L'Avent est ainsi appelé du mot latin Adventus, qui signifie avènement, arrivée : c'est un temps de dévotion et de pénitence que l'Église a institué, dès les premiers siècles, pour préparer les fidèles à la grande fête de l'avènement ou de la naissance du Sauveur, et servir comme d'introduction à cette auguste solennité.
Saint Bernard distingue trois avènements de Jésus-Christ : le premier, lorsque ce divin Sauveur vint à nous dans sa crèche, revêtu des infirmités de la chair : c'est l'avènement que nous commençons à célébrer ; le second, lorsqu'il vient dans nos cœurs par sa grâce ; et le troisième, lorsqu'il apparaîtra à la fin des siècles, pour juger l'univers.
Dans le premier, il s'est montré humble et pauvre, et a opéré notre rédemption par son humiliation et ses souffrances ; dans le troisième, il se montrera avec tout l'éclat de sa puissance et de sa gloire, et nous demandera compte du profit que nous aurons retiré de ses travaux et de son sang. Dans le second, qui tient le milieu entre les deux autres, il naît spirituellement en nos âmes pour nous appliquer les mérites de son premier avènement, et nous préserver des rigueurs du troisième.
Les avantages que nous pouvons retirer du premier avènement de Jésus-Christ, et notre sécurité relativement au dernier, dépendent donc de la manière dont nous l'accueillons, lorsqu'il vient prendre possession de nos cœurs par le second.
Le temps de l'Avent se compose des quatre semaines qui précèdent les fêtes de Noël. Autrefois, c'était un temps de jeûne et de grande mortification. Aussi l'Église avait adopté pour ce temps, et conserve encore aujourd'hui, des ornements d'une couleur obscure, et, à la sainte Messe, elle ne chante plus l'hymne de la joie, le Gloria in excelsis. Elle conserve cependant encore l'Alleluia les dimanches, pour bénir Dieu des approches de la rédemption. L'Avent est donc toujours un temps de prières, de gémissements et de pieuses larmes, et surtout un temps de désirs et d'espérances.
C'est une époque pleine de charmes : les hymnes et les offices de l'Église nous excitent à désirer, à espérer, à attendre, à appeler de tous nos vœux le Libérateur promis. De même que, pendant quatre mille ans, les saints patriarches, les prophètes et tous les justes appelaient par leurs vœux et par leurs soupirs le Messie désiré qui devait arracher le monde à l'esclavage du démon et à la mort éternelle ; de même, pendant ces quatre semaines, nous devons soupirer après Jésus-Christ, ne vivre que dans son attente, le supplier de naître dans nos cœurs, et faisant monter chaque jour vers les cieux des désirs ardents, chanter avec les anciens prophètes : Ô cieux ! répandez votre rosée, que les nuées fassent descendre le juste, que la terre s'entr'ouvre et qu'elle germe le Sauveur.
(Manuel des petits séminaires)
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