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dimanche 10 mai 2020

Premier Motif de Contrition : La Majesté de Dieu





Après avoir ainsi demandé à Dieu la contrition, faites de votre côté tout ce que vous pouvez afin de l'exciter en vous ; mais, pour mieux y réussir, lisez les motifs de contrition posément, et laissez-vous pénétrer doucement des sentiments qui y sont exprimés.



MOTIFS DE CONTRITION, RÉDUITS EN ACTES,

POUR EN FACILITER LA PRATIQUE



PREMIER MOTIF : LA MAJESTÉ DE DIEU



1°.
Dieu outragé !... et outragé par l'homme !... Eh ! qu'est-ce que Dieu ? Le Maître du monde, le Roi des cieux, à qui seul appartient l'empire, la majesté, la force, la toute-puissance aux siècles des siècles ; devant lequel les plus sublimes intelligences sont dans un saint tremblement... Quelle grandeur !...
Eh ! qu'est-ce que l'homme par rapport à Dieu ? l'ouvrage de ses mains, un peu de boue et de poussière, une ombre, un fantôme, un rien... Quelle bassesse !
Ai-je bien pu, du fond de ma misère, esclave et coupable, porter insolemment mon audace jusqu'aux cieux, pour attaquer Dieu même, lui insulter, et lui préférer la plus criminelle de ses créatures, son plus grand ennemi, le démon ?
Et pourquoi ? Pour un misérable intérêt de passion, pour un vain plaisir, pour une vile satisfaction d'un moment !
Et combien de fois ?... Un million de fois ; tous les jours peut-être, et à toute heure !
Et dans quels lieux ? Souvent dans des lieux pleins de sa puissance et de sa majesté , au pied de son trône, et en sa présence !... Tout plie sous ses adorables volontés, le ciel, la terre, l'enfer même ; toute la nature, en suspens, écoute sa voix ; tout l'univers, attentif à ses ordres, se soumet à ses lois éternelles : moi seul, dans la nature, je refuse de plier sous un joug, devant lequel se courbent avec respect les puissances du monde : moi seul, j'ose troubler cette harmonie, cette dépendance Universelle, et me raidir contre le Tout-Puissant !... Ô révolte audacieuse contre mon souverain et mon maître !...
Et de quelles armes me suis-je servi pour outrager Dieu ? Je me suis servi de ses propres bienfaits, pour percer son cœur paternel !... Quel monstrueux concours de circonstances qui font de mon péché le plus grand de tous les maux !!! Quoi ! j'ai eu la hardiesse d'attaquer un Dieu tout-puissant, qui renferme en lui toutes les perfections imaginables ; un Dieu, que je ne saurais jamais assez aimer, et qui, par lui-même, quand il ne m'aurait proposé ni paradis à espérer, ni enfer à craindre, et quand il ne m'aurait fait aucun bien, mériterait toujours d'être aimé, servi et adoré souverainement ! Comment toutes les créatures ne se sont-elles pas soulevées contre moi, pour venger l'injure faite à leur créateur et au mien ? Comment les Anges, ministres de la justice divine, m'ont-ils souffert et défendu contre les démons qui m'attendent, avec impatience, comme une proie qui leur est due depuis tant d'années ? Comment les Saints, dans le paradis, n'ont-ils point cessé enfin de s'intéresser pour ma conversion, à laquelle je n'ai pas moi-même encore pensé ?... Comment les cieux et les éléments ont-ils épargné une tête, depuis si longtemps criminelle ?... Comment enfin la terre ne s'est-elle point entr'ouverte pour m'engloutir ? Indigne créature que je suis ! que vais-je faire ?... Ô Dieu de gloire et de majesté, Dieu de grandeur et de sainteté, Dieu infiniment puissant et infiniment sage, quand je contemple votre majesté et mon néant, votre sainteté et ma misère, votre puissance et ma faiblesse, que puis-je faire, sinon m'anéantir et m'abîmer dans la douleur d'avoir insulté à vos divines perfections ? Oh ! qui me donnera assez de larmes, et des larmes de sang, pour pleurer mon péché et le pleurer toute ma vie ?

2°. Dieu outragé !... et outragé en la personne de son Fils !... Quel affreux outrage ! et combien il doit être sensible au cœur d'un père ! un père qui envoie à des esclaves son fils unique, pour les réconcilier avec lui, et qui voit son fils immolé par les mains de ses propres esclaves ! Faible image de la passion et de la mort de Jésus-Christ ! Je le vois, ce Fils unique de Dieu, déchiré, ensanglanté, attaché sur une croix infâme ! Ô ciel ! quel est donc celui qui a crucifié le Roi de gloire, le Fils bien-aimé du Très-Haut, l'objet de ses complaisances ; ce lui que les anges adorent dans un saint tremblement ; celui devant qui tout genou fléchit dans le ciel, sur la terre et dans les enfers ? Quel est-il, le monstre qui a osé commettre un tel forfait ? Ô le plus aimable, ô le plus beau de tous les enfants des hommes, qui vous a donc ainsi défiguré ?... Approche, pécheur, compte à loisir toutes ses plaies ; vois si tu ne connaîtras pas, à ces traces sanglantes, quelle est la main qui a porté les coups ; approche de plus près, mets la main sur ce sanglant cadavre, et ose jurer que tu n'en es pas le meurtrier... Hé quoi ! je ne sais quel trouble s'élève du fond de mon cœur ; je frémis d'horreur et d'indignation : ô Dieu ! suis-je donc le coupable ? Numquid ego sum, Domine ? Je demande où il est ? Hé ! c'est moi-même ! Je suis le meurtrier de mon Dieu ! moi, un déicide !!! Ô cieux ! ô terre ! soyez dans l'étonnement !... Oui, dans l'état où je vois réduit mon Sauveur, je reconnais mon ouvrage. C'est moi, qui, par les mains de ses bourreaux, l'ai souffleté, flagellé, meurtri, déchiré, ensanglanté, couronné d'épines : ses bourreaux, ce sont mes crimes. Suis-je enfin satisfait ? Ai-je fait assez endurer d'opprobres à mon Sauveur ? Lui ai-je fait assez souffrir de tortures ? La vue de cet homme de douleurs touche-t-elle mon cœur, ou l'endurcit-elle ? À ce spectacle, digne de toutes mes larmes, quitterai-je cette passion ? romprai-je cette liaison ? réformerai-je cette habitude, qui a si longtemps tourmenté l'Homme-Dieu ? Ou voudrais-je encore aggraver mes crimes, lui préparer de nouvelles ignominies, de nouveaux supplices ? Quoi ! mon orgueil a couronné d'épines la tête de mon Sauveur, qui n'avait formé pour moi que des pensées de paix et de salut ; et je serais encore idolâtre de la vanité ! C'est ma mollesse qui a percé ses pieds et ses mains, déchiré tous ses membres ; et je serais encore l'esclave de la sensualité ! Ce sont mes coupables attachements, qui ont blessé son cœur, ce cœur qui m'a si tendrement aimé ! et ces crimes, je ne les déteste pas ! et ces tortures, je ne crains pas de les renouveler ! et mon Sauveur, qui mérite toute ma tendresse, je le crucifie de nouveau ! Ingrat que je suis, n'est-il plus mon Dieu ? ou suis-je moi-même plus cruel que les Juifs ? Pensée profondément douloureuse et humiliante ! Chaque fois que j'ai offensé le Seigneur, non-seulement je me suis rangé avec ses ennemis, mais je me suis mis au nombre de ses bourreaux. Je suis même, en un sens, plus coupable qu'eux : ils ignoraient que le Messie mourait pour eux, et je sais qu'il est mort pour moi ; ils ne le connaissaient point, et s'ils eussent su qu'il était le roi de gloire, jamais ils ne l'eussent crucifié ; et moi qui reconnais en lui le Fils de Dieu, je le crucifie de nouveau ; de nouveau je dresse sa croix au fond de mon cœur, et j'en renouvelle toute l'ignominie ! Plus impie que Julien l'apostat, je ne dis pas à Jésus-Christ : Tu as vaincu, Galiléen ; mais je l'insulte par ce cri secret : Tu es vaincu... Je suis donc plus barbare que ses bourreaux ! Ceux-ci ne l'ont crucifié qu'une fois, et ils se sont convertis ; et moi je le crucifie chaque jour, et je persévère toujours dans le péché ! je conserve volontairement le péché tout vivant dans mon cœur ! N'est-ce pas tenir continuellement le poignard dans le sein de Jésus-Christ, et perpétuer le déicide ? Ô monstrueux attentat ! Puis-je y penser sans verser des larmes ? et puis-je sans frémir entendre la voix de son sang qui me crie : « Pécheur, que t'ai-je fait ? Par où ai-je pu mériter ta haine ? J'étends vers toi les mains, et tu les perces ! Je t'ouvre mon cœur, et tu le déchires ! Oh ! que la croix, où ton péché m'attache, malgré moi, m'est plus douloureuse que celle où je suis monté volontairement pour toi sur le calvaire ! N'était-ce donc pas assez d'en avoir subi volontiers les rigueurs, pour te sauver, au prix de tout mon sang ? Faut-il qu'en te perdant tu renouvelles mes plaies, et que ta malice immole à ta réprobation celui que son amour avait déjà immolé à ton salut ? Ingrat ! quel nom te donner ?... » Ô mon Dieu, je ne sais que trop combien je suis coupable ; et je suis pire, à vos yeux, que le démon même. Le démon persiste dans le mal parce que vous le réprouvez ; et moi, j'y persiste, lors même que vous voulez me pardonner ! le démon s'endurcit sous les coups de votre vengeance ; et moi, sous les traits de votre amour ! le démon outrage en vous un Dieu, qui, loin de le rechercher, l'abandonne ; et moi, j'outrage, en vous, un Dieu, qui, non content de me rechercher, s'immole pour moi ! Ah ! si le démon me faisait horreur, je me fais aujourd'hui bien plus horreur à moi-même ! Moi impie, moi ingrat ! moi déicide !!!... Ô mon âme ! humilie-toi dans la poussière. Jusques à quand mépriseras-tu les richesses de la bonté, de la patience et de la longanimité de ton Dieu ? Ignores-tu que son amour t'invite à la pénitence ? Voudrais-tu, par ton endurcissement, t'amasser un trésor de colère, pour le jour des vengeances ? Reviens à ton Dieu, il t'aime encore ; il t'appelle, par autant de bouches que tu lui as fait de plaies ; et il veut faire découler, sur toi, autant de grâces, que tu lui as porté de coups mortels... Ô croix de mon Sauveur, l'ouvrage de mes mains et de mes crimes, je me jette à vos pieds ; laissez tomber sur mon cœur une seule goutte du sang dont vous êtes teinte, afin d'amollir toute sa dureté. Je veux désormais arroser, sans cesse, de mes pleurs, mon crucifix. Un enfant qui arrose actuellement de ses larmes les plaies, dont il a eu la barbarie de couvrir son propre père, pourra-t-il se résoudre à lui en faire de nouvelles ? Ô Jésus ! ô divin crucifié ! je serais encore insensible à votre amour !.. je pourrais refuser mon cœur à un Dieu qui m'a aimé jusqu'à donner son sang et sa vie pour moi !.... Ah ! je ne veux plus vivre que pour vous seul, ô mon Dieu ! je ne veux plus aimer que vous jusqu'à mon dernier soupir !


(Extrait de Manuel du Pénitent ou conduite pour la Contrition)



Reportez-vous à Deuxième Motif de Contrition : La Justice de DieuConduite pour la Contrition, Instruction sur la Contrition, Prière pour obtenir de Dieu miséricorde, Instruction sur la Grâce, De l'examen de conscience, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Cinq points dans l'examen général de la conscience, Trois temps pour l'examen particulier, Prière à Saint Louis de Gonzague pour demander la contrition, Bien choisir le sujet sur lequel on doit faire l’examen particulier, Combien l'examen de notre conscience est important, Méditation pour la Fête de Sainte Marie-Madeleine, Prière pour obtenir la persévérance dans le jeûne et la pénitence, Méditation sur la promptitude et la vivacité de la vraie pénitence, Méditation sur le souvenir des jours que l'on a passé dans l'oubli de Dieu et de ses devoirs, Méditation sur la miséricorde de Dieu, Méditation sur la pénitence du cœur, Psaumes de la Pénitence, Méditation sur la mort dans le péché, Méditation sur la confiance qu'un Chrétien doit avoir en la miséricorde de Dieu, Hymne du Carême, Méditation sur la réparation du péché, Méditation sur l'expiation du péché, Méditation sur la miséricorde de Dieu, Exercice pour la confession, Litanies de Sainte Marie-Madeleine, Méditation sur la promptitude et la vivacité de la vraie pénitence, Méditation sur la vraie pénitence, Catéchisme du Saint Curé d'Ars : Sur la confession, Réponse à quelques doutes touchant la Pénitence, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Qu'il est très-utile d'ajouter quelques pénitences à l'examen particulier, Les peines du Purgatoire conformes aux fautes commises La conversion renvoyée au soir de la vie conduit l'âme à la cruelle faim du Purgatoire, Troisième méditation de préparation à la mort : Que me présenteront le passé, le présent et l'avenir ?, Instruction sur la Prière, Explication du premier commandement de Dieu, Explication du deuxième commandement de Dieu, Explication du quatrième commandement de Dieu, et Explication du cinquième commandement de Dieu.