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samedi 23 avril 2016

Pour la direction et la progression spirituelles : Quel chrétien êtes-vous ?


Extrait de "L'âme de tout apostolat" de Dom Chautard




Chaque âme est comme un monde à part. Elle a ses nuances propres. Cependant, ex communiter contingentons, on peut classer les chrétiens en quelques groupes. Nous croyons utile d’essayer ci-dessous ce classement, en prenant comme pierre de touche, d’une part le péché ou l’imperfection, et de l’autre la prière. Puissions-nous, par ce tableau, amener quelques-uns de nos vénérés confrères à réfléchir sur la nécessité d’une étude qui leur permettrait de connaître les règles pratiques pour diriger chaque âme suivant son état.

Si pour les deux premières catégories, ce n’est pas directement que le prêtre peut atteindre les âmes, du moins s’il est bon directeur, il guidera bien plus efficacement les parents ou les amis qui ont à cœur de tirer, même de l’endurcissement, des êtres qui leur sont chers et que Dieu n’a pas encore définitivement rejetés.


Le Curé d'Ars rencontre Antoine Givre, le petit berger :
"Tu m'as montré le chemin d'Ars, je te montrerai le chemin du Ciel".
Copyright Le Petit Sacristain


1. Endurcissement


Péché mortel. — Croupissement dans ce péché, par ignorance ou conscience malicieusement faussée. — Étouffement ou absence de remords.

Prière. — Suppression voulue de tout recours à Dieu.


2. Vernis chrétien


Péché mortel. — Considéré comme un mal léger et aisément pardonné ; l’âme s’y laisse aller facilement à n’importe quelle occasion ou tentation. — Confession presque sans contrition.

Prière. — Machinale, sans attention ou toujours dictée par intérêt temporel. — Rares et superficielles rentrées en soi-même.


3. PIÉTÉ MÉDIOCRE


Péché mortel. — Faiblement combattu. — Fuite peu fréquente des occasions ; mais regrets sérieux et vraies confessions.

Péché véniel. — Pacte avec ce péché considéré comme mal insignifiant ; donc, tiédeur de volonté. — Rien pour le prévenir, l’arracher ou le découvrir.

Prière. — Assez bien faite de loin en loin. — Velléités passagères de ferveur.


4. Piété intermittente


Péché mortel. — Loyalement combattu. Fuite habituelle des occasions. — Regrets très vifs. — Pénitences pour réparer.

Péché véniel. — Parfois délibéré. — Faible combat. — Regrets superficiels. — Examen particulier sans esprit de suite.

Prière. — Résolution insuffisante d’être fidèle à la méditation que l’âme abandonne dès qu’il y a sécheresse ou multiples occupations.


5. PIÉTÉ SOUTENUE


Péché mortel. — Jamais. — Tout au plus très rares surprises violentes et soudaines. Souvent alors péché mortel douteux suivi d’ardente componction et de pénitence.

Péché véniel. — Vigilance pour l’éviter et le combattre. — Rarement délibéré. — Vivement regretté, mais peu réparé. — Examen particulier suivi, mais ne visant que la fuite des péchés véniels.

Imperfections. — L’âme évite de les découvrir pour ne pas les combattre, ou les excuse facilement. — Renoncement admiré et même désiré, mais peu pratiqué.

Prière. — Fidélité constante malgré tout à l’oraison souvent affective. — Alternance de consolations spirituelles et d’aridités péniblement subies.


6. Ferveur


Péché véniel. — Jamais délibéré. — Par surprise quelquefois ou avec demi-advertance. — Vivement regretté et sérieusement réparé.

Imperfections. — Désavouées, surveillées et combattues avec cœur, pour être plus agréable à Dieu. — Quelquefois acceptées cependant, mais aussitôt regrettées. — Actes fréquents de renoncement. — Examen particulier visant le perfectionnement dans une vertu.

Prière. — Oraison mentale volontiers prolongée. — Oraison plutôt affective et même de simplicité. — Alternance de fortes consolations et d'angoissantes épreuves.


7. Perfection relative


Imperfections. — Énergiquement prévenues avec grand amour. — Ne surviennent qu’avec demi-advertance.

Prière. — Vie habituelle d’oraison, même en se dépensant au-dehors. — Soif de renoncement, d’anéantissement, de détachement et d’amour divin. — Faim de l’Eucharistie et du ciel. — Grâces d’oraison infuse de divers degrés. Souvent, purifications passives.


8. Héroïcité


Imperfections. — De simple premier mouvement.

Prière. — Dons surnaturels de contemplation accompagnés parfois de phénomènes extraordinaires. — Purifications passives accentuées. — Mépris de soi jusqu’à l’oubli. — Préférence des souffrances aux joies.


9. SAINTETÉ CONSOMMÉE


Imperfections. — À peine apparentes.

Prière. — Le plus souvent : Union transformante. — Mariage spirituel. — Purifications d’amour. — Soif ardente de souffrances et d’humiliations. Trop clairsemées, les âmes d’élite qui atteignent les trois derniers états. Chez elles, le péché véniel est de plus eu plus rare.
Aussi, peut-on comprendre que les prêtres attendent l’occasion d’avoir de tels sujets avant d’étudier ce que les meilleurs auteurs indiquent pour qu’alors leur direction soit prudente et sûre.

Mais pourrait-on excuser le confesseur qui, faute de zèle pour apprendre et appliquer ce qui se rapporte aux quatre classes : Piété médiocre, Piété intermittente, Piété soutenue et Ferveur, laisserait quantité d’âmes moisir dans une triste tiédeur ou stationner bien au-dessous du degré de vie intérieure auquel Dieu les destinait.



Quant aux points à toucher dans la direction des débutants dans la piété, il semble qu’on peut les réduire d’ordinaire aux quatre suivants :


1° Paix. — Examiner si l’âme est dans la vraie paix et non dans celle que donne le monde ou qui résulte de l’absence de lutte. Sinon, l’établir dans une paix relative en dépit de ses difficultés. Cela est à la base de toute direction. Calme, recueillement et confiance se rapportent à ce point.

2° Idéal. — Après avoir réuni les éléments nécessaires pour la classer et pour reconnaître ses points faibles, ses forces vives de caractères et de tempérament et son degré de tendance à la perfection, rechercher les moyens propres à raviver son désir de vivre plus sérieusement de Jésus-Christ et de supprimer les barrières qui s’opposent en elle au développement de la grâce. En un mot, par ce point, on tend à pousser l'âme à viser toujours plus haut, toujours Excelsior.

3° Prière. — S’enquérir comment l'âme fait ses prières, et analyser en particulier son degré de fidélité à l'oraison, son genre d’oraison, les obstacles qu’elle y rencontre et les résultats qu’elle en retire. — Profit des Sacrements, de la vie liturgique, des dévotions particulières, des oraisons jaculatoires et de l’exercice de la présence de Dieu.

4° Renoncement. — Étudier sur quoi et surtout comment se fait l'examen particulier, et comment s’exerce le renoncement, par haine contre le péché ou par amour d’une vertu, la Garde du cœur, donc la vigilance et le combat spirituel en esprit d’oraison au cours de la journée.


À ces quatre points, on peut ramener ce qu’il y a d’essentiel pour la direction. On peut les examiner tous les quatre, chaque mois, ou s’en tenir alternativement à l’un d’eux pour ne pas être trop long. Paralysant ainsi, dans une âme, les éléments de mort et y ravivant les germes de vie, le prêtre zélé arrive à se passionner pour l’exercice de l'art suprême, et le Saint-Esprit, dont il est le fidèle ministre, ne lui ménage pas ces ineffables consolations qui constituent ici-bas l’un des grands bonheurs du sacerdoce. Il les lui accorde dans la mesure ou il se dévoue pour appliquer aux âmes les principes qu’il a étudiés. Qui plus que Saint Paul a éprouvé les joies de l’apostolat ? Mais aussi quel feu brûlant devait le dévorer pour qu’il ait pu écrire : C'est pourquoi, veillez, retenant en votre mémoire que pendant trois ans je n'ai cessé d'avertir avec larmes chacun de vous. (Actes des Apôtres 20, 31)





Reportez-vous à Conduite de Dieu sur l'âmeOrdre de la vie spirituelle pour les Directeurs, par le R.-P. Jean-Joseph SurinDe la vie Apostolique, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Direction spirituelle : Dieu supplée aux secours extérieurs qui nous manquent, Du bon Directeur, par le R.-P. Jean-Joseph SurinDe la conduite des âmes, par le R.-P. Jean-Joseph SurinDes Vertus, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Instruction pour les personnes qui entrent dans la voie d'Oraison, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Neuvaine en l'honneur de Sainte Thérèse d'Avila, De la réformation de l'Amour, de la Haine, du Désir et de l'Aversion, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Les voies du salut, Simple et courte méthode d'oraison mentale, En quoi consiste la perfection chrétienne : pour l'acquérir il faut combattre, et pour sortir victorieux de ce combat, quatre choses sont nécessaires, Petits exercices de piété, Histoire de la possession des Ursulines de Loudun, et des peines du Père Surin (1/4), Histoire de la possession des Ursulines de Loudun, et des peines du Père Surin (2/4), Histoire de la possession des Ursulines de Loudun, et des peines du Père Surin (3/4), De l'Oraison et de la contemplation, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Sœur Benigna, petite secrétaire de l'amour de Dieu : Décalogue de la plus haute perfection (5/9), Avis pour la lecture spirituelle, Méditation sur la nécessité des progrès dans la vertu, De l'humilité de Marie, Jésus, Sagesse glorieuse et triomphante, De quelques moyens de bien faire l'oraison mentale, De la sècheresse dans l'oraison, Degrés des vertus qu'on se propose d'acquérir, Combien sont mal fondées les plaintes de ceux qui se disent incapables de méditer, Les communions sans action de grâces, Guérison : Beauté du sacrement de pénitence, Leçon de piété par les Saintes Écritures, Cinq points pour l'examen général de conscience, Trois temps pour l'examen particulier, Jésus maudit ce que le monde estime, Deux principes fondamentaux touchant la conformité à la volonté de Dieu, Quiconque entend mes paroles et les pratique sera comparé à un homme sage qui a bâti sa maison sur la pierre, Méditation pour le vingtième jour de décembre, Médiator Dei du Pape Pie XII, sur la sainte liturgie, Prions avec Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, L'institution du Carême et la manière dont les premiers chrétiens le passaient et Savoir-vivre dans l’Église.








vendredi 15 avril 2016

Litanies de Sainte Geneviève


Sainte Geneviève



Seigneur, ayez pitié de nous.
Jésus-Christ, ayez pitié de nous.
Seigneur, ayez pitié de nous.

Jésus-Christ, écoutez-nous.
Jésus-Christ, exaucez-nous.

Père Céleste qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Fils Rédempteur du monde qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Esprit-Saint qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Trinité Sainte qui êtes le seul Dieu, ayez pitié de nous.

Sainte Marie, Vierge des Vierges et Mère du Sauveur, priez pour nous.

Sainte Geneviève, dès l'enfance comblée de Dieu, priez pour nous.
Sainte Geneviève, consacrée au Christ par Saint Germain, priez pour nous.
Sainte Geneviève, docile à l'Esprit-Saint, priez pour nous.
Sainte Geneviève, au zèle intrépide pour la foi, priez pour nous.
Sainte Geneviève, héroïquement dévouée à l'Église, priez pour nous. 
Sainte Geneviève, modèle de vie vécue pour Dieu, priez pour nous. 
Sainte Geneviève, discrète auxiliaire du clergé, priez pour nous.
Sainte Geneviève, qui avez souffert pour votre vocation, priez pour nous.
Sainte Geneviève, qui avez connu l'hostilité et l'abandon, priez pour nous.
Sainte Geneviève, qui passiez des heures à prier, priez pour nous. 
Sainte Geneviève, dont les jeûnes et la prière sauvaient la Cité, priez pour nous.
Sainte Geneviève, qui avez eu pour les rois une exigeante amitié, priez pour nous. 
Sainte Geneviève, dont la sagesse éclairait les païens, priez pour nous. 
Sainte Geneviève, dont la prudence guidait les chefs, priez pour nous. 
Sainte Geneviève, dont la pureté triomphait des calomnies, priez pour nous.
Sainte Geneviève, dont la force relevait les courages défaillants, priez pour nous.
Sainte Geneviève, qui compatissiez aux souffrances des petits, priez pour nous. 
Sainte Geneviève, qui nourrissiez miraculeusement les miséreux, priez pour nous. 
Sainte Geneviève, qui réconciliez avec Dieu les pécheurs, priez pour nous.
Sainte Geneviève, qui rameniez à l'Église les égarés, priez pour nous. 
Sainte Geneviève, qui lisiez dans les cœurs, priez pour nous.
Sainte Geneviève, qui guérissiez les maladies, priez pour nous.
Sainte Geneviève, qui arrêtiez les inondations, priez pour nous.
Sainte Geneviève, qui rétablissiez la paix entre ennemis, priez pour nous. 
Sainte Geneviève, qui adoucissiez le sort des prisonniers, priez pour nous. 
Sainte Geneviève, qui chassiez les démons, priez pour nous. 
Sainte Geneviève, qui protégez notre patrie, priez pour nous.
Sainte Geneviève, qui veillez sur Paris, priez pour nous.   

Agneau de Dieu, qui enlevez le péché du monde,
(se frapper la poitrine) pardonnez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui enlevez le péché du monde,
(se frapper la poitrine) exaucez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui enlevez le péché du monde,
(se frapper la poitrine) ayez pitié de nous.

V/ Priez pour nous, Sainte Geneviève,
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses de Notre Seigneur Jésus-Christ.


PRIONS

Répandez sur nous, Seigneur, l'esprit d'intelligence et d'amour dont Vous avez rempli Votre servante Geneviève, pour qu'attentifs à Vous servir et cherchant à lui ressembler, nous sachions Vous plaire par notre foi et tout notre vie. Par Jésus-Christ, Votre Fils, notre Seigneur, qui vit et règne avec Vous dans l'unité du Saint Esprit, pour les siècles des siècles.  Ainsi soit-il.



Invocations à Sainte Geneviève



Sainte Geneviève, si agréable à Dieu le Père, priez pour nous.
Sainte Geneviève, si aimée de Jésus-Christ, priez pour nous.
Sainte Geneviève, si chérie du Saint-Esprit, priez pour nous.
Sainte Geneviève, les délices de Marie, priez pour nous.
Sainte Geneviève, modèle d'oraison, priez pour nous.
Sainte Geneviève, modèle d'austérité, priez pour nous.
Sainte Geneviève, modèle de pureté, priez pour nous.
Sainte Geneviève, modèle de piété filiale, priez pour nous.
Sainte Geneviève, modèle de résignation dans les calomnies, priez pour nous.
Sainte Geneviève, modèle de patience dans les injures, priez pour nous.
Sainte Geneviève, modèle de toutes les vertus, priez pour nous.
Sainte Geneviève, terreur des Huns, priez pour nous.
Sainte Geneviève, secours de la ville assiégée, priez pour nous.
Sainte Geneviève, secours dans la famine, priez pour nous.
Sainte Geneviève, secours dans la peste, priez pour nous.
Sainte Geneviève, protectrice des moissons contre la chaleur, priez pour nous.
Sainte Geneviève, protectrice contre la pluie, priez pour nous.
Sainte Geneviève, protectrice contre la tempête et les inondations, priez pour nous.
Sainte Geneviève, protectrice dans l'adversité, priez pour nous.
Sainte Geneviève, bonheur nouveau dans la prospérité, priez pour nous.
Sainte Geneviève, notre patronne toute spéciale, priez pour nous.
Sainte Geneviève, patronne de Paris et de la France, priez pour nous. (Trois fois)


PRIONS

Bénissez, Seigneur, notre vie présente, par la médiation de Sainte Geneviève, afin que nous cherchions avant toutes choses votre justice, votre gloire, votre royaume céleste et notre salut. Bénissez, ô mon Dieu, nos campagnes et nos moissons ; mais bénissez aussi nos âmes, où vous répandez, par votre divine parole et l'exemple de vos saints, la semence de toutes les vertus chrétiennes. Ô Dieu, notre Père éternel, ô Christ, notre Sauveur, ô Esprit-Saint, source des lumières pures, ô adorable Trinité, ayez pitié de nous.


PRIONS

Sainte Geneviève, qui avez opéré de nombreux miracles pendant votre vie et après votre mort, daignez par votre suffrage et vos miséricordieuses supplications auprès de Marie, reine du ciel, nous obtenir de la bonté divine la santé du corps, la grâce de l'âme et le paradis. Ainsi soit-il.





Reportez-vous à Prière pour la FranceLitanies de Jésus-Christ Roi de France et Message-radio du Pape Pie XII pour le Ve centenaire de la réhabilitation de Sainte Jeanne d'Arc.











vendredi 8 avril 2016

L’ŒUVRE DE DOM JEAN DE MONLÉON


Moïse et les Tables de la loi (Jusepe de Ribera)


SUR L’ŒUVRE DE DOM DE MONLÉON


Les traditionalistes se plaignent de n'avoir pas de livres à distribuer aux jeunes militants pour leur formation doctrinale. En effet, les ouvrages où s'exprime la pensée traditionnelle sont matériellement rares parce qu'ils ne sont jamais réédités. Ils ont contre eux les puissances du jour qui les étouffent. Leur pénurie est réelle. Et c'est un des objectifs de la Diffusion de la Pensée Française que de procéder aux rééditions nécessaires.
Mais il est au moins un écrivain de la ligne traditionnelle dont les ouvrages sont faciles à se procurer : c'est Dom de MONLEON. Ils ont en outre l'avantage de traiter de l'EXÉGÈSE BIBLIQUE qui est l'une des disciplines les plus importantes de la formation religieuse. Ce moine bénédictin apporte aux âmes, par sa science et par sa fidélité, un puissant réconfort. Ses livres sont parmi les plus nourrissants que l'on puisse lire aujourd'hui.
Tout d'abord, le STYLE. Il est d'une clarté lumineuse. Rien de flou. Rien de romantique. Point d'expressions outrées. Point d'effets creux. Au contraire, des termes justes, mais sans banalité. Des phrases simples, mais sans aridité. Et dans tout cela, beaucoup d'aisance. C'est la vieille souche avec une sève nouvelle.
C'est la résurrection du classicisme. Un régal !

Le raisonnement est aussi clair que le style. Et cette clarté est victorieuse. Car Dom de MONLEON, on s'en doute, a des adversaires puisqu'il n'est ni rationaliste, ni évolutionniste, ni moderniste, à aucun degré. Il n'use envers eux d'aucun sarcasme ; encore moins d'aucune invective. Seulement, lorsque, dans ses préfaces devenues célèbres il examine leurs thèses en projetant son investigation intelligente sur leurs obscurités et qu'il les prend à leurs propres pièges, il en résulte une ironie souvent féroce. Ils sont lessivés. C'est une joie !

Dom de MONLEON retrace, dans une collection maintenant très étoffée, la biographie des plus grands personnages de l'Ancien Testament : Abraham, les douze Patriarches. Moïse, Josué et les Juges, Jonas, Daniel... Il les fait revivre avec une précision et un relief étonnants. Il nous rend sensible leur formidable labeur. La partie anecdotique de ses ouvrages, à elle seule, serait suffisante pour en faire un grand écrivain. Quant aux commentaires mystiques qu'il intercale entre les chapitres narratifs, ils font de ce grand bénédictin un grand exégète.

Dom de MONLEON procure à l'Écriture Sainte une double réhabilitation. Il réhabilite la LETTRE de la Vulgate (on appelle ainsi la traduction latine de saint Jérôme qui est devenue officielle, canonique, courante, commune. « vulgaire »). Et il réhabilite l'interprétation patristique qui est l'ESPRIT de l'Écriture.
La lettre d'abord. Dans ses exposés et ses commentaires, il utilise exclusivement la version officielle de l'Église, la VULGATE de saint Jérôme, la seule qui soit garantie contre toute erreur et qui, par l'onction dont elle est pénétrée, par la connaturalité que les siècles lui ont donné avec l'âme chrétienne, reste l'expression la plus sûre, la plus authentique de la Révélation — (Préface- du Cantique des Cantiques", page 9 — Nouvelles Éditions Latines).

Écoutons-le préciser cette affirmation dans un article d'ITINÉRAIRES : « Sans doute, il est de bon ton aujourd'hui d'afficher pour la Vulgate le plus profond mépris et d'invoquer à tout propos contre elle — Veritatem Hebraïquam — la vérité du texte hébreux.

En appeler de la Vulgate à la vérité hébraïque est une de ces vastes duperies dont la “haute critique” est coutumière. Car c'est justement cette vérité hébraïque que saint Jérôme a entendu rétablir dans sa version latine, au-dessus de toutes les traductions de la Bible plus ou moins altérées qui circulaient de son temps.

Génie littéraire hors classe, saint Jérôme a employé toutes les ressources de son intelligence et de sa volonté à restituer la parole de Dieu dans sa teneur authentique.

Il avait à sa disposition des documents de première valeur, QUI ONT DISPARU DEPUIS, en particulier
le rouleau de la Synagogue de Bethléem qu'il avait copié de sa main.
et les célèbres EXAPLES où Origène avait reproduit, sur six colonnes parallèles, le texte hébreux et les cinq principales traductions grecques qui en existaient alors, œuvre gigantesque de critique et d'érudition dont la perte est considérée par les vrais savants comme irréparable.

Ceux qui invoquent la “vérité hébraïque” raisonnent comme si nous possédions encore aujourd'hui les manuscrits originaux de Moise et des Prophètes. Mais il n'est pas permis d'ignorer que la seule version de l'Écriture conservée par les juifs est celle dite “des Massorètes” qui ne remonte pas au-delà du VIe siècle après Jésus-Christ. (“suite à l'histoire de Jonas” dans ITINERAIRES, N° 90, de Février 1965).

La transcription massorétique se recommande-t-elle au moins par son exactitude ? Il n'en est rien. Les rédacteurs juifs qui l'ont établie, aux environs du VIe siècle de l'ère chrétienne, se sont appliqués, chaque fois qu'ils l'ont pu sans trahir visiblement le texte original, à effacer tout ce qui apportait la preuve de la messianité de Notre-Seigneur, à laquelle ils ne voulaient pas croire.

Victoire reste à la Vulgate par son ancienneté et par sa rigueur scientifique.

Que Dom de MONLEON soit chaleureusement remercié de nous en avoir administré la preuve. Mais il a fait plus. Il réhabilite aussi l'EXÉGÈSE PATRISTIQUE, c'est-à-dire l'Esprit de l'Écriture, son sens spirituel.
L'Écriture Sainte, en effet, requiert absolument d'être expliquée, parce qu'elle n'a pas seulement un sens littéral, immédiatement intelligible, mais encore un sens spirituel qui est le plus souvent mystérieux. Le sens spirituel ne peut être saisi que moyennant l'inspiration du Saint-Esprit. Et c'est le magistère ecclésiastique qui définit l'interprétation adéquate, après avoir éliminé toutes celles qui sont inspirées par le mauvais esprit ou tout simplement par le propre esprit. C'est toujours par de fausses interprétations des Écritures que les hérésiarques entraînent les fidèles hors de l'Église. C'était déjà par de fausses interprétations que le démon avait essayé de tenter Notre-Seigneur pendant les quarante jours au désert. La fréquentation de la Bible, en dehors des explications correctes qu'elle postule, est plus nuisible qu'utile. Il faut être d'autant plus sur ses gardes aujourd'hui que de grandes maisons d'édition répandent des documents bibliques de vulgarisation, inspirés par la “haute critique” naturaliste, rationaliste et moderniste, et donc très éloignée de l'exégèse traditionnelle.

Le sens spirituel de l'Écriture — explique Dom de MONLEON dans la préface du “Cantique des Cantiques”, à la page 8, n'est en aucune façon le fruit de l'imagination des Pères de l'Église, comme on le croit et l'écrit trop souvent. Il dépasse la capacité de la raison humaine, il ressortit de la révélation, il est l'œuvre du Saint-Esprit. Il fut enseigné aux Apôtres, d'abord par Notre-Seigneur, lorsqu'après Sa Résurrection, Il leur ouvrit l'esprit, pour qu'ils comprissent les Écritures, et confirmé ensuite à la Pentecôte, quand ils reçurent le don de l'intelligence. Précieusement conservé par la tradition orale durant les premiers siècles, il fut consigné peu à peu dans les écrits des Pères de l'Église. et c'est là l'unique source où nous pouvons le trouver. Rien n'est plus insensé que de prétendre l'expliquer sans recourir à eux.

Le déferlement massif de la littérature pseudo-religieuse et pseudo-savante a pour but de nous faire douter de la sublimité de notre foi et de nous forger mauvaise conscience. Les ouvrages de Dom de MONLEON viennent précisément nous redonner confiance dans la valeur scientifique de nos bases scripturaires et dans l'authenticité de l'inspiration divine qui a élaboré l'exégèse traditionnelle.


Jean VAQUIE,
Lecture et Tradition, n° 36, juin 1972




IN MEMORIAM : DOM DE MONLEON



L'entraînement en vue de la bataille des idées a, lui aussi, son parcours du combattant. Et l'un des principaux obstacles de ce parcours intellectuel, c'est la critique externe de l'Écriture Sainte. L'adversaire a semé le doute quant à l'authenticité de nos Livres Saints, quant à l'historicité des Évangiles, quant à l'interprétation traditionnelle des Écritures.

Cet obstacle, il faut que nos combattants spirituels s'entraînent à le franchir lestement. Ils doivent être rompus à dynamiter la critique intempestive. Or, nul écrivain contemporain n'est plus apte à détruire ce type de doute que le bénédictin Dom de Monléon. Nous devons nous familiariser avec ses livres. Il faut que ses raisonnements solides deviennent chez nous des habitudes d'esprit. Cet entraînement fait partie de notre plus élémentaire culture religieuse.
Dom Jean de Monléon est mort le 19 avril 1981, le jour de Pâques. Puisse-t-il avoir achevé au ciel ce jour de “la Solennité des solennités”. Quel beau présage de salut pour ce moine si attentif aux harmonies providentielles.

Ses familiers savent bien que, sous les apparences d'un homme effacé, il fut un grand combatif et même un lutteur acharné. Il avait le goût de tenir tête et le tempérament pour y arriver, et cela avec d'autant plus de détermination qu'il ne défendait pas sa propre doctrine, mais celle des Docteurs, des scolastiques et du Magistère.

Il éprouvait, dit-on, une véritable délectation intellectuelle à s'incliner devant le consentement unanime des Pères qui était pour lui le grand critère de la certitude. La soumission au Magistère de l'Église lui était naturelle, mais aussi agréable. Telle est la vraie sagesse de l'esprit dans la Religion révélée. Aussi, souffrait-il beaucoup de la crise actuelle où l'on voit précisément le Magistère hésiter, concéder, reculer, défaillir. Il en souffrait, mais il ne s'en scandalisait pas, puisqu'une telle crise est prédite, par le Divin Maître lui-même, comme annonciatrice du triomphe final.

On fait également remarquer, chez ses amis, l'extraordinaire puissance de travail de ce bénédictin, sa prodigieuse mémoire, sa connaissance de toute la littérature ecclésiastique, surtout évidemment en matière d'interprétation des Écritures. Il était aussi à l'aise dans Raban Maur que dans Rupert de Deutz ou Hugues de Saint Victor. Sa vaste information lui permettait de mesurer la faiblesse de la plupart des commentateurs de l'école moderne, faiblesse masquée seulement par un appareil scientifique impressionnant, vu de loin, mais sans portée réelle.

Relisons Monléon ; il appartient à notre parcours du combattant. Tous ses livres, même les premiers, sont formateurs.

« Les Instruments de la Perfection » et « Les Douze degrés de l'Humilité » sont des commentaires sur la règle de saint Benoît.
« Le Christ-Roi » est un petit ouvrage vite lu, mais fort dense, qui dit peu et contient beaucoup.
« Le Cantique des Cantiques » et « Les Noces de Cana » forment une série un peu à part, ce qui ne veut pas dire sans intérêt.
« Le Sens Mystique de l'Apocalypse » appartient à la même série, mais il est peut-être un peu plus difficile à suivre. Mais quelle agréable façon d'apprendre la Religion !
Le « Commentaire sur Jonas » expose, dans sa magistrale préface, la méthode exégétique classique qui est celle de Dom de Monléon. On voit sans peine qu'elle surpasse, à la fois en exactitude et en profondeur, la critique externe, dite scientifique, aujourd'hui à la mode. C'est un véritable réconfort pour l'intelligence dés chrétiens. Un saint, qui est aussi un savant, nous venge, par sa science même, des savants fourbes et bavards qui allaient répétant : «La maison est à nous, c'est à vous d'en sortir». Monléon reste en vainqueur dans la maison, et nous avec.

Puis viennent les grands succès de Dom de Monléon : « Les Patriarches »« Moïse »« Josué et les juges »« Daniel »« Le Roi David ». Il n'y a pas de meilleurs antidotes que ces ouvrages-là pour résister à la contamination insidieuse du doute moderniste. Véritablement, c'est l'esprit de la Sainte Église qui y souffle “fortiter suaviterque” avec force et douceur.

Et le style ! On peut promettre un vrai régal. La langue est simple et élégante, raffinée sans être précieuse, classique sans lourdeur. Tout est exact, la forme comme le fond.


Jean VAQUIE,
Lecture et Tradition, n° 90, juillet-août 1981