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vendredi 30 novembre 2018

Pour que le nom de Dieu soit sanctifié, pour que son règne arrive, et pour que sa volonté soit faite sur la terre comme au ciel, secourons les âmes du Purgatoire




Méditation pour le 30 novembre


CONCLUSION



« Vous avez sauvé une âme, dit saint Augustin, vous avez prédestiné la vôtre ; » animam salvasti, animam tuam proedestinasti. Et le Saint-Esprit nous fait cette promesse dans Isaïe : Si vous assistez les pauvres avec effusion de cœur, et si vous remplissez de consolation l'âme affligée, le Seigneur vous tiendra toujours en repos, il remplira votre âme de ses splendeurs. Aussi saint Paul plaçait tout l'espoir de son salut éternel en ce qu'il procurait le salut des antres ; ce qui lui faisait écrire à ses disciples de Thessalonique : Quelle est notre espérance et la couronne de notre gloire ? N'est-ce pas vous qui l'êtes devant le Seigneur J.-C.
Or, ne pouvons-nous pas appliquer ces divers textes au zèle pour la délivrance des âmes du purgatoire ? Quand par nos efforts, par nos prières, par nos aumônes, nous aurons hâté l'entrée dans le ciel de quelqu'une de ces âmes chéries de Dieu, ne sera-ce pas pour nous un motif puissant d'espérance ? N'est-ce pas à nous que s'adressent ces paroles du Sauveur : Heureux ceux qui sont miséricordieux, parce qu'ils obtiendront miséricorde ? Cette dévotion est le fruit de cette sublime charité dont parle saint Paul : Sur toutes choses revêtes-vous de la charité, qui est le lien de la perfection. Quand j'aurais une foi capable de transporter les montagnes, quand je parlerais le langage des Anges, si je n'ai pas la charité, je n'ai rien — Pesez bien ces dernières paroles : Si je n'ai pas la charité, je n'ai rien. Or, si nous négligeons, si nous délaissons les âmes du purgatoire, avons-nous la charité ? Si, après avoir lu cet ouvrage, qui, malgré ses nombreux défauts, nous donne une idée des souffrances de ces âmes, des motifs et des moyens de les soulager ; si, après avoir acquis ces lumières, dont la privation nous rendait peut-être excusables, nous continuons à ne rien faire pour nos frères souffrants, pouvons-nous nous rendre le témoignage que nous avons la charité ? Pouvons-nous, la main sur la conscience, nous flatter que nous aimons Dieu de toutes nos forces, que nous aimons notre prochain comme nous-mêmes ? Où donc serait la preuve de cet amour, si l'œuvre la plus agréable à Dieu et la plus utile à notre prochain nous trouve insensibles ; si, pouvant si aisément procurer la gloire de Dieu et le plus grand soulagement à nos frères, nous n'en faisons rien ?... Mais ne nous appesantissons pas sur cette pensée ; c'est sans doute inutile, puisque tous les lecteurs de cet ouvrage n'ignorent plus les immenses avantages attachés à la dévotion pour les âmes du purgatoire ; l'intérêt de la gloire de Dieu, l'intérêt de ces saintes âmes, et notre propre intérêt ; la charité, la justice, la reconnaissance ; tout se réunit pour faire aimer et pratiquer cette dévotion. Le peu de développement donné à ce sujet, si intéressant et si vaste, suffit pour inspirer à tout fidèle la résolution de s'occuper fréquemment de la pensée du purgatoire, dans le double but d'y porter du soulagement et de s'instruire à la vue de ces tourments infligés par un Dieu juste et saint, pour la satisfaction des moindres péchés. La prière pour les morts et la méditation des peines du purgatoire doivent nous faire prendre la ferme résolution de profiter de ce temps de miséricorde, de ces jours de propitiation que nous accorde la bonté divine, pour expier les peines temporelles dues à nos péchés : expiation si facile en cette vie ! tandis qu'en l'autre la justice seule règne, et exige une satisfaction entière avec la dernière rigueur ; le coupable ne pouvant plus ni mériter, ni rien offrir qui puisse adoucir sou malheureux sort.
Nous seuls, nous pouvons venir à son secours ; et, n'oublions pas qu'en satisfaisant pour ces âmes souffrantes, nous n'y perdons rien pour nous-mêmes, puisque par là nous nous préparons des protecteurs, des amis près de Dieu, dont il nous obtiendront les secours qui nous sont nécessaires dans cette terre d'exil et de combats. Offrons donc tous les jours, pour ces frères de l'église souffrante, le sang du divin Rédempteur, qui est répandu encore tous les jours sur nos autels pour eux. Recourons sans cesse au moyen si efficace des indulgences que l'Église permet d'appliquer à ces saintes âmes : prions et faisons des bonnes œuvres avec l'intention de satisfaire pour ces membres souffrants de Jésus-Christ : oh ! de quelle reconnaissance ne seront-ils pas pénétrés après leur délivrance ? Notre charité pour eux ne sera-t-elle pas récompensée au centuple ?
Tous les motifs présentés dans cet ouvrage ne suffisent-ils pas pour faire embrasser à tout chrétien cette dévotion ? hé bien ! en voici un dernier à la portée de tout le monde, et qui doit lever tout doute et ne laisser aucun prétexte à l'esprit le plus opiniâtre, au cœur le plus insensible. La prière la plus digne de notre vénération, la plus agréable à Dieu, est sans doute l'Oraison Dominicale, puisque c'est Jésus-Christ lui-même qui l'a composée et l'a apprise à ses disciples. Or, voici les trois premières demandes de cette prière du Sauveur : Que votre nom soit sanctifié, — que votre règne arrive, — que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel. N'entrons-nous pas dans l'esprit de ces trois demandes en priant pour les âmes du purgatoire ? En travaillant à leur obtenir quelque soulagement, à hâter le moment où elles pourront glorifier Dieu dans le ciel, ne travaillons-nous pas à faire sanctifier son nom, à avancer l'époque de l'établissement de son règne dans ces âmes comblées de ses grâces, et à procurer l'accomplissement de la volonté divine ? Et, si ces demandes ne sont pas une simple formule, mais nous imposent l'obligation de faire tout ce que nous pouvons pour produire ce qu'elles expriment, ne devons-nous pas en conclure que l'Oraison Dominicale contient un précepte, pour ainsi dire formel, de prier pour les âmes du purgatoire ? Du moins cette dévotion est un moyen sûr et infaillible de prouver à Dieu que nous désirons que son nom soit sanctifié dans ces saintes âmes, en leur procurant la gloire céleste ; que son règne arrive pour elles, et que sa volonté divine s'accomplisse, en les faisant jouir du bonheur pour lequel elles ont été créées, et en unissant par cette prière l'église de la terre, l'église militante avec les deux autres églises, souffrante et triomphante. Qu'il est bon, qu'il est doux à des frères d'être unis, s'écrie le Psalmiste : union en Dieu, établissement de son règne, gloire de l'adorable Trinité : telle est la fin de la prière pour les morts ; tel est le but que nous mous proposons en la faisant ; et tel est, par conséquent, un des moyens efficaces de prouver à Dieu que nous ne nous bornons pas à exprimer machinalement les désirs que contiennent les trois premières demandes du Pater, mais que nous voulons travailler réellement à procurer sa gloire en hâtant, par tout ce que nous faisons pour les morts, le moment où ils jouiront du bonheur éternel.
Tâchons donc, chacun comme nous le pourrons, d'entrer dans l'esprit des trois premières demandes de l'Oraison Dominicale, en secourant les âmes du purgatoire par le saint sacrifice de la messe, par la prière, par les indulgences, par les bonnes œuvres : souvenons-nous qu'en travaillant pour elles, c'est pour Jésus Christ que nous travaillons, puisqu'il nous dit : Je vous le dis en vérité, autant de fois que vous avez rendu ces devoirs à l'un des moindres de mes frères, soit sur la terre, soit dans le lieu d'expiation, c'est à moi-même que vous les avez rendus. — Et quelle sera la récompense de cette charité ? Tressaillez, âmes touchées de compassion pour vos frères souffrants, tressaillez de joie ; car voici la sentence que votre juge suprême prononcera : Venez, vous qui êtes bénis de mon Père, possédez le royaume qui vous a été préparé dès le commencement du monde !


Exemple


Nous sommes heureux de pouvoir, en finissant cet ouvrage, offrir à la jeunesse un modèle qu'elle s'empressera sans doute de suivre : c'est l'intéressant et pieux Hyacinthe Lecudon, mort en 1819 à l'âge de 16 ans : sa vie a été publiée dans les Souvenirs des petits séminaires, ouvrage dont on ne saurait assez recommander la lecture aux jeunes gens.
« Le soulagement des âmes détenues dans le purgatoire avait toujours été pour Hyacinthe une de ses plus chères dévotions ; il s'en occupa dans sa dernière maladie, jusqu'à s'oublier entièrement lui-même en faveur de ces pauvres âmes. Un de ses amis étant venu le voir lui demanda s'il voulait qu'on fit pour lui des prières particulières. « Non, répondit-il, je ne crains pas la mort ; mais qu'on prie pour les âmes du purgatoire. » Un autre jour, quelques congréganistes lui apprirent qu'on avait récité pour lui l'office de la sainte Vierge : « Qu'on a grand tort ! s'écria-t-il. On ferait bien mieux de prier pour les âmes du purgatoire. Je n'y souffre pas encore ; et peut-être avant que je meure pourriez-vous en délivrer quelqu'une. Il sera temps de penser à moi quand je serai à leur place. »
Quelques heures avant sa mort, il entretenait encore ses amis de l'état douloureux où sont les âmes du purgatoire. En parlant des flammes qui les tourmentent et les purifient, « je mériterais bien, d'y être précipité, disait-il, mais (en montrant avec un air de satisfaction l'image de la sainte Vierge qui était sous ses yeux) la bonne mère... ah ! elle est si bonne qu'elle me fera sauter par-dessus. » »
Inspice et fac secundùm exemplar ; regardez et faites selon ce modèle.


Indulgence applicable aux morts. — Indulgences accordées à perpétuité à tous les Fidèles qui dans l'intention d'honorer d'une manière particulière Jésus, Marie, Joseph, donneront à manger à trois pauvres, avec un cœur contrit et repentant,
Indulgence de sept ans et sept quarantaines pour chaque fois.
Indulgence plénière, si le même jour, s'étant confessé et ayant communié, on prie selon les intentions de l'Église.
Indulgence de cent jours pour chacun des domestiques de la personne qui fait cette œuvre de charité, pourvu qu'ils y contribuent, soit par leurs services, soit même par leur simple présence.
(Rescrits du 13 juin 1815)






Reportez-vous à Travailler à la conversion des âmes et à leur soulagement dans les flammes du Purgatoire, en l'honneur des saints Anges, Premier moyen propre à soulager les âmes du Purgatoire : Le Saint Sacrifice de la Messe, Deuxième moyen propre à secourir les âmes du Purgatoire : Prières, jeûnes, aumônes..., Les indulgences, troisième moyen propre à secourir les âmes du Purgatoire, Les différents moyens de soulager les morts, Méditation sur la piété envers les morts, toute chrétienne et cependant inutile, Méditation sur les défauts qui rendent infructueuse notre piété envers les morts, Méditation sur la peine qu'on endure dans le purgatoire, Exercice sur les quatorze stations du chemin de la Croix pour les âmes du Purgatoire, Sentiments et prières à l'occasion de la mort d'une personne qui nous était spécialement chère, Litanies pour les Fidèles Trépassés, Chapelet pour le repos des âmes du Purgatoire, Méditation pour le Jour de la Commémoration des morts, Défendre le Cimetière, Bénédiction du Cimetière, Puissance des démons sur les morts, Nos devoirs à l'égard du Cimetière, Tu es poussière et tu retourneras en poussière, Le Jour de la Toussaint : Méditation sur le bonheur du ciel, 1re Méditation pour la Fête de Tous les Saints : Bienheureux les pauvres d'esprit, parce que le royaume des cieux est à eux, 2e Méditation pour la Fête de Tous les Saints : J’entendis dans le ciel comme la voix d'une grande multitude, 3e Méditation pour la Fête de Tous les Saints : Application des sens, Enseignement de l'Église sur le Purgatoire, Méditation pour le jour des morts, Litanies de la bonne mort, La Sainte Vierge Marie, Mère de Miséricorde, Dévotion en faveur des âmes du Purgatoire, Les indulgences pour les fidèles défunts, Offrir sa journée pour les âmes du Purgatoire, La pensée du Purgatoire doit nous inspirer plus de consolation que d'appréhension, Nous devons secourir tous les morts, même ceux que nous croyons déjà au Ciel, Méditation sur la durée des souffrances du purgatoire et l'oubli des vivants à l'égard des morts, Nous devons secourir tous les morts, même ceux que nous croyons déjà au Ciel, Être en état de grâce pour que nos prières soient utiles aux âmes du Purgatoire, Quelles sont les âmes qui vont en purgatoire, La pensée du Purgatoire nous instruit sur la gravité du péché véniel, De la méditation de la mort, La pensée du purgatoire nous prouve la folie de ceux qui ne travaillent pas à l'éviter, Pour éviter le purgatoire endurons nos afflictions en esprit de pénitence, Le Purgatoire, motif de patience dans les maladies, Méditation sur les motifs qui doivent nous engager à secourir les âmes du purgatoire (1/4), Vision de l'Enfer de Sainte Thérèse d'Avila, La voie qui conduit au Ciel est étroite, et Litanie pour les âmes du Purgatoire.















jeudi 22 novembre 2018

GRAND CATÉCHISME HISTORIQUE (pour adulte), contenant en abrégé l'Histoire Sainte et la Doctrine Chrétienne, Leçon XXXIX : De la Passion de Jésus-Christ



PREMIÈRE PARTIE


Contenant en abrégé l'Histoire Sainte et la Doctrine Chrétienne



LEÇON XXXIX


De la Passion de Jésus-Christ




   
Jésus-Christ étant au jardin des Oliviers, se représenta ce qu'il allait souffrir, et laissant agir la nature il fut saisi d'une peur et d'une tristesse extrême, et tomba sur le visage, suant des gouttes de sang dont la terre fut trempée. Il pria son Père par trois fois de détourner de lui ce calice, c'est-à-dire, ces souffrances ; et à chaque fois il ajouta ; Néanmoins que votre volonté soit faite, et non pas la mienne. Cependant Judas amena dans le jardin, une grande troupe de gens armés, envoyés par les Sacrificateurs et les Sénateurs : ils prient Jésus, le lièrent, et le menèrent chez Caïphe, souverain Pontife. Mais Jésus fit voir par plusieurs miracles, qu'ils ne l'eussent pas pris, s'il ne l'eût voulu. Tous les Disciples l'abandonnèrent et s'enfuirent. Il ne répondit rien à plusieurs faux témoins qu'on produisit contre lui, ni aux questions du Pontife, sinon lorsqu'il l'interrogea juridiquement, s'il était le Christ Fils du Dieu vivant : alors il déclara hautement qu'il l'était ; ce qu'ils reçurent comme un blasphème, dirent que Jésus était digne de mort, et l'abandonnèrent à des valets insolents, qui le maltraitèrent le reste de la nuit, lui donnant des soufflets et lui faisant deviner qui l'avait frappé. Le lendemain ils le menèrent à Ponce-Pilate, Gouverneur de la Judée pour l'empereur Tibère, lui disant que c'était un homme séditieux, qui révoltait tout le pays, qui se disait Roi, et défendait de payer le tribut à l'Empereur, quoiqu'il eût enseigné tout le contraire. Jésus garda aussi le silence devant Pilate, qui, ne trouvant point de preuves contre lui, chercha divers moyens pour éviter de le juger. Ayant appris qu'il était Galiléen, il le renvoya à Hérode Antipas, fils du vieux Hérode, qui était Tétrarque de Galilée, et qui avait grande curiosité de le voir, espérant qu'il ferait quelque miracle en sa présence. Mais Jésus n'y dit pas une parole, et y fut traité d'insensé. Pilate voulut encore, pour sauver Jésus, se servir de la coutume de délivrer un prisonnier à la fête de Pâque ; mais les Juifs aimèrent mieux qu'il délivrât Barrabas, qui était un voleur et un meurtrier. Enfin, voulant les contenter, sans faire mourir Jésus, il le fit fouetter, puis l'abandonna à ses soldats, qui lui mirent sur la tête une couronne d'épines, le couvrirent d'un vieux manteau de pourpre, et lui donnèrent un roseau à la main au lieu de sceptre : En cet équipage ils venaient le saluer Roi par dérision, lui donnaient des soufflets, et lui crachaient au visage.



Reportez-vous à Leçon I : De la Création, Leçon II : Du péché, Leçon III : De la corruption du Genre humain et du déluge, Leçon IV : De la Loi de Nature, Leçon V : Du Patriarche Abraham, Leçon VI : Des autres Patriarches, Leçon VII : De la servitude d’Égypte, Leçon VIII : De la Pâque, Leçon IX : Du voyage dans le désert, Leçon X : Des dix Commandements, Leçon XI : De l'alliance de Dieu avec les Israélites, Leçon XII : Des infidélités du peuple dans le désert, Leçon XIII : Des derniers discours de Moïse, Leçon XIV : De l'établissement du peuple dans la terre promise, Leçon XV : De l'Idolâtrie, Leçon XVI : De David et du Messie, Leçon XVII : De Salomon et de sa sagesse, Leçon XVIII : Du Schisme des Tribus ou de Samarie, Leçon XIX : Des Prophètes, Leçon XX : Des Prophéties, Leçon XXI : De la captivité de Babylone, Leçon XXII : Du rétablissement des Juifs après la captivité, Leçon XXIII : De la persécution d'Antiochus et des Macchabées, Leçon XXIV : De l'état où était le monde à la venue du Messie, Leçon XXV : Comment le Messie était attendu des Juifs, Leçon XXVI : De la Naissance de Jésus-Christ, Leçon XXVII : De l'enfance de Jésus-Christ, Leçon XXVIII : De Saint Jean-Baptiste, Leçon XXIX : De la vocation des Apôtres, Leçon XXX : Des miracles de Jésus-Christ, Leçon XXXI : Des vertus de Jésus-Christ, Leçon XXXII : De la Doctrine de Jésus-Christ et premièrement de la Trinité et de l'Incarnation, Leçon XXXIII : De l'amour de Dieu et du prochain, Leçon XXXIV : Des Conseils, de la Grâce et de la Prière, Leçon XXXV : De l'état des Fidèles dans la vie présente, Leçon XXXVI : De la vie du siècle futur, Leçon XXXVII : Des ennemis de Jésus, Leçon XXXVIII : De la Cène de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Leçon XL : De la mort de Jésus-Christ, Leçon XLI : De la Résurrection et de l'Ascension de Jésus-Christ, Leçon XLII : De la descente du Saint-Esprit, Leçon XLIII : De l’Église de Jérusalem, Leçon XLIV : De la Persécution des Juifs, et de la Conversion des Samaritains, Leçon XLV : De la Conversion des Gentils, Du dessein et de l'usage de ce Catéchisme, Première partie du Petit Catéchisme Historique, contenant en abrégé l'Histoire Sainte, Deuxième partie du Petit Catéchisme Historique, contenant en abrégé l'Histoire Chrétienne.













mardi 20 novembre 2018

Deuxième moyen propre à secourir les âmes du Purgatoire : Prières, jeûnes, aumônes...







Méditation pour le 20 novembre

Deuxième moyen propre à secourir les âmes du purgatoire


Prières, jeûnes, aumônes, etc.



La coutume de prier pour les morts n'est pas nouvelle ; les Pères les plus anciens en font mention. Voici comment saint Augustin en parle dans un de ses sermons : « Nos pères nous ont laissé cette tradition, qui est observée dans toute l'Église, c'est qu'il y ait un temps, lorsqu'on offre le sacrifice, où l'on prie pour ceux qui sont morts dans la communion du corps et du sang de J.-C. L'on prie alors expressément pour les morts, et l'on ne peut douter qu'ils n'en retirent du soulagement ; ce n'est point inutilement que l'Église prie pour eux. » Toutes les paroles de saint Augustin sont dignes d'être remarquées. 1°. Il nous apprend l'antiquité de la tradition : on n'en connaît point le commencement ; par conséquent, selon les principes de saint Augustin, c'est une tradition qui vient des Apôtres. 2°. Cette tradition est suivie par toute l'Église : la prière pour les morts est enseignée et pratiquée dans toute l'Église. Or l'Église, qui est la colonne et le fondement de la vérité, ne peut enseigner, ni pratiquer que ce qu'elle a reçu de J.-C. et des Apôtres. 3°. On prie pour ceux qui sont morts dans la communion du corps et du sang de J.-C. Il faut être mort dans le sein de l'Église, être un de ses membres et lui appartenir pour avoir part à ses prières. 4°. On ne peut pas dire qu'une si sainte et si ancienne pratique soit inutile ; elle est d'un grand fruit pour les morts ; et c'est pour cela que la piété chrétienne doit nous engager à procurer aux morts un secours que le Seigneur a laissé en notre pouvoir et qui leur est d'une grande utilité. — Mais si nous nous étendons sur ce passage de saint Augustin, ce n'est que pour l'édification des Fidèles et nullement pour leur instruction : ils connaissent l'utilité de la prière pour les morts, et même en se faisant un de leurs devoirs essentiels d'offrir tous les jours avec l'Église le saint sacrifice pour eux, ils savent que, si c'est là un moyen sûr de les soulager, ils ont encore bien d'autres moyens qu'ils peuvent mettre en usage pour venir puissamment au secours des âmes du purgatoire. C'est ainsi qu'après le sacrifice de l'autel, ils attachent le plus haut prix à tout ce qui tient à ce divin holocauste, la communion sacramentelle et spirituelle, les visites au saint Sacrement, l'oblation de l'adorable victime, même hors le temps et le lieu où elle est solennellement immolée. Ces pratiques, aussi salutaires que douces et consolantes, tiendront le premier rang parmi les dévotions qu'une piété éclairée doit se proposer, parce qu'elles sont conformes à l'esprit dans lequel le Sauveur du monde institua cet auguste Sacrement. Sa présence réelle au milieu de nous, jusqu'à la consommation des siècles, n'annonce-t-elle pas clairement le désir, l'empressement où il est de s'unir à nous et de faire droit à nos humbles requêtes. L'Eucharistie est proprement le siège, le trône de son amour. C'est donc dans le secret de sa face, ou dans le silence de son sanctuaire, et quand vous le possédez au-dedans de vous-mêmes que vous devez lui confier le vif intérêt que vous prenez à ces morts, qui lui sont encore infiniment plus chers qu'à vous. Pourrait-il vous refuser leur soulagement, leur délivrance lorsque vous les lui recommandez dans des moments si précieux, lui qui se donne à vous avec tant de générosité, lui qui se plaît à vous voir attendris, pleins de charité et de compassion pour des âmes qu'il chérit : ce n'est plus vous qui priez, c'est J.-C. qui prie, qui gémit en vous, qui implore la clémence d'un juge qui ne cherche qu'à être apaisé. Communiez donc pour les morts ; visitez souvent le Dieu eucharistique ; adressez-vous sans cesse à son divin cœur ; il est impossible que ce ne soit un moyen efficace pour adoucir les peines de ces âmes rachetées par le sang adorable de ce même Dieu eucharistique.
Nous ne parlerons pas des autres prières, des offices de l'Église pour les morts, des Psaumes, du Pater, de l'Ave et du Chapelet : ce sont autant de moyens excellents de soulager nos frères souffrants, pourvu que toute prière quelconque soit faite avec les sentiments de piété, d'attention, de dévotion, de compassion qui doivent accompagner toutes les prières, et en particulier celles pour les morts ; autrement ce serait vouloir, par de nouveaux péchés, satisfaire pour les péchés de nos frères.
La prière nous offre sans doute des moyens nombreux d'intercéder près de Dieu pour les âmes du purgatoire, et ce serait manquer à ce qu'on doit aux morts que de les priver d'un secours aussi efficace que celui du sacrifice et de la prière ; mais ce serait bien peu connaître les secours que nous pouvons leur procurer que de les borner ainsi ; car la bonté et la miséricorde de Dieu sont si étendues qu'il reçoit, comme satisfactions pour le compte de ces âmes, toutes les bonnes œuvres, tous les actes de vertu que pratique un chrétien. Tout ce que nous pouvons faire d'agréable à Dieu nous sert à payer leurs dettes, pourvu que nous soyons en état de grâce : parce qu'alors toutes nos bonnes œuvres sont vivantes, fructifient et satisfont pour nous et pour elles ; en un mot, elles sont méritoires, salutaires et efficaces, si elles partent d'un cœur bon, pur, innocent, qui soit dans un état d'amitié avec Dieu.
Ainsi l'aumône, le jeûne, la mortification, l'abstinence, la pratique des vertus chrétiennes, etc., etc., tout cela peut et doit être offert à Dieu, comme des œuvres satisfactoires, en faveur des morts. En dressant notre intention pour en faire cette application, l'aumône, tout en rachetant nos péchés, rachète aussi ceux de ces âmes. Si vous n'avez pas le moyen de faire des aumônes, dirigez à cette fin les bons services que vous rendez au prochain, vos travaux, vos occupations ; offrez-les à Dieu pour en appliquer tout le mérite à ces âmes. Jeûnez, si vous pouvez ; sinon privez-vous de quelque chose, de quelque plaisir, de quelque divertissement ; jeûnez en vous abstenant de paroles inutiles, médisantes, etc., etc., offrez vos peines, vos afflictions, vos maladies, les maux que vous endurez en cette vie, en les acceptant avec résignation ; appliquez-en le mérite aux âmes du purgatoire, et remerciez la Providence de ce qu'elle vous met à même d'ouvrir le ciel à tant d'âmes auxquelles vous pouvez apporter quelque soulagement par votre généreux sacrifice. Pourriez-vous avoir une plus belle occasion de glorifier le Seigneur, puisque, par là, vous procurez à vos frères la possession du ciel ? Ce que saint Jacques dit de la charité envers les orphelins et les veuves, avec quel fondement de vérité ne pouvons-nous pas le dire de cette dévotion envers les âmes du purgatoire ? « La religion pure et sans tache aux yeux de Dieu notre Père, consiste à visiter les orphelins et les veuves dans leur affliction, et à se conserver pur de la corruption du siècle présent. » « La charité (dirons-nous avec saint Pierre, aux fidèles qui pratiquent cette dévotion), La charité couvre beaucoup de péchés. Ceux qui souffrent selon la volonté de Dieu, persévérant dans les bonnes œuvres, remettent leurs âmes entre les mains de celui qui est leur créateur, et qui leur sera fidèle. »


CONSIDÉRATION

Il n'est donc pas pour ainsi dire de moment en notre vie, où nous ne puissions secourir les âmes du purgatoire, si nous avons soin de nous conserver en état de grâce, et d'offrir, à cette intention, toutes nos actions à Dieu. Ainsi ce n'est pas seulement au saint sacrifice de la messe, au pied du trône du Dieu eucharistique, ou lorsque nous prions avec ferveur, que nous exerçons cette charité sublime ; nous remplissons même ce devoir en offrant nos bonnes œuvres quelconques, le plus petit acte de vertu ! que cette considération influe sur toute notre conduite, et que la pensée du soulagement que nous pouvons si aisément apporter à ces saintes âmes, soit pour nous un motif de ne perdre jamais l'amitié de Dieu.


ORAISON DE L’ÉGLISE

Ô Dieu, qui pardonnez aux pécheurs, et qui aimez le salut des hommes, nous supplions votre bonté d'accorder à tous ceux qui sont nos frères par le lien d'une société particulière, à nos proches et à nos bienfaiteurs, qui sont sortis de ce inonde, qu'étant aidés par l'intercession de la bienheureuse Marie toujours Vierge, et de tous les Saints, ils soient admis avec eux à la participation de la béatitude éternelle. Par Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.


Indulgence applicable aux morts. — Quand on récite avec un cœur contrit l'oraison Ô mon Dieu ! qui avez voulu, etc. (voyez ci-dessous), en y ajoutant cinq Pater, Ave et Gloria, en l'honneur de la passion et de la mort de N.-S. J.-C., on gagne une indulgence de trois cents jours, une fois par jour, et une indulgence plénière quand on l'aura récitée tous les jours du mois et qu'on se confesse et qu'on communie un des trois derniers jours du mois et qu'on prie selon les intentions de l'Église. (Décret du 25 août 1820)


« Ô mon Dieu ! qui avez voulu, pour la rédemption du monde, naître dans une crèche, être circoncis, réprouvé par les Juifs, trahi par un baiser sacrilège du perfide Judas, lié comme un innocent agneau qui doit être immolé, traîné honteusement devant les tribunaux d'Anne, de Caïphe, de Pilate et d'Hérode, accusé par de faux témoins, souffleté, couvert de crachats, frappé de verges, couronné d'épines, tourné en dérision, rassasié d'opprobres et d'ignominies, enfin, dépouillé de vos habits, attaché avec des clous sur une croix, placé entre deux larrons, abreuvé de fiel et de vinaigre, et percé par le fer d'une lance ; aimable Sauveur ainsi immolé pour consommer l'œuvre sublime de notre rédemption, en nous arrachant à la triple servitude du péché, du démon et de l'enfer ; je vous en conjure, par tant de supplices atroces, endurés par amour pour moi, et dont le souvenir sera toujours présent à mon cœur ingrat, je vous en conjure par votre croix et votre mort, délivrez-moi des peines de l'enfer, et daignez m'introduire avec le larron pénitent, crucifié avec vous, dans ce royaume céleste où vous vivez et régnez avec Dieu le Père et le Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il. »




Reportez-vous à Premier moyen propre à soulager les âmes du Purgatoire : Le Saint Sacrifice de la Messe, Les indulgences, troisième moyen propre à secourir les âmes du Purgatoire, Méditation sur la Loi du jeûne, Travailler à la conversion des âmes et à leur soulagement dans les flammes du Purgatoire, en l'honneur des saints Anges, Pour que le nom de Dieu soit sanctifié, pour que son règne arrive, et pour que sa volonté soit faite sur la terre comme au ciel, secourons les âmes du Purgatoire, Méditation sur la piété envers les morts, toute chrétienne et cependant inutile, Méditation sur les défauts qui rendent infructueuse notre piété envers les morts, Méditation sur la peine qu'on endure dans le purgatoire, Exercice sur les quatorze stations du chemin de la Croix pour les âmes du Purgatoire, Sentiments et prières à l'occasion de la mort d'une personne qui nous était spécialement chère, Litanies pour les Fidèles Trépassés, Chapelet pour le repos des âmes du Purgatoire, Méditation pour le Jour de la Commémoration des morts, Défendre le Cimetière, Bénédiction du Cimetière, Puissance des démons sur les morts, Nos devoirs à l'égard du Cimetière, Tu es poussière et tu retourneras en poussière, Le Jour de la Toussaint : Méditation sur le bonheur du ciel, 1re Méditation pour la Fête de Tous les Saints : Bienheureux les pauvres d'esprit, parce que le royaume des cieux est à eux, 2e Méditation pour la Fête de Tous les Saints : J’entendis dans le ciel comme la voix d'une grande multitude, 3e Méditation pour la Fête de Tous les Saints : Application des sens, Enseignement de l'Église sur le Purgatoire, Méditation pour le jour des morts, Litanies de la bonne mort, La Sainte Vierge Marie, Mère de Miséricorde, Dévotion en faveur des âmes du Purgatoire, Les indulgences pour les fidèles défunts, Offrir sa journée pour les âmes du Purgatoire, La pensée du Purgatoire doit nous inspirer plus de consolation que d'appréhension, Nous devons secourir tous les morts, même ceux que nous croyons déjà au Ciel, Méditation sur la durée des souffrances du purgatoire et l'oubli des vivants à l'égard des morts, Nous devons secourir tous les morts, même ceux que nous croyons déjà au Ciel, Être en état de grâce pour que nos prières soient utiles aux âmes du Purgatoire, Les différents moyens de soulager les morts, Quelles sont les âmes qui vont en purgatoire, La pensée du Purgatoire nous instruit sur la gravité du péché véniel, De la méditation de la mort, La pensée du purgatoire nous prouve la folie de ceux qui ne travaillent pas à l'éviter, Pour éviter le purgatoire endurons nos afflictions en esprit de pénitence, Le Purgatoire, motif de patience dans les maladies, Méditation sur les motifs qui doivent nous engager à secourir les âmes du purgatoire (1/4), Vision de l'Enfer de Sainte Thérèse d'Avila, La voie qui conduit au Ciel est étroite, et Litanie pour les âmes du Purgatoire.














Adjutricem populi, de Sa sainteté le Pape Léon XIII, pour le retour des dissidents par le Saint Rosaire




ADJUTRICEM POPULI


LETTRE ENCYCLIQUE DE N. T. S. P. LÉON XIII


PAPE PAR LA DIVINE PROVIDENCE


POUR LE RETOUR DES DISSIDENTS PAR LE SAINT ROSAIRE


AUX PATRIARCHES, PRIMATS, ARCHEVÊQUES, ÉVÊQUES


ET AUTRES ORDINAIRES, EN PAIX ET COMMUNION

AVEC LE SIÈGE APOSTOLIQUE


(5 septembre 1895)




À nos vénérables frères les patriarches, primats, archevêques, évêques et autres ordinaires, en paix et communion avec le Siège apostolique.

LÉON XIII, PAPE

Vénérables Frères, Salut et bénédiction apostolique.


II convient de célébrer par des éloges toujours plus magnifiques et d'implorer avec une confiance toujours plus vive la Vierge Mère de Dieu, puissante et très miséricordieuse auxiliatrice du peuple chrétien. En effet, les motifs de confiance et de louange se multiplient avec ce trésor varié de bienfaits tous les jours plus abondants, répandus de tous côtés par Marie pour le bien commun.

Et, en retour d'une telle munificence, les catholiques n'omettent certes pas les devoirs d'un très profond dévouement ; car, autant que jamais, malgré la grande rigueur de ce temps pour la religion, il nous est donné de voir l'amour et le culte de la Bienheureuse Vierge s'accroître et s'enflammer dans toute la société. Un témoignage éclatant de ce fait se trouve dans le rétablissement et la multiplication générale des Confréries établies sous son patronage ; dans la construction de somptueux monuments dédiés à son auguste nom ; dans les pèlerinages, à ses temples les plus vénérés, accomplis par des foules très pieuses ; dans la tenue de Congrés dont les délibérations ont pour objet d'accroître sa gloire ; dans d'autres manifestations de ce genre, excellentes en elles-mêmes et d'un heureux augure pour l'avenir.

Et, fait remarquable qu'il Nous est bien doux de rappeler, parmi les formes multiples de cette piété envers Marie, déjà le Rosaire, ce mode de prière si excellent, est de plus en plus estimé et pratiqué. C'est, disons-Nous, une très grande joie pour Nous ; car, si Nous avons consacré une grande part de Nos sollicitudes à propager la dévotion du Rosaire, Nous constatons manifestement avec quelle bienveillance la Reine du ciel, ainsi invoquée, a répondu à Nos vœux, et Nous espérons qu'elle voudra ainsi adoucir les douleurs et les amertumes que doivent Nous apporter les jours prochains.

Mais c'est surtout pour l'extension du royaume du Christ que Nous attendons de la puissance du Rosaire un secours plus efficace. Le but que Nous poursuivons très ardemment à l'heure actuelle est la réconciliation des peuples séparés de l'Église, à maintes reprises Nous l'avons indiqué ; mais, en môme temps, Nous avons déclaré que le succès doit être cherché surtout par les prières et les supplications adressées à la Toute-Puissance divine. Cette conviction, Nous l'avons affirmée récemment encore à l'occasion des solennités de la Pentecôte, en recommandant d'adresser, à cette intention, des prières spéciales au divin Esprit : à cette invitation, on a répondu partout avec un grand empressement. Mais, étant donnée l'importance de ce projet très difficile et la persévérance nécessaire à toute vertu, le conseil de l'Apôtre : Persévérez dans la prière, est très à propos ; d'autant plus que les heureux débuts de l'entreprise semblent un doux encouragement à cette insistance dans la prière. Aussi. Vénérables Frères, rien ne sera plus utile à cette entreprise ni plus agréable pour Nous si, durant tout le mois d'octobre prochain, vous et vos peuples, vous invoquez instamment la Vierge Mère par la récitation du Rosaire dans les formes prescrites. Car Nous avons de puissants motifs pour confier avec la plus grande espérance à sa protection Nos projets et Nos vœux.

Le mystère de la très grande charité du Christ envers nous est clairement mis en lumière par ce fait qu'il a voulu, à sa mort, laisser sa Mère à son disciple Jean, par ce testament mémorable : Voici votre fils. Or, en la personne de Jean, selon le sentiment constant de l'Église, le Christ a désigné le genre humain, et, plus spécialement, ceux qui s'attacheraient à Lui par la foi. C'est dans ce sens que saint Anselme de Cantorbéry a dit : Ô Vierge, quel privilège peut être plus estimé que celui par lequel tu es la Mère de ceux dont le Christ daigne être le Père et le Frère ?

Marie a assuré et rempli généreusement cette grande fonction et cette mission laborieuse dont les débuts furent consacrés au cénacle. Elle a admirablement soutenu les commencements du peuple chrétien, par la sainteté de son exemple, l'autorité de ses conseils, la douceur de ses encouragements, l'efficacité de ses saintes prières ; vraiment Mère de l'Église, Docteur et Reine des apôtres, à qui Elle communiqua également une part des divins oracles qu'Elle conservait dans son cœur.

Il serait impossible de dire tout ce qu'Elle a ajouté d'étendue et d'efficacité à ces secours, lorsqu'Elle a été élevée, auprès de son Fils, à ce faîte de la gloire céleste qui convenait à sa dignité et à l'éclat de ses mérites. Car de là, selon les desseins de Dieu, Elle a commencé à veiller sur l'Église, à nous assister et à nous protéger comme une Mère, de sorte qu'après avoir été coopératrice de la Rédemption humaine, Elle est devenue aussi, par le pouvoir presque immense qui lui a été accordé, la dispensatrice de la grâce qui découle de cette Rédemption pour tous les temps. Aussi est-ce avec raison que les âmes chrétiennes se portent vers Marie, obéissant comme à une impulsion naturelle ; c'est pour cela qu'elles lui communiquent avec confiance leurs pensées et leurs œuvres, leurs angoisses et leurs joies, et qu'elles se recommandent elles-mêmes, avec tout ce qui est à elles, à sa sollicitude et à sa bonté, avec un abandon tout filial.

C'est de là aussi que s'élèvent son droit de nombreuses louanges de tout pays et de tout rite, se multipliant à travers les siècles : tels que les titres qui lui sont donnés de notre Mère, notre Médiatrice, de Réparatrice du monde entier, de Dispensatrice des dons de Dieu.

Et puisque le fondement et le principe des dons divins, par lesquels l'homme est élevé au-dessus de l'ordre de la nature vers les biens éternels, est la foi, pour acquérir cette foi et pour la faire fructifier, c'est à bon droit qu'on proclame l'excellence de l'action secrète de Celle qui a engendré l'Auteur de la foi, et qui, en raison de sa foi, a été saluée Bienheureuse : Personne, ô Vierge très sainte, n'est rempli de la connaissance de Dieu que par vous ; personne n'est sauvé que par vous, ô Mère de Dieu ; personne n'obtient un don de la Miséricorde que par vous.

Et certes, il ne paraîtra pas exagéré d'affirmer que c'est surtout sous sa conduite et avec son aide, que la sagesse et la doctrine évangélique se sont répandues si rapidement à travers des obstacles et des difficultés immenses, dans l'universalité des nations, fondant partout un nouvel ordre de justice et de paix. C'est ce qui a inspiré l'âme et la prière de saint Cyrille d'Alexandrie, lorsqu'il s'adresse en ces termes à la Vierge : Par vous les apôtres ont prêché aux nations la doctrine du salut ; par vous, la Croix bénie est célébrée et adorée dans le monde entier ; par vous les démons sont mis en fuite et l'homme lui-même est rappelé au ciel ; par vous, toute créature retenue dans les erreurs de l'idolâtrie est ramenée à la connaissance de la vérité ; par vous, les fidèles sont parvenus au saint baptême, et dans toute nation des Églises ont été fondées.

Bien plus, comme l'a proclamé le même docteur, c'est Elle qui a donné et consolidé le sceptre de la vraie foi, et Elle n'a cessé de s'employer à maintenir, parmi les peuples, ferme, intacte et féconde, la foi catholique. Il existe sur ce point des preuves nombreuses et assez connues, et qui ont éclaté parfois d'une manière admirable.

Ce fut surtout aux époques et dans les pays où il y avait à déplorer l'alanguissement de la foi par suite de l'indifférence, ou son ébranlement par le fléau pernicieux des erreurs, que le secours miséricordieux de l'auguste Vierge se fit sentir. Alors, grâce à son impulsion et à son appui, des hommes éminents en sainteté et en zèle apostolique se sont levés pour repousser les efforts des méchants, pour ramener et exciter les esprits à la piété de la vie chrétienne.

Puissant à lui seul comme un grand nombre, Dominique de Guzman se consacra à cette double tâche, ayant, mis avec succès sa confiance dans le rosaire de Marie. Et personne ne peut mettre en doute quelle grande part a la Mère de Dieu dans les services rendus par les vénérables Pères et Docteurs de l'Église, qui ont travaillé avec un zèle si remarquable à la défense et à la manifestation de la vérité catholique.

C'est à Celle, en effet, qui est le Siège de la divine sagesse qu'ils rapportent avec reconnaissance la féconde inspiration de leurs écrits, et c'est par Elle, par conséquent, et non par eux-mêmes, que la malice des erreurs, comme ils le proclament, a été confondue. Enfin les Princes et les Pontifes romains, gardiens et défenseurs de la foi, les uns dans la direction de leurs guerres saintes, les autres dans la promulgation de leurs décrets solennels, ont toujours imploré le nom de la divine Mère, et n'ont jamais manqué d'en éprouver la puissance et la faveur.

C'est pourquoi, avec autant de vérité que de magnificence, l'Église et les Pères rendent gloire à Marie : Salut, ô bouche toujours éloquente des apôtres, ô solide fondement de la foi, rempart inébranlable de l'Église ; salut, ô vous par qui nous avons été inscrits au nombre des citoyens de l'Église une, sainte, catholique et apostolique : salut, source divine, grâce à laquelle les fleuves de la sagesse divine, roulant les eaux très pures et très limpides de l'orthodoxie, refoulent le flot des erreurs. Réjouissez-vous, parce que, seule, vous avez détruit toutes les hérésies dans le monde entier.

Cette part considérable qu'eut la Très Sainte Vierge dans l'expansion, les combats, les triomphes de la foi catholique, rend plus évident le plan divin à son égard et doit éveiller chez tous les hommes de bien une grande espérance pour ce qui est aujourd'hui dans les vœux de tous.

Il faut se confier à Marie, il faut supplier Marie ! Que ne pourra-t-Elle pas pour réaliser par sa puissance ce relèvement si désirable de la religion, qui mettrait les esprits d'accord par la profession de la même foi dans toutes les nations chrétiennes, et qui unirait les volontés par le lien de la charité parfaite ? Que ne voudra-t-Elle pas faire pour que les nations, dont son Fils unique a instamment demandé à son Père l'union la plus étroite, et qu'il a appelées par un seul baptême au même héritage de salut acquis à un prix d'une valeur infinie, se dirigent toutes ensemble vers son admirable lumière ? Combien ne voudra-t-Elle pas déployer de tendresse et de prévoyance soit pour alléger les longues fatigues que ce souci impose à l'Église, l'épouse du Christ, soit pour réaliser dans la famille chrétienne ce bienfait de l'unité qui est le fruit insigne de sa maternité ?

L'espoir de la prochaine réalisation de ces biens semble confirmé par l'opinion et la confiance qui grandissent dans les âmes pieuses, que Marie sera l'heureux lien par la forte et douce énergie duquel tous ceux qui aiment le Christ, partout où ils se trouvent, formeront un seul peuple de frères, obéissant, comme à un Père commun, à son Vicaire sur la terre, le Pontife romain.

Ici la pensée se reporte, d'elle-même, à travers les fastes de l'Église, vers les magnifiques exemples de l'antique unité, et s'arrête plus volontiers aux souvenirs du grand Concile d'Éphèse. La souveraine communauté de foi, la participation aux mêmes sacrements qui unissait alors l'Orient et l'Occident, parut en effet s'affirmer alors avec une fermeté singulière, et briller d'une gloire plus pure, lorsque les Pères du Concile, ayant régulièrement sanctionné le dogme qui déclare la sainte Vierge Mère de Dieu, la nouvelle de cet événement, sortant de la très religieuse cité transportée de joie, remplit tout l'univers chrétien de la même allégresse.

Toutes ces raisons, qui soutiennent et développent la confiance d'être exaucé par la puissante et très bonne Vierge, doivent être comme autant de stimulants qui excitent le zèle que Nous demandons aux catholiques pour la prier. Qu'ils réfléchissent combien ce zèle est beau, combien il leur sera utile à eux-mêmes, combien il sera doux et agréable à la Sainte Vierge. Car, possédant l'unité de la foi, ils manifestent ainsi qu'ils estiment grandement, et a bon droit, la valeur de ce bienfait, et qu'ils veulent le garder très précieusement. Or, ils ne peuvent mieux manifester leur amour fraternel, à l'égard des dissidents, que s'ils leur viennent puissamment en aide pour recouvrer le seul bien, le plus grand de tous. Cette affection fraternelle, vraiment chrétienne, qui survit dans toute l'histoire de l'Église, a toujours demandé sa principale force à la Mère de Dieu, qui est le meilleur artisan de la paix et de l'unité.

Saint Germain de Constantinople l'invoquait en ces termes : Souvenez-vous des chrétiens qui sont vos serviteurs, recommandez les prières de tous, aidez les espérances de tous ; affermissez la foi, unissez les Églises entre elles. Les Grecs lui adressent encore cette prière : Ô Vierge très pure, à qui il a été donné d'approcher sans crainte de votre Fils, priez-le, ô Vierge très sainte, pour qu'il accorde la paix an monde, et qu'il inspire même esprit à toutes les Églises, et tous, nous vous glorifierons.

Ici s'offre un motif spécial pour lequel la Sainte Vierge doit écouter plus favorablement Nos prières en faveur des nations dissidentes ; c'est que ces nations, et surtout les nations orientales, ont jadis bien mérité d'Elle. C'est à elles qu'on doit pour beaucoup la propagation et l'accroissement de son culte ; c'est chez elles qu'ont vécu de véritables apologistes et défenseurs de sa dignité, des panégyristes illustres par l'ardeur et la suavité de leur éloquence, des impératrices très agréables à Dieu, qui ont imité l'exemple de la Vierge très pure, l'ont célébrée par leur munificence, et ont élevé, en son honneur, des édifices et des basiliques avec une pompe royale.

Il Nous plaît d'ajouter quelque chose qui n'est pas étranger au sujet, et qui est glorieux pour la Sainte Mère de Dieu. Personne n'ignore que beaucoup de ses images, à diverses époques, ont été apportées d'Orient en Occident, surtout en Italie et à Rome ; nos pères les ont recueillies avec un souverain respect et les ont honorées magnifiquement, et leurs enfants s'appliquent, à l'envi, à entourer de la même piété ces images très sacrées.

L'esprit aime à reconnaître dans ce fait comme un augure de bienveillance et de faveur de la part d'une Mère si attentive. Car il semble signifier que ces images sont chez nous comme les témoins des temps où la famille chrétienne était partout étroitement unie, et comme les précieux gages d'un commun héritage ; c'est pourquoi leur aspect, selon que la Vierge même nous en avertit, doit inviter les cœurs à se ressouvenir pieusement de ceux que l'Église catholique rappelle avec amour à l'ancienne concorde et à la joie qu'ils goûtaient dans son sein.

Ainsi donc, un grand secours a été divinement donné en Marie pour l'unité chrétienne. Et ce secours, s'il n'y a pas un mode unique de prière qui puisse le mériter, Nous croyons qu'aucun autre n'est meilleur ni plus salutaire que celui du Rosaire. Précédemment déjà, Nous avons fait observer que l'un de ces principaux avantages est de fournir au chrétien un moyen court et facile d'alimenter sa foi et de la préserver de l'ignorance et du péril de l'erreur : c'est ce qu'attestent clairement les origines mêmes du Rosaire. On voit, en outre, à l'évidence, combien une foi qui s'exerce ainsi, soit par la prière vocale réitérée, soit par la méditation des mystères, le rapproche de Marie. Car, chaque fois que, en prière devant Elle, nous déroulons la sainte couronne, selon le rite, nous nous remémorons l'œuvre admirable de notre salut, en sorte que nous repassons en esprit, comme si la réalité était devant nos yeux, chacun des actes par la suite et l'accomplissement desquels la Mère de Dieu est devenue aussi notre Mère.

L'excellence de cette double dignité, le fruit de ce double ministère apparaissent dans une vive lumière, si l'on considère pieusement la Vierge Marie associée à son Fils dans chacun des mystères joyeux, douloureux et glorieux. Il en résulte que l'âme s'embrase dans le sentiment d'une affectueuse reconnaissance pour Elle et, dédaignant toutes les choses périssables, s'efforce par une ferme résolution de se rendre digne d'une telle Mère et de ses bienfaits. Et comme par cette fréquente et pieuse commémoration de ces mystères, cette Mère, la meilleure des mères, ne peut point n'être pas favorablement touchée et se sentir émue de compassion pour les hommes. Nous avons conclu que la prière du Rosaire est particulièrement opportune pour plaider auprès d'Elle la cause de nos frères dissidents. Cela rentre tout à fait dans la mission de sa maternité spirituelle. Car ceux qui sont du Christ, Marie ne les a enfantés et Elle ne pouvait les enfanter que dans une même foi et dans un même amour ; car, est-ce que le Christ, est divisé ? Donc, tous nous devons vivre en commun la vie du Christ, pour que nous produisions des fruits pour Dieu dans un seul et même corps.

Tous ceux donc que le triste malheur des temps a séparés de cette unité, il faut que cette même Mère, qui n'a cessé d'être accrue par Dieu dans la perpétuelle fécondité d'une sainte progéniture, les enfante en quelque sorte de nouveau à Jésus-Christ. II est manifeste qu'Elle le veut ardemment Elle-même, et si nous lui donnons les guirlandes de la prière la plus agréable a son cœur, Elle leur obtiendra en abondance les secours de l'Esprit vivifiant. Plaise à Dieu qu'ils ne refusent pas de seconder les dispositions de leur miséricordieuse mère, et que, songeant à leur salut, ils écoutent cette douce invitation : Mes petits enfants, vous que j'enfante de nouveau, jusqu'à ce que le Christ soit formé en vous.

Ayant éprouvé cette vertu du Rosaire de la Sainte Vierge, plusieurs de Nos prédécesseurs ont appliqué leurs soins à le répandre parmi les nations orientales. Et d'abord Eugène IV, par sa constitution Advesparascente, donnée en i834 ; puis, Innocent XII et Clément XI, par l'autorité desquels de grands privilèges furent, à cet effet, accordés à l'Ordre des Frères Prêcheurs. Les fruits ne se firent pas attendre, grâce au zèle et à l'activité des religieux de cet Ordre, et ils sont attestés par des documents nombreux et éclatants, bien que la longue rigueur des temps ait été un obstacle aux progrès de cette œuvre.

À notre époque, la même ardeur pour la dévotion du Rosaire, que Nous avons louée au début de cette lettre, se fait sentir en ces régions dans beaucoup de cœurs, et Nous espérons que, dans l'avenir, ce fait, qui correspond à Nos desseins, sera très utile à la réalisation de Nos vœux.

À cette espérance vient se joindre un heureux événement, qui concerne également l'Orient et l'Occident, et répond pleinement à Nos vœux. Nous voulons parler du projet dont le célèbre Congrès eucharistique de Jérusalem a eu l'initiative, visant la construction d'un temple en l'honneur de la Reine du très saint Rosaire, à Patras, dans l'Achaïe, non loin des lieux où la protection de Marie fit éclater la gloire du nom chrétien.

Déjà un grand nombre d'entre vous, sollicités par le Comité fondé avec Notre approbation, se sont empressés de contribuer à cette entreprise par des souscriptions, y ajoutant même la promesse de s'y intéresser jusqu'à son achèvement. Ces faits ont montré qu'on pouvait commencer les travaux avec la grandeur qui convient à cette œuvre, et Nous avons donné l'autorisation de poser prochainement, en grande pompe, la première pierre de cet édifice.

Ce temple demeurera, au nom du peuple chrétien, comme monument d'une perpétuelle reconnaissance à notre Avocate et à Notre Mère du ciel. On l'y invoquera sans cesse dans les rites latin et grec, pour qu'Elle daigne mettre le comble à ses anciens bienfaits par de nouvelles faveurs.

Et maintenant, vénérables Frères, Notre exhortation revient à son point de départ. Oui. que tous, pasteurs et troupeaux, surtout dans le mois prochain, se réfugient pleins de confiance sous l'égide de l'auguste Vierge. En public et en particulier, qu'ils ne ressent, par les chants, par la prière, par les vœux, de s'unir pour l'invoquer et la supplier comme Mère de Dieu et notre Mère : Monstra te esse Matram. Que sa maternelle clémence conserve à l'abri de tout péril sa famille universelle, qu'Elle la conduise à une véritable prospérité et surtout qu'Elle la fonde dans la sainte unité. Qu'Elle regarde avec bienveillance les catholiques de toute nation, et que, les unissant par les liens do la charité, Elle les rende plus actifs et plus constants pour soutenir l'honneur de la religion, d'où découlent en même temps pour l’État tous les biens les plus précieux.
Qu'avec une très grande bienveillance, Elle regarde aussi les dissidents, ces nations grandes et illustres, ces âmes élevées qui se souviennent du devoir chrétien ; qu'Elle suscite en eux les plus salutaires désirs, et qu'après les avoir fait naître, Elle les soutienne et en favorise l'accomplissement.
Pour les dissidents d'Orient, qu'Elle les fasse bénéficier de la dévotion si grande qu'ils ont envers Elle, et des hauts faits de leurs ancêtres accomplis en si grand nombre pour sa gloire. Pour les dissidents d'Occident, qu'Elle les fasse bénéficier du souvenir du bienfaisant patronage par lequel, pendant tant de siècles, Elle a éprouvé et récompensé la grande piété envers Elle de toutes les classes de la société.
Qu'elle intercède pour les uns et pour les autres, partout où ils sont, en voix unanime et suppliante des nations catholiques, et que Notre voix leur vienne en aide, criant jusqu'au dernier souffle : Monstra te esse Matrem.
En attendant, comme présage des dons célestes et en témoignage de Notre bienveillance, Nous vous accordons tendrement la Bénédiction Apostolique à chacun de vous, à votre clergé et à votre peuple.

Donné à Rome, près de Saint-Pierre le 5 septembre de l'année MOCCCXCV, la dix-huitième de Notre pontificat.


LÉON XIII, PAPE.





Reportez-vous à Promesses faites par la Très Sainte Vierge à Saint Dominique et au bienheureux Alain De la Roche en faveur des personnes dévotes au Chapelet ou Rosaire, Octobri mense, du Pape Léon XIII, sur le Rosaire de la Vierge Marie, VIE CHRÉTIENNE : Dévotion envers la Mère de Dieu, Méditation pour la Fête de Notre-Dame des Victoires, Augustissimae Virginis Mariae, Lettre encyclique du Pape Léon XIII, sur le Rosaire de Marie, Fidentem piumque, du Pape Léon XIII, pour le mois du Rosaire, Le Saint Esclavage de Jésus en Marie, d’après Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, Praeclara gratulationis du Pape Léon XIII, Catalogue officiel des indulgences du Rosaire, publié par ordre de Sa Sainteté le Pape Léon XIII, Jucunda semper expectatione, du Pape Léon XIII, sur le Rosaire de Marie, Supremi apostolatus officio, du Pape Léon XIII, sur le Très Saint Rosaire, Quamquam pluries, du Pape Léon XIII, sur le patronage de saint Joseph et de la Très Sainte Vierge qu’il convient d’invoquer à cause de la difficulté des temps, Quod apostolici Muneris, du Pape Léon XIII sur les erreurs modernes, Arcanum divinae du Pape Léon XIII, sur le mariage chrétien, Testem benevolentiae du Pape Léon XIII, Diuturnum Illud du Pape Léon XIII, sur l'origine du pouvoir civil, Immortale Dei du Pape Léon XIII, Auspicato concessum du Pape Léon XIII, sur le Tiers-Ordre de Saint François d'Assise, Longinqua oceani, du Pape Léon XIII, aux archevêques et évêques des États-Unis de l'Amérique du Nord, Sapientiae Christianae, du Pape Léon XIII, sur les principaux devoirs des chrétiens, Divini illius magistri, du Pape Pie XI sur l'éducation chrétienne de la jeunesse, Aeterni Patris, du Pape Léon XIII, sur la Philosophie chrétienne, Satis cognitum, du Pape Léon XIII, sur l'unité de l’Église, Mirari vos du Pape Grégoire XVI, L'exorcisme de Léon XIII et l'importance de la prière à Saint Michel, Libertas paestantissimum du Pape Léon XIII, Rerum novarum du Pape Léon XIII sur la doctrine sociale de l’Église, Apostolicae curae, du Pape Léon XIII, sur les ordinations anglicanes, De la Réduction des Hérétiques, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, et Providentissimus Deus du Pape Léon XIII.















lundi 19 novembre 2018

État religieux et moral de l'univers au temps de l'établissement du Christianisme


Extrait de "Histoire Satan" par M. l'Abbé Lecanu :





ÉTAT RELIGIEUX ET MORAL DE L’UNIVERS AU TEMPS DE L’ÉTABLISSEMENT DU CHRISTIANISME


Le dogme religieux commençant à s’altérer dans la Judée, l’observance de la loi devenait uniquement de pratique extérieure, la rigidité pharisaïque tournait à l’hypocrisie ; les saducéens ne laissaient pour espoir et consolation à l’homme que les biens de la vie présente ; la cabale introduisait mille superstitions ; Hérode, tout en rebâtissant le temple avec magnificence, inaugurait les mœurs et les coutumes de la gentilité ; encore un siècle de ce régime, et la loi de Moïse aurait de nouveau disparu sous toutes ces excroissances parasites.
Le monde grec et romain avait complètement perdu la notion de Dieu ; il ne restait plus que des divinités imaginaires, inadmissibles à la raison et au bon sens, aussi bien que le dogme mythologique qui s’y rattachait. L’idée même de la divinité était tombée si bas dans l’estime publique, qu’on ne pensait pas déshonorer les dieux en introduisant dans leurs rangs des tyrans sanguinaires comme Auguste et Tibère, des valets sans pudeur comme Ephestion et Antinous, des courtisanes comme Acca Laurentia, Lais et Lamie, des brigands comme Trophonius, et jusqu’à des bêtes, comme la chèvre Amalthée, le cheval Actéon et le chien Agriodos.
Du côté de l’Égypte, cet antique berceau de la civilisation en Occident, le mal était encore plus grand, car le panthéon, c’est-à-dire le paradis de ce temps-là, était peuplé d’une manière presque exclusive par les bêtes. Outre le chat OElurus, les boeufs Apis et Mnévis, le bouc Azazel de Mendès, chaque nome, chaque ville, chaque village avait son dieu bestial ; et ces dieux avaient des prêtres, et prêtres et peuples les adoraient, leur adressaient des prières et leur offraient des sacrifices, et les nomes limitrophes se faisaient quelquefois de cruelles guerres pour leurs dieux.
C’était un beau spectacle, de voir des multitudes prosternées devant un chien ; un singe ou chat devaient faire de risibles contorsions en recevant la fumée de l’encens. Et s’ils avaient eu de l’intelligence, ils auraient bien ri de stupides adorateurs qui prenaient leurs mouvements pour des oracles.
Neuf villes d’Égypte adoraient les crocodiles : Coptos, Arsinoé, les deux Crocodilopolis, Ombos, Thèbes, Éléphantine, Syène, Philes ; Oxyrinchus adorait un brochet ; Péluse et Casium, des oignons, et cela d’une façon qu’il ne serait pas honnête d’expliquer (Hieron. in Is. lib. XII, cap. 46) ; Athribis et Buto, les musaraignes ; Hermonthis, Héliopolis et Memphis, un bœuf ; Momemphis, Chuse et Aphroditopolis, une vache ; Paprémis, un ours ; Lycopolis, un loup ; Héracléopolis, une belette ; les deux Hermopolis et Babylone, un singe ; les deux Hiéracompolis, un épervier ; Saïs, une chouette ; Thèbes, un aigle ; Latopolis, une dorade ; Lepidotum, une carpe ; Métélis, Térénuthis, Cnuphis, des couleuvres ; Taposiris, la moutarde ; mais la nomenclature serait trop longue (on trouve encore des nécropoles sacrées remplies de milliers de momies de ces dieux religieusement embaumés).
Les Orientaux n’étaient pas plus sages, puisqu’ils prenaient le soleil et la lune pour objet de leurs adorations : à Babylone, sous les noms de Baal et Baaltis, Adab et Atergatis en Syrie, Adramélech et Anamélech dans l’Assyrie, Aglibélus et Malachbélus à Palmyre ; sans compter le culte rendu aux planètes et aux étoiles les plus brillantes, ainsi qu’à une multitude de génies aériens bons ou mauvais de tout sexe, de tout rang, et dont l’histoire n’est guère moins étonnante que la mythologie grecque et romaine, à cela près qu’elle n’est pas aussi ignominieuse.
Les peuples réputés barbares, tels que les Bretons, les Gaulois, les Germains, ne différaient de tout ceci que par une religion moins compliquée et des idées plus grossières.
Le cruel Moloch des Phéniciens régnait par toute l’Afrique.
Et à tous ces dieux il fallait des victimes humaines, du sang humain, beaucoup de sang : des victimes humaines et beaucoup de victimes, des hommes, des femmes, des enfants, surtout des enfants à Moloch ; beaucoup de victimes humaines aux dieux des druides dans la Bretagne, la Gaule et la Germanie ; des victimes humaines aux dieux de la Grèce ; des victimes humaines aux dieux des Romains. Oui, les Romains, qui abolissaient les sacrifices humains dans les pays dont ils faisaient la conquête, les pratiquaient chez eux, à Rome : combien de citoyens inoffensifs des nations qu’ils redoutaient, n’ont-ils pas enterrés vivants dans le forum ou sur les frontières de l’empire ! Il fallait du sang humain, des immolations d’enfants des deux sexes aux dieux de la Grèce : la farouche Diane Orthosie, qui se repaissait de victimes humaines dans la Tauride, n’était pas inconnue des Lacédémoniens. S’ils ne lui offraient plus de vies dans les derniers temps, ils fouettaient du moins cruellement leurs enfants en son honneur, pour lui offrir du sang. Il fallait des victimes humaines aux dieux de l’Orient, comme le montrèrent les Assyriens et les Babyloniens envoyés par Salmanasar pour repeupler la Samarie après la destruction du royaume de Jéroboam (IV Reg. XVII, 31).
Il fallait du sang humain à Baal, et, à défaut d’autre, il prenait du moins celui de ses prêtres (Levit. XX, 3, 4. — IV Reg. XXIII, 10 ; — III Reg. XVIII, 28).
Il fallait des actions déshonnêtes pour honorer Moloch, le dieu de Tyr, de Sidon, de Samarie, de Carthage ; Vénus, la déesse des Romains et des Grecs ; Isis, la déesse des Égyptiens ; Bel, le dieu de Babylone ; Milytta, la déesse des Assyriens. Mais tirons le voile sur ces abominations, et laissons dans l’oubli des divinités plus immondes encore. Ne parlons pas des collèges de prêtres et de prêtresses consacrés du culte de ces impures divinités, et qui ne pouvaient prétendre à un tel honneur, qu’en renonçant eux-mêmes à l’honneur personnel. Nous ne saurions non plus décrire l’immodestie de beaucoup d’idoles, appeler par leur nom ou même indiquer les images publiquement adorées, portées processionnellement par les dames des plus nobles, familles à Rome ou à Memphis.
L’abomination divinisée, du sang humain et de la boue pour offrandes, l’humanité dégradée pour ministre : tel dieu, tel culte, tel sacerdoce.
Et, dans ce culte, il ne s’agissait ni d’adoration, ni d’amour, ni de prière ; les Juifs seuls et les chrétiens ont su adorer Dieu et le prier, seuls, ils ont osé l’aimer. À l’égard des faux dieux, il s’agissait tout uniment d’emprunter leur science ou leur pouvoir, d’apaiser leur courroux, de se racheter de leur vengeance ou de se prémunir contre leurs coups, en les mettant en opposition les uns contre les autres ; culte intéressé, pure magie, théurgie depuis le commencement jusqu’à la fin. C’est pour cela qu’il fallait un culte infâme à des dieux infâmes, des ministres déshonorés à des dieux abominables. Car la mythologie avait logé dans les deux l’exemple de tous les vices ; la vertu seule en était absente. Une seule divinité, sur les milliers qui peuplaient l'Olympe, a été appelée vertueuse, c’est Isis, et on sait de quel genre de vertu ; une seule appelée chaste, c’est Diane, mais il faut oublier le nom d’Endymion ; on donnait aussi l’épithète de chaste à Lucine, mais c’était par antiphrase ; un seul dieu a jamais été appelé bon, c’est Jupiter, mais c’était par flatterie. Pas une seule vertu dans le ciel des païens, mais en place tous les genres de crimes et de débauches.
Et quelles devaient être les vertus et les mœurs des adorateurs de pareilles divinités ? vertus et mœurs purement publiques, dont le code des lois était la mesure et la règle ; ou plutôt il n’en existait point, puisque les choses que nous appelons mœurs et vertus n’avaient pas même de nom dans la langue des hommes. Le mot vertu vient de vir, qui veut dire un homme fort, et signifie le courage civique ; le mot mœurs vient de mos, qui veut dire la coutume et l’usage, de sorte que les bonnes mœurs étaient la conformité avec l’usage même mauvais et criminel, et les mauvaises tout ce qui s’en écartait. Excluez d’une telle société la charité, car ce mot chez les païens voulait dire égoïsme ; il vient de caro, qui signifie la chair, et s’étend du père et de la mère aux enfants (Si on aime mieux le faire dériver du mot grec [...], il signifiera encore moins, puisque ce mot veut dire enjouement et bonne grâce. Les mots vertu, mœurs, charité, sont exclusivement chrétiens) ; séparez-la en deux parts, dont l’une est esclave et l’autre maîtresse avec droit de vie et de mort, couronnez-la de débauche et d’usures, supprimez-en la crainte de l’enfer et l’espoir du paradis, et vous pourrez alors concevoir une faible idée de ce que dut être, de ce que fut la société païenne.
En tel état Satan avait réduit l’humanité, lorsque Dieu fit apparaître dans la Judée le Messie promis depuis cinq mille ans, au moment où cette société allait tomber en décadence et se dissoudre d’elle-même ; comme il avait appelé et séparé Abraham, au moment où le polythéisme et l’idolâtrie allaient envahir l’univers.
D’abord faible enfant, Satan le poursuivra de sa haine ; il entreprendra de le faire mourir au berceau, et, pour mieux y réussir, il fera massacrer par les mains d’Hérode des milliers d’autres enfants. S’il s’aperçoit bientôt que celui qu’il voulait atteindre lui a échappé, il se réjouira du moins d’avoir fait commettre un si grand crime, couler tant de pleurs et répandre le sang humain à si grands flots.
Plus tard, lorsque le divin Messie, ayant atteint l’âge de la virilité, se mettra à enseigner une doctrine toute céleste, en opposition avec les doctrines sataniques admises comme des vérités par tout l’univers, et montrera des exemples en opposition avec les pratiques et les usages reçus également partout comme la règle du bien et du bon, Satan le poursuivra de nouveau en suscitant contre lui toutes les haines, les passions, les préjugés, et, ne pouvant réussir à étouffer sa voix, le fera mourir de la mort la plus déshonorante, afin que cette parole qu’il redoute soit éteinte, et la doctrine qu'il hait étouffée sous une montagne d’opprobre et d’ignominie.
Mais, ô merveille sur laquelle Satan n’avait pas compté, le Messie, par la mort même qu’il endure, paye à Dieu le prix de tous les crimes que Satan a fait commettre ; les exemples et les doctrines messianiques sont confiés au cœur et à la mémoire de douze hommes, qui ont mission de les répandre par l’univers ; l’esprit divin, descendu sur eux à cinquante jours de là, les remplit de plus de courage que n’en ont jamais eu les héros, de plus de sagesse que n’en ont jamais possédé les philosophes, de plus de puissance que n’en ont jamais réuni les princes des grandes monarchies et les chefs des grands empires.
Les célestes vertus, la sainte vérité, les divines lumières s’établiront donc au sein de l’univers, et y fonderont le royaume de Dieu au centre de l’empire de Satan. Ce royaume, si faible et si petit d’abord, mais destiné à grandir, sera un dissolvant qui désagrégera les éléments des empires fondés et organisés avec tant de soin, de perfidie et de puissance apparente par Satan, et de leurs débris formera de nouveaux royaumes et de nouveaux empires, qui s’appelleront chrétiens.
Le serpent est donc vaincu, il a la tête écrasée ; mais il cherche encore à mordre le talon qui l’opprime.
Il élèvera dogmes contre dogmes, morale contre morale, Église contre Église ; cette œuvre s’appellera gnosticisme. Il résistera par le fer et le feu pendant trois cents ans ; cette résistance s’appellera persécutions. Il divisera par des doctrines pernicieuses, par le schisme, l’hérésie, et cela s’appellera arianisme, nestorianisme, protestantisme, jansénisme, donatisme, mahométisme, orthodoxisme, et de cent autres noms divers. Il maintiendra dans les bas-fonds de la société l’ignorance, les mauvaises mœurs, les pratiques de la magie, le culte de la chair, les usages du paganisme, les sociétés secrètes. Quelquefois le scandale descendra d’en haut, par les mauvais princes, par les maîtres de la science et de la philosophie ; mais vains efforts, triomphes éphémères : l’Église des douze regagnera peu à peu tout ce qu’elle aura perdu ; la tempête aura inutilement soufflé sur la barque, les flots de la mer l’auront inutilement couverte ; l’œuvre divine marchera à la conquête du monde, quelquefois plus vite, quelquefois plus lentement, mais toujours et sans s’arrêter.




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