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samedi 29 août 2015

Parle, Seigneur, ton serviteur écoute !



Le jeune Samuel assurait le service du Seigneur en présence du prêtre Éli. La parole du Seigneur était rare en ces jours-là, et la vision, peu répandue. Un jour, Éli était couché à sa place habituelle – sa vue avait baissé et il ne pouvait plus bien voir. La lampe de Dieu n’était pas encore éteinte. Samuel était couché dans le temple du Seigneur, où se trouvait l’arche de Dieu. Le Seigneur appela Samuel, qui répondit : « Me voici ! » Il courut vers le prêtre Éli, et il dit : « Tu m’as appelé, me voici. » Éli répondit : « Je n’ai pas appelé. Retourne te coucher. » L’enfant alla se coucher. De nouveau, le Seigneur appela Samuel. Et Samuel se leva. Il alla auprès d’Éli, et il dit : « Tu m’as appelé, me voici. » Éli répondit : « Je n’ai pas appelé, mon fils. Retourne te coucher. » Samuel ne connaissait pas encore le Seigneur, et la parole du Seigneur ne lui avait pas encore été révélée. De nouveau, le Seigneur appela Samuel. Celui-ci se leva. Il alla auprès d’Éli, et il dit : « Tu m’as appelé, me voici. » Alors Éli comprit que c’était le Seigneur qui appelait l’enfant, et il lui dit : « Va te recoucher, et s’il t’appelle, tu diras : “Parle, Seigneur, ton serviteur écoute.” » Samuel alla se recoucher à sa place habituelle. Le Seigneur vint, il se tenait là et il appela comme les autres fois : « Samuel ! Samuel ! » Et Samuel répondit : « Parle, ton serviteur écoute. » (1er livre de Samuel 3, 1-10)


Sainte Thérèse d'Avila


Il fut un temps où il suffisait d'éteindre quelques appareils bruyants pour faire silence. Mais avec la démocratisation des baladeurs, l'augmentation des bruits ambiants, de la foule indisciplinée dans les rues, la cohue des grandes surfaces où il est devenu habituel pour certains de se rendre pour tuer l'ennui, la musique dans les magasins, la télévision et la radio à la maison... la contamination sonore est arrivée à un niveau tel que notre âme est à chaque instant sollicitée, parasitée. Les téléphones et toutes leurs applications nous ont envahis, imposant leurs notifications continuelles. Mails, SMS... toutes les informations quelles qu'elles soient, même les plus nocives, arrivent en direct sur nos terminaux, faisant de nous des morts constamment branchés au réseau... Dans ce nouveau monde ultra connecté, il n'y a plus de place pour le silence.

On ne comprend rien à la civilisation moderne si l'on n'admet pas d'abord qu'elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure. (Georges Bernanos)


Et pourtant, pour communiquer avec Dieu, il nous faut absolument faire silence, un silence extérieur et surtout intérieur.

Une âme qui ne s'adonne pas fidèlement à l'oraison peut réciter l'office divin, assister à la sainte messe, recevoir les sacrements, entendre la parole de Dieu, mais ses progrès seront souvent médiocres. Pourquoi cela ? Parce que l'auteur principal de notre perfection et de notre sainteté est Dieu même, et que l'oraison maintient l'âme dans un contact fréquent avec Dieu ; elle établit, et, après l'avoir établi, entretient dans l'âme comme un foyer, sinon toujours en action, du moins dans lequel le feu de l'amour couve toujours ; et dès que cette âme est mise en communication directe avec la vie divine, par exemple dans les sacrements, c'est comme un souffle puissant qui l'embrase, la soulève, la remplit avec une surabondance merveilleuse. La vie surnaturelle d'une âme se mesure à son union à Dieu par le Christ.
(Bienheureux Columba Marmion - "Le Christ, vie de l'âme")

Dans le silence, nous pouvons avec humilité et dévotion parler avec Notre Seigneur Jésus-Christ. Cela est indispensable pour faire grandir notre foi. Faire oraison est pour tout catholique un devoir. Dans le silence de l'oraison, Jésus agit pour nous et en nous. Sans l'oraison et la méditation que pratiquaient les Saints, il est difficile pour un catholique de résister au Monde comme le Seigneur nous appelle à le faire, et de vivre dans une profonde piété. Il est donc vital pour notre âme que nous apprenions à faire silence, à donner du temps à Dieu, et ce également avant que la messe commence, car le silence, intérieurement, nous prépare à recevoir Jésus-Christ au plus profond de notre âme.


Faire silence c'est écouter Dieu ; c'est supprimer tout ce qui nous empêche d'écouter ou d'entendre Dieu ; c'est écouter Dieu partout où il exprime sa volonté, dans la prière et ailleurs que dans la prière proprement dite. Il nous faut le silence pour faire la volonté de Dieu, le silence prolongé par cette autre disposition de nous-mêmes que nous amputons tellement... ou que nous méprisons par ignorance : le recueillement. Il nous faut « recueillir » les traces, les indices, les invitations, les ordres de la volonté de Dieu, comme le cultivateur recueille sa récolte dans la grange, comme le savant recueille le fruit d'une expérience. (Madeleine Delbrêl - "La Joie de croire")

Le silence ne nous manque pas, car nous l'avons. Le jour où il nous manque, c'est que nous n'avons pas su le prendre. Tous les bruits qui nous entourent font beaucoup moins de tapage que nous-mêmes. Le vrai bruit, c'est l'écho que les choses ont en nous. Ce n'est pas de parler qui rompt forcément le silence. Le silence est la place de la Parole de Dieu et si, lorsque nous parlons, nous nous bornons à répéter cette parole, nous ne cessons pas de nous taire. Le silence, c'est quelquefois se taire, mais le silence c'est toujours écouter. Une absence de bruit qui serait vide de notre attention à la parole de Dieu ne serait pas silence. Le silence n'aime pas la profusion des mots. Nous savons parler ou nous taire, mais nous savons mal nous contenter des mots nécessaires. Sans cesse nous oscillons entre un mutisme qui abîme la charité et une explosion de paroles qui déborde la vérité. Le silence est charité et vérité. (Madeleine Delbrêl - "La sainteté des gens ordinaires")


Les bavards se font du tort. Ces personnes qui ne cessent de parler sans écouter leur interlocuteur, s'écoutant elles-mêmes, posant des questions et n'écoutant pas les réponses, sautent dans un puits à chacune de leurs actions. Elles ne peuvent entendre la voix de Dieu, et ont les portes tout ouvertes au Démon. D'où l'urgence pour elles de faire silence, et de rechercher à établir, par l'oraison, une relation intime avec Dieu.

Si cela vous aide, vous pouvez commencer par un chant, comme le Veni Creator (en latin ou en français), avant de faire silence et d'entrer en oraison (20 minutes par jour environ).

Gardez toujours à l'esprit que le Seigneur fait sa place en nos cœurs, non pas dans des mouvements désordonnés, mais dans le silence.

Alors, comme Samuel, réservons un temps, dans le silence, pour Dieu, et disons : "Parle, Seigneur, ton serviteur écoute !"



Extrait : Abrégé de la Pratique de la Perfection Chrétienne du R.P. Alphonse Rodriguez


Du Silence : Ses avantages et son utilité

Un moyen qui peut encore beaucoup servir à notre avancement, et nous aider efficacement à acquérir la perfection, c'est de réprimer en nous l'intempérance de la langue ; comme, au contraire, un des obstacles qui peut le plus retarder, et même empêcher notre progrès, c'est de nous relâcher sur cet article. L'Apôtre Saint Jacques nous marque ces deux vérités dans son Épitre canonique : Si quelqu'un, dit-il, ne pèche point en parlant, c'est un homme parfait. Et ailleurs : Si quelqu'un s'imagine être religieux, et qu'il ne met point un frein à sa langue, mais qu'il laisse dissiper son cœur de côté et d'autre, sa religion est vaine et inutile. Saint-Jérôme se sert de ce passage, pour nous recommander l'observation du silence. Il assure que c'est sur cette autorité que se fondaient les anciens Pères du Désert qui étaient si fidèles et si rigoureux en ce point. Mais pourquoi nous recommander si fort cette pratique ? Qu'elle en peut être la raison ? Est-ce donc un si grand crime de dire une parole inutile ? Y-a-t-il d'autre mal à cela que la perte d'un moment de temps que l'on emploie à la dire, et qu'un léger péché véniel qui peut s'effacer par quelque acte de piété ou de religion, par exemple, par le signe de la croix ou avec de l'eau bénite ? À cela je réponds que puisque l'Écriture Sainte insiste tant sur ce point, il faut qu'il y ait en cela quelque chose de plus que la perte d'un peu de temps, et que ce soit une affaire plus importante qu'elle nous paraît. Car le Saint-Esprit n'exagère rien ; il ne pèse point les actions avec de faux poids et de fausses balances. Les Saints et les docteurs de l'Église, à qui Dieu a donné des lumières particulières pour l'intelligence des Mystères des Livres saints, nous détaillent fort au long les avantages qu'apporte l'observation du silence, et les grands inconvénients qui résultent de ce violement. Saint Ambroise et Saint-Jérôme écrivant sur ce passage de l'Ecclésiaste : Il y a un temps pour se taire, et un temps pour parler, confirment cette doctrine. Ils disent que si Pythagore exigeait de ses disciples qu'ils commençassent par être cinq ans sans parler, c'était afin que, durant tout ce temps-là, ils pussent oublier les erreurs et les préjugés dont ils avaient été imbus ; que pendant un si long silence, il les trouvait plus disposés à l'écouter, et à se pénétrer des vérités qu'il leur enseignait, et qu'ainsi ils se pouvaient rendre habiles à enseigner par la suite sa même doctrine. Apprenons donc premièrement à nous taire, conclut Saint-Jérôme, et n'ouvrons ensuite la bouche que pour parler bien à propos.

Il est difficile, sans l'observation du silence, de devenir homme d'oraison

Le silence ne nous sert pas seulement à apprendre comment nous devons parler aux hommes, il nous sert aussi à apprendre à converser avec Dieu, à nous rendre hommes d'oraison. Saint Diadoque, en parlant du silence, dit que c'est une chose si excellente, qu'elle enfante toutes les saintes pensées. Si vous voulez donc être homme d'oraison, si vous voulez converser familièrement avec Dieu, si vous voulez n'avoir jamais que de saintes pensées, et vous rendre attentif aux inspirations du Ciel, gardez le silence, et tenez-vous dans un parfait recueillement. Car, ainsi qu'un grand bruit nous empêche d'entendre ce qu'on nous dit quand on nous parle, de même le bruit des paroles inutiles, et le tumulte des choses du monde, nous empêchent d'entendre les inspirations divines, et de discerner ce qu'elles demandent de nous. Dieu veut être en particulier avec l'âme pour s'entretenir avec elle : Je la mènerai, dit-il, dans la solitude, et là je parlerai à son cœur : là je lui ferai sucer le lait des douceurs et des consolations spirituelles. Comme Dieu n'a point de corps, dit Saint Bernard, et que c'est un pur esprit, c'est la retraite de l'esprit qu'il nous demande, non pas celle du corps. Car de quoi peut servir, dit Saint Grégoire, la retraite du corps sans celle de l'âme ? Ce que le Seigneur veut de vous, c'est que vous vous fassiez une solitude au dedans de votre cœur, pour vous entretenir avec lui, et pour qu'il puisse se plaire à s'entretenir avec vous. Si vous renonciez aux conversations inutiles, dit Thomas à Kempis, si vous n'alliez plus sans nécessité de côté et d'autre, et si vous n'aviez plus cette vaine curiosité des affaires du monde, il vous resterait assez de temps pour l'employer à de saintes pensées, mais si vous aimez trop à parler, si vous laissez continuellement dissiper votre cœur à tous les objets qui frappent vos sens, ne vous étonnez pas que le temps vous manque toujours, et que vous n'en ayez pas même assez pour vos exercices ordinaires.

Le Silence est un moyen efficace pour acquérir la Perfection

Un Religieux très-savant et très-versé dans la spiritualité, disait une chose qui marque bien l'importance du silence, et qui pourra sembler a quelques-uns une exagération, mais qui est néanmoins une vérité constante et très-éprouvée : il disait que pour réformer une Maison religieuse, un Ordre entier, il ne fallait qu'y faire pratiquer rigoureusement le silence. Nous voyons que quand le silence ne s'observe point dans une maison religieuse, elle semble plutôt un lieu profane, qu'une maison régulière et au contraire, les communautés religieuses où l'on observe le silence, paraissent véritablement des demeures consacrées à Dieu. On y respire, dès l'entrée, un air et une odeur de sainteté qui édifie : le recueillement et le silence y portent à la dévotion tous ceux qui y arrivent, et leur fait dire avec transport : Le Seigneur est vraiment en ce lieu : c'est véritablement la maison de Dieu et la porte du Ciel. Ce que je dis ici de la totalité d'une Maison religieuse, je le dis aussi de chaque personne en particulier : Où l'on ne fait que parler, dit le Sage, il n'y a que de la misère. Lorsque nous gardons exactement le silence, à peine trouvons-nous sur quoi nous examiner, suivant ces paroles du Saint-Esprit : Celui qui garde sa bouche, garde son âme. Cette vérité n'a pas été ignorée des Païens même ; car un Philosophe de Lacédémone, interrogé pourquoi Lycurgue avait donné si peu de lois aux Lacédémoniens : c'est, répondit-il, que ceux qui parlent peu, n'ont pas besoin de beaucoup de lois. L'observation du silence suffit donc pour réformer chaque personne en particulier, et même pour réformer toute une Maison et tout un Ordre : voilà pourquoi, comme nous l'avons déjà dit, les anciens Pères du Désert faisaient tant de cas de la pratique du silence, et pourquoi tous les Ordres religieux ont compris l'observation du silence dans leurs principaux Régalements. C'est aussi pour cette même raison, dit Denys le Chartreux, que l'Apôtre Saint Jacques nous apprend : Que celui qui ne pèche point du côté de la langue, est parfait ; et que celui qui croit être religieux, en ne réprimant point sa langue, et en laissant dissiper son cœur de tous côtés, n'a qu'une religion vaine et inutile.
Que chacun considère ici avec attention, combien nous lui demandons peu de choses pour être parfait ; et combien le moyen que nous lui proposons, est aisé à pratiquer. Si vous voulez faire de grands progrès dans la vertu, et acquérir la perfection, gardez le silence : l'Apôtre Saint Jacques vous assure que cela suffit pour vous y faire parvenir. Si vous voulez être homme spirituel et d'oraison, gardez le silence ; les Saints vous promettent que vous le deviendrez immanquablement par ce moyen. Si au contraire vous êtes infidèle à cette pratique, si vous la négligez, jamais vous ne vous rendrez parfait ; jamais vous ne parviendrez à être un homme intérieur, un homme d'oraison. En effet, a-t-on jamais vu un grand parleur être en même temps un homme contemplatif, et adonné à la spiritualité ? On ne voit pas même qu'il fasse un pas dans le chemin de la vertu : Un homme qui ne fait que parler, sera-t-il justifié ?
Albert le Grand va encore plus loin. Il dit qu'un homme qui n'observe point le silence, est facilement tenté et attaqué par le démon. Il cite à ce sujet ce passage des Proverbes : Un homme qui ne peut s'empêcher de parler, est comme une ville ouverte et sans murailles. Saint-Jérôme dit sur ces paroles, que comme une ville qui n'est point entourée de murailles, est continuellement exposée aux incursions des ennemis, et en grand danger d'être pillée ; de même un Chrétien qui n'est point environné du silence comme d'un mur de défense, est toujours exposé aux tentations du démon, et en grand péril de devenir sa proie.

Vivre dans le recueillement et dans le silence, c'est mener une vie douce et agréable

De tout ce que nous avons dit-il s'ensuit une chose digne de remarque ; c'est que mener une vie retirée, où l'on ne veut ni avoir, ni parler, ni entendre parler que de choses nécessaires ou utiles au salut et où on devient sourd, aveugle et muet aux choses du monde pour l'amour de Dieu, n'est pas une vie triste et mélancolique, mais plutôt une vie très douce et très agréable ; et d'autant plus douce, que le commerce et la conversation avec Dieu, vers, lequel elle nous élève, a incomparablement plus de délices et de charmes, que la vie ordinaire de tous les hommes. Que les autres, dit Saint-Jérôme, en jugent comme il leur plaira, car chacun s'en rapporte à ce qu'il sent ; pour moi, je regarde le monde « comme une prison, et la solitude comme un Paradis. Saint Bernard disait pareillement, qu'il n'était jamais moins seul, que quand il était seul ; que c'était alors qu'il se trouvait en meilleure compagnie et qu'il était plus content, parce qu'il n'y a que le commerce avec Dieu qui puisse donner un solide contentement à l'âme. Ce qui ne savent ce que c'est que le commerce intérieur avec Dieu et qui n'ont point de goût pour la spiritualité et pour l'oraison trouveront cette sorte de vie triste et mélancolique ; mais cette vie, pour un véritable Chrétien, sera toujours remplie de consolations et de douceurs.
La joie intérieure, selon le sentiment même de la Philosophie païenne, est la seule qui soit solide : l'or le plus pur n'est point celui que l'on trouve sur la superficie de la terre, c'est Celui qui est caché dans le fond de ses entrailles, dans ses veines les plus cachées : aussi le véritable contentement n'est point celui que l'on fait ordinairement paraître au dehors dans ses paroles et dans les mouvements de son visage, car l'âme n'y a bien souvent aucune part ; c'est cette joie pure qui est renfermée au fond du cœur. La véritable joie et le véritable contentement consistent à avoir la conscience pure, à mépriser généreusement tout ce qui est périssable, et élever l'esprit au-dessus de toutes les choses de la terre.



Le recueillement [élémentaire, celui] par lequel ceux qui veulent prier se mettent en la présence de Dieu, rentrant en eux-mêmes, et retirant, par manière de dire, leur âme dedans leur cœur pour parler à Dieu. Ce recueillement se fait par le commandement de l'amour, qui, nous provoquant à l'oraison, nous fait prendre ce moyen de la bien faire, de sorte que nous faisons nous-mêmes ce retirement de notre esprit. [Il y a aussi] le recueillement qui ne se fait pas par le commandement de l'amour, mais par l'amour même ; c'est-à-dire, nous ne le faisons pas nous-mêmes par élection, d'autant qu'il n'est pas en notre pouvoir de l'avoir quand nous voulons et ne dépend pas de notre soin, mais dieu le fait en nous, quand il Lui plaît, par Sa très sainte grâce. (Saint François de Sales, "Traité de l'Amour de Dieu", Livre VI, Chap. VII)


En l'année qui suivit l'institution du Tiers-Ordre, un certain procureur nommé Barthélémy qui avait été admis par saint François dans son troisième Ordre naissant, s'était tellement distingué par sa ferveur, que le bon Saint lui avait donné le pouvoir de recevoir, pour toujours, comme un autre lui-même, les hommes et les femmes au Tiers-Ordre. Un jour, François descendit dans sa maison et s'y arrêta pendant trois jours. Or, tant qu'il fut là, un pauvre possédé, qui fatiguait tout le monde par une excessive intempérance de paroles, se trouva tout à coup arrêté, et ne dit plus mot. Le Père étant parti, le possédé se remit à parler plus dru que jamais. Barthélémy adjura le démon de lui en dire la raison, et DIEU obligea l'Esprit impur à proclamer lui-même la sainteté extraordinaire de François. « Cet homme de DIEU, répondit le démon, est tel et si grand, que je n'ai pu articuler une seule parole en sa présence. Ses vertus étonneraient le monde, si le monde les voyait. Quand nous avons vu ce Religieux s'élever à une telle sublimité de mépris du monde, à un tel abandon au bon plaisir de DIEU et à un tel renouvellement de la vie évangélique et apostolique, nous avons été saisis de terreur, et nous avons résolu de tout faire pour le ruiner, lui et ses trois Ordres. Nous en ferons tant, que nous aurons le dessus. » (Le Séraphique Saint François, Mgr de Segur)



Lire
"L'âme de tout apostolat" de Dom Chautard, "Abrégé de la perfection chrétienne" du R.P. Alphonse Rodriguez, "De l'oraison mentale et de la Retraite" de Saint Alphonse de Liguori, "Esprit" du R.P. Avrillon (Pour passer saintement l'Avent, le Carême, l'Ascension...), "Méditations selon la méthode de Saint Ignace sur la Vie et les Mystères de Notre Seigneur Jésus-Christ" (5 tomes), "Méditations sur les souffrances de N.S. Jésus-Christ" par l'auteur du Culte Public, "L'Imitation de Jésus-Christ" de Thomas A. Kempis, "Abrégé des Méditations" du Père Louis Du pont, "Le combat spirituel" de Lorenzo Scupoli et "Le mois de Novembre consacré au souvenir des âmes du Purgatoire" par l'auteur des mois de septembre et de décembre (pour méditer sur l’Église souffrante).


Pratique :
Méditez Jésus sur la Croix, les souffrances qu'il a endurées pour nous : ses plaies s'écartant sous le poids de son corps, ses blessures, ses contusions, ses tuméfactions, sa peau en lambeau, sa chair brûlante frottant sur le bois, son corps en sang, ses membres désarticulés, ses yeux imbibés de sang, la suffocation lente de Notre Seigneur... (Reportez-vous à La Passion corporelle de Jésus expliquée par un chirurgien) puis, méditez les douleurs de Marie au pied de la Croix et la descente de croix du corps de Jésus. Priez le Seigneur de vous guider afin que vous preniez pleinement conscience de son Saint Sacrifice.


Conseil :
Faire une retraite de Saint Ignace de Loyola.




Reportez-vous à Du Silence : Ses avantages et son utilité, Du Silence, par Saint Vincent Ferrier, Instruction pour les personnes qui entrent dans la voie d'Oraison, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Réponse à quelques doutes touchant l'Oraison, par le R.P. Jean-Joseph Surin, De la vie intérieure, et de la familiarité avec Jésus-Christ, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Neuvaine en l'honneur de Sainte Thérèse d'Avila, Simple et courte méthode d'oraison mentale, De la sècheresse dans l'oraison, De l'Oraison et de la contemplation, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Histoire de la possession des Ursulines de Loudun, et des peines du Père Surin (1/4), Histoire de la possession des Ursulines de Loudun, et des peines du Père Surin (2/4), Histoire de la possession des Ursulines de Loudun, et des peines du Père Surin (3/4), Avis pour la lecture spirituelle, La vérité par au dedans de nous sans aucun bruit de paroles, Méditation pour le Mardi d'après l'Ascension, Méditation pour le Samedi après les Cendres, En quoi consiste l'exercice de la présence de Dieu, De la cause des distractions dans l'oraison et des remèdes que l'on peut y apporter, De quelques moyens de bien faire l'oraison mentale, Pour bien faire oraison et pour en tirer du fruit, Combien sont mal fondées les plaintes de ceux qui se disent incapables de méditer, Seigneur, que vous plaît-il que je fasse ?, Méditation pour le jeudi de la première semaine de Carême, Litanie de Sainte Jeanne d'Arc, Médiator Dei du Pape Pie XII, sur la sainte liturgie, En quoi consistent la bonté et la perfection de nos actions, Autre moyen de bien faire ses actions, Méditation pour le vingt-troisième jour de décembre, Méditation transcendantale, hypnose et forces démoniaques, Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus et la Vie d'oraison, Les saints et le combat spirituel : Sainte Thérèse d'Avila, Spiritus Paraclitus du Pape Benoît XV, Jésus maudit ce que le monde estime, Lorenzo Scupoli et le combat spirituel, Inimitiés entre les enfants de Marie et les esclaves du Diable et Savoir-vivre dans l’Église.














Litanie en l'honneur de Saint Jean-Baptiste



Quand fut accompli le temps où Élisabeth devait enfanter, elle mit au monde un fils. Ses voisins et sa famille apprirent que le Seigneur lui avait montré la grandeur de sa miséricorde, et ils se réjouissaient avec elle. Le huitième jour, ils vinrent pour la circoncision de l’enfant. Ils voulaient l’appeler Zacharie, du nom de son père. Mais sa mère prit la parole et déclara : « Non, il s’appellera Jean. » On lui dit : « Personne dans ta famille ne porte ce nom-là ! » On demandait par signes au père comment il voulait l’appeler. Il se fit donner une tablette sur laquelle il écrivit : « Jean est son nom. » Et tout le monde en fut étonné. À l’instant même, sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia : il parlait et il bénissait Dieu. La crainte saisit alors tous les gens du voisinage et, dans toute la région montagneuse de Judée, on racontait tous ces événements. Tous ceux qui les apprenaient les conservaient dans leur cœur et disaient : « Que sera donc cet enfant ? » En effet, la main du Seigneur était avec lui
Zacharie, son père, fut rempli d’Esprit Saint et prononça ces paroles prophétiques : « Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, qui visite et rachète son peuple. Il a fait surgir la force qui nous sauve dans la maison de David, son serviteur, comme il l’avait dit par la bouche des saints, par ses prophètes, depuis les temps anciens : salut qui nous arrache à l’ennemi, à la main de tous nos oppresseurs, amour qu’il montre envers nos pères, mémoire de son alliance sainte, serment juré à notre père Abraham de nous rendre sans crainte, afin que, délivrés de la main des ennemis, nous le servions dans la justice et la sainteté, en sa présence, tout au long de nos jours. Toi aussi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut ; tu marcheras devant, à la face du Seigneur, et tu prépareras ses chemins pour donner à son peuple de connaître le salut par la rémission de ses péchés, grâce à la tendresse, à l’amour de notre Dieu, quand nous visite l’astre d’en haut, pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort, pour conduire nos pas au chemin de la paix. » 
L'enfant grandit et son esprit se fortifiait. Il alla vivre au désert jusqu'au jour où il devait être manifesté à Israël. (Lc 1, 57-80)




Seigneur, ayez pitié de nous.
Ô Christ, ayez pitié de nous.
Seigneur, ayez pitié de nous.
 
Jésus-Christ, écoutez-nous.
Jésus-Christ, exaucez-nous.
 
Dieu le Père, qui avez élu Saint Jean-Baptiste, ayez pitié de nous.
Dieu le Fils, qui avez sanctifié Saint-Jean-Baptiste, ayez pitié de nous.
Esprit-Saint, qui avez éclairé Saint Jean-Baptiste, ayez pitié de nous.
 
Sainte Marie, qui avez visité Zacharie, priez pour nous.
Sainte Marie, qui avez salué Sainte Élisabeth, priez pour nous.
Sainte Marie, qui avez réjoui Saint Jean-Baptiste, priez pour nous.
 
Saint Jean-Baptiste, priez pour nous.
Saint Jean-Baptiste, tressaillant dans le sein de votre mère, priez pour nous.
Saint Jean-Baptiste, rempli de l'Esprit-Saint, priez pour nous.
Saint Jean-Baptiste, Chrétien en naissant, priez pour nous.
Saint Jean-Baptiste, prémices des fidèles, priez pour nous.
Saint Jean-Baptiste, enfant d'allégresse, priez pour nous.
Saint Jean-Baptiste, Prophète du Très-Haut, priez pour nous.
Saint Jean-Baptiste, illustre Précurseur de Jésus-Christ, priez pour nous.
Saint Jean-Baptiste, Héritier de la Vertu d'Élie, priez pour nous.
Saint Jean-Baptiste, modèle de vie austère, priez pour nous.
Saint Jean-Baptiste, vêtu de poil de chameau, priez pour nous.
Saint Jean-Baptiste, nourri de sauterelles*, priez pour nous.
Saint Jean-Baptiste, envoyé de Dieu, priez pour nous.
Saint Jean-Baptiste, préparant les Voies du Seigneur, priez pour nous.
Saint Jean-Baptiste, Prédicateur de la Pénitence, priez pour nous.
Saint Jean-Baptiste, Baptisant dans le Jourdain, priez pour nous.
Saint Jean-Baptiste, vous qui avez désigné l'Agneau du Sacrifice, priez pour nous.
Saint Jean-Baptiste, vous que le Sauveur a proclamé le plus grand parmi les enfants des hommes, priez pour nous.
Saint Jean-Baptiste, que plusieurs ont cru être le Christ, priez pour nous.
Saint Jean-Baptiste, vous qui n'avez pas cédé aux grands du monde, priez pour nous.
Saint Jean-Baptiste, réprimant Hérode, priez pour nous.
Saint Jean-Baptiste, mis en prison, priez pour nous.
Saint Jean-Baptiste, mort en Martyr, priez pour nous.
 
Agneau de Dieu que Saint Jean-Baptiste a fait connaître, pardonnez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu qui êtes venu au devant de Saint Jean-Baptiste, exaucez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu qui avez été baptisé par Saint Jean-Baptiste, ayez pitié de nous.
 

V/
Il y eût un homme envoyé de Dieu,
R/ Et cet homme s'appelait Jean.


ORAISON


Seigneur Jésus-Christ, à l'exemple de Saint-Jean-Baptiste, mettez sur nos lèvres et dans notre cœur les paroles, les gestes et les attitudes qui serviront à annoncer votre message à ceux qui ne l'ont pas encore entendu. Ainsi soit-il.


PRIONS

Dieu Tout-Puissant, qui avez fait de Saint Jean-Baptiste un Prophète, un Apôtre et un Martyre, nous Vous supplions de produire en nous de dignes fruits de pénitence, afin qu'à son exemple nous n'ayons d'autre science que Celle de Jésus, d'autre Amour que Celui de Jésus, et que nous mourions pour ce Divin Agneau, qui a effacé les péchés du monde et qui vit et règne avec Vous pour les siècles et les siècles. Ainsi soit-il.


MÉDITATION

Le lendemain, voyant Jésus venir vers lui, Jean déclara : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ; c’est de lui que j’ai dit : L’homme qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était. Et moi, je ne le connaissais pas ; mais, si je suis venu baptiser dans l’eau, c’est pour qu’il soit manifesté à Israël. » Alors Jean rendit ce témoignage : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui. Et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : “Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit Saint.” Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. » (Jn 1, 29-34)


En ce temps-là : Hérode avait envoyé prendre Jean, et l’avait enchaîné en prison, à cause d’Hérodiade, femme de son frère Philippe, qu’il avait épousée. Car Jean disait à Hérode : "Il ne t’est pas permis d’avoir la femme de ton frère." Or Hérodiade tendait des pièges à Jean, et voulait le faire mourir ; mais elle ne le pouvait pas, Car Hérode craignait Jean, sachant qu’il était un homme juste et saint, et il le gardait, faisait beaucoup de choses selon ses avis, et l’écoutait volontiers. Mais il arriva un jour opportun : à l’anniversaire de sa naissance, Hérode donna un grand festin aux grands, aux officiers et aux principaux de la Galilée. La fille d’Hérodiade étant entrée, et ayant dansé, et ayant plu à Hérode et à ceux qui étaient à table avec lui, le roi dit à la jeune fille : Demande-moi ce que tu voudras, et je te le donnerai. Et il fit ce serment : Tout ce que tu me demanderas, je te le donnerai, quand ce serait la moitié de mon royaume. Elle, étant sortie, dit à sa mère : Que demanderai-je ? Sa mère lui dit : La tête de Jean-Baptiste. Et étant rentrée aussitôt en hâte auprès du roi, elle fit sa demande, en disant : Je veux que tu me donnes à l’instant sur un plat la tête de Jean-Baptiste. Le roi fut attristé ; mais, à cause de son serment et de ceux qui étaient à table avec lui, il ne voulut pas l’affliger par un refus. Il envoya donc un de ses gardes, et lui ordonna d’apporter la tête de Jean sur un plat. Le garde le décapita dans la prison, et il apporta sa tête sur un plat, et la donna à la jeune fille, et la jeune fille la donna à sa mère. L’ayant appris, les disciples de Jean vinrent, et prirent son corps, et le mirent dans un sépulcre. (Mc 6, 17-29)



*
Pousses de plantes ou d'herbes. Selon une ancienne tradition palestinienne, cosses au goût sucré, grosses et fermes, d'un genre de caroubier, rappelant des sauterelles par leur forme. En anglais, on appelle le caroubier "locust tree" et ses fruits "locust beans", "locust" signifiant "sauterelle".




Reportez-vous à Litanies de Saint Jean-Baptiste, tirées du Bréviaire des serviteurs de Marie, Neuvaine à Saint Jean-Baptiste, Neuvaine à Saint Jean-Baptiste pour obtenir la guérison de l'âme et du corps, Leçon XVI :  De Saint Jean-Baptiste, Prologue de l’Évangile selon Saint Jean, Pratiques de dévotion envers Marie : Recourir souvent à Marie et aux Saints qui lui sont proches et Méditation pour le dix-huitième jour de décembre.













vendredi 28 août 2015

Litanie de Saint Augustin, Docteur de l’Église






Seigneur, ayez pitié de nous.
Ô Christ, ayez pitié de nous.
Seigneur, ayez pitié de nous.

Jésus-Christ, écoutez-nous.
Jésus-Christ, exaucez-nous.

Père Céleste qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Fils, Rédempteur du monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Esprit-Saint qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Trinité Sainte qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.

Sainte Marie, priez pour nous.
Sainte Mère de Dieu, priez pour nous.
Sainte Vierge des vierges, priez pour nous.

Saint-Père Augustin, priez pour nous.
Saint Augustin, exemple des âmes contrites, priez pour nous.
Saint Augustin, fils des larmes d'une mère vertueuse, priez pour nous.
Saint Augustin, lumière des enseignants, priez pour nous.
Saint Augustin, gardien de la vérité contre l'erreur, priez pour nous.
Saint Augustin, illustre combattant des hérésies, priez pour nous.
Saint Augustin, défenseur de l’Église contre ses ennemis, priez pour nous.
Saint Augustin, pilier de la vraie foi, priez pour nous.
Saint Augustin, navire de la Sagesse divine, priez pour nous.
Saint Augustin, modèle de conduite pour la vie apostolique, priez pour nous.
Saint Augustin, dont le cœur a été enflammé par le feu de l'Amour Divin, priez pour nous.
Saint Augustin, Père miséricordieux et humble, priez pour nous.
Saint Augustin, modèle des confesseurs, priez pour nous.
Saint Augustin, prédicateur zélé de la Parole de Dieu, priez pour nous.
Saint Augustin, commentateur éclairé des Saintes Écritures, priez pour nous.
Saint Augustin, modèle des évêques, priez pour nous.
Saint Augustin, éclat de la gloire de Dieu, priez pour nous.
Saint Augustin, adorateur infatigable de la Très Sainte Trinité, priez pour nous.
Saint Augustin, source inépuisable de l'éloquence chrétienne, priez pour nous.
Saint Augustin, brillant miroir de la sainteté, priez pour nous.
Saint Augustin, modèle de toutes les vertus, priez pour nous.
Saint Augustin, consolateur des affligés, priez pour nous.
Saint Augustin, ami des pauvres, priez pour nous.
Saint Augustin, Docteur de l’Église, priez pour nous.

Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous.


V/
Priez pour nous, Saint Augustin,
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses de Notre Seigneur Jésus-Christ.


PRIONS

Dieu Tout-puissant, Vous qui avez révélé à Saint-Augustin les mystères de la sagesse divine et qui avez allumé dans son cœur la flamme de l'Amour Divin, faites qu'à son exemple, nous soyons un modèle de sainteté pour nos frères, et accordez-nous, à l'heure de notre mort, d'être accueillis dans Votre céleste Patrie et de vous glorifier dans la vie éternelle. Par Jésus-Christ, Notre Seigneur. Ainsi soit-il.



Je crois pour comprendre et je comprends pour mieux croire.
(Saint Augustin)




Reportez-vous à Méditation pour la Fête de Saint Augustin et Litanie de Sainte Monique, Mère de Saint Augustin.




jeudi 27 août 2015

Le Pater ou Notre Père



Actuellement, dans les églises, le Notre Père est récité ainsi :

Notre Père qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses,
comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous soumets pas à la tentation,
mais délivre-nous du Mal.
Amen.

* Or, Dieu n'étant pas celui qui nous soumet à la Tentation, la formulation "Et ne nous soumets pas à la tentation" est blasphématoire. Dieu ne nous fait pas subir la tentation. Et les épreuves qu'il permet sont toujours pour notre bien et ne vont jamais au-delà de nos forces (1 Co 10, 13). La contre-Église ou secte conciliaire (Nouvelle religion instaurée au Vatican depuis le concile Vatican II) vient de modifier cette traduction (du moins à l'écrit...) préférant : Ne nous laisse pas entrer en tentation...


Avant le concile Vatican II (1966), la formule était :

Notre Père qui êtes aux cieux,
que votre nom soit sanctifié,
que votre règne arrive,
que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donnez-nous aujourd’hui notre pain de chaque jour.
Pardonnez-nous nos offenses,
comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous laissez pas succomber à la tentation,
mais délivrez-nous du Mal.
Ainsi soit-il.

* Ne craignons pas d'affirmer cette formule. Gardons le vouvoiement et ne cédons pas au mensonge du démon qui veut nous faire croire que l'homme est l'égal de Dieu. Lire Les Tentations sont inévitables en cette vie mortelle).

Le Notre Père est la prière enseignée par Notre Sauveur. Elle est parfaite.

Dite avec foi, elle est une prière d'exorcisme.


Jésus prêchant sur la montagne - G. Doré



Extrait de "Le Secret admirable du Très Saint Rosaire" de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort :


Le Pater, ou l'Oraison dominicale, tire sa première excellence de son auteur, qui n'est pas un homme ou un ange, mais le Roi des anges et des hommes, Jésus-Christ. "Il était nécessaire, dit saint Cyprien, que Celui qui venait nous donner la vie de la grâce comme Sauveur, nous enseignât la manière de prier comme Maître céleste". La sagesse de ce divin Maître paraît bien dans l'ordre, la douceur, la force et la clarté de cette divine prière ; elle est courte, mais elle est riche en instruction, intelligible pour les simples et remplie de mystères pour les savants.
Le Pater renferme tous les devoirs que nous devons rendre à Dieu, les actes de toutes les vertus et les demandes de tous nos besoins spirituels et corporels. Elle contient, dit Tertullien, l'abrégé de l'Évangile. Elle surpasse, dit Thomas à Kempis, tous les désirs des saints, elle contient en abrégé toutes les douces sentences des psaumes et des cantiques ; elle demande tout ce qui nous est nécessaire ; elle loue Dieu d'une excellente manière ; elle élève l'âme de la terre au ciel et l'unit étroitement avec Dieu.

Saint-Chrysostome dit que celui qui ne prie pas comme le divin Maître a prié et enseigné à prier, n'est pas son disciple, et Dieu le Père n'écoute pas agréablement les prières que l'esprit humain a formées, mais bien celles de son Fils, qu'il nous a enseignées. Nous devons réciter l'Oraison dominicale avec certitude que le Père éternel l'exaucera, puisqu'elle est la prière de son Fils, qu'il exauce toujours, et que nous sommes ses membres ; car que peut refuser un si bon Père à une requête si bien conçue et appuyée sur les mérites et la recommandation d'un si digne Fils ? Saint Augustin assure que le Pater bien récité efface les péchés véniels. Le juste tombe sept fois. L'Oraison dominicale contient sept demandes par lesquelles il peut remédier à ses chutes et se fortifier contre ses ennemis. Elle est courte et facile, afin que, comme nous sommes fragiles et sujets à plusieurs misères, nous recevions un plus prompt secours en la récitant plus souvent et plus dévotement.

Lorsque nous récitons attentivement cette divine Oraison, nous faisons autant d'actes des plus nobles vertus chrétiennes que nous prononçons de paroles. En disant : Notre Père qui êtes aux cieux, nous formons des actes de foi, d'adoration et d'humilité. En désirant que son nom soit sanctifié et glorifié, nous faisons paraître un zèle ardent pour sa gloire. En lui demandant la possession de son royaume, nous faisons un acte d'espérance. En souhaitant que sa volonté soit accomplie sur la terre comme dans le ciel, nous montrons un esprit de parfaite obéissance. En lui demandant notre pain de chaque jour, nous pratiquons la pauvreté d'esprit et le détachement des biens de la terre. En le priant de nous remettre nos péchés, nous faisons un acte de repentir. Et en pardonnant à ceux qui nous ont offensés, nous exerçons la miséricorde dans la plus haute perfection. En lui demandant son secours dans les tentations, nous faisons des actes d'humilité, de prudence et de force. En attendant qu'il nous délivre du mal, nous pratiquons la patience. Enfin, en demandant toutes ces choses, non seulement pour nous, mais encore pour notre prochain et pour tous les membres de l’Église, nous faisons le devoir des vrais enfants de Dieu, nous l'imitons dans sa charité qui embrasse tous les hommes et nous accomplissons le commandement de l'amour du prochain.




Le Pater :

Pater noster, qui es in coelis,
Sanctificetur no­men tuum,
Adveniat regnum tuum,
Fiat vo­luntas tua, sicut in cae­lo et in terra.

Panem nostrum quotidianum da nobis hodie.
Et dimit­te nobis debita nostra,
sicut et nos dimittimus debitoribus nostris.
Et ne nos inducas in tentatio­nem.
Sed libera nos a malo.
Amen.




Reportez-vous à Petits exercices de piété, Catéchisme de l’Esclavage d'amour de Jésus en Marie, Prions avec Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, Que votre nom soit sanctifié, Le Credo : Symbole des Apôtre et Symbole de Nicée, Le Chapelet ou "Petite couronne", Savoir-Vivre dans l’Église et Dévotion au Très Saint Rosaire.















Litanie de Sainte Monique, Mère de Saint Augustin




Seigneur, ayez pitié de nous.
Ô Christ, ayez pitié de nous.
Seigneur, ayez pitié de nous.

Jésus-Christ, écoutez-nous.
Jésus-Christ, exaucez-nous.

Père céleste qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Fils, rédempteur du monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Esprit-Saint qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Trinité Sainte qui êtes un seul Dieu, ayezz pitié de nous.

Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous.
Sainte Marie, Reine des Cieux, priez pour nous.
Sainte Marie, Mère de conversion, priez pour nous.

Saint Augustin, priez pour nous.

Sainte Monique, qui avez mis à profit les rigueurs salutaires d'une éducation chrétienne,
priez pour nous.
Sainte Monique, modèle des épouses, priez pour nous.
Sainte Monique, modèle des femmes chrétiennes, priez pour nous.
Sainte Monique, qui avez procuré par l'exemple de vos vertus, la conversion de votre mari infidèle,
priez pour nous.
Sainte Monique, modèle des mères et des veuves, priez pour nous.
Sainte Monique, mère de Saint Augustin, priez pour nous.
Sainte Monique, qui l'avez pleuré dans ses égarements, priez pour nous.
Sainte Monique, qui avez persévéré dans tes brûlantes prières, priez pour nous.
Sainte Monique, aussi discrète que zélée dans la poursuite du Salut de ton fils, priez pour nous.
Sainte Monique, qui étiez la sauvegarde de votre fils absent, priez pour nous.
Sainte Monique, qui avez obtenu pour votre fils la guérison d'une maladie mortelle, priez pour nous.
Sainte Monique, dont l'espérance a été soutenue par les paroles prophétiques d'un saint évêque,
priez pour nous.
Sainte Monique, dont les larmes ont acheté la conversion de ton fils, priez pour nous.
Sainte Monique, qui avez joui de la consolation de le voir fidèle, priez pour nous.
Sainte Monique, qui vous êtes saintement entretenue avec lui des choses du Salut,
priez pour nous.
Sainte Monique, qui vous êtes paisiblement endormie dans le Seigneur, priez pour nous.
Sainte Monique, sur qui a rejailli la gloire de votre fils, priez pour nous.
Sainte Monique, qui ne pouvez refuser votre suffrage aux mères qui prient et pleurent comme vous,
priez pour nous.
Sainte Monique, qui en avez écouté plusieurs dans leurs angoisses, priez pour nous.

Sainte Monique, de préserver l'innocence de nos jeunes enfants, nous vous prions.
Sainte Monique, de redoubler de prières pour les jeunes gens exposés aux séductions du monde, nous vous prions.
Sainte Monique, de demander qu'ils ne restent pas sourds aux conseils de leurs mères ni insensibles à leur douleur, nous vous prions.
Sainte Monique, de demander pour toutes les mères chrétiennes la Grâce d'accomplir saintement leur mission, nous vous prions.
Sainte Monique, de les recommander à la Très Sainte Vierge Marie, Mère des mères et des enfants, nous vous prions.
Sainte Monique, d'intéresser votre fils Saint Augustin au salut de nos enfants, nous vous prions.

Glorieux fils d'une si Sainte mère, Saint Augustin, priez pour nous.

Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous.


V/ Priez pour nous, Sainte Monique,
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses de Notre-Seigneur Jésus-Christ.


PRIONS

Ô Dieu qui avez écouté les prières et les larmes de Sainte Monique, et qui avez accordé à ses supplications, non seulement la conversion, mais encore l'éclatante sainteté de son fils, daignez nous accorder la grâce de Vous implorer avec tant de ferveur et d'humilité, et que, comme elle, nous obtenions et le Salut de nos enfants, et notre propre sanctification. Par Jésus, le Christ, Notre Seigneur qui vit et règne avec Vous et le Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Ainsi soit-il.




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mardi 25 août 2015

Litanie de Saint Louis de France et Testament à son fils Philippe





Seigneur, ayez pitié de nous.
Ô Christ, ayez pitié de nous.
Seigneur, ayez pitié de nous.

Jésus-Christ, écoutez-nous.
Jésus-Christ, exaucez-nous.

Père céleste qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Fils rédempteur du monde qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Esprit-Saint qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Trinité Sainte qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.

Sainte Marie, conçue sans péché, priez pour nous.
Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous.
Sainte Vierge des Vierges, priez pour nous.

Saint Louis, prince admirable, priez pour nous.
Saint Louis, lis de pureté, priez pour nous.
Saint Louis, exemple d'humilité, priez pour nous.
Saint Louis, image de vertu, priez pour nous.
Saint Louis, prodige de pénitence, priez pour nous.
Saint Louis, flamme d'amour et d'oraison, priez pour nous.
Saint Louis, lampe ardente et brillante, priez pour nous.
Saint Louis, vase d'élection, priez pour nous.
Saint Louis, vase insigne de religion, priez pour nous.
Saint Louis, miroir de la perfection chrétienne, priez pour nous.
Saint Louis, très dévot à notre Père saint François, priez pour nous.
Saint Louis, contempteur du monde et de ses honneurs, priez pour nous.
Saint Louis, plein de zèle pour la maison de Dieu, priez pour nous.
Saint Louis, tendre père des pauvres, priez pour nous.
Saint Louis, remède des malades, priez pour nous.
Saint Louis, appui de la veuve et de l'orphelin, priez pour nous.
Saint Louis, juge béni des peuples, priez pour nous.
Saint Louis, rédempteur des captifs, priez pour nous.
Saint Louis, prédicateur des infidèles, priez pour nous.
Saint Louis, deux fois victime pour les Lieux saints, priez pour nous.
Saint Louis, terrible dans les combats, priez pour nous.
Saint Louis, puissant dans les fers, priez pour nous.
Saint Louis, gardien de la France, priez pour nous.
Saint Louis, modèle des rois, priez pour nous.
Saint Louis, digne de la couronne des rois sur la terre, priez pour nous.
Saint Louis, plus digne de la couronne des saints dans le ciel, priez pour nous.
Saint Louis, protecteur des armées françaises, priez pour nous.
Saint Louis, protecteur du Tiers-Ordre séraphique, priez pour nous.

Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous, Seigneur.


V/
Priez pour nous, glorieux Saint Louis,
R/ Afin que nous devenions dignes des promesses de Notre-Seigneur Jésus-Christ.


PRIONS

Ô Dieu, qui avez transféré votre confesseur Saint Louis d'un royaume terrestre à la gloire céleste, rendez-nous, par ses mérites et son intercession, participants du bonheur du Roi des rois, Jésus-Christ. Lui qui vit et règne avec Vous et le Saint Esprit, pour les siècles des siècles. Ainsi soit-il.


***


Testament de Saint Louis, roi de France, à son fils, futur Philippe III Le Hardi


Enseignements de Saint Louis à son fils aîné Philippe.


Cher fils, parce que je désire de tout mon cœur que tu sois bien enseigné en toutes choses, j’ai pensé que je te ferais quelques enseignements par cet écrit, car je t’ai entendu dire plusieurs fois que tu retiendrais davantage de moi que de tout autre.

Cher fils, je t’enseigne premièrement que tu aimes Dieu de tout ton cœur et de tout ton pouvoir, car sans cela personne ne peut rien valoir. Tu dois te garder de toutes choses que tu penseras devoir lui déplaire et qui sont en ton pouvoir, et spécialement tu dois avoir cette volonté que tu ne fasses un péché mortel pour nulle chose qui puisse arriver, et qu’avant de faire un péché mortel avec connaissance, que tu souffrirais que l’on te coupe les jambes et les bras et que l’on t’enlève la vie par le plus cruel martyre. Si Notre Seigneur t’envoie persécution, maladie ou autre souffrance, tu dois la supporter débonnairement, et tu dois l’en remercier et lui savoir bon gré, car il faut comprendre qu’il l’a fait pour ton bien. De plus, tu dois penser que tu as mérité ceci - et encore plus s’il le voulait - parce que tu l’as peu aimé et peu servi, et parce que tu as fait beaucoup de choses contre sa volonté. Si Notre Seigneur t’envoie prospérité, santé de corps ou autre chose, tu dois l’en remercier humblement et puis prendre garde qu’à cause de cela il ne t’arrive pas de malheur causé par orgueil ou par une autre faute, car c’est un très grand péché de guerroyer Notre Seigneur de ses dons.

Cher fils, je te conseille de prendre l’habitude de te confesser souvent et d’élire toujours des confesseurs qui soient non seulement pieux, mais aussi suffisamment bien instruits, afin que tu sois enseigné par eux des choses que tu dois éviter et des choses que tu dois faire ; et sois toujours de telle disposition que des confesseurs et des amis osent t’enseigner et te corriger avec hardiesse.

Cher fils, je t’enseigne que tu entendes volontiers le service de la sainte Église, et quand tu seras à l’église garde-toi de perdre ton temps et de parler vaines paroles. Dis tes oraisons avec recueillement ou par bouche ou de pensée, et spécialement sois plus recueilli et plus attentif à l’oraison pendant que le corps de Notre-Seigneur Jésus-Christ sera présent à la messe et puis aussi pendant un petit moment avant.

Cher fils, je t’enseigne que tu aies le cœur compatissant envers les pauvres et envers tous ceux que tu considèreras comme souffrant ou de cœur ou de corps, et selon ton pouvoir soulage-les volontiers ou de soutien moral ou d’aumônes. Si tu as malaise de cœur, dis-le à ton confesseur ou à quelqu’un d’autre que tu prends pour un homme loyal capable de garder bien ton secret, parce qu’ainsi tu seras plus en paix, pourvu que ce soit, bien sûr, une chose dont tu peux parler.

Cher fils, recherche volontiers la compagnie des bonnes gens, soit des religieux, soit des laïcs, et évite la compagnie des mauvais. Parle volontiers avec les bons, et écoute volontiers parler de Notre Seigneur en sermons et en privé. Achète volontiers des indulgences. Aime le bien en autrui et hais le mal. Et ne souffre pas que l’on dise devant toi paroles qui puissent attirer gens à péché. N’écoute pas volontiers médire d’autrui. Ne souffre d’aucune manière des paroles qui tournent contre Notre Seigneur, Notre-Dame ou des saints sans que tu prennes vengeance, et si le coupable est un clerc ou une grande personne que tu n’as pas le droit de punir, rapporte la chose à celui qui peut le punir. Prends garde que tu sois si bon en toutes choses qu’il soit évident que tu reconnaisses les générosités et les honneurs que Notre Seigneur t’a faits de sorte que, s’il plaisait à Notre Seigneur que tu aies l’honneur de gouverner le royaume, que tu sois digne de recevoir l’onction avec laquelle les rois de France sont sacrés.

Cher fils, s’il advient que tu deviennes roi, prends soin d’avoir les qualités qui appartiennent aux rois, c’est-à-dire que tu sois si juste que, quoi qu’il arrive, tu ne t’écartes de la justice. Et s’il advient qu’il y ait querelle entre un pauvre et un riche, soutiens de préférence le pauvre contre le riche jusqu’à ce que tu saches la vérité, et quand tu la connaîtras, fais justice. Et s’il advient que tu aies querelle contre quelqu’un d’autre, soutiens la querelle de l’adversaire devant ton conseil, et ne donne pas l’impression de trop aimer ta querelle jusqu’à ce que tu connaisses la vérité, car les membres de ton conseil pourraient craindre de parler contre toi, ce que tu ne dois pas vouloir. Si tu apprends que tu possèdes quelque chose à tort, soit de ton temps soit de celui de tes ancêtres, rends-la tout de suite toute grande que soit la chose, en terres, deniers ou autre chose. Si le problème est tellement épineux que tu n’en puisses savoir la vérité, arrive à une telle solution en consultant ton conseil de prud’hommes, que ton âme et celle de tes ancêtres soient en repos. Et si jamais tu entends dire que tes ancêtres aient fait restitution, prends toujours soin à savoir s’il en reste encore quelque chose à rendre, et si tu la trouves, rends-la immédiatement pour le salut de ton âme et de celles de tes ancêtres. Sois bien diligent de protéger dans tes domaines toutes sortes de gens, surtout les gens de sainte Église ; défends qu’on ne leur fasse tort ni violence en leurs personnes ou en leurs biens. Et je veux te rappeler ici une parole que dit le roi Philippe, mon aïeul, comme quelqu’un de son conseil m’a dit l’avoir entendue. Le roi était un jour avec son conseil privé comme l’était aussi celui qui m’a parlé de la chose - et quelques membres de son conseil lui disaient que les clercs lui faisaient grand tort et que l’on se demandait avec étonnement comment il le supportait. Et il répondit : «  Je crois bien qu’ils me font grand tort ; mais, quand je pense aux honneurs que Notre Seigneur me fait, je préfère de beaucoup souffrir mon dommage, que faire chose par laquelle il arrive esclandre entre moi et sainte Église. » Je te rappelle ceci pour que tu ne sois pas trop dispos à croire autrui contre les personnes de sainte Église. Tu dois donc les honorer et les protéger afin qu’elles puissent faire le service de Notre Seigneur en paix. Ainsi je t’enseigne que tu aimes principalement les religieux et que tu les secoures volontiers dans leurs besoins ; et ceux par qui tu crois que Notre Seigneur soit le plus honoré et servi, ceux-là aiment plus que les autres.

Cher fils, je t’enseigne que tu aimes et honores ta mère, et que tu retiennes volontiers et observes ses bons enseignements, et sois enclin à croire ses bons conseils. Aime tes frères et veuille toujours leur bien et leur avancement, et leur tiens lieu de père pour les enseigner à tous biens, mais prends garde que, par amour pour qui que ce soit, tu ne déclines de bien faire, ni ne fasses chose que tu ne doives.

Cher fils, je t’enseigne que les bénéfices de sainte Église que tu auras à donner, que tu les donnes à bonnes personnes par grand conseil de prud’hommes ; et il me semble qu’il vaut mieux les donner à ceux qui n’ont aucune prébende qu’à ceux qui en ont déjà ; car si tu les cherches bien, tu trouveras assez de ceux qui n’ont rien et en qui le don sera bien employé.

Cher fils, je t’enseigne que tu te défendes, autant que tu pourras, d’avoir guerre avec nul chrétien ; et si l’on te fait tort, essaie plusieurs voies pour savoir si tu ne pourras trouver moyen de recouvrer ton droit avant de faire guerre, et fait attention que ce soit pour éviter les péchés qui se font en guerre. Et s’il advient que tu doives la faire, ou parce qu’un de tes hommes manque en ta cour de s’emparer de ses droits, ou qu’il fasse tort à quelque église ou à quelque pauvre personne ou à qui que ce soit et ne veuille pas faire amende, ou pour n’importe quel autre cas raisonnable pour lequel il te faut faire la guerre, commande diligemment que les pauvres gens qui ne sont pas coupables de forfaitures soient protégés et que dommage ne leur vienne ni par incendie ni par autre chose ; car il te vaudrait mieux contraindre le malfaiteur en prenant ses possessions, ses villes ou ses châteaux par force de siège. Et garde que tu sois bien conseillé avant de déclarer la guerre, que la cause en soit tout à fait raisonnable, que tu aies bien averti le malfaiteur et que tu aies assez attendu, comme tu le devras.

Cher fils, je t’enseigne que les guerres et les luttes qui seront en ta terre ou entre tes hommes, que tu te donnes la peine, autant que tu le pourras, de les apaiser, car c’est une chose qui plaît beaucoup à Notre Seigneur. Et Monsieur saint Martin nous en a donné un très grand exemple, car, au moment où il savait par Notre Seigneur qu’il devait mourir, il est allé faire la paix entre les clercs de son archevêché, et il lui a semblé en le faisant qu’il mettait bonne fin à sa vie.

Cher fils, prends garde diligemment qu’il y ait bons baillis et bons prévôts en ta terre, et fais souvent prendre garde qu’ils fassent bien justice et qu’ils ne fassent à autrui tort ni chose qu’ils ne doivent. De même, ceux qui sont en ton hôtel, fais prendre garde qu’ils ne fassent injustice à personne, car, combien que tu dois haïr le mal qui existe en autrui, tu dois haïr davantage celui qui viendrait de ceux qui auraient reçu leur pouvoir de toi, et tu dois garder et défendre davantage que cela n’advienne. Cher fils, je t’enseigne que tu sois toujours dévoué à l’Église de Rome et à notre  Saint-Père  le pape, et lui portes respect et honneur comme tu le dois à ton père spirituel.

Cher fils, donne volontiers pouvoir aux gens de bonne volonté qui en sachent bien user, et mets grande peine à ce que les péchés soient supprimés en ta terre, c’est-à-dire les vilains serments et toute chose qui se fait ou se dit contre Dieu ou Notre-Dame ou les saints : péchés de corps, jeux de dés, tavernes ou autres péchés. Fais abattre tout ceci en ta terre sagement et en bonne manière. Fais chasser les hérétiques et les autres mauvais gens de ta terre autant que tu le pourras en requérant comme il le faut le sage conseil des bonnes gens afin que ta terre en soit purgée.

Avance le bien par tout ton pouvoir ; mets grande peine à ce que tu saches reconnaître les bontés que Notre Seigneur t’auras faites et que tu l’en saches remercier.

Cher fils, je t’enseigne que tu aies une solide intention que les deniers que tu dépenseras soient dépensés à bon usage et qu’ils soient levés justement. Et c’est un sens que je voudrais beaucoup que tu eusses, c’est-à-dire que tu te gardasses de dépenses frivoles et de perceptions injustes et que tes deniers fussent justement levés et bien employés - et c’est ce même sens que t’enseigne Notre Seigneur avec les autres sens qui te sont profitables et convenables.

Cher fils, je te prie que, s’il plaît à Notre Seigneur que je trépasse de cette vie avant toi, que tu me fasses aider par messes et par autres oraisons et que tu demandes prières pour mon âme auprès des ordres religieux du royaume de France, et que tu entendes dans tout ce que tu feras de bon, que Notre Seigneur m’y donne part.

Cher fils, je te donne toute la bénédiction qu’un père peut et doit donner à son fils, et je prie Notre Seigneur Dieu Jésus-Christ que, par sa grande miséricorde et par les prières et par les mérites de sa bienheureuse mère, la Vierge Marie, et des anges et des archanges, de tous les saints et de toutes les saintes, il te garde et te défende que tu ne fasses chose qui soit contre sa volonté, et qu’il te donne grâce de faire sa volonté afin qu’il soit servi et honoré par toi ; et puisse-t-il accorder à toi et à moi, par sa grande générosité, qu’après cette mortelle vie nous puissions venir à lui pour la vie éternelle, là où nous puissions le voir, aimer et louer sans fin. Amen.

À lui soit gloire, honneur et louange, qui est un Dieu avec le Père et le Saint-Esprit, sans commencement et sans fin. Amen.



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vendredi 21 août 2015

Dévotion au Sacré-cœur de Jésus : Don de l'Esprit et Vie intérieure





Le Sacre Coeur de Jesus (HS85-10-32787)Dieu, dans son infinie bonté envers ses créatures, ne cherchant qu'à les élever jusqu'à lui, fait sans cesse descendre son Saint-Esprit sur nous, afin de prendre possession de nos cœurs, et de les remplir de charité et d'amour, c'est-à-dire de lui-même.

« Je répandrai dans leurs entrailles un esprit nouveau : j'ôterai de leur poitrine leur cœur de pierre : et je leur donnerai un cœur de chair afin qu'ils marchent dans la voie de mes PRÉCEPTES. » (Ézéchiel 11, 19)

C'est par le don de son esprit que Dieu jette en nous les fondements de la vie intérieure. Nous n'y pouvons rien comprendre avant que d'être éclairés de sa lumière ; encore moins pouvons-nous la goûter et l'aimer avant qu'il nous en ait donné l'attrait. Qu'est-ce que la vie intérieure ? Une vie conforme à la doctrine et aux exemples de Jésus-Christ. Cette doctrine et ces exemples sont tout à fait surnaturels. Nous n'entendons rien aux maximes de Jésus-Christ, jusqu'à ce que l'Esprit-Saint nous en découvre le sens ; ses exemples sont muets pour nous, et ne font nulle impression sur nos cœurs, si le Saint-Esprit ne nous touche par une grâce spéciale. Jugeons-en par les apôtres. Ils ont vécu trois ans entiers avec Jésus-Christ ; ils avaient été témoins de ses discours, de ses actions, de ses miracles ; il avait pris un soin particulier de les former, il leur dit lui-même que tout ce qu'il avait appris de son père, il le leur avait fait connaître. En étaient-ils moins grossiers, plus intelligents dans les choses de Dieu ? C'est qu'ils n'avaient pas encore reçu le Saint-Esprit ; leurs pensées et leurs désirs ne s'élevaient pas au-dessus de la terre ; leur zèle et leur attachement pour leur maitre étaient tout humain, et ne portaient que sur des espérances temporelles : ils firent bien voir au moment de sa passion que le Saint-Esprit ne les avait pas encore élevés aux idées célestes.

Voyez ces apôtres, après qu'il fut descendu sur eux. Ce ne sont plus les mêmes hommes.
Mais en quoi sont-ils changés ? Est-ce dans leur extérieur ? Non ; c'est dans leurs idées et dans leurs sentiments. La terre n'est plus rien pour eux ; ils ne pensent plus qu'au ciel, et aux moyens d'y arriver, et d'y conduire les autres. Leurs passions, l'amour, la haine, la crainte, le désir, la joie, la tristesse ne sont plus excités que par des objets surnaturels. Ces lâches qui avaient abandonné Jésus-Christ, l'annoncent avec un courage intrépide ; ils ne redoutent ni les menaces ni les mauvais traitements ; ils se réjouissent d'avoir été jugés dignes de souffrir un opprobre pour le nom de Jésus. Ils ne prêchent que sa croix, ils n'aiment que sa croix, ils vivent avec délices au milieu des croix ; ils vont les chercher jusqu'au bout de l'univers ; ils ne veulent point d'autre fruit de leurs travaux, que de verser leur sang pour la gloire de leur maître. Ce merveilleux changement a été l’œuvre du Saint-Esprit ; un moment a pu faire ce que trois ans passés à l'école de Jésus-Christ n'avaient pas même commencé.

Prenons les premiers Fidèles de Jérusalem, leur conversion n'est pas moins admirable.
Ces Juifs, ces hommes attachés à la terre, qui n'avaient renoncé et mis à mort leur Messie que parce qu'il ne répondait pas aux idées ambitieuses et charnelles qu'ils s'en étaient formées, n'ont pas plus tôt reçu le baptême et l'Esprit-Saint que les voilà devenus tout à coup des hommes intérieurs ; pour ne plus tenir à rien, ils vendent leurs possessions, et en apportent le prix aux apôtres, ne se réservant pas même d'en faire la distribution à ceux d'entre eux qui étaient pauvres. Déchargés de tout soin, et vivant en commun, ils persévèrent unanimement dans la prière ; l'Eucharistie devient leur nourriture journalière, et la charité entretient une telle union entre eux, qu'ils n'avaient plus qu'un cœur et qu'une âme. La descente du Saint-Esprit a le même effet sur les Gentils, sur des idolâtres, plongés dans la corruption et les vices les plus infâmes. Ils forment ces Églises si édifiantes, qui font notre admiration, et à qui Saint Paul adressait ses divines épîtres.

D'où vient qu'alors presque tous les chrétiens étaient intérieurs, et qu'il y en a si peu aujourd'hui ?
La grâce du Saint-Esprit était-elle plus abondante ? Non. Les Juifs et les Gentils étaient-ils mieux disposés par leur vie précédente ? Non encore. À quelle cause donc attribuer cette différence ? La voici. Dès qu'ils ont connu la vérité, dès qu'ils en ont été touchés, ils l'ont embrassée, et embrassée tout entière ; ils ont renoncé à tout ce qui s'y opposait au-dedans d'eux-mêmes ; ils ont foulé aux pieds le respect humain, et tous les obstacles extérieurs ; ils se sont mis dans la disposition de sacrifier leurs biens, leurs parents, leur honneur, leur vie ; c'est avec une pareille détermination qu'ils se faisaient chrétiens, et qu'ils recevaient le Saint-Esprit. Est-il étonnant qu'il produisît en eux des effets admirables ?

Aujourd'hui le Saint-Esprit descend sur nous dans un âge où nous savons à peine ce que c'est qu'être chrétien. Les enfants les mieux élevés elles plus pieux se font une routine d'exercices de piété ; ils ne sont pas encore en état d'être intérieurs, j'en conviens ; mais ni leurs parents, ni leurs maîtres ne les disposent à l'être. On leur apprend le catéchisme et leurs prières ; ils ont des livres d'instruction sur la messe, la confession et la communion. L'on s'applique à régler en eux l'extérieur ; mais de l'intérieur, qui fait le vrai chrétien, à peine leur en parle-t-on. Cependant ils avancent en âge ; leur esprit prend les idées et les préjugés du monde ; leur cœur s'attache aux choses de la terre ; les sens font leur impression ; les passions se développent et s'exercent sur les objets que les sens leur présentent ; l'orgueil et l'amour-propre s'en racinent et se fortifient. Ceux mêmes qui conservent la crainte de Dieu et l'esprit de dévotion se font un plan de piété qui ne leur est pas dicté par le Saint-Esprit, où il n'est pas question de la vie intérieure, qu'ils ne connaissent pas, et qu'ils ne veulent pas connaître, où ils ne se proposent point d'imiter Jésus-Christ, et de marcher à la lumière de sa grâce, d'estimer et aimer ce qu'il a estimé, aimé et choisi pour lui-même, mais où ils suivent leur propre esprit, leur propre volonté, leur caractère, leur humeur et leurs caprices en tout ce qui ne leur paraît pas une offense manifeste à Dieu ; un plan de piété, en un mot, où il ne s'agisse pas de se renoncer soi-même, dont la nature et l'amour-propre s'accommodent, et dont on est content, pourvu qu'on puisse se flatter d'être en état de grâce, sans se mettre en peine de tendre à la perfection chrétienne. Si l'on en excepte un très petit nombre d'âmes, n'est-ce pas là la disposition générale de ceux qui font profession d'être dévots ? Leur conduite n'offre rien de bien répréhensible à l'extérieur. Ils s'acquittent régulièrement de leurs exercices de piété ; ils fréquentent les sacrements ; ils font chaque jour quelque bonne lecture. Mais hors de ces moments qu'ils donnent à Dieu , ils vivent pour eux-mêmes ; ils sont livrés à une dissipation d'esprit continuelle ; ils n'ont que des vues naturelles et humaines ; ils ne savent ce que c'est que de rentrer dans leur cœur pour y écouter Dieu ; au contraire, ils se fuient eux-mêmes, ils se jettent sur les objets extérieurs, et sont sourds à la voix qui les rappelle au-dedans. Faut-il être surpris que de tels chrétiens ne reçoivent jamais le Saint-Esprit, ou que sa venue ne produise en eux aucun effet semblable à ceux qu'elle produisait dans les Fidèles des premiers temps !





L'on est, je pense, maintenant en état de bien entendre en quoi consiste la dévotion au Cœur de Jésus : dévotion nouvelle, quant à sa dénomination, mais dévotion aussi ancienne que l'Église, quant à son principal objet, mieux connue et mieux pratiquée des premiers Fidèles, qu'elle ne l'a jamais été depuis. Si, dans l'avant-dernier siècle, Jésus-Christ l'a révélée lui-même à une sainte âme, ce fut pour ranimer la ferveur presque éteinte, et pour rappeler les chrétiens de nos jours à cet ancien esprit que nous admirons dans les martyrs et dans les confesseurs des trois premiers siècles, mais que nous sommes bien éloignés de retracer en nous. Le Cœur de Jésus, c'est son intérieur ; il n'est rien de plus intime dans l'homme que le cœur ; c'est par le cœur qu'il est bon ou mauvais, qu'il plaît ou déplaît à Dieu. Les hommes eux-mêmes n'estiment et n'aiment rien de plus dans leurs semblables que les qualités du cœur ; et tout l'art de ceux qui ne les ont pas est de feindre de les avoir, sachant bien qu'ils ne gagneront l'estime et l'affection des autres que par là. Ainsi, le Cœur de Jésus, ce sont ses vertus, son amour pour son Père et pour nous, sa douceur, son humilité ; ce sont les sentiments dont il a été affecté dans tout le cours de sa vie et dans sa passion : sentiments du zèle le plus ardent pour les intérêts de son Père ; sentiments de bonté, de tendresse, de compassion pour nous, et du désir le plus vif de nous rendre heureux jusqu'à sacrifier sa vie pour ces deux objets. Dans le langage humain, comme la tête est le siège de la pensée, le cœur est le siège du sentiment et des passions, de la joie et de la tristesse, de la crainte et du désir. Ces passions étaient surnaturelles en Jésus-Christ, et excitées par les deux grands motifs de la gloire de Dieu et de notre salut. Voilà ce qui est proposé à la méditation, aux affections et à l'imitation des Fidèles, dans la dévotion au Cœur de Jésus.

Ainsi, être solidement dévot à ce Cœur adorable, c'est y pénétrer à l'aide de la méditation ou de l'oraison, pour connaître ses dispositions, ses inclinations, les objets qu'il avait en vue, les principes qui le faisaient agir, les vertus qu'il pratiquait, et tout ce qui lui causait du plaisir ou de la peine. C'est ensuite concevoir par rapport à ce divin Cœur les sentiments d'amour et de reconnaissance qu'il mérite de notre part, de regret de tous les déplaisirs que nous lui avons causés, et de ce que nous lui avons fait souffrir ; de ce désir sincère et efficace de le contenter et de ne rien négliger pour lui plaire, en expiant et en réparant nos fautes passées. C'est enfin de nous étudier à l'imiter, comme nous y exhorte l'apôtre, exprimant en nous-mêmes les sentiments qui ont été en Jésus-Christ, nous revêtant de Jésus-Christ (Philipp. II, 5. Rom. XIII, 14), pensant, parlant, agissant comme lui, par les mêmes principes et par les mêmes fins que lui : en sorte que nous lui ressemblions pour l'intérieur et pour l'extérieur, l'un étant la suite nécessaire de l'autre. Qu'on nous dise si ce n'est pas le but de l'Évangile et des épîtres des apôtres, surtout de Saint Paul ; s'il n’est rien de plus solide et de plus profond dans la religion ; s'il peut y avoir une piété plus vraie, plus agréable à Dieu, plus utile à notre âme ; si ce n'est pas même là l'essence de la piété. N'ai-je pas eu raison de dire que cette dévotion, ainsi considérée, a commencé avec l'Église, et que c'est elle qui, des premiers chrétiens, a fait autant d'hommes intérieurs ? En effet, il est impossible qu'on ne devienne pas intérieur, si on l'envisage et si on la pratique de la manière qui vient d'être dite, puisque la vie intérieure n'a point d'autre objet de réflexion, de contemplation, d'affection, et d'imitation que Jésus-Christ. À quel autre irions-nous, Seigneur ? devons-nous dire avec saint Pierre : Vous avez les paroles de la vie éternelle (Jean. VI, 69). N'a-t-il pas dit lui-même que la vie éternelle consistait à connaître son Père, qui est le seul vrai Dieu, et à connaître Jésus-Christ qui a été envoyé de Dieu (Jean. XVII, 3) ? N'a-t-il pas dit : Je suis la voie, la vérité et la vie. Personne ne vient à mon Père que par moi (Jean. XIV, 6) ? Si l'on ne connaît le Père qu'autant que l'on connaît Jésus-Christ comme il veut être connu, pour être aimé et imité, qu'autant que l'on connaît son Cœur, c'est-à-dire ce qu'il y a en lui de plus intérieur, n'est-il pas évident que la connaissance du Cœur de Jésus emporte la connaissance et la pratique de la vie intérieure, et qu'elle la renferme tout entière ? Comment donc faut-il s'y prendre pour avoir accès auprès du Cœur de Jésus, et pour être admis dans ce sanctuaire ? Vous ne pourrez jamais vous y introduire de vous-même, mais donnez votre cœur à Jésus ; livrez-le à ses inspirations et à sa grâce ; il vous en ouvrira l'entrée ; il vous en découvrira tous les secrets ; il vous communiquera l'amour dont il est embrasé, et avec l'amour toutes les vertus qui en sont le cortège. C'est par le don de son propre cœur qu'on gagne le cœur d'autrui. Jésus vous a donné le sien ; il a acquis des droits sur le vôtre. En le lui refusant, vous perdez le droit que vous avez sur le sien, vous le fermez pour vous, et il ne vous est plus libre d'y entrer. Vous me direz que vous êtes dans la pratique de donner votre cœur à Jésus, et que vous n'en êtes pas pour cela plus en possession du sien ; que vous n'en devenez pas plus recueilli, plus disposé à l'oraison, plus intérieur. Je n'ai pas de peine à vous croire. Comment donnez-vous votre cœur à Jésus ? de bouche seulement, par une espèce d'habitude, en récitant, avec une ferveur qui n'existe que dans l'imagination, quelque formule affectueuse que vous trouvez dans un livre. Il faut que ce soit votre cœur lui-même qui se donne avec toute la droiture, la sincérité, la générosité dont il est capable ; qu'il renonce à se posséder, à se gouverner d'une manière indépendante ; qu'il s'abandonne à la discrétion de Jésus, pour qu'il fasse de lui tout ce qu'il jugera à propos, et que les effets prouvent que cette donation est réelle. Quels sont ces effets ? de ne plus reprendre votre cœur en écoutant l'amour-propre, en vous livrant à la recherche de vous-même, aux impressions extérieures, à toutes vos inclinations naturelles ; d'être attentif et fidèle à la grâce, qui vous inspirera en toutes rencontres de mourir à vous-même, afin que Jésus-Christ vive en vous ; de bien prendre toutes les petites mortifications, contradictions et humiliations qui vous arriveront de la part des créatures ; de vous retirer de ce qui peut vous dissiper, vous attacher, éteindre en vous l'attrait de la présence de Dieu, et l'oraison. Voilà sans doute à quoi vous oblige le don de votre cœur. Est-ce là ce que vous faites ?

Vous êtes dévot au Cœur de Jésus ; c'est-à-dire que vous désirez que la pensée de ce Cœur fasse naître en vous de bons sentiments, de saintes affections, vous fasse verser quelques larmes, vous remplisse de goûts et de consolations sensibles. Rien n'est plus propre, en effet, que le Cœur de Jésus à exciter de tels sentiments. Mais vous ne voulez que cela ; vous vous bornez là. Ce n'est pas là aimer le Cœur de Jésus, c'est vous aimer vous-même, et ne chercher dans ce divin Cœur qu'une vaine et stérile satisfaction, qui aboutit à vous faire croire que votre dévotion est réelle, tandis qu'elle est illusoire. Allez au vrai but de cette dévotion. Réformez votre propre cœur sur celui de Jésus. Copiez les vertus dont il vous présente le modèle. Imitez sa douceur, son humilité, sa patience, sa charité. Voyez comment il était affecté sur chaque objet, et aspirez de toutes vos forces à vous mettre dans les mêmes dispositions ; condamnez-vous de n'y être pas, et priez-le sans cesse de vous aider à les acquérir. C'est là honorer véritablement le Cœur de Jésus, et prendre la voie d'une dévotion solide et intérieure. Ceux qui trouvent à redire qu'on offre au culte et à la piété des Fidèles le Cœur matériel de Jésus devraient songer que nos sens et notre imagination ont besoin d'un objet sensible ; que ce Cœur, comme organe corporel, est adorable en lui-même à cause de son union avec la Divinité ; que néanmoins ce n'est pas à lui qu'on s'arrête ; mais que l'intention expresse de l'Église est qu'on passe aux sentiments dont l'âme de Jésus a été affectée, et dont son cœur est le symbole. Il est même certain que plusieurs de ces censeurs changeraient d'avis, s'ils voulaient chercher à acquérir des connaissances plus approfondies sur le point qui fait l'objet de leur critique.

Après ces Considérations générales, nous allons considérer la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, sous le rapport de son origine, de sa nature, de son excellence, et de sa pratique. Nous ne pouvons rien faire de mieux que d'extraire de l'ouvrage du R. P. de Galliffet, ce que nous avons à dire sur cette dévotion, et nous renvoyons le lecteur qui désirerait se procurer des lumières plus étendues, au traité complet et plein d'érudition théologique, qui a été publié par ce savant religieux, en l'année 1734, sous ce titre : De l'excellence de la dévotion au Cœur de Jésus. Il est également nécessaire de consulter deux ouvrages écrits vers la même époque, par Monseigneur Languet, évêque de Soissons, et dont le premier a paru sous le titre de Vie de la V. Mère Marguerite-Marie, et le second sous celui de Recueil des écrits de la V. Mère Marguerite-Marie...




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