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samedi 12 septembre 2015

Les Tentations sont inévitables en cette vie mortelle


Le retour de l'enfant prodigue - Félix Boisselier


Extrait de « Abrégé de la Pratique de la perfection Chrétienne » du R.P. Alphonse Rodriguez



Les Tentations sont inévitables en cette vie mortelle :


Mon Fils, en vous attachant au service de Dieu, persévérez dans la justice avec crainte, et préparez votre âme à la tentation. Saint-Jérôme, sur ces paroles de l'Ecclésiaste : Il y a un temps de guerre et un temps de paix, dit que tant que nous sommes dan cette vie, ce sera pour nous un temps de guerre ; et que ce ne sera que lorsque nous serons arrivés au terme de nos désirs dans l'autre vie, que nous y trouverons le véritable temps de paix, suivant ces paroles : Il a établi sa demeure dans la paix. Ce saint Docteur ajoute que c'est pour cela que le nom de Jérusalem, c'est-à-dire, vision de la paix, est donné à cette céleste patrie où nous aspirons. Que personne donc, reprend le même Père, ne se croie maintenant en sûreté dans ce temps de guerre où il est question de combattre, et de se servir des armes apostoliques, afin que remportant la Victoire, nous puissions jouir un jour d'une paix que rien désormais ne pourra troubler. Il s'agit présentement d'examiner la cause de cette guerre continuelle que nous éprouvons. L'Apôtre Saint-Jacques nous l'apprend dans son Épître canonique : D'où viennent les combats et les dissensions que vous sentez en vous-même ? Ne viennent-ils pas de votre concupiscence qui vous fait la guerre ? La source de tous ces combats est au-dedans de nous-mêmes ; et cette source est la répugnance au bien, qui est demeurée en notre chair depuis le péché.

De sorte donc que la cause des tentations continuelles que nous éprouvons, c'est notre nature corrompue ; Car c'est la corruption du corps qui appesantit l'âme, c'est le foyer du péché que nous portons avec nous, et cette inclination au mal avec laquelle nous naissons. Notre plus grand ennemi est au-dedans de nous-mêmes ; c'est lui qui nous fait une guerre interminable : il ne faut donc pas nous étonner si nous sommes toujours tentés. En effet, puisque nous sommes enfants d'Adam, que nous avons été conçus dans l'iniquité, et que le péché nous a accompagnés dès le ventre de la mère, le moyen que nous soyons exempts de tentations, et que nos mauvaises inclinations ne nous fassent pas la guerre à toute heure ? C'est à ce sujet que Saint-Jérôme remarque que dans l'oraison que Jésus-Christ nous a enseignée, il ne nous dit pas de demander à Dieu que nous n'ayons point de tentations, car elles sont inévitables en cette vie ; mais qu'il ne permette pas que nous soyons si violemment attaqués, que nous cédions à la force de la tentation. C'est encore notre Divin Sauveur qui a donné le même enseignement à ses disciples quand Il leur a dit : Veillez et priez, de crainte que vous n'entriez en tentation ; car, reprend Saint Jérôme, entrer en tentation, ce n'est pas être tenté, mais être vaincu.

Saint Grégoire assure que c'est une erreur de quantité de personnes de s'imaginer que dès qu'elles sont attaquées de quelques tentations violentes, tout est perdu pour elles, et que Dieu, dès ce moment, les a abandonnées. Ces personnes s'abusent ; tous les hommes sont sujets aux tentations ; et ceux qui aspirent à la perfection y sont encore plus exposés que les autres, ainsi que le Sage nous l'apprend par les paroles que nous avons alléguées. L'Apôtre nous enseigne aussi la même doctrine : Tous ceux, dit-il, qui veulent vivre saintement en Jésus-Christ, souffriront persécution ; tous ceux qui veulent faire du progrès dans le chemin de la vertu seront exposés aux tentations ; quant aux autres, souvent ils ne savent pas même ce que c'est que la tentation ; ils ne s'aperçoivent pas de la révolte et du combat de la chair contre l'esprit ; au contraire, ils en triomphent. Saint Augustin dit, sur ce passage de l'Apôtre : La chair convoite contre l'esprit, que c'est dans les gens de bien qu'elle convoite contre l'esprit parce que dans les méchants, elle n'a pas contre qui convoiter ; et que ce n'est que où est l'esprit : c'est-à-dire, où il y a un véritable désir de la vertu, qu'elle peut convoiter contre l'esprit. Nous ne devons point nous étonner, non seulement d'avoir des tentations, mais nous devons au contraire les recevoir comme un heureux pressentiment de notre perfection, selon les paroles de Saint-Jean Climaque : qu'il n'y a point de marque plus infaillible d'avoir soumis les démons, que d'en être souvent et vivement attaqué.



Que les uns sont tentés au commencement de leur conversion ; et les autres après les autres après leur retour à Dieu :


Saint-Grégoire remarque qu'il y a des personnes que la tentation n'attaque jamais plus vivement que dans les commencements de leur conversion, il ajoute que Jésus-Christ a voulu : par une providence admirable, nous en donner un exemple en sa personne, n'ayant permis au démon de le tenter, que lorsque après son baptême il se fut retiré au désert pour prier et pour jeûner. Il voulut par-là, reprend ce Saint Pape, apprendre à ceux qui doivent être ses membres et ses enfants que quand ils se retirent du monde, pour s'adonner entièrement a la pratique de la vertu, ils doivent se préparer à soutenir de rudes attaques, parce que c'est alors que le démon fait ordinairement de plus grands efforts contre eux.

Quant à ceux qui ressentent beaucoup de consolations et de douceur dès le commencement de leur conversion, et que Dieu n'éprouve que par la suite par la voie des tentations ; c'est, dit encore Saint Grégoire, un effet de la Providence divine, qui ne veut pas que le chemin de la vertu leur paraisse d'abord si rude ni si difficile, qu'ils viennent à perdre courage, et à retourner en arrière ; cela peut faire connaître, poursuivit le même saint Docteur, combien se trompent ceux qui commençant à servir Dieu, et voyant qu'ils y ressentent beaucoup de douceur ; qui se sentant une grande ferveur pour la prière, à cause des douceurs que Dieu leur y fait goûter, et qui, encouragés par-là, se livrent à tous les exercices de vertu et de mortification qui leur deviennent aisés, s'imaginent alors qu'ils sont déjà parvenus au dernier degré de la perfection ; au lieu qu'ils devraient reconnaître que ces sortes de faveurs sont des caresses que Dieu leur fait, comme à des enfants qui commencent à changer de nourriture, et qu'il veut achever de sevrer entièrement des choses du monde. C'est quelquefois, continue toujours Saint Grégoire, à ceux qui sont moins parfaits, et qui ont fait moins de progrès dans la vertu, que Dieu se communique plus abondamment ; non parce qu'ils le méritent davantage, mais parce qu'ils ont plus le besoin d'être encouragés et soutenus.

Cette divine conduite nous est parfaitement bien expliquée dans la parabole de l'Enfant prodigue. Son père le reçoit avec les plus grands témoignages de joie et de bonté : il lui fait donner une robe de paix ; il célèbre son retour par un mélodieux concert. Et ce même père qui n'avait reçu que des sujets de satisfaction de son fils aîné, qui ne lui avait jamais donné un chevreau, pour manger avec ses amis, prépare un grand festin, et fait tuer le veau gras, pour le retour d'un fils qui n'aurait cessé jusqu'alors de se révolter contre lui ; c'est que ceux qui se portent bien, dit le Sauveur, n'ont que faire de Médecin ; mais ce sont ceux qui sont malades qui en ont besoin.





Pratique : Étudier régulièrement son catéchisme, entretenir ses connaissances par des lectures spirituelles, lire la vie des Saints, lutter contre son ignorance, s'informer sur ce qu'il se passe dans l’Église, sur les manœuvres des ennemis de l’Église. Vous constaterez que les tentations diminueront, puisque vous vous êtes nourri spirituellement.



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