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mercredi 29 janvier 2020

ABRÉGÉ DE LA VIE DE SAINT FRANÇOIS DE SALES


Extrait des Exercices spirituels selon l'Esprit de Saint François de Sales, Pour les Pensionnaires de son Ordre de la Visitation Sainte Marie :




Saint François de Sales naquit le 21 août 1567 d'une des plus anciennes maisons de Savoie. Les dispositions les plus heureuses furent cultivées chez lui par la plus heureuse éducation. Appelé à l'état ecclésiastique, après une jeunesse passée dans l'innocence et l'étude, il devint l'Apôtre du diocèse qui l'avait vu naître et mérita d'en devenir Évêque, en réunissant à l'Église, avec des travaux immenses, ceux dont la Providence le destinait à être le Pasteur. Élevé, malgré ses résistances sur le Siège de Genève, on vit en lui le modèle des Évêques ; mais ce qui le caractérisa singulièrement fut une douceur qui n'avait peut-être jamais eu d'exemple que dans l'Agneau de Dieu de qui il en avait pris les divines leçons. Cette douceur chez lui opéra des prodiges. Elle lui soumit les ennemis de l'Église, même les plus furieux, les ennemis de la piété, même les plus déclarés ; elle lui attacha pour jamais tous les cœurs, même les plus éloignés de lui.
Son diocèse ne fut pas le seul théâtre de son zèle. La réputation de sa douceur, de sa sainteté, de son zèle, de son éloquence, se répandit de tous côtés. Il prêcha successivement à Dijon, à Grenoble, à Paris, et fit jusqu'à la cour les plus heureuses impressions en faveur de la piété. Rien ne lui résistait, et il achevait par les charmes de sa conversation ce qu'il avait ébauché par les charmes de ses discours. Aimé de ses serviteurs, de ses diocésains, des étrangers, des petits, des grands, sa douceur subjugua tout, et lui concilia tous les cœurs.
Ce caractère si aimable en a imposé quelquefois à des personnes qui aiment à se faire illusion, et elles s'en seraient volontiers prévalu pour croire, contre le témoignage de l'Évangile, qu'on peut donc être Saint sans marcher par une voie si étroite ; mais il ne faut que lire sa vie pour voir que la douceur qui charma dans ses mœurs fut le dernier effort de la plus héroïque mortification, qui changea en lui le caractère le plus vif, et jusqu'à en faire le caractère le plus doux et le plus aimable.
Son but dans l'établissement d'un nouvel ordre religieux, fut de réaliser, dans une assemblée de vierges chrétiennes, cette idée charmante de la piété que le Seigneur lui avait inspirée. Il voyait avec peine que l'esprit intérieur, sans lequel tout le reste n'est rien, ne tenait pas dans toutes les maisons religieuses la place qu'il devait tenir, c'est-à-dire, la première, et qu'il n'était que trop souvent absorbé par les pratiques extérieures. Il voyait que dans les maisons où il était en vigueur, il y était soutenu par des austérités impraticables pour un grand nombre. Son cœur souffrait de voir les asiles de la perfection fermés à des milliers de personnes pleines de bonne volonté. Il voulait y remédier par l'établissement d'un nouvel ordre qui assujettissant l'esprit plus que le corps, aplanirait les voies de la perfection à tant de personnes que l'âge et les infirmités empêchaient d'y tendre par la route des austérités ; d'un ordre où les liens de l'amour prissent la place des liens de la pénitence, où il y eut moins de prières, mais beaucoup de recueillement : moins d'observances laborieuses, mais plus d'obéissance ; moins de pauvreté, dans un sens, mais plus de désappropriation ; moins de solitude, mais plus de charité ; d'un ordre en un mot, où en accordant quelque chose au corps, on ne fit pas la moindre grâce aux vices de l'esprit et du cœur.
Tel était le projet du Saint Évêque ; mais pour établir cette nouvelle famille, il lui fallait une personne propre à en être la mère. Dieu, après la lui avoir longtemps promis, la lui donna dans la bienheureuse mère de Chantal. Ce fut avec le secours de cette femme incomparable qu'il établit l'ordre de la Visitation. Il donna à ses filles, avec la règle de Saint Augustin, des constitutions que l'Église a comblé des plus grands éloges. Personne qui n'en admire la sagesse, la douceur et cette prévoyance qui ne peut être que le fruit d'une expérience consommée.
Indépendamment de ce qu'il a écrit pour ses religieuses, on a de lui différents autres ouvrages qui portent tous l'aimable caractère de ses mœurs, c'est-à-dire, qui respirent une douceur et une suavité admirable. Les principaux sont, son introduction à la vie dévote, son traité de l'amour de Dieu, ses lettres et ses entretiens sur différents sujets de piété. Ce qui en fait le charme universel, c'est une sagesse évangélique qui, en détournant des plus légères fautes, ne confond jamais le conseil et le précepte ; qui, en portant aux plus sublimes vertus, nous en fait trouver le fond, sans sortir des états où nous a placés la Providence. En fournissant les moyens les plus sûrs, il les fait trouver dans l'accomplissement des devoirs les plus communs. Mais par-dessus tout cela, ce qui en rend la lecture si attrayante, c'est que tout y respire l'amour de Dieu. Pas une seule page qui ne présente quelque étincelle de ce beau feu. Son cœur en était consumé, et son dernier soupir fut un soupir d'amour de Dieu. Sa vie pleine de merveilles et d'actions héroïques fut terminée à Lyon le 28 décembre 1622 par une mort précieuse aux yeux du Seigneur.
Comme ses talents, son zèle, sa sainteté l'avaient fait connaître de tous côtés ; sa mort causa un deuil universel. Il fallut tout le crédit du duc de Savoie son souverain pour obliger la ville de Lyon à rendre à la Savoie le corps du Saint Évêque. Il y fut transporté le 29 janvier 1623 et déposé à Annecy dans l'Église de ses chères Filles de la Visitation, où Dieu l'honora bientôt par un grand nombre de miracles.
On retint son cœur à Lyon, et on l'y conserve dans l'Église de la Visitation près de la place de Louis le grand. Il est dans un reliquaire magnifique qui fut donné par Louis XIII en reconnaissance de la santé qu'il avait recouvrée par l'application de ce Saint Cœur.
Sa béatification fut demandée par l'assemblée du clergé de France en 1625 et après la vérification d'un nombre infini de prodiges, il fut canonisé le 19 avril 1665 par le Pape Alexandre VII et sa fête assignée au 29 janvier.


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