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samedi 1 janvier 2022

Sentiments d'une âme pénitente à un renouvellement d'année


Saint Paul pénitent

Je n'étais sur la terre que pour connaître mon Dieu, l'aimer, le servir, et par cette voie acquérir un bonheur éternel. Cette vérité élémentaire, qu'on m'avait apprise dès l'enfance, et que je devais méditer le reste de mes jours, aurait dû être la règle de mes sentiments et de ma conduite. Heureux si mon esprit et mon cœur en avaient fait l'objet de mes pensées et de mes désirs ! Je n'aurais ni larmes à verser, ni soupirs à pousser. Mais, ô souvenir amer ! que me rappelle mon enfance ? que me retrace ma jeunesse ? que me dit un âge plus avancé ? Quelle est l'année, quel est le mois, quelle est la semaine où, consacré uniquement au service de mon Dieu, je n'aie agi que pour sa gloire ? Depuis le premier usage de ma raison jusqu'à ce moment, tous mes pas devaient me conduire à lui. Les promesses que j'avais faites sur les fonts sacrés, de renoncer aux œuvres de Satan, aux maximes et aux pompes du siècle, pour m'attacher à Jésus-Christ et à suivre son Évangile, ne déposent-elles pas contre moi ? La parole sainte m'a instruit de mes devoirs ; les ai-je remplis ? La piscine sacrée de la pénitence devait me purifier de mes souillures ; à la Table sainte, admis à la fournaise d'amour, mon cœur en aurait dû être embrasé ; à l'oraison, en m'entretenant avec mon Dieu, je devais m'unir à lui de la manière la plus intime : ai-je mis à profit tous ces dons ? Tous les instants de ma vie, marqués par de nouveaux bienfaits, devaient me pénétrer d'une reconnaissance de jour en jour plus vive. Que d'exemples édifiants se présentaient à mes yeux pour renouveler ma ferveur, et qui m'ont laissé insensible ! Que de regrets doivent déchirer mon cœur, en comparant ce que j'ai été avec ce que je devais être !
Augustin s'écriait, dans les sentiments de la douleur la plus vive : Malheur et mille fois malheur à cette seizième année, où j'ai commencé à outrager mon Dieu ! Voe decimo sexto anno. Trop tard, ô mon Dieu, trop tard je vous ai aimé. Sero te amavi. Oui, je le dirai le reste de mes jours, et le répéterai sans cesse avec une douleur toujours nouvelle : Malheur à ces années dont chaque instant me rappelle des infidélités envers celui qui devait seul régner dans mon cœur !
Que de pieux mouvements que voulait faire naître son amour dans mon âme ! et je les ai étouffés. Combien de fois ne m'a-t-il pas appelé ? et j'ai refusé de l'entendre. Quand j'étais faible, il me soutenait ; mille fois égaré, il me ramenait quand il voyait que j'étais sur le bord de l'abîme, il me faisait entendre les cris de sa tendresse, et me disait : Non, mon fils, vous ne périrez pas ; mon amour s'y oppose. Pourrais-je, au souvenir de tant de bontés, être insensible encore ? Ô mon Dieu, par pure miséricorde, faites-moi miséricorde, et en amollissant mon âme par la componction la plus vive, embrasez-la de l'amour le plus ardent. J'ai à remplir tous les vides de ma vie, et à en réparer tous les instants. Vous seul pouvez m'apprendre à satisfaire aux droits de votre justice, et à acquitter mes dettes à votre égard. J'ai lieu d'espérer cette faveur de vos bontés, quelqu'indigne que je m'en sois rendu. En pensant que, loin de m'abandonner comme je l'avais si souvent mérité, vous portez encore sur moi des regards de prédilection, ce souvenir ranime ma confiance. Faites que, par votre grâce, je prenne la résolution la plus sincère de réparer le passé, et de commencer avec une sainte ardeur une nouvelle année, d'en sanctifier tous les moments par la pénitence et l'accomplissement de tous mes devoirs.
Si un Prophète m'annonçait de votre part, Seigneur, que dans le cours de cette année que je vais commencer, je sortirai de ce monde pour aller comparaître devant votre tribunal ; que ne ferais-je pas pour me préparer un arrêt favorable ! Avec quelle ferveur ne réparerais-je pas les vides de ma vie, et ne travaillerais-je pas à apaiser votre courroux ! avec quel soin ne m'appliquerais-je pas à recevoir les Sacrements avec les dispositions les plus saintes ! Le Seigneur serait l'unique objet de mes pensées et de mes désirs ; ne plaire qu'à lui sur la terre, pour mériter de le posséder à jamais dans le Ciel, serait l'unique mobile de mes occupations et de mes projets.
Incertain du nombre de mes jours, pourquoi n'aurai-je pas les mêmes sentiments ? pourquoi ne prendrai-je pas les mêmes résolutions ? Non, mon âme, non, plus de délai, plus de réserve ; c'est dès ce jour, c'est à ce moment que tu dois te consacrer à ton Dieu. C'est le maître le plus aimable que tu dois servir ; c'est l'ami le plus bienfaisant et le plus généreux auquel tu dois être fidèle ; lui seul peut faire ta félicité. S'attacher à lui pour toujours, est pour toi le devoir le plus indispensable.
Inspirez-moi, Seigneur, ces sentiments, et daignez les fixer dans mon cœur. C'est votre grâce qui les forme. J'attends ce bonheur de l'excès de vos miséricordes.

(Manuel du Catholique)


Reportez-vous à Le premier jour de l'année, Prière pour remercier Dieu de ses bienfaits, s'humilier de ses fautes, et lui promettre une vie plus fidèle, Sur le délai de la conversion, Considérations sur la rapidité du temps, Méditation pour le dernier jour de l'année, Instruction sur la Circoncision, Méditation sur la Circoncision, De l'emploi du temps, Méditation sur l'emploi du tempsMéditation sur le bon usage du temps présent, et De la Circoncision, comprenant la lettre de nouvelle année de Saint François de Sales.