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dimanche 6 octobre 2019

VIE CHRÉTIENNE : La prière du Matin, la Bonne Pensée, la Méditation, et la Lecture Spirituelle



Extrait de "MORALE CHRÉTIENNE EN FORME DE MÉDITATIONS, ET VIE CHRÉTIENNE, Où l'on donne des Règles pour faire ses actions, remplir ses devoirs en Chrétien, et passer saintement les Dimanches et les Fêtes", Ed. 1811 :




VIE CHRÉTIENNE, Où l'on donne des règles pour faire en Chrétien toutes les actions de la vie, pour remplir dignement ses devoirs, soit généraux, soit particuliers.


Un Chrétien, saint par état, doit être saint dans toutes ses œuvres : fidèle à la Loi de Dieu, il doit avoir un éloignement infini de tout ce qu'elle défend, et une obéissance exacte à tout ce qu'elle ordonne ; racheté par un prix aussi grand que celui du Sang de Jésus-Christ, il ne peut lui dérober la moindre de ses actions. Elles peuvent toutes devenir grandes ; il les doit rendre telles, elles ne sont petites que par sa faute.
Pour relever, ennoblir, surnaturaliser, diviniser toutes vos actions, observez les règles et les instructions suivantes.



RÉVEIL ET LEVER

Consacrez-vous â Dieu dès votre premier réveil. Il est un Dieu jaloux ; s'il demandait autrefois les premiers fruits de la terre, il n'exige pas moins les prémices de nos journées ; il a daigné vous conserver pendant la nuit, hâtez-vous de vous donner à lui. En commençant le jour, offrez-lui votre première pensée, votre première parole, et votre première action.
Vous offrez à Dieu votre première pensée, rappelant celle que vous aurez prise le soir précédent pour vous servir d'entretien pendant la nuit, et de sujet de méditation pour le lendemain ; ou bien en vous entretenant de tout ce qui peut tourner votre cœur vers Dieu ; comme : Dieu m'a donné ce jour pour travailler à mon salut, je veux me sauver, quoi qu'il m'en coûte. Je sortirai un jour du tombeau, comme je sors du sommeil, qui est l'image de la mort.
Vous offrirez à Dieu votre première parole, en disant ; Jésus, Marie, Joseph ; dites ces mots plus de cœur que de bouche, ou bien en disant toute autre parole qui marque le désir où vous êtes d'être à Dieu ; comme : Mon Dieu je vous donne mon cœur, etc. Vous lui offrirez votre première action, en faisant le signe de la Croix : c'est ce signe qui distingue les Chrétiens des Infidèles. Faites-le en chrétien, en pensant à la très sainte Trinité, à l'Incarnation et à la Mort de Jésus-Christ qu'il représente.
Levez-vous promptement à l'heure marquée : 1.° Crainte de faire fâcher les personnes de qui vous dépendez, regardez J. C. en elles : 2.° Crainte de donner lieu à la tentation ; le Démon qui ne dort point, veille à votre perte : un repos inutile, en flattant la chair, la rend plus rebelle : 3.° Crainte de n'avoir pas de loisir pour faire votre prière : si la prière ne vous prémunit pas, vous serez en proie aux ennemis de votre salut.


Prière en se levant :

Je me lève, ô mon Dieu, pour obéir à vos ordres, rendez-moi fidèle à les exécuter. Délivrez-moi, Seigneur, des ténèbres du péché, faites-moi marcher dans la lumière de votre grâce. Vous me donnez ce jour pour gagner l'éternité ; que tout ce que je ferai me prépare ce beau jour qui ne finira jamais.



L’HABILLER

Habillez-vous modestement ; la modestie chrétienne condamne toute manière de s'habiller contraire à la pudeur et à l'humilité. Habillez-vous à l'écart, sans vous voir et sans être vu, sous les rideaux de votre lit, ou pour le moins dans un lieu retiré ; jamais au milieu de la chambre, moins encore à des fenêtres. Craignez les péchés que l'on commet et que l'on fait commettre pour négliger cet avis.
Couvrez avec soin tout ce que la pudeur ordonne de cacher. N'oubliez jamais cette excellente parole de saint Jérôme, que les nudités sont le trône et le siège du Démon.
Quel scandale que des femmes et des filles qui font profession d'adorer J. C., modèle de pureté, paraissent la gorge ou les épaules découvertes, et par-là se rendent coupables d'une infinité de péchés qu'elles ne connaissent pas ou ne veulent pas connaître, et qui cependant ne laisseront pas de leur être imputés par le souverain Juge au jour de la vengeance. Ne comprendront-elles jamais que ces nudités honteuses sont des pièges dont se sert le Démon pour arracher à J. C. des âmes qu'il a rachetées par tout son Sang. En vain s'appuient-elles sur la coutume et les usages : rien ne peut prescrire contre la Loi de Dieu.
Puisque les habits sont la marque de notre honte, il ne convient pas de les faire servir à une vanité ridicule. Habillez-vous pour les besoins de votre corps, et non pour paraître ; la propreté convenable à son état n'est pas à négliger ; mais l'affectation dont l'orgueil est le principe, est également sotte et criminelle. Que penser d'une personne qui, ayant le corps pourri d'ulcères, se glorifierait des linges dont il serait couvert ? Pourquoi tant de soin pour parer un corps qui, bientôt enveloppé d'un vil linceul, pourrira dans la terre ?


Prière en s'habillant :

Dépouillez-moi, Seigneur, du vieil homme et de tous mes péchés ; revêtez-moi de l'homme nouveau et de toutes ses vertus. Revêtez-moi de Jésus-Christ, de sa grâce et de sa sainteté. Que je pense moins à parer mon corps, qu'à embellir mon âme. Qu'au lieu de chercher ici de vains ornements, je ne m'applique qu'à mériter celui de l'immortalité glorieuse.



PRIÈRES DU MATIN

Il est de notre devoir et de notre intérêt de commencer notre journée par la prière. Pouvons-nous nous hâter trop de rendre à Dieu nos hommages et nos adorations ? N'est-il pas du respect que nous lui devons, de mettre à la tête de toutes nos affaires, celle qui regarde son culte et son service ? D'ailleurs, nous comprenons mal en quoi consistent nos véritables intérêts, si nous ne regardons pas comme la principale de toutes nos actions celle d'attirer, par la prière, la bénédiction du Ciel sur toutes les autres.
Si nous ne pouvons pas d'abord donner un temps raisonnable à la prière, ménageons les premiers moments, et ne soyons point en repos que nous n'ayons rempli un devoir si juste et si intéressant.
Voici la prière que vous pourrez lui faire ; elle renferme en très-peu de paroles les principaux actes de Religion. Ne vous contentez pas de la répéter le matin, répétez-la souvent pendant le jour, en tout ou en partie.
En commençant cette prière, aussi bien que toutes les autres, réveillez votre foi, votre espérance et votre charité ; conservez du moins un vrai désir d'être à Dieu ; souvenez-vous que l'attention, l'humilité, la confiance, la ferveur et la persévérance doivent accompagner la prière pour la rendre efficace.

Cf. Prières du Matin dans votre Missel (avant 1958) ou Livre bleu (Livre de prières, de cantiques et d'exercices spirituels).



BONNE PENSÉE

En finissant votre prière du matin, ayez soin de prendre une bonne pensée, dont vous conserverez le souvenir pendant le jour, afin qu'elle écarte les mauvaises pensées, source de tous nos péchés.
Prenez cette bonne pensée dans quelques livres de piété ; ou arrêtez-vous chaque jour à l'une des demandes du Pater, selon l'explication que l'on donnera ci-après ; vous pouvez encore vous servir des sujets suivants.

Le Lundi. La mort. Elle est certaine. Il faut s'y attendre, et s'y préparer. L'heure en est incertaine. Faire chaque action comme si l'on devait mourir en la faisant. Être toujours dans l'état où l'on voudrait être à la mort.

Le Mardi. Le Jugement. La rigueur du compte. On sera examiné sur toutes les grâces reçues et sur tous les péchés commis. Ménageons ces grâces, expions ces péchés. La sévérité de cette Sentence : elle sera sans miséricorde, elle s'exécutera sans appel : prévenons-la par notre conversion et notre pénitence.

Le Mercredi. L'enfer. On y souffre tout sans adoucissement : faisons un bon usage de toutes les peines de cette vie, pour éviter celles de l'autre. On y souffre tout sans relâche : ne nous procurons pas des tourments continuels et éternels, par le criminel plaisir d'un moment.

Le Jeudi. Le Paradis. Tous les maux en seront bannis : souffrons en paix ceux de cette vie, quels qu'ils soient, et de quelque part qu'ils viennent, ils dureront peu. Nous y jouirons de tous les biens : que cette espérance nous soutienne et nous anime.

Le Vendredi. La Passion de Notre-Seigneur. Il a souffert pour nos péchés : ne renouvelons pas sa Passion en péchant de nouveau. Ses souffrances et ses humiliations ont été extrêmes : ne nous plaignons pas dans les nôtres.

Le Samedi. Les Vertus de la sainte Vierge. La sainte Vierge est notre modèle : faisons chacune de nos actions, comme elle faisait les siennes. La sainte Vierge est notre protectrice : honorons-la et recourons à elle. Qu'après Jésus-Christ, elle soit le premier objet de notre imitation et de notre confiance.

Le Dimanche. Les grâces reçues et les péchés commis pendant la semaine. Remercions Dieu des grâces qu'il nous a faites : attirons-en de nouvelles par la prière. Gémissons de nos fautes, prévenons celles où nous pouvons tomber.

Il faut souvent pendant le jour, en marchant, en travaillant, et même en prenant ses repas, rappeler la bonne pensée du matin, et prier Dieu de nous faire la grâce qu'elle serve de règle à toutes nos actions.



MÉDITATION

Pour rendre la pratique de la Bonne Pensée plus utile, et en général pour travailler efficacement à son salut, l'exercice de la Méditation a de merveilleux avantages. Elle arrête et fixe l'esprit, elle fait passer jusqu'au cœur des sentiments qui, pour l'ordinaire, ne sont que sur les lèvres, ou dans l'imagination. Elle donne l'intelligence des vérités éternelles, en inspire le goût, les fait pratiquer.
L'expérience seule peut découvrir les véritables fruits qu'en retirent les personnes de tout sexe et de tout état, quand elles s'y appliquent comme il faut. C'est une illusion dangereuse de penser qu'elle ne soit propre que pour des personnes consacrées à Dieu, ou d'un esprit plus étendu. Tous en sont capables avec la grâce de Dieu, et on en trouve tous les jours qui, peu habiles pour converser avec les hommes, s'entretiennent excellemment avec Dieu dans la Méditation. Il nous assure lui-même que sa conversation est avec les âmes simples ; et selon l'Oracle du Sauveur, il manifeste aux petits ce qu'il cache aux sages du monde.
Faites-vous une loi de donner tous les jours, d'abord après la prière du matin, ou dans les premiers moments de loisir, environ une petite demi-heure à ce pieux exercice. N'y manquez jamais, ne pussiez-vous y vaquer qu'en marchant ou en travaillant. Il consiste en trois choses : la préparation, le corps de l'Oraison, la conclusion.


Cf. Livre bleu (Livre de prières, de cantiques et d'exercices spirituels).



PRÉPARATION

Comme la Méditation porte à une vie plus chrétienne ; aussi doit-on s'y préparer par une vie plus digne d'un Chrétien. Qui veut s'y adonner, doit mépriser les vanités et les plaisirs du siècle, aimer le travail et la retraite, fuir les personnes mondaines, et fréquenter les Sacrements.
Une seconde préparation consiste à lire, dès le soir précédent, le sujet de sa méditation pour le lendemain matin ; s'endormir dans la pensée de ce qu'on a lu, en rappeler le souvenir, si on s'éveille pendant la nuit, s'en entretenir le matin dès son premier réveil.
Ceux qui ne savent pas lire, ne doivent pas laisser de choisir le sujet de leur méditation, et de s'en occuper de la même manière.
Enfin, au moment que l'on veut commencer sa méditation, il faut s'établir en la présence de Dieu, invoquer son secours, et lui demander pardon, pour ne pas mettre obstacle à ses divines communications. Le premier acte de la prière du matin pourrait servir de préparation, ou bien on fera avec application les trois actes suivants.


Acte de Foi et d'Adoration :


Mon Dieu, je crois que vous êtes ici, je vous y adore, et je mets mon cœur à vos pieds.


Acte d'Invocation :


Saint-Esprit, vous êtes le maître de l'Oraison, apprenez-moi à la bien faire. Sainte Vierge, qui êtes son Épouse, priez-le pour moi. Saint Joseph et mon Patron, soyez à mon aide. Mon saint Ange, gardez-moi de distractions et de tentations pendant cette Oraison.


Acte de Contrition :

Mon Dieu, je suis extrêmement marri de vous avoir offensé, parce que vous êtes bon. Je déteste mes péchés, parce qu'ils vous déplaisent. Je propose fermement de m'en corriger, de m'en confesser, et d'en faire pénitence, aidé de votre grâce.



CORPS DE L'ORAISON

Après s'être ainsi préparé, il faut se servir de sa mémoire pour rappeler le sujet de sa méditation ; de son esprit, pour le considérer ; de sa volonté, pour former des affections et des résolutions convenables.
Les réflexions les moins recherchées et les plus communes sont les meilleures. La méditation n'est pas une étude qui demande quelque chose de sublime et d'élevé. Considérez le sujet de votre méditation en lui-même, l'usage que vous en avez fait, et celui que vous en ferez. Par exemple, si vous méditez sur la mort : Qu'est-ce que la mort ? Que m'arrivera-t-il en ce moment ? Comment m'y suis-je préparé ? Que voudrais-je avoir fait ? Que ferai-je pour bien mourir ? Si vous méditez sur quelque vertu, ou sur quelque vice : Quelle est l'excellence de cette vertu ? Quelle est l'énormité de ce vice ? Quelle idée m'en suis-je formé jusqu'à cette heure ? Comment ai-je vécu ? Suis-je bien disposé à prendre tous les moyens pour acquérir cette vertu, pour éviter ce péché, etc. ?
Le principal dans la Méditation, consiste dans les mouvements du cœur, les affections et les résolutions. Adorer Dieu, qui nous souffre en sa présence, et qui nous instruit ; l'adorer dans la grandeur de ses Mystères, de ses promesses, de ses bienfaits, de ses menaces, de ses châtiments, etc. Remercier Dieu, qui nous a comblés de grâces, qui nous a épargnés, qui nous rappelle de nos égarements, qui nous donne l'espérance du pardon et du salut, etc. S'animer à revenir tout de bon à Dieu, à être plus fidèle, à sortir de ses désordres, à suivre les bons exemples, etc. Demander la force d'entreprendre généreusement sa conversion, la fermeté dans ses bons desseins, la victoire des tentations, les vertus dont on se connaît plus éloigné, la fidélité à la Loi de Dieu, en ses devoirs, etc.
Les résolutions doivent être particulières : ne pas se contenter de dire que l'on veut se corriger, avancer dans la vertu, etc. mais déterminer en particulier le bien que l'on veut faire, et le mal que l'on veut éviter. Universelles : il ne faut pas se borner à quelques chefs, mais prévoir toutes les circonstances. Prochaines, qui soient de ce que l'on a à faire dans le temps présent, le jour même, et non pas de ce qui n'arrivera peut-être jamais, qui est fort éloigné. Efficaces : qu'elles ne soient pas de simples projets ; prévoir de quelle manière on pourra les pratiquer, prendre de bonnes et sages mesures pour y réussir. Enfin, les résolutions doivent être humbles ; ne se pas appuyer sur ses propres forces, sentir sa faiblesse, fuir les dangers, attendre tout de Dieu, prier avec ardeur, confiance et humilité.
On ne doit pas s'attacher scrupuleusement à un certain ordre, de telle sorte que l'on se gêne pour faire que les affections soient toujours précédées de considérations, et les résolutions des affections. Il faut suivre l'attrait de la grâce, et veiller pour écarter les distractions : rappeler son esprit, dès qu'on s'aperçoit qu'il s'égare ; répéter pour cela les actes de la préparation, ou former quelques autres actes ; les prononcer même de bouche : jeter les yeux sur le crucifix, ou sur quelque image : réciter quelques paroles du Pater, ou de l'Écriture ; lire quelque peu, se servir même de ses distractions pour se recueillir, en s'humiliant d'être si peu attentif en la présence de son Dieu.
On finit sa Méditation, en remerciant Dieu de ce qu'il a daigné nous souffrir en sa présence, s'encourageant à mieux faire son Oraison, en lui offrant tout ce que l'on est, et tout ce que l'on a : en lui demandant la grâce d'être fidèle à ses résolutions, et en priant pour tons. On peut se servir des trois derniers actes de la Prière du matin, ou bien faire ceux-ci.


Acte de Remerciement :

Mon Dieu, je vous remercie de m'avoir souffert en votre présence pendant cette Oraison ; je vous demande pardon des fautes que j'ai commises, je me propose de mieux faire une autre fois, aidé de votre grâce.


Acte d'Offrande :


Mon Dieu, je vous offre mon âme et mon corps, tout ce que je ferai et souffrirai aujourd'hui.


Acte de Demande :

Mon Dieu, je vous prie de me donner la grâce de mettre en pratique les résolutions que vous m'avez fait prendre. Je vous prie encore pour tous ceux pour qui je suis obligé de prier ; pour notre Saint Père le Pape, pour Monseigneur notre Archevêque, pour tous ceux qui ont la charge des âmes, pour la sacrée Personne du Roi, pour la paix et union entre les Princes Chrétiens, pour la conversion des pécheurs, et la persévérance des bons ; pour le soulagement des âmes du Purgatoire ; pour tous mes parents, bienfaiteurs, amis et ennemis, et pour tous ceux qui font oraison, afin qu'ils ne la quittent jamais. Pater, Ave, Credo.
Il ne faut pas oublier de choisir quelques sentences courtes qui nous rappellent pendant le jour le souvenir de nos résolutions.



LECTURE SPIRITUELLE

Les mauvais livres sont des sources empoisonnées, qui causent des maux infinis. Les livres de piété sont des sources inépuisables de lumière et d'onction. La lecture spirituelle est généralement recommandée, comme un des moyens les plus excellents pour se conserver et avancer dans la piété.
Que n'a-t-elle pas opéré dans un saint Augustin, dans un saint Ignace, et dans tant d'autres ? Que n'opère-t-elle point encore tous les jours dans ceux qui s'y appliquent avec religion ?
La dépense que vous ferez pour de bons livres, est une des plus utiles. Un livre de piété est le meilleur meuble que l'on puisse avoir dans une maison. Choisissez des livres qui soient bons, et qui vous soient propres ; tous les livres qui paraissent bons ne le sont pas en effet, et ceux qui sont réellement bons pourraient ne l'être pas pour vous. Il est à propos, pour ce choix, de consulter un Directeur éclairé. L'introduction à la vie dévote de saint François de Sales, l'Imitation de Jésus-Christ, les Pensées Chrétiennes, la petite Morale, mais surtout le Nouveau Testament, sont des livres propres à tous les fidèles bien disposés.
Soyez exact à nourrir tous les jours votre âme par quelque lecture sainte, comme vous êtes exact à donner chaque jour à votre corps une nourriture convenable. Nulle affaire ne vous paraît assez importante pour lui refuser ce soulagement nécessaire : que nulle affaire ne vous empêche de donner à votre âme cette nourriture si avantageuse. Vous trouvez du temps pour tout, n'en manqueriez-vous que pour travailler à votre salut ? Lisez en marchant, ou dans des moments dérobés, s'il ne vous est pas possible de trouver d'autre loisir.
La lecture sainte peut n'être pas utile à l'âme, comme la bonne nourriture peut n'être pas utile au corps. Pour en tirer le fruit que Dieu demande, et n'y trouver pas votre condamnation, bannissez-en la vanité et la curiosité, l'indifférence et la présomption, la légèreté et l'inapplication. Lisez le Nouveau Testament et les livres de piété dans le même esprit qu'ils ont été composés, dans le désir de vous instruire et vous édifier. Apportez à la lecture un cœur dégagé des passions criminelles, un esprit vide des pensées étrangères.
Lisez peu à la fois, et tâchez de bien comprendre ce que vous lisez. Ne passez pas aisément d'une lecture à une autre. Défiez-vous de vos propres lumières. Soyez un humble disciple de la vérité. Digérez les vérités que vous aurez lues, et qu'elles passent dans toutes vos actions, comme les aliments ordinaires, après avoir été digérés dans l'estomac, répandent leur suc dans toutes les parties du corps. Ces aliments produisent des infirmités et des maladies, quand on ne les digère pas, et qu'ils ne nourrissent pas ; ainsi les paroles saintes deviennent à l'homme, par sa faute, inutiles et même pernicieuses, quand on les lit sans les retenir, sans les méditer, sans les prendre pour règle de sa conduite.
Commencez, accompagnez, et finissez toutes vos lectures par quelques courtes et dévotes prières. La lettre tue, dit l'Apôtre, c'est l'esprit qui donne la vie. (2. Cor. 3, 6). La lettre qui fait connaître le mal, ne donne pas la force de l'éviter ; on devient plus coupable en péchant contre ses lumières. Attirons l'esprit qui vivifie, par de ferventes prières. Interrompons de temps en temps notre lecture pour supplier le divin Esprit de graver dans nos cœurs les vérités que nous lisons, et de nous inspirer les sentiments d'adoration, d'amour, d'action de grâces, de confusion, etc. conformes à ces vérités. Prions-le, en finissant, qu'il rende féconde la semence qu'il a lui-même jetée dans nos cœurs, et qu'il ne permette pas que nous abusions des lumières qu'il a daigné nous communiquer.


Prière avant et pendant la Lecture :

Je vous adore, Vérité éternelle. Parlez, Seigneur, votre serviteur vous écoute. Ouvrez mon esprit, donnez-moi l'intelligence. En vain mes yeux liront votre parole, si vous ne la faites entrer dans mon cœur : j'en abuserai, par ma faute. Donnez-moi, ô mon Dieu, la sagesse pour comprendre ce que vous m'enseignez, la docilité pour m'y soumettre, et la force de l'accomplir.


Prière après la Lecture :

J'adore, ô mon Dieu, les vérités saintes que je viens de lire. Je vous remercie de me les avoir enseignées. Que je m'estime heureux d'avoir appris de vous-même ce que vous exigez de moi ! Faites-moi pratiquer ce que vous me demandez.



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