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mardi 20 août 2019

Qui sont ceux qui trouvent du plaisir à penser à Dieu et qui sont plus capables de son amour



Extrait de "Traité de l'amour de Dieu" de Saint Bernard :


Le Christ embrassant Saint Bernard
Mais il est important de savoir quels sont ceux qui trouvent leur consolation dans la méditation des vérités Divines. Car, sans doute, ce n'est point cette race maudite et rebelle à qui le Fils de Dieu donne sa malédiction par ces paroles : Malheur à vous qui êtes dans l'abondance des richesses et qui regorgez des plaisirs de la terre (Luc, 6). C'est bien plutôt celui qui peut dire en vérité : Mon âme a refusé toutes les consolations de ce monde (Ps. 76), et surtout lorsqu'il ajoute : Je me suis souvenu de mon Dieu, et mon cœur s'est trouvé comblé de joies et de plaisirs (Ibid.). En effet, il est bien juste que ceux qui ne veulent point tirer leur satisfaction des choses présentes soient consolés par la considération des futures, et que, méprisant tous les plaisirs qu'ils pourraient prendre dans la jouissance des biens de cette vie, ils reçoivent des consolations toutes particulières dans le souvenir des délices éternelles. Et c'est ici véritablement cette heureuse génération de ceux qui cherchent le Seigneur, comme dit David, qui cherchent non point leurs propres intérêts, mais bien la face du Dieu de Jacob (Ps. 23). II est donc vrai que ceux qui n'aspirent et ne soupirent qu'après la présence de leur Dieu ressentent beaucoup de douceurs et de plaisirs dans le seul souvenir de ses bontés, non pas à la vérité que cette simple vue soit capable de les rassasier pleinement, mais bien d'irriter leur appétit pour souhaiter avec plus d'ardeur d'en être bientôt rassasiés. Le Fils de Dieu, qui s'est voulu donner lui-même pour leur nourriture, le témoigne ainsi par ces paroles : Celui qui me mange aura encore faim de moi (Eccl. 24). Et celui qui a été nourri de cette Viande divine le dit en d'autres termes : Je serai rassasié lorsque je verrai votre gloire à découvert (Ps. 16). Mais cette satiété pleine et entière, dont on ne jouit que dans le Ciel, n'empêche pas toutefois le bonheur de ceux qui n'en ont ici-bas que l'appétit et le désir, vu qu'il est écrit : Heureux ceux qui ont soif et qui ont faim de la Justice, parce qu'ils seront un jour pleinement rassasiés (Matth. 5). Heureux, dis-je, ces faméliques de la sainteté, mais non pas ces misérables endurcis auxquels on fait ce reproche : Malheur à vous, race méchante et perfide (Eccl. 24) ! malheur à vous, peuple aveugle et insensé qui méprisez de penser à votre Dieu, et qui n'en pouvez supporter la présence qu'avec horreur et tremblement (Ps. 24). Et ce très-justement ; car, puisqu'à présent vous ne voulez pas être délivrés des embûches de ceux qui ne cherchent que votre perte, suivant cette parole de l'Écriture : Ceux qui veulent être des riches de ce monde tomberont infailliblement dans les filets du Démon (I. Tim. 6), il est bien juste que pour lors vous ne puissiez éviter d'entendre cette horrible parole qui vous sera dite au Jugement universel : Allez, maudits, dans le feu éternel (Matth. 25). Ô sentence rigoureuse ! ô parole épouvantable ! parole certes bien plus rude et plus insupportable que celles que l'Église fait tous les jours retentir doucement à nos oreilles en mémoire de la Passion de JÉSUS-CHRIST : Celui qui mange ma chair et boit mon sang a en soi la vie éternelle (Joan. 6) ; c'est-à-dire : celui qui pense souvent à mes souffrances et à ma mort, et qui, à mon exemple, s'étudie souvent à la mortification de sa chair, celui-là est déjà par avance en possession de la vie éternelle. Ce qui veut dire en un mot que si vous souffrez ici-bas avec JÉSUS-CHRIST, vous règnerez un jour avec lui dans la gloire. Mais ce qui est de plus étonnant, c'est qu'aujourd'hui la plupart, ne pouvant goûter ce discours, retournent en arrière et répondent, plus par œuvres que par paroles : Ô que ce langage est difficile à supporter ! et qui est celui qui pourra l'écouter sans horreur (Ib.) ? De sorte que ces gens qui se sont éloignés du droit chemin, et qui n'ont point mis leur espérance en Dieu, mais plutôt dans l'inconstance des richesses de cette vie (Ps. 77), ne sauraient entendre parler de la Croix et des souffrances sans en ressentir des peines indicibles ; et le souvenir même de la Passion du Fils de Dieu leur devient tout à fait insupportable . Mais comment pourront-ils supporter en présence de leur Juge la pesanteur excessive de cette effroyable parole : Allez, maudits, dans le feu éternel qui a été préparé pour le Diable et ses Anges (Matth. 25). Il faut dire sans doute, pour parler le langage de l'Écriture, que celui sur qui tombera cette pierre en demeurera tout écrasé. Et qu'au contraire les âmes justes, qui, à l'imitation du grand Apôtre, ne s'efforcent que de plaire à Dieu, soit qu'ils en soient éloignés ou bien qu'ils lui soient présents, seront comblés de bénédictions éternelles, comme ayant mérité justement d'entendre de sa divine bouche : Venez, les bénis de mon père, entrez en possession du Royaume qui vous a été préparé dès le commencement du monde (Ibid.). Ce sera pour lors que cette génération malheureuse, qui n'a point voulu tourner sa pensée ni son cœur du côté de son Dieu, reconnaîtra par expérience, mais trop tard pour elle, combien le joug de JÉSUS-CHRIST, qu'elle a refusé de subir par sa superbe et son endurcissement, était doux, et son fardeau léger, en comparaison des tourments insupportables qu'il lui faudra souffrir éternellement. Non, non, malheureux esclaves des richesses, ne vous y trompez point, vous ne pouvez pas servir à Dieu et au monde tout à la fois. Vous ne pouvez point établir votre gloire dans la Croix de Notre-Seigneur JÉSUS-CHRIST, et en même temps mettre votre espérance dans les richesses et les trésors de la terre. Vous ne pouvez point vous attacher aux biens périssables de cette vie, et ressentir tout ensemble combien le Seigneur est doux à ceux qui l'aiment ; et partant, puisque vous n'avez point voulu goûter à présent la douceur qu'il y a dans son souvenir, vous éprouverez infailliblement un jour la rigueur et la sévérité redoutable de sa présence.
Mais quant à l'âme fidèle, elle soupire incessamment après cette vision bienheureuse, et se repose doucement dans son agréable souvenir, et jusques à ce qu'elle se trouve en état de voir à découvert la gloire de son Dieu, elle prend toutes ses délices à se glorifier dans les ignominies de sa Croix ; c'est ainsi véritablement que l'Épouse et la colombe de JÉSUS-CHRIST se tient en repos et dort en assurance au milieu des combats, d'autant, ô mon Seigneur JÉSUS ! que par le souvenir de vos douceurs infinies elle est déjà comme parée de plumes argentées (Ps. 67), selon le langage du Prophète, qui sont la candeur de son innocence et de sa pureté ; et de plus, elle espère que votre présence la comblera de plaisirs, lorsqu'étant admise dans la joie et la splendeur des Saints, elle se trouvera toute environnée des lumières éclatantes de la sagesse divine. De sorte même que son corps en deviendra tout lumineux et tout brillant en or (Ibid.). Ce n'est donc pas sans sujet qu'elle se glorifie dès à présent de ce que la main gauche de son Époux est sous sa tête, et qu'elle est embrassée de sa main droite (Cant. 2), entendant par sa main gauche la ressouvenance de cette charité incomparable qui lui a fait donner sa propre vie pour ses amis, et par la droite, la vision béatifique qu'il a promis à ses bien-aimés, avec la joie surabondante qu'ils recevront de la présence de sa divine Majesté.
C'est aussi avec grande raison que cette vision Déifique et cette inestimable joie de la présence divine est établie en sa main droite, suivant cette agréable parole du Psalmiste : Les plaisirs et les joies sont en votre droite jusques à la fin des siècles (Ps. 13). De même que cette admirable charité dont nous venons de parler, et que nous ne devons jamais mettre en oubli, est justement attribuée à la main gauche, puisque c'est sur elle que l'Épouse s'appuie et se repose entièrement jusques à la consommation de la malice des temps, il est donc bien à propos que la gauche de l'Époux soit au-dessous de la tête de l'Épouse, puisque, se reposant sur icelle, elle y doit soutenir sa tête, c'est-à-dire l'intention de son esprit, de peur qu'il ne succombe et ne se laisse aller aux désirs terrestres et charnels, suivant ce qui est écrit dans la Sagesse, que l'âme est appesantie par le corps, qui est sujet à corruption, et que cette demeure terrestre rabaisse notre esprit par la multiplicité des soins qu'il lui faut prendre pour les affaires de ce monde (Sap. 9). En effet, si nous venons à considérer cette infinie et si obligeante miséricorde, cette charité sans intérêt, dont nous avons eu tant de preuves, cet amour surprenant et inespéré, cette invincible débonnaireté et cette douceur inconcevable ; si, dis-je, nous venons à considérer attentivement toutes ces choses, que ne doivent-elles pas opérer en nous ? Ne faut-il pas qu'elles retirent absolument notre âme de tout amour désordonné, qu'elles l'attirent et l'attachent à soi d'une façon extraordinaire, et lui fassent mépriser absolument tout ce qui ne peut être désiré qu'à leur préjudice ? Aussi est-ce à l'odeur de ces parfums que l'Épouse court avec allégresse, qu'elle aime avec ardeur, et que, se voyant aimée de la sorte, elle croit ne rendre qu'un amour faible et très-petit, lors même qu'elle s'est toute dévouée et consacrée à l'amour. Sentiment à la vérité très-juste ; car, en effet, qu'est-ce qu'un peu de poussière, quoique tout ramassé en soi-même pour mieux témoigner son amour, peut faire de considérable pour réciproque d'un si grand amour et d'une Majesté si relevée, qui l'a même prévenu dans son amitié, et qui s'est toute employée soi-même pour opérer l'ouvrage de son salut ? Saint Jean ne saurait plus fortement exprimer la grandeur de cet Amour divin que par ces paroles : Dieu a tellement aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique (Joan. 3). Où sans doute il parle du Père Éternel, de même que le prophète Isaïe dit du Fils, que son amour lui a fait livrer son âme à la mort (Is. 3). Et pour le Saint-Esprit, JÉSUS-CHRIST dit lui-même en saint Jean : L'Esprit consolateur que mon Père enverra en mon nom vous apprendra toutes choses, et vous inspirera tout ce que je vous ai déjà enseigné (Joan. 14). Il est donc vrai que Dieu aime, et qu'il aime de tout soi-même, puisque c'est toute la Trinité qui aime, si toutefois on peut user du terme de tout dans un sujet infini, incompréhensible et très-simple dans son essence.



Reportez-vous à Du premier, second et troisième degré de l'Amour, Du quatrième degré de l'Amour, par lequel l'homme ne s'aime plus que pour DieuMotifs et marques de l'amour de DieuDe l'amour parfait, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Prière de Saint Augustin pour demander l'amour divin, Litanies de l'amour de Dieu, Composées par le Souverain Pontife Pie VI, Acte d'amour parfait, de Sainte Thérèse d'Avila, Élan d'amour, Prière, Soupir d'amour vers Jésus, Prière de Sainte Gertrude, et Catéchisme du Saint Curé d'Ars : Sur l'amour de Dieu.