jeudi 21 février 2019

Simple et courte méthode d'oraison mentale





DE L'ORAISON MENTALE


SIMPLE ET COURTE MÉTHODE D'ORAISON MENTALE



Elle est indispensable

à ceux qui veulent faire quelques progrès dans la vie spirituelle




Les personnes qui veulent s'occuper de leur salut éternel, doivent consacrer tous les jours au moins un quart d'heure à l'Oraison mentale. Rien de si important que cet exercice, surtout quand on le fait après la prière du matin. Le cœur s'enflamme, et comme le disait le roi prophète, le feu s'allume dans la méditation. On s'unit à Dieu, on s'affectionne à ses devoirs, on se reproche ses infidélités, et l'on sort de l'oraison tout changé. Il est comme impossible, disent les saints Pères, qu'une âme se dérange lorsqu'elle est assidue à l'oraison ; au contraire, l'abandon de ce saint exercice devient le principe d'une foule de péchés, et quiconque le néglige s'expose à la damnation.

Saint Augustin appelle l'oraison mentale, une élévation de notre âme à Dieu, et d'après les différentes notions que les saints nous donnent de ce pieux exercice, on peut le définir : une élévation et une application de notre esprit et de notre cœur à Dieu, pour lui rendre nos devoirs, lui exposer nos besoins et en devenir meilleurs pour sa gloire.
Nous ne dirons rien de la préparation éloignée qui consiste dans la fuite du péché, dans la pureté du cœur, et dans le recueillement ; il est évident que, sans ces dispositions, il est bien difficile, pour ne pas dire impossible de méditer avec fruit.

Pour la préparation prochaine, il faut : 1° nous bien pénétrer de la présence de Dieu, par un acte de foi et d'adoration, nous reconnaître indigne de paraître devant lui, et d'être souffert en sa présence, entrant dans les sentiments d'humiliation et de contrition à la vue de nos péchés, lui faisant l'aveu de nos fautes, en récitant : je confesse à Dieu, etc., ou l'acte de contrition.

On peut s'entretenir ainsi avec Dieu :

Ô mon Dieu, je suis en votre présence, vous m'environnez de votre immensité, vous pénétrez jusque dans le plus secret de mon cœur. Mais qui suis-je, ô mon Dieu, pour paraître devant vous ? Je suis un pauvre pécheur, je me jette à vos pieds, je vous fais l'humble aveu de mes fautes.

(Ici réciter avec componction : Je confesse à Dieu)

2° Il faut nous reconnaître incapables de rendre à Dieu nos devoirs et de le prier comme il faut ; en conséquence, on demande les secours de l'Esprit saint, à peu près en ces termes :

Ô mon Dieu, daignez prendre compassion de ma misère et de ma faiblesse, faites descendre sur moi votre grâce. Esprit saint, j'ai recours à vous, venez, lavez en moi les souillures du péché, arrosez la sécheresse de mon âme, guérissez mes blessures, amollissez la dureté de mon cœur, échauffez-en la glace par le feu de la charité.
Venez, Esprit saint, embrasez mon cœur du feu sacré de votre amour...

Le corps de l'oraison consiste : 1° à faire des considérations sur le sujet qu'on a choisi pour la méditation ; par exemple : sur les moyens de fuir tel vice, ou d'acquérir telle vertu et de vaincre le péché pour lequel on a le plus de penchants. Les méditations peuvent se faire par le moyen du raisonnement, et si en se livrant à ses pensées on éprouve trop de distractions, on peut se servir d'un livre qu'on lit attentivement, puis on s’arrête et on réfléchit. On peut aussi se représenter un sujet, comme quand on regarde un tableau, une fleur dont on admire la beauté.

2° Le corps de l'oraison consiste encore à comparer sa conduite avec ses obligations sur le sujet que l'on médite ; on voit si on a été fidèle à ses devoirs, on s'examine sur ses défauts, et quand on en a découvert la cause et les effets, on cherche les moyens de s'en corriger, et après qu'on s'est humilié, qu'on a fait des actes de contrition sur les fautes passées et de confusion sur l'état présent, on prend des moyens afin de mieux vivre à l'avenir.
Les affections sont le point le plus essentiel de l'oraison, elles sont indispensables, pour méditer avec fruit ; par exemple, si en méditant sur une vérité quelconque, les pensées et les affections nous arrivent facilement, il faut y demeurer tout le temps qu'elles durent. Mais si l'on éprouve de la difficulté à demeurer dans quelque bon sentiment, il faut doucement et sans effort passer à un autre et de celui-ci à un troisième, jusqu'à ce que l'on trouve du goût et de la facilité à s'arrêter ; ensuite, il faut demeurer sur cette dernière affection comme une abeille sur une fleur, tant qu'on y trouve du suc, et lorsqu'on n'y en trouve plus, on passe de nouveau à un autre, mais toujours sans trouble et sans inquiétude. Après les affections viennent les résolutions. On doit en prendre en petit nombre, et y être très fidèle.

Enfin, nous terminerons la méditation : 1° en remerciant Dieu de nous avoir soufferts en sa présence, nous le remercierons aussi des grâces qu'ils nous a faites dans l'oraison ; 2° Nous lui demanderons pardon de nos fautes et de nos négligences dans ce saint exercice ; nous le prierons aussi de bénir nos résolutions, la journée présente, notre vie et notre mort ;

3° Enfin, nous ferons le bouquet spirituel, qui consiste, selon saint François de Sales, à choisir une ou deux pensées qui nous ont le plus touchés dans l'oraison, pour nous les rappeler pendant le jour ; puis on se met sous la protection de la sainte Vierge, par la prière suivante :

J'ai recours à votre protection, sainte mère de Dieu ; ne méprisez pas les prières que je vous adresse dans mes besoins, mais délivrez-moi de tous les dangers auxquels je suis sans cesse exposé, ô Vierge comblée de gloire et de bénédiction.


Nota. 1° Il est nécessaire de préparer toujours son sujet dès la veille ; 2° Quoique dans l'oraison il arrive des distractions, des sécheresses et même des tentations, on ne doit point pour cela se décourager ni abandonner la méditation. Il faut persévérer et résister sans se troubler à tous les dégoûts ou tentations. Saint François de Sales dit qu'on peut se tenir assis, si on se trouve fatigué étant debout ou à genoux.
Quant aux personnes qui ne savent pas lire, elles peuvent méditer :
1° En récitant avec des pauses le Pater, l'Ave, le Credo, les commandements de Dieu et de l'Église, et en faisant des réflexions sur les mystères et les demandes qui sont renfermés dans ces prières ;
2° En réfléchissant, avec l'attention dont elles sont capables, sur les principales vérités de la religion, et sur les principaux traits de la vie de notre Seigneur.
3° Enfin, en écoutant avec attention les instructions ou les prônes, ou les catéchismes qu'on fait dans l'Église, retenant quelques traits et les repassant dans leur mémoire.
Les personnes pieuses qui savent faire l'oraison feront un acte très-méritoire en enseignant ce saint exercice à celles qui ne savent pas le faire.


INDULGENCE

Indulgence plénière une fois par mois, à ceux qui auront fait tous les jours du mois un quart d'heure au moins d'oraison mentale.



(Extrait de Délices des pèlerins de la Louvesc ou Exercices de Dévotion qui se font à la Louvesc, et des réflexions spirituelles de J.M.B. Vianney, Curé d'Ars, 1857)





Reportez-vous à Instruction pour les personnes qui entrent dans la voie d'Oraison, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Réponse à quelques doutes touchant l'Oraison, par le R.P. Jean-Joseph Surin, Du Recueillement, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Neuvaine en l'honneur de Sainte Thérèse d'Avila, De l'Oraison et de la Contemplation, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Les voies du salut, De la Mortification, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la vie Purgative, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la sècheresse dans l'oraison, De l'imagination de l'homme, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la réformation de la mémoire, par Le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la réformation de l'entendement, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Ce qu'est l'oraison mentale, par le R.P. D. Laurent Scupoli, Clerc Régulier Théatin, Méditation sur la nécessité des progrès dans la vertu, De quelques moyens de bien faire l'oraison mentale, Degrés des vertus qu'on se propose d'acquérir, Combien sont mal fondées les plaintes de ceux qui se disent incapables de méditer, Pour bien faire l'oraison et pour en tirer le fruit qu'on a lieu d'en attendre, Du devoir des Veuves, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la Réduction des Hérétiques, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Pour la direction et la progression spirituelles : Quel chrétien êtes-vous ?, Le souvenir de nos péchés est un moyen propre pour nous aider à supporter avec résignation, toutes les afflictions que Dieu nous envoie, Avis pour la lecture spirituelle, Confiance en la divine Providence, Secret de paix et de bonheur, par le Père Jean-Baptiste Saint-Jure, Les saints et le combat spirituel : Sainte-Thérèse d'Avila, Méditation pour la Fête de Sainte Thérèse d'Avila, Catéchisme spirituel de la Perfection Chrétienne, par le R.P. Jean-Joseph Surin (2), Histoire de la possession des Ursulines de Loudun, et des peines du Père Surin (1/4), Histoire de la possession des Ursulines de Loudun, et des peines du Père Surin (2/4), Histoire de la possession des Ursulines de Loudun, et des peines du Père Surin (3/4), Histoire de la possession des Ursulines de Loudun, et des peines du Père Surin (4/4), et Sœur Benigna, petite secrétaire de l'amour de Dieu : Décalogue de la plus haute perfection (5/9).