« VIE DE SAINTE MARGUERITE-MARIE ALACOQUE » - Extrait :
Le démon, soupçonnant que cette âme allait lui échapper, faisait jouer de nouvelles batteries contre elle. Marguerite les indique en toute humilité « Satan me disait continuellement : — Pauvre misérable ! que penses-tu faire en voulant être religieuse ? Tu te vas rendre la risée de tout le « monde, car jamais tu n'y persévéreras; et quelle « confusion de quitter un habit de religieuse et « sortir d'un couvent! Où pourras-tu te cacher « après cela ? » Et elle ne dissimule pas ses anxiétés, car elle ne savait à quoi se résoudre. « Je me fondais en larmes parmi tout cela » ajoute-t-elle. Notre-Seigneur en eut pitié. Il la consola en l'éclairant lui-même.
« Après la communion, si je ne me trompe, il me fit voir qu'il était le plus beau, le plus riche, le plus puissant, le plus parfait et accompli de tous les amants ; et que, lui étant promise depuis tant d'années, d'où venait donc que je voulais tout rompre avec [lui] pour en prendre un autre. — Oh ! apprends que si tu me fais ce mépris, je t'abandonne pour jamais ; mais si tu m'es fidèle, je ne te quitterai point, et me rendrai ta victoire contre tous tes ennemis. J'excuse ton ignorance, parce que tu ne me connais pas encore, mais si tu m'es fidèle et me suis, je t'apprendrai à me connaître et me manifesterai à toi ! » Tel fut le trait vainqueur qui décida la vocation de Marguerite.
Nommée d'abord aide à l'infirmerie, elle confesse ingénument que Dieu seul peut connaître ce qu'elle y eut à souffrir, « tant de la part de mon naturel prompt et sensible » écrit-elle, « que de celle des créatures et du démon, lequel me faisant souvent tomber et rompre tout ce que je tenais entre les mains, et puis se moquait de moi, en me riant quelquefois au nez : — Oh la lourde ! tu ne feras jamais rien qui vaille ! — Ce qui jetait mon esprit dans une tristesse et abattement si grand que je ne savais que faire, car souvent il m'ôtait le pouvoir de le dire à notre Mère, parce que l'obéissance abattait et dissipait toutes [ses] forces. »
« Une veille de communion, je demandai à mon Jésus d'unir mon cœur au sien, puisque c'était là toute ma prétention. Et, me disant comme se pourrait-il faire d'unir le néant au Tout. — Je sais que cela ne se peut que par votre amour. — Et, me faisant voir par la suprême pointe de l'entendement ce beau Cœur plus éclatant qu'un soleil et d'une infinie grandeur et un petit point qui ne semblait qu'un atome et qui était tout noir et défiguré, mais qui faisait tous ses efforts pour s'approcher de cette belle lumière ; mais c'était en vain, si ce Cœur amoureux ne l'eût attiré lui-même en disant : — Abîme-toi dans ma grandeur et prends garde de n'en jamais sortir, parce que, si tu en sors, tu n'y rentreras plus. — Et je trouve mon cœur tellement lié à l'oraison, que je suis quelquefois comme si je n'en avais plus de jouissance, et dans une paix si grande que je n'ai d'autre inquiétude que de [ne] pas aimer mon Dieu et que je n'emploie pas bien mon temps en l'exercice de son saint amour. Et m'imaginant quelquefois que c'était le démon qui me tenait ainsi, je disais à Dieu : — Faites-moi connaître les ruses du démon, afin que je les évite ! — Mais, mon Bien-Aimé m'a fait entendre que le démon ne pouvait connaître l'intérieur, que lorsque l'on en donnait quelque signe extérieur, et qu'il ne pouvait donner la paix à un cœur. »
Sœur Marguerite-Marie était sujette à des extinctions de voix qui l'empêchaient de chanter l'office, ce qui lui était fort sensible. La veille de la Visitation, 1er juillet 1673, il y avait déjà longtemps qu'elle subissait cette privation, qu'elle regardait comme un châtiment. Ayant fait de vains efforts pour essayer de suivre le chœur au début des matines et ne pouvant y réussir, elle s'anéantit dans le sentiment de l'adoration. Tout à coup, pendant le Te Deum, tandis qu'elle tenait ses bras modestement croisés dans ses manches, une divine lumière vint s'y reposer sous la figure d'un petit enfant éclatant comme un soleil. Transportée d'un tel spectacle, elle dit, « dans un profond silence : — Mon Seigneur et mon Dieu, [par] quel excès d'amour abaissez-vous ainsi votre grandeur infinie ? — Je viens, ma fille, te demander pourquoi tu me dis si souvent de ne me point approcher de toi ? — Vous le savez, Ô mon Souverain, que c'est que je [ne] suis pas digne de m'approcher de vous, et bien moins de vous toucher. — Apprends que, plus tu te retires dans ton néant, plus ma grandeur s'abaisse pour te trouver. » Craignant que ce ne fût un ange de Satan, l'humble Marguerite s'écria : « Si c'est vous, ô mon Dieu, faites donc que je chante vos louanges ! » À l'heure même, la voix lui revint, plus libre et plus forte que jamais.
Et le Père de la Colombière, que, pensa-t-il de Sœur Marguerite-Marie ? Le 23 mars 1679, il écrivait à la Mère de Saumaise : « Passant à Paray, je n'ai pu voir qu'une fois la Sœur Alacoque, mais j'ai bien eu de la consolation en cette visite. Je la trouvai toujours extrêmement humble et soumise, dans un grand amour de la croix et du mépris. Voilà des marques de la bonté de l'esprit qui la conduit, et qui n'a jamais trompé personne. » L'ange de ténèbres avait une haine marquée pour la disciple du Cœur de Jésus. « Maudite que tu es, » lui dit-il un jour, « je t'attraperai et si je te peux une fois tenir à ma puissance, je te ferai bien sentir ce que je sais faire ; je te nuirai partout. » Désespéré qu'il était de n'avoir pu abuser cette âme, ni l'enlacer dans les filets de l'orgueil, il s'en était, depuis longtemps, pris à son corps, se donnant pour tâche de lui tendre des pièges en tout lieu. D'abord, il la rendait à tout propos d'une maladresse extrême, lui faisant tomber des mains et casser les objets qu'elle tenait. Plusieurs fois, il fut plus méchant encore. Un jour, il la poussa du haut d'un escalier, « tandis qu'elle portait ; du feu dans un vaisseau de terre, qui ne se rompit point. » La confusion fut pour son ennemi et non pour elle, qui se trouva au bas de l'escalier, sans avoir même rien renversé, ni sans s'être fait aucun mal. Naturellement parlant, elle aurait dû se casser les jambes. Mais son saint ange était là qui veillait. Elle dit tout simplement : « Je sentis mon fidèle gardien qui me soutint. » Le malin ne la laissait presque jamais tranquille et la poursuivait aux récréations comme ailleurs. À différentes reprises, étant ensemble au chauffoir commun, plusieurs des religieuses virent tout d'un coup retirer l'escabeau sur lequel la Servante de Dieu était assise, sans qu'on aperçût l'être qui se jouait ainsi d'elle. L'humble Sœur tombait alors à terre et reprenait paisiblement son siège ; mais le fait se réitérant un seul jour sur-le-champ jusqu'à trois fois, il fut impossible de ne pas reconnaître l'auteur de cette vexation. La Sœur de Lyonne s'avisa de dire : « Il faut que le démon s'en mêle ! » À quoi la Sœur Alacoque ne répondit que « par un sourire. »
Notre-Seigneur l'avait prévenue que Satan avait demandé de l'éprouver comme l'or dans la fournaise, et qu'il lui avait tout permis, à la réserve de l'impureté ; mais que, pour toutes les autres tentations, il lui fallait être sur ses gardes, et qu'elle aurait surtout à subir celles dont le diable avait osé l'attaquer lui-même. Elle en fit la terrible expérience. Il y a une haute leçon, cachée pour nous sous les humbles aveux d'une si grande âme. « Je souffris pendant ce temps-là de rudes combats de la part du démon, qui m'attaquait particulièrement sur le désespoir, me faisant voir qu'une aussi méchante créature que moi ne devait point prétendre de part dans le paradis, puisque je n'en avais déjà point dans l'amour de mon Dieu, duquel je serais privée pour une éternité. Cela me faisait verser des torrents de larmes. D'autres fois, il m'attaquait de vaine gloire, et puis de cette abominable tentation de gourmandise, me faisant sentir des faims effroyables ; et puis, il me représentait tout ce qui est le plus capable de contenter le goût, et cela dans le temps de mes exercices, ce qui m'était un tourment étrange. Et cette faim me durait jusqu'à ce que j'entrais au réfectoire pour prendre ma réfection, dont je me sentais d'abord dans un dégoût si grand, qu'il me fallait faire une grande violence, pour prendre quelque peu de nourriture. Et d'abord que j'étais sortie de table, « ma faim recommençait plus violente qu'auparavant. » Ce que voyant, la Mère Greyfié ordonna à cette parfaite obéissante de venir lui demander à manger, lorsqu'elle se sentirait plus pressée de la faim, « ce que je faisais avec des violences extrêmes, pour la grande confusion que je sentais, » rapporte la Sainte. « Et au lieu de m'envoyer manger, elle me mortifiait et humiliait fortement là-dessus, en me disant que je garderais ma faim pour la contenter lorsque les autres iraient au réfectoire. Après, je demeurais en paix dans ma souffrance. » Non seulement Notre-Seigneur ne voulait pas diminuer la sensibilité ni les répugnances de Marguerite-Marie, mais il avait divinement pris ses mesures pour les aviver encore. « Il voulait que je fusse dans un continuel acte de sacrifice, et que, pour cela, il augmenterait mes sensibilités et mes répugnances, en telle sorte que je ne ferais rien qu'avec peine et violence, pour me donner matière de victoire, même dans les choses les plus minces et indifférentes. Ce que je puis assurer avoir toujours éprouvé depuis. De plus, que je ne goûterais plus aucune douceur que dans les amertumes du Calvaire, et qu'il me ferait trouver un martyre de souffrance dans tout ce qui pouvait composer la joie, le plaisir et la félicité temporelle des autres. Ce qu'il m'a fait éprouver d'une manière très sensible, puisque tout ce qui [se] peut nommer plaisir, me devint un supplice. »
Un jour de la Visitation, étant devant le saint Sacrement, Sœur Marguerite-Marie priait avec de véritables instances pour tout son saint Ordre ; mais la divine Bonté se montrait inflexible à sa prière. « Ne m'en parle plus : ils font la sourde oreille à ma voix et ils détruisent le fondement de l'édifice. Mais s'ils pensent de l'élever « sur un étranger, je le renverserai. » Il fallut que la Sainte Vierge plaidât la cause de la Visitation. La lutte fut longue entre le divin Fils et la divine Mère. Enfin, celle-ci remporta la victoire. Mais le démon en devint si furieux, que, enrageant de dépit, il éleva soudain un formidable tourbillon, qui parut devoir renverser l'église du monastère. Et, rompant par deux fois les rideaux de la grille, Satan fit retentir ces paroles : « C'est ainsi que je voulais renverser l'Ordre de la Visitation, s'il n'avait été soutenu par cette forte colonne, contre laquelle je n'ai point de pouvoir. » Mgr Languet dit : « Le fracas qui se fit alors dans l'église fut si sensible, qu'une religieuse qui était en station avec Sœur Marguerite devant le saint Sacrement, saisie d'effroi, se leva avec précipitation pour s'enfuir ; mais Sœur Marguerite la rappela, et lui dit d'un air tranquille : « — Ne craignez rien ; cela est fini. Il n'en fera pas davantage. » — Ce qui, en rassurant la Sœur effrayée, lui fit comprendre que Sœur Marguerite avait eu une vision. »
« Après la communion, si je ne me trompe, il me fit voir qu'il était le plus beau, le plus riche, le plus puissant, le plus parfait et accompli de tous les amants ; et que, lui étant promise depuis tant d'années, d'où venait donc que je voulais tout rompre avec [lui] pour en prendre un autre. — Oh ! apprends que si tu me fais ce mépris, je t'abandonne pour jamais ; mais si tu m'es fidèle, je ne te quitterai point, et me rendrai ta victoire contre tous tes ennemis. J'excuse ton ignorance, parce que tu ne me connais pas encore, mais si tu m'es fidèle et me suis, je t'apprendrai à me connaître et me manifesterai à toi ! » Tel fut le trait vainqueur qui décida la vocation de Marguerite.
Nommée d'abord aide à l'infirmerie, elle confesse ingénument que Dieu seul peut connaître ce qu'elle y eut à souffrir, « tant de la part de mon naturel prompt et sensible » écrit-elle, « que de celle des créatures et du démon, lequel me faisant souvent tomber et rompre tout ce que je tenais entre les mains, et puis se moquait de moi, en me riant quelquefois au nez : — Oh la lourde ! tu ne feras jamais rien qui vaille ! — Ce qui jetait mon esprit dans une tristesse et abattement si grand que je ne savais que faire, car souvent il m'ôtait le pouvoir de le dire à notre Mère, parce que l'obéissance abattait et dissipait toutes [ses] forces. »
« Une veille de communion, je demandai à mon Jésus d'unir mon cœur au sien, puisque c'était là toute ma prétention. Et, me disant comme se pourrait-il faire d'unir le néant au Tout. — Je sais que cela ne se peut que par votre amour. — Et, me faisant voir par la suprême pointe de l'entendement ce beau Cœur plus éclatant qu'un soleil et d'une infinie grandeur et un petit point qui ne semblait qu'un atome et qui était tout noir et défiguré, mais qui faisait tous ses efforts pour s'approcher de cette belle lumière ; mais c'était en vain, si ce Cœur amoureux ne l'eût attiré lui-même en disant : — Abîme-toi dans ma grandeur et prends garde de n'en jamais sortir, parce que, si tu en sors, tu n'y rentreras plus. — Et je trouve mon cœur tellement lié à l'oraison, que je suis quelquefois comme si je n'en avais plus de jouissance, et dans une paix si grande que je n'ai d'autre inquiétude que de [ne] pas aimer mon Dieu et que je n'emploie pas bien mon temps en l'exercice de son saint amour. Et m'imaginant quelquefois que c'était le démon qui me tenait ainsi, je disais à Dieu : — Faites-moi connaître les ruses du démon, afin que je les évite ! — Mais, mon Bien-Aimé m'a fait entendre que le démon ne pouvait connaître l'intérieur, que lorsque l'on en donnait quelque signe extérieur, et qu'il ne pouvait donner la paix à un cœur. »
Sœur Marguerite-Marie était sujette à des extinctions de voix qui l'empêchaient de chanter l'office, ce qui lui était fort sensible. La veille de la Visitation, 1er juillet 1673, il y avait déjà longtemps qu'elle subissait cette privation, qu'elle regardait comme un châtiment. Ayant fait de vains efforts pour essayer de suivre le chœur au début des matines et ne pouvant y réussir, elle s'anéantit dans le sentiment de l'adoration. Tout à coup, pendant le Te Deum, tandis qu'elle tenait ses bras modestement croisés dans ses manches, une divine lumière vint s'y reposer sous la figure d'un petit enfant éclatant comme un soleil. Transportée d'un tel spectacle, elle dit, « dans un profond silence : — Mon Seigneur et mon Dieu, [par] quel excès d'amour abaissez-vous ainsi votre grandeur infinie ? — Je viens, ma fille, te demander pourquoi tu me dis si souvent de ne me point approcher de toi ? — Vous le savez, Ô mon Souverain, que c'est que je [ne] suis pas digne de m'approcher de vous, et bien moins de vous toucher. — Apprends que, plus tu te retires dans ton néant, plus ma grandeur s'abaisse pour te trouver. » Craignant que ce ne fût un ange de Satan, l'humble Marguerite s'écria : « Si c'est vous, ô mon Dieu, faites donc que je chante vos louanges ! » À l'heure même, la voix lui revint, plus libre et plus forte que jamais.
Et le Père de la Colombière, que, pensa-t-il de Sœur Marguerite-Marie ? Le 23 mars 1679, il écrivait à la Mère de Saumaise : « Passant à Paray, je n'ai pu voir qu'une fois la Sœur Alacoque, mais j'ai bien eu de la consolation en cette visite. Je la trouvai toujours extrêmement humble et soumise, dans un grand amour de la croix et du mépris. Voilà des marques de la bonté de l'esprit qui la conduit, et qui n'a jamais trompé personne. » L'ange de ténèbres avait une haine marquée pour la disciple du Cœur de Jésus. « Maudite que tu es, » lui dit-il un jour, « je t'attraperai et si je te peux une fois tenir à ma puissance, je te ferai bien sentir ce que je sais faire ; je te nuirai partout. » Désespéré qu'il était de n'avoir pu abuser cette âme, ni l'enlacer dans les filets de l'orgueil, il s'en était, depuis longtemps, pris à son corps, se donnant pour tâche de lui tendre des pièges en tout lieu. D'abord, il la rendait à tout propos d'une maladresse extrême, lui faisant tomber des mains et casser les objets qu'elle tenait. Plusieurs fois, il fut plus méchant encore. Un jour, il la poussa du haut d'un escalier, « tandis qu'elle portait ; du feu dans un vaisseau de terre, qui ne se rompit point. » La confusion fut pour son ennemi et non pour elle, qui se trouva au bas de l'escalier, sans avoir même rien renversé, ni sans s'être fait aucun mal. Naturellement parlant, elle aurait dû se casser les jambes. Mais son saint ange était là qui veillait. Elle dit tout simplement : « Je sentis mon fidèle gardien qui me soutint. » Le malin ne la laissait presque jamais tranquille et la poursuivait aux récréations comme ailleurs. À différentes reprises, étant ensemble au chauffoir commun, plusieurs des religieuses virent tout d'un coup retirer l'escabeau sur lequel la Servante de Dieu était assise, sans qu'on aperçût l'être qui se jouait ainsi d'elle. L'humble Sœur tombait alors à terre et reprenait paisiblement son siège ; mais le fait se réitérant un seul jour sur-le-champ jusqu'à trois fois, il fut impossible de ne pas reconnaître l'auteur de cette vexation. La Sœur de Lyonne s'avisa de dire : « Il faut que le démon s'en mêle ! » À quoi la Sœur Alacoque ne répondit que « par un sourire. »
Notre-Seigneur l'avait prévenue que Satan avait demandé de l'éprouver comme l'or dans la fournaise, et qu'il lui avait tout permis, à la réserve de l'impureté ; mais que, pour toutes les autres tentations, il lui fallait être sur ses gardes, et qu'elle aurait surtout à subir celles dont le diable avait osé l'attaquer lui-même. Elle en fit la terrible expérience. Il y a une haute leçon, cachée pour nous sous les humbles aveux d'une si grande âme. « Je souffris pendant ce temps-là de rudes combats de la part du démon, qui m'attaquait particulièrement sur le désespoir, me faisant voir qu'une aussi méchante créature que moi ne devait point prétendre de part dans le paradis, puisque je n'en avais déjà point dans l'amour de mon Dieu, duquel je serais privée pour une éternité. Cela me faisait verser des torrents de larmes. D'autres fois, il m'attaquait de vaine gloire, et puis de cette abominable tentation de gourmandise, me faisant sentir des faims effroyables ; et puis, il me représentait tout ce qui est le plus capable de contenter le goût, et cela dans le temps de mes exercices, ce qui m'était un tourment étrange. Et cette faim me durait jusqu'à ce que j'entrais au réfectoire pour prendre ma réfection, dont je me sentais d'abord dans un dégoût si grand, qu'il me fallait faire une grande violence, pour prendre quelque peu de nourriture. Et d'abord que j'étais sortie de table, « ma faim recommençait plus violente qu'auparavant. » Ce que voyant, la Mère Greyfié ordonna à cette parfaite obéissante de venir lui demander à manger, lorsqu'elle se sentirait plus pressée de la faim, « ce que je faisais avec des violences extrêmes, pour la grande confusion que je sentais, » rapporte la Sainte. « Et au lieu de m'envoyer manger, elle me mortifiait et humiliait fortement là-dessus, en me disant que je garderais ma faim pour la contenter lorsque les autres iraient au réfectoire. Après, je demeurais en paix dans ma souffrance. » Non seulement Notre-Seigneur ne voulait pas diminuer la sensibilité ni les répugnances de Marguerite-Marie, mais il avait divinement pris ses mesures pour les aviver encore. « Il voulait que je fusse dans un continuel acte de sacrifice, et que, pour cela, il augmenterait mes sensibilités et mes répugnances, en telle sorte que je ne ferais rien qu'avec peine et violence, pour me donner matière de victoire, même dans les choses les plus minces et indifférentes. Ce que je puis assurer avoir toujours éprouvé depuis. De plus, que je ne goûterais plus aucune douceur que dans les amertumes du Calvaire, et qu'il me ferait trouver un martyre de souffrance dans tout ce qui pouvait composer la joie, le plaisir et la félicité temporelle des autres. Ce qu'il m'a fait éprouver d'une manière très sensible, puisque tout ce qui [se] peut nommer plaisir, me devint un supplice. »
Un jour de la Visitation, étant devant le saint Sacrement, Sœur Marguerite-Marie priait avec de véritables instances pour tout son saint Ordre ; mais la divine Bonté se montrait inflexible à sa prière. « Ne m'en parle plus : ils font la sourde oreille à ma voix et ils détruisent le fondement de l'édifice. Mais s'ils pensent de l'élever « sur un étranger, je le renverserai. » Il fallut que la Sainte Vierge plaidât la cause de la Visitation. La lutte fut longue entre le divin Fils et la divine Mère. Enfin, celle-ci remporta la victoire. Mais le démon en devint si furieux, que, enrageant de dépit, il éleva soudain un formidable tourbillon, qui parut devoir renverser l'église du monastère. Et, rompant par deux fois les rideaux de la grille, Satan fit retentir ces paroles : « C'est ainsi que je voulais renverser l'Ordre de la Visitation, s'il n'avait été soutenu par cette forte colonne, contre laquelle je n'ai point de pouvoir. » Mgr Languet dit : « Le fracas qui se fit alors dans l'église fut si sensible, qu'une religieuse qui était en station avec Sœur Marguerite devant le saint Sacrement, saisie d'effroi, se leva avec précipitation pour s'enfuir ; mais Sœur Marguerite la rappela, et lui dit d'un air tranquille : « — Ne craignez rien ; cela est fini. Il n'en fera pas davantage. » — Ce qui, en rassurant la Sœur effrayée, lui fit comprendre que Sœur Marguerite avait eu une vision. »
Lire « VIE DE SAINTE MARGUERITE MARIE ALACOQUE » DE L'ORDRE DE LA VISITATION SAINTE-MARIE.
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