Saint Grégoire remarque qu'il y a des personnes que la tentation n'attaque jamais plus vivement, que dans les commencements de leur conversion, il ajoute que Jésus-Christ a voulu, par une providence admirable, nous en donner un exemple en sa personne, n'ayant permis au démon de le tenter, que lorsqu'après son baptême il se fut retiré au désert pour prier et pour jeûner. Il voulut par-là, reprend ce Saint Pape apprendre à ceux qui doivent être ses membres et ses enfants que quand ils se retirent du monde, pour s'adonner entièrement à la pratique de la vertu, ils doivent se préparer à soutenir de rudes attaques, parce que c'est alors que le démon fait ordinairement de plus grands efforts contre eux.
Quant à ceux qui ressentent beaucoup de consolations et de douceur dès le commencement de leur conversion, et que Dieu n'éprouve que par la suite par la voie des tentations ; c'est, dit encore Saint Grégoire, un effet de la Providence divine, qui ne veut pas que le chemin de la vertu leur paraisse d'abord si rude ni si difficile, qu'ils viennent à perdre courage, et à retourner en arrière ; cela peut faire connaître, poursuivit le même saint Docteur, combien se trompent ceux qui commençant à servir Dieu, et voyant qu'ils y ressentent beaucoup de douceur ; qui se sentant une grande ferveur pour la prière, à cause des douceurs que Dieu leur y fait goûter, et qui, encouragés par-là, se livrent à tous les exercices de vertu et de mortification qui leur deviennent aisés, s'imaginent alors qu'ils sont déjà parvenus au dernier degré de la perfection ; au lieu qu'ils devraient reconnaître que ces sortes de faveurs sont des caresses que Dieu leur fait, comme à des enfants qui commencent à changer de nourriture, et qu'il veut achever de sevrer entièrement des choses du monde. C'est quelquefois, continue toujours Saint Grégoire, à ceux qui sont moins parfaits, et qui ont fait moins de progrès dans la vertu, que Dieu se communique plus abondamment ; non parce qu'ils le méritent davantage, mais parce qu'ils ont plus de besoin d'être encouragés et soutenus.
Cette divine conduite nous est parfaitement bien expliquée dans la parabole de l'Enfant prodigue. Son père le reçoit avec les plus grands témoignages de joie et de bonté : il lui fait donner une robe de paix ; il célèbre son retour par un mélodieux concert. Et ce même père qui n'avait reçu que des sujets de satisfaction de son fils aîné, qui ne lui avait jamais donné un chevrau, pour manger avec ses amis, prépare un grand festin, et fait tuer le veau gras, pour le retour d'un fils qui n'aurait cessé jusqu'alors de se révolter contre lui ; c'est que « ceux qui se portent bien dit le Sauveur, n'ont que faire de Médecin ; mais ce sont ceux qui sont malades qui en ont besoin. »
(Abrégé de la Pratique de la Perfection Chrétienne)
Reportez-vous à Les Tentations sont inévitables en cette vie mortelle, Pourquoi Dieu permet que l'on soit tenté ; Avantages réels qui résultent de ces tentations, Des tentations, Conduite à tenir à l'égard des tentations, Des tentations et des illusions, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Avis le plus utile de tous : Priez !, Aspiration dans les tentations, De quelques remèdes contre les tentations de l'impureté, et Quelques autres remèdes contre les tentations d'impureté.
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