècles, le conquérant de Juda, revêtu des dépouilles des nations, qui vient les offrir toutes à son Père, comme le trophée de sa victoire. Ce n'est plus la fumée des encensements, qui monte avec majesté vers le trône céleste ; ce sont les prières et les supplications du Christ, toujours exaucé à cause de son excellence. Ce n'est plus le sang de mille victimes qui coule sur l'autel ; c'est l'oblation sanglante du Rédempteur d'Israël qui s'y accomplit par avance. Enfin, ce n'est plus un premier-né offert par la Synagogue et racheté en même temps, comme incapable de la purifier de ses souillures : c'est l'Église elle-même, figurée dans Marie, qui va offrir son chef, son premier-né, les prémices de ceux qui dorment dans le sein d'Abraham ; pour être par cette oblation sainte rendue sans tache et sans ride, et préparée à jamais au seigneur, comme une Vierge pure, et seule digne d'entrer avec lui dans le sanctuaire éternel.
Or, comme c'est ici la première marque publique du culte que Jésus-Christ donne à son Père, sans doute il veut nous y apprendre les dispositions dans lesquelles il faut entrer pour se consacrer à lui par une vie toute nouvelle. Recueillons donc les circonstances principales de ce mystère, et nous y trouverons un esprit de sacrifice dans Jésus-Christ qui s'offre à son Père, et un esprit de fidélité dans Marie qui l'offre. Or, voilà les deux dispositions qui rendent la conversion sincère et durable, et l'offrande de nos cœurs agréable à Dieu : un esprit de sacrifice qui ne réserve rien en s'offrant ; un esprit de fidélité qui ne se dément plus sur rien en le servant.
La soumission à la volonté de Dieu est la grande vertu dont Marie nous donne aujourd'hui l'exemple dans le mystère que l'Église propose à la piété des fidèles. Quoique toute la vie de cette Vierge sainte ait été une conformité continuelle aux ordres du ciel, un acquiescement universel aux vues et aux desseins de Dieu sur elle, il semble cependant que c'est cette disposition qui domine le plus dans l'oblation qu'elle fait aujourd'hui de son fils au temple ; et que c'est dans ce mystère que le sacrifice qu'elle fait à la volonté de Dieu de ses lumières, est plus entier et plus héroïque. (Massillon)

(Tiré de Les Fêtes de l’Église romaine)


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