Avant que dans les airs la terre suspendue
Au premier des humains eût prodigué ses dons ;
Avant que sur son sein on vit croître ces monts
Dont l'aride sommet perce et soutient la nue ;
Avant qu'on eût des temps mesuré la grandeur,
Et que de l'univers eût commencé l'histoire ;
Seul, au sein de la gloire,
Immobile, éternel, tu subsistais, Seigneur !
Nous ne vivons qu'en toi : ta force est notre asile,
Tu fais l'éternité, tu remplis tous les cieux ;
Suprême majesté ! tout s'éclipse à tes yeux ;
Mille ans sont comme un jour, un siècle est comme mille.
Que ton être est immense ! et que l'homme est petit !
Tu peux l'anéantir sans t'armer de la foudre ;
Parle... l'homme est en poudre !
Un souffle l'a fait naître, un souffle le détruit.
Hélas ! que sommes-nous, fiers habitants du monde ?
Un ruisseau qui serpente en des lieux enchanteurs,
Qui murmure un instant sur un tapis de fleurs
Et qui court s'engloutir dans une mer profonde ;
Un songe de la nuit qu'efface le réveil ;
Une fleur au matin de mille attraits ornée,
Et qui, le soir fanée,
Se sèche, tombe et meurt sous les feux du soleil.
Telles sont de nos ans les fugitives traces ;
Quinze lustres à peine en fournissent le cours :
La tristesse empoisonne encor nos plus beaux jours,
Le reste de la vie est semé de disgrâce.
Les soucis et les pleurs, homme, voilà ton sort !
Toi-même sous tes pieds as creusé ces abîmes,
Et les fruits de tes crimes
Sont l'effroi, les regrets, la souffrance et la mort.
Tremblez, faibles mortels ! craignez un Dieu sévère !
Ce Dieu vous met un terme, il en cache l'instant.
En père il vous supporte, en juge il vous attend ;
Et qui peut mesurer l'ardeur de sa colère ?
Ah ! que de tous mes jours le comte précieux
Vienne occuper mon cœur pour le rendre plus sage,
En lui montrant l'usage
De tous ceux que le ciel cache encore à mes yeux.
(Manuel des petits séminaires)
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