Extrait de "L’Épiphanie" par le R.P. D. Joachim Ventura :
Après avoir considéré en général le grand mystère de la vocation des Mages, il est encore utile de le considérer dans ses circonstances, car elles sont pleines de mystères très-élevés propres à éclaircir notre foi, à consoler notre piété, à édifier nos cœurs.
Cherchons d'abord pour quel motif le saint évangéliste Matthieu commence la belle histoire de ce grand avènement, qui devait changer la face de la terre, par déterminer l'époque et le lieu où il s'est accompli : « Jésus étant donc né à Bethléem de Juda, sous le règne d'Hérode (II, 1). » Le patriarche Jacob avait prédit à son fils « que le Messie naîtrait de sa race lorsque le sceptre du royaume de Juda serait passé de la tribu de ce patriarche à d'autres mains » (Genes., XLIX, 10). Et Michée avait prédit, « que Bethléem de Juda deviendrait grande dans sa petitesse ; parce que d'elle sortirait le conducteur du peuple d'Israël » (Matth., II, 6. Mich., v, 2). C'est-à-dire que le Messie naîtrait à Bethléem de Juda, ainsi appelée pour la distinguer d'une autre Bethléem qui était en Galilée, dans la tribu de Zabulon. C'est donc pour indiquer l'accomplissement de ces circonstances prophétiques dans la naissance du vrai Messie que l'Évangile en précise le temps, en disant : « Jésus-Christ étant né à Bethléem de Juda, sous le règne d'Hérode ; » c'est-à-dire qu'il naquit lorsque le sceptre n'était plus dans la famille de Juda, mais dans les mains d'un étranger ; car cet Hérode était Hérode l'Ascalonite, fils d'Antipater, de race Iduméenne, que le sénat romain, sur la recommandation d'Antoine, avait fait asseoir sur le trône de Judée. Il indique aussi le lieu : A Bethléem de Juda ; c'est-à-dire que Jésus naquit de la tribu et de la race de Juda, comme cela avait été prédit.
Et, ici, observons avec saint Augustin, « que Juda, fils de Jacob, dont Jésus-Christ est descendu selon la chair, comme le remarque l’Évangéliste, est le même Juda qui s'était rendu coupable d'un horrible crime, et que, cependant, le Fils de Dieu, l'Agneau sans tache, a voulu l'avoir pour ancêtre, afin de nous instruire par sa naissance avant de le faire par sa parole (contra Faust., 22, 64). Cette circonstance de l'origine de Jésus-Christ, cette descendance d'un si grand pécheur devait nous apprendre que l'iniquité de nos ancêtres ne serait point un obstacle à la participation de sa miséricorde (Ibid.). Pour donner aux hommes l'espérance du pardon et de son amour, pour leur faire connaître dès le premier instant de son avènement qu'il est l'Époux généreux qui convie à ses noces les bons et les méchants, il a voulu naître de bons et de méchants, conservant toujours les deux qualités de Dieu et d'homme dans tous ses mystères ; ainsi, par respect pour sa divinité, il a voulu naître miraculeusement d'une Vierge ; et, pour s'accommoder aux misères de la pauvre humanité, il a voulu descendre d'ancêtres qui non-seulement n'étaient pas saints, mais qui étaient même criminels » (Ibid.).
(...)
La vocation des Mages n'a pas été seulement prédite, elle a été encore figurée.
Lorsque les Israélites sortirent de l'Égypte pour aller prendre possession de la terre qui leur avait été promise, la bonté divine voulut qu'une colonne mystérieuse se formât dans le ciel, qu'elle apparût le jour comme une nuée blanche, pour défendre le peuple voyageur contre les ardeurs du soleil brûlant de l'Arabie, et qu'elle devînt pendant la nuit comme une brillante étoile pour les éclairer. Cette colonne miraculeuse donnait toujours le signal du départ au peuple hébreu, et s'arrêtait quand il devait se reposer ; dirigeant et réglant ainsi leur marche à travers les plaines inhospitalières et les sables brûlants du désert » (Sapient., x, 17).
« Or, qui peut ne pas voir, disent les interprètes, dans ce prodige de la bonté divine envers les Hébreux une figure et, une prophétie de cette même bonté en faveur des Mages ? (Corn. à Lapid. in II Matth.) En effet, dit saint Pierre Chrysologue, l'étoile des Mages, comme celle des Hébreux, non-seulement éclairait leur marche, mais encore la réglait, elle les précédait quand les Mages devaient se mettre en route, s'arrêtait quand les Mages devaient s'arrêter et se reposer, veillant à leur garde et à leur défense » (Serm. 156).
De plus, comme la nuée fut un instrument de miséricorde pour le peuple choisi, et fut un fléau et un instrument de la justice divine pour les Égyptiens persécuteurs ; de même l'étoile qui éclaire et conduit les Mages aveugla de plus en plus les Juifs obstinés, et fut pour eux un nouveau titre de condamnation.
(...)
Le grand apôtre, saint Paul, après avoir exposé l'histoire des prodiges que Dieu opéra pour délivrer le peuple d'Israël de la servitude de l'Égypte, en fait l'application au peuple chrétien, et dit « que tout ce qui était arrivé aux Hébreux était une figure de ce que la bonté divine a fait pour nous » (Corinth., x, 11). Il n'est donc aucun doute que la lumière miraculeuse qui guida les Hébreux ne fût la figure de la lumière non moins prodigieuse qui guida les Mages, et de celle qui nous a conduits nous-mêmes à la doctrine des apôtres. En effet, Jésus-Christ lui-même a dit à ses apôtres : « Vous êtes la lumière de la terre » (Matth., v, 14) ; et l'Église, selon cet oracle du Sauveur, les salue et les appelle « les vrais flambeaux du monde » (Hymn. Apost). Daniel lui-même appelle les apôtres et les docteurs de l'Église « des étoiles resplendissantes d'une lumière éternelle » (Dan., XII, 3).
Ainsi, dit saint Grégoire, « les prophètes, les apôtres et les pasteurs de l'Église sont pour nous ce que l'étoile fut pour les Mages, le moyen par lequel nous avons été conduits à la vraie foi. » Car si c'est Jésus-Christ lui-même qui appela les Mages à Bethléem, par le ministère de son étoile (Matth., II, 2), c'est aussi Jésus-Christ qui nous a appelés à la foi dans la personne des apôtres et des pasteurs de l'Église ; puisque c'est lui-même qui les a envoyés et établis dans le ciel de l'Église, qui les a chargés d'annoncer sa parole, son évangile, en nous assurant qu'ils ne pourront jamais nous tromper. Ainsi, celui qui méprise leur parole méprise la parole éternelle, le Verbe éternel qui parle en eux, la lumière de Dieu, l'étoile de Dieu ; ils sont l'unique lumière sûre qui puisse nous guider au milieu des ténèbres des misères de la raison humaine (II Petr., I, 19). Celui qui méprise leur parole s'enveloppe comme les Juifs du manteau de l'endurcissement, et retombe pour y périr dans les ténèbres de la mort dont la miséricorde divine l'avait retiré.
Saint Augustin enseigne la même doctrine que saint Grégoire. « Les apôtres, dit-il, ont été notre étoile, comme l'étoile fut l'apôtre des Mages ; et de même que l'étoile fut un langage éloquent pour les Mages, de même la parole des apôtres et celle de leurs successeurs ont été pour nous des astres qui nous ont annoncé la gloire et les grandeurs de Dieu » (Serm., 2 de Epiph.).
En effet, saint Pierre appelle la grâce de la foi « l'étoile qui se lève dans nos cœurs » (II, Petr. I, 19), étoile miraculeuse, qui n'est que Jésus-Christ lui-même, dont la doctrine céleste est la vraie lumière de notre intelligence, comme son sacrement est le véritable aliment de notre cœur. Voilà pourquoi il s'appelle tout à la fois « la lumière et la splendeur du Père, l'espérance unique et permanente de tous les hommes » (Hymne de Matines, à Noël). Et ailleurs : « la vraie lumière qui illumine tout homme venant au monde » (Joann., I, 9). Voilà enfin pourquoi il se nomme lumière de lumière, puisqu'il en est en même temps le moyen et la fin ; c'est-à-dire que c'est de Jésus-Christ qu'émane la lumière qui conduit à Jésus-Christ, seule lumière véritable. C'est ainsi que s'accomplit la parole du prophète royal : « Dans votre sainte lumière, Seigneur, nous verrons la lumière » (Ps. xxxv, 10).
Remarquons encore que le mouvement de l'étoile miraculeuse des Mages indiquait le mystère de notre vocation à la foi de Jésus-Christ. Cette étoile se lève en Orient (Matth., II, 2), et conduit les Mages jusqu'à Bethléem, se dirigeant ainsi de l'Orient jusqu'à l'Occident. Son mouvement annonçait ce qui devait arriver quelques années plus tard, que la foi passerait de l'Orient chez les peuples de l'Occident. Voyez, en effet, se lever cet astre miraculeux qui révèle aux hommes les vrais mystères de la religion. C'est à l'Orient qu'il brille de son premier éclat, dans la première prédication des apôtres à Jérusalem ; mais bientôt il passe de Jérusalem à Rome, et, par conséquent, de l'Orient à l'Occident, selon l'observation du grand pontife saint Léon. Ainsi s'est accomplie cette prophétie de David : « que le nom du vrai Dieu connu et loué à l'Orient serait aussi connu et honoré à l'Occident » (Psalm. XLIX, 1).
Ô sainte et divine lumière qui depuis tant de siècles brillez au milieu de nous, éclairez nos cœurs de vos douces clartés ! hélas ! que les vents des passions, que le souffle empoisonné du vice, ne vous y éteignent jamais ! Illuminez nos esprits, réchauffez nos cœurs, afin que nous aimions ce Dieu d'amour, que nous avons le bonheur de connaître, de croire et d'adorer.
PROMPTE CORRESPONDANCE À LA GRÂCE
« Nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l'adorer. »
PRIÈRE
Ô saints rois mages, qui, dès que vous vîtes resplendir dans l'Orient l'étoile miraculeuse, signe de la naissance du Sauveur du monde, n'avez pas mis le moindre retard à aller à la recherche du Messie nouveau-né qu'elle vous annonçait, et qui n'avez pas craint, pour obéir à ce divin appel, les périls et les incommodités d'un long et pénible voyage : nous vous remercions de ce bel exemple que vous nous donnez de prompte correspondance à la voix de Dieu. Ah ! obtenez-nous aussi cet esprit de docilité et d'obéissance à tant d'inspirations, à tant d'invitations amoureuses par lesquelles la divine miséricorde nous appelle à la conversion, ou du moins à un état plus chrétien et plus parfait, afin que nous évitions le terrible châtiment du silence et de l'abandon qui menace ceux qui se font sourds à la voix de Dieu.
Pater, Ave, Gloria.
ORAISON
Ô Dieu, qui avez fait connaître aujourd'hui votre Fils unique aux Gentils, par une étoile dont la lumière les a conduits à lui, accordez-nous, par votre bonté, que, vous connaissant déjà par la foi, nous soyons élevés jusqu'à la contemplation de votre gloire ineffable : par le même Jésus-Christ, etc.
Reportez-vous à Litanies des Saints Rois-Mages, Instruction sur la Fête des Rois, Méditation pour le Jour des Rois : Que votre Règne arrive, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 15e Méditation : Voici que les Mages vinrent de l'Orient à Jérusalem, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 16e Méditation : Nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l'adorer, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 17e Méditation : À la nouvelle de la naissance du saint Enfant, le roi Hérode fut troublé, et tout Jérusalem avec lui, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 18e Méditation : Voici que l'étoile qu'ils avaient vue en Orient parut, allant devant eux, jusqu'à ce qu'elle vint s'arrêter sur le lieu où était l'enfant, Discours aux jeunes époux, du Pape Pie XII, durant l'Octave de l’Épiphanie, le 10 janvier 1940, Méditation sur l’Épiphanie : Ministère que Marie a exercé dans l'Adoration des Mages, Méditation sur l’Épiphanie : Les Mages confessent Jésus-Christ devant les hommes, Méditation sur l’Épiphanie : Les Mages à Jérusalem, Méditation sur l’Épiphanie : Les Rois-Mages, Méditation sur l’Épiphanie : Du ministère de Marie dans la vocation des Gentils à la Foi, Remerciement, offrande et prière au Verbe de Dieu incarné, pour l'Octave de l'Épiphanie, Méditation pour la veille de Noël, et Méditation sur la Nativité.
Cherchons d'abord pour quel motif le saint évangéliste Matthieu commence la belle histoire de ce grand avènement, qui devait changer la face de la terre, par déterminer l'époque et le lieu où il s'est accompli : « Jésus étant donc né à Bethléem de Juda, sous le règne d'Hérode (II, 1). » Le patriarche Jacob avait prédit à son fils « que le Messie naîtrait de sa race lorsque le sceptre du royaume de Juda serait passé de la tribu de ce patriarche à d'autres mains » (Genes., XLIX, 10). Et Michée avait prédit, « que Bethléem de Juda deviendrait grande dans sa petitesse ; parce que d'elle sortirait le conducteur du peuple d'Israël » (Matth., II, 6. Mich., v, 2). C'est-à-dire que le Messie naîtrait à Bethléem de Juda, ainsi appelée pour la distinguer d'une autre Bethléem qui était en Galilée, dans la tribu de Zabulon. C'est donc pour indiquer l'accomplissement de ces circonstances prophétiques dans la naissance du vrai Messie que l'Évangile en précise le temps, en disant : « Jésus-Christ étant né à Bethléem de Juda, sous le règne d'Hérode ; » c'est-à-dire qu'il naquit lorsque le sceptre n'était plus dans la famille de Juda, mais dans les mains d'un étranger ; car cet Hérode était Hérode l'Ascalonite, fils d'Antipater, de race Iduméenne, que le sénat romain, sur la recommandation d'Antoine, avait fait asseoir sur le trône de Judée. Il indique aussi le lieu : A Bethléem de Juda ; c'est-à-dire que Jésus naquit de la tribu et de la race de Juda, comme cela avait été prédit.
Et, ici, observons avec saint Augustin, « que Juda, fils de Jacob, dont Jésus-Christ est descendu selon la chair, comme le remarque l’Évangéliste, est le même Juda qui s'était rendu coupable d'un horrible crime, et que, cependant, le Fils de Dieu, l'Agneau sans tache, a voulu l'avoir pour ancêtre, afin de nous instruire par sa naissance avant de le faire par sa parole (contra Faust., 22, 64). Cette circonstance de l'origine de Jésus-Christ, cette descendance d'un si grand pécheur devait nous apprendre que l'iniquité de nos ancêtres ne serait point un obstacle à la participation de sa miséricorde (Ibid.). Pour donner aux hommes l'espérance du pardon et de son amour, pour leur faire connaître dès le premier instant de son avènement qu'il est l'Époux généreux qui convie à ses noces les bons et les méchants, il a voulu naître de bons et de méchants, conservant toujours les deux qualités de Dieu et d'homme dans tous ses mystères ; ainsi, par respect pour sa divinité, il a voulu naître miraculeusement d'une Vierge ; et, pour s'accommoder aux misères de la pauvre humanité, il a voulu descendre d'ancêtres qui non-seulement n'étaient pas saints, mais qui étaient même criminels » (Ibid.).
(...)
La vocation des Mages n'a pas été seulement prédite, elle a été encore figurée.
Lorsque les Israélites sortirent de l'Égypte pour aller prendre possession de la terre qui leur avait été promise, la bonté divine voulut qu'une colonne mystérieuse se formât dans le ciel, qu'elle apparût le jour comme une nuée blanche, pour défendre le peuple voyageur contre les ardeurs du soleil brûlant de l'Arabie, et qu'elle devînt pendant la nuit comme une brillante étoile pour les éclairer. Cette colonne miraculeuse donnait toujours le signal du départ au peuple hébreu, et s'arrêtait quand il devait se reposer ; dirigeant et réglant ainsi leur marche à travers les plaines inhospitalières et les sables brûlants du désert » (Sapient., x, 17).
« Or, qui peut ne pas voir, disent les interprètes, dans ce prodige de la bonté divine envers les Hébreux une figure et, une prophétie de cette même bonté en faveur des Mages ? (Corn. à Lapid. in II Matth.) En effet, dit saint Pierre Chrysologue, l'étoile des Mages, comme celle des Hébreux, non-seulement éclairait leur marche, mais encore la réglait, elle les précédait quand les Mages devaient se mettre en route, s'arrêtait quand les Mages devaient s'arrêter et se reposer, veillant à leur garde et à leur défense » (Serm. 156).
De plus, comme la nuée fut un instrument de miséricorde pour le peuple choisi, et fut un fléau et un instrument de la justice divine pour les Égyptiens persécuteurs ; de même l'étoile qui éclaire et conduit les Mages aveugla de plus en plus les Juifs obstinés, et fut pour eux un nouveau titre de condamnation.
(...)
Le grand apôtre, saint Paul, après avoir exposé l'histoire des prodiges que Dieu opéra pour délivrer le peuple d'Israël de la servitude de l'Égypte, en fait l'application au peuple chrétien, et dit « que tout ce qui était arrivé aux Hébreux était une figure de ce que la bonté divine a fait pour nous » (Corinth., x, 11). Il n'est donc aucun doute que la lumière miraculeuse qui guida les Hébreux ne fût la figure de la lumière non moins prodigieuse qui guida les Mages, et de celle qui nous a conduits nous-mêmes à la doctrine des apôtres. En effet, Jésus-Christ lui-même a dit à ses apôtres : « Vous êtes la lumière de la terre » (Matth., v, 14) ; et l'Église, selon cet oracle du Sauveur, les salue et les appelle « les vrais flambeaux du monde » (Hymn. Apost). Daniel lui-même appelle les apôtres et les docteurs de l'Église « des étoiles resplendissantes d'une lumière éternelle » (Dan., XII, 3).
Ainsi, dit saint Grégoire, « les prophètes, les apôtres et les pasteurs de l'Église sont pour nous ce que l'étoile fut pour les Mages, le moyen par lequel nous avons été conduits à la vraie foi. » Car si c'est Jésus-Christ lui-même qui appela les Mages à Bethléem, par le ministère de son étoile (Matth., II, 2), c'est aussi Jésus-Christ qui nous a appelés à la foi dans la personne des apôtres et des pasteurs de l'Église ; puisque c'est lui-même qui les a envoyés et établis dans le ciel de l'Église, qui les a chargés d'annoncer sa parole, son évangile, en nous assurant qu'ils ne pourront jamais nous tromper. Ainsi, celui qui méprise leur parole méprise la parole éternelle, le Verbe éternel qui parle en eux, la lumière de Dieu, l'étoile de Dieu ; ils sont l'unique lumière sûre qui puisse nous guider au milieu des ténèbres des misères de la raison humaine (II Petr., I, 19). Celui qui méprise leur parole s'enveloppe comme les Juifs du manteau de l'endurcissement, et retombe pour y périr dans les ténèbres de la mort dont la miséricorde divine l'avait retiré.
Saint Augustin enseigne la même doctrine que saint Grégoire. « Les apôtres, dit-il, ont été notre étoile, comme l'étoile fut l'apôtre des Mages ; et de même que l'étoile fut un langage éloquent pour les Mages, de même la parole des apôtres et celle de leurs successeurs ont été pour nous des astres qui nous ont annoncé la gloire et les grandeurs de Dieu » (Serm., 2 de Epiph.).
En effet, saint Pierre appelle la grâce de la foi « l'étoile qui se lève dans nos cœurs » (II, Petr. I, 19), étoile miraculeuse, qui n'est que Jésus-Christ lui-même, dont la doctrine céleste est la vraie lumière de notre intelligence, comme son sacrement est le véritable aliment de notre cœur. Voilà pourquoi il s'appelle tout à la fois « la lumière et la splendeur du Père, l'espérance unique et permanente de tous les hommes » (Hymne de Matines, à Noël). Et ailleurs : « la vraie lumière qui illumine tout homme venant au monde » (Joann., I, 9). Voilà enfin pourquoi il se nomme lumière de lumière, puisqu'il en est en même temps le moyen et la fin ; c'est-à-dire que c'est de Jésus-Christ qu'émane la lumière qui conduit à Jésus-Christ, seule lumière véritable. C'est ainsi que s'accomplit la parole du prophète royal : « Dans votre sainte lumière, Seigneur, nous verrons la lumière » (Ps. xxxv, 10).
Remarquons encore que le mouvement de l'étoile miraculeuse des Mages indiquait le mystère de notre vocation à la foi de Jésus-Christ. Cette étoile se lève en Orient (Matth., II, 2), et conduit les Mages jusqu'à Bethléem, se dirigeant ainsi de l'Orient jusqu'à l'Occident. Son mouvement annonçait ce qui devait arriver quelques années plus tard, que la foi passerait de l'Orient chez les peuples de l'Occident. Voyez, en effet, se lever cet astre miraculeux qui révèle aux hommes les vrais mystères de la religion. C'est à l'Orient qu'il brille de son premier éclat, dans la première prédication des apôtres à Jérusalem ; mais bientôt il passe de Jérusalem à Rome, et, par conséquent, de l'Orient à l'Occident, selon l'observation du grand pontife saint Léon. Ainsi s'est accomplie cette prophétie de David : « que le nom du vrai Dieu connu et loué à l'Orient serait aussi connu et honoré à l'Occident » (Psalm. XLIX, 1).
Ô sainte et divine lumière qui depuis tant de siècles brillez au milieu de nous, éclairez nos cœurs de vos douces clartés ! hélas ! que les vents des passions, que le souffle empoisonné du vice, ne vous y éteignent jamais ! Illuminez nos esprits, réchauffez nos cœurs, afin que nous aimions ce Dieu d'amour, que nous avons le bonheur de connaître, de croire et d'adorer.
PROMPTE CORRESPONDANCE À LA GRÂCE
« Nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l'adorer. »
PRIÈRE
Ô saints rois mages, qui, dès que vous vîtes resplendir dans l'Orient l'étoile miraculeuse, signe de la naissance du Sauveur du monde, n'avez pas mis le moindre retard à aller à la recherche du Messie nouveau-né qu'elle vous annonçait, et qui n'avez pas craint, pour obéir à ce divin appel, les périls et les incommodités d'un long et pénible voyage : nous vous remercions de ce bel exemple que vous nous donnez de prompte correspondance à la voix de Dieu. Ah ! obtenez-nous aussi cet esprit de docilité et d'obéissance à tant d'inspirations, à tant d'invitations amoureuses par lesquelles la divine miséricorde nous appelle à la conversion, ou du moins à un état plus chrétien et plus parfait, afin que nous évitions le terrible châtiment du silence et de l'abandon qui menace ceux qui se font sourds à la voix de Dieu.
Pater, Ave, Gloria.
ORAISON
Ô Dieu, qui avez fait connaître aujourd'hui votre Fils unique aux Gentils, par une étoile dont la lumière les a conduits à lui, accordez-nous, par votre bonté, que, vous connaissant déjà par la foi, nous soyons élevés jusqu'à la contemplation de votre gloire ineffable : par le même Jésus-Christ, etc.
Reportez-vous à Litanies des Saints Rois-Mages, Instruction sur la Fête des Rois, Méditation pour le Jour des Rois : Que votre Règne arrive, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 15e Méditation : Voici que les Mages vinrent de l'Orient à Jérusalem, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 16e Méditation : Nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l'adorer, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 17e Méditation : À la nouvelle de la naissance du saint Enfant, le roi Hérode fut troublé, et tout Jérusalem avec lui, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 18e Méditation : Voici que l'étoile qu'ils avaient vue en Orient parut, allant devant eux, jusqu'à ce qu'elle vint s'arrêter sur le lieu où était l'enfant, Discours aux jeunes époux, du Pape Pie XII, durant l'Octave de l’Épiphanie, le 10 janvier 1940, Méditation sur l’Épiphanie : Ministère que Marie a exercé dans l'Adoration des Mages, Méditation sur l’Épiphanie : Les Mages confessent Jésus-Christ devant les hommes, Méditation sur l’Épiphanie : Les Mages à Jérusalem, Méditation sur l’Épiphanie : Les Rois-Mages, Méditation sur l’Épiphanie : Du ministère de Marie dans la vocation des Gentils à la Foi, Remerciement, offrande et prière au Verbe de Dieu incarné, pour l'Octave de l'Épiphanie, Méditation pour la veille de Noël, et Méditation sur la Nativité.