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lundi 25 mars 2019

Saint Joseph choisi de Dieu pour être le chef de la Sainte-Famille



Extrait de "Pouvoir de Saint Joseph", par le R. P. Huguet, Mariste :




Saint Joseph s'employait avec joie à tout ce qui concernait l'éducation de Jésus. (S. Irénée, IV, Contre les hérésies.)


Il est, dans les fastes sacrés de l'Église, des saints dont les prérogatives sont si sublimes, le mérite si éminent qu'il n'est pas donné à la parole humaine de pouvoir en expliquer l'excellence et la vertu ; la louange languit auprès des grands noms et le silence de l'admiration est la seule ressource de notre faiblesse.
Mais pour suppléer à notre insuffisance, le Ciel, jaloux de proclamer la gloire de ces illustres Serviteurs de Dieu, se charge lui-même de relever leur grandeur et de faire leur panégyrique ; Ainsi notre divin Maître a exalté dans des termes magnifiques la sainteté de son saint Précurseur. Ainsi l'Esprit saint a caractérisé en deux mots les prérogatives incommunicables du glorieux saint Joseph , en l'appelant chaste Époux de Marie et Père de Jésus.
Jésus et Marie sont les deux chefs-d'œuvre de la toute-puissance divine, et Joseph est choisi de Dieu pour être le protecteur et le guide de la Reine du Ciel, le tuteur et le père nourricier du Verbe Incarné, le gardien du Conservateur des mondes. Quand je médite ces choses, quand je pense au bonheur de saint Joseph, je n'ai point de parole pour exprimer l'étonnement que me cause la vocation de ce saint Patriarche à qui Dieu lui-même daigne confier les plus précieux trésors du Ciel et de la terre.
Ne nous plaignons donc plus du silence des Évangélistes sur saint Joseph : ne suffit-il pas qu'ils nous apprennent ce qu'il est à Jésus et à Marie pour nous donner une idée sublime de ses qualités et de sa gloire ?
Dieu ayant choisi une nation pour en faire particulièrement son peuple, il a voulu parmi ce peuple avoir une famille où s'accomplit le grand ouvrage que sa sagesse avait résolu dans l'éternité, que la puissance de son bras devait exécuter dans la plénitude des temps et où sa miséricorde et sa justice devaient également paraître. Mais qui la composera cette famille privilégiée du Très-Haut ? Ce sera d'un côté une créature devenue la Mère de son Créateur, une Vierge féconde sans perdre sa pureté angélique, une fille de la tribu de Juda, l'Épouse auguste de l'Esprit adorable ; et de l'autre, un Dieu fait chair, et une chair élevée jusqu'à la Divinité ; l'Éternel devenu un petit Enfant, et un Enfant Tout-Puissant, malgré la faiblesse de l'enfance. Et c'est Joseph qui est choisi de Dieu pour être le Chef de cette Sainte Famille où éclatent tant de prodiges. C'est à lui que s'adressent les ambassadeurs du Ciel ; c'est à lui que les Anges portent les ordres de Dieu ; c'est à lui que le Seigneur se communique dans le sommeil pour l'avertir de sauver son Fils de la cruauté d'Hérode ; c'est à lui qu'on déclare le nom qu'on doit donner à ce divin Enfant (1).


(1) L'Ange du Seigneur fut envoyé à Joseph et lui dit : Joseph, fils de David, ne craignez pas de prendre avec vous Marie, votre épouse ; car ce qui est né en elle est du Saint-Esprit.
Elle enfantera un fils et vous lui donnerez le nom de « Jésus ». Pourquoi « vous » ? Vous n'en êtes pas le père ; il n'a de père que Dieu, mais Dieu vous a transmis ses droits. Vous tiendrez lieu de père à Jésus-Christ ; vous serez son père en effet d'une certaine manière, puisque, formé par le Saint-Esprit dans celle qui était à vous, il est aussi à vous par ce titre. Prenez donc, avec l'autorité et les droits du père, un cœur paternel pour Jésus. Dieu, « qui fait en particulier tous les cœurs des hommes, » fait aujourd'hui en vous un cœur de père ; heureux, puisqu'en même temps il donne pour vous à Jésus un cœur de fils ! Vous êtes le vrai époux de sa sainte Mère ; vous partagez avec elle ce Fils bien-aimé, et les grâces qui sont attachées à son amour. Allez donc, à la bonne heure nommez cet Enfant ; donnez-lui le nom de Jésus pour vous et pour nous, afin qu'il soit notre Sauveur comme le vôtre. (Bossuet)



En un mot, Dieu le traite toujours comme le Chef de la famille. Marie, Reine du Ciel et de la terre, lui rend en toutes choses ses respects et sa soumission la plus entière, et reconnaît en lui l'autorité de Dieu. Si saint Joseph veut aller en Égypte ou à Jérusalem, ou bien se retirer en Galilée, Marie le suit, et non-seulement elle ne contredit pas, mais elle juge que ce que ce saint Époux ordonne est ce qu'il y a de plus parfait ; elle regarde sa volonté comme la règle de la sienne, elle reçoit sa parole comme un commandement du Ciel. Joseph est la loi extérieure et visible ; c'est un oracle vivant pour qui elle a le même respect et la même déférence que pour Dieu dont il tient la place. Celle que les Anges et les Séraphins révèrent, devant laquelle l'Archange Gabriel a fléchi le genou, aux pieds de laquelle l'Église militante et l'Église triomphante se prosternent, la Fille bien-aimée du Père Éternel, la très-digne Mère du Fils de Dieu, le sanctuaire inviolable du Saint-Esprit a honoré Joseph en toute humilité, elle s'est abaissée devant lui et lui a rendu les plus humbles services. Ce n'est pas assez : le Verbe incréé, la sagesse du Père, a lui-même respecté Joseph et lui a obéi comme le fils le plus soumis. C'est une humilité sans exemple, dit saint Bernard, qu'un Dieu obéisse à un homme ; mais de voir qu'un homme commande à Dieu, c'est une gloire sans pareille. Ce bienheureux Patriarche, pour remplir dignement un ministère si sublime, a réuni en sa personne toutes les faveurs et tous les privilèges accordés aux autres saints: il a eu les lumières des Prophètes pour reconnaître les secrets de l'incarnation du Fils de Dieu ; les soins amoureux des patriarches pour élever et nourrir un Homme-Dieu ; la pureté des Vierges pour vivre avec la plus sainte et la plus parfaite de toutes les créatures, devenue la Mère d'un Dieu ; la foi des Apôtres pourvoir, à travers les humiliations du plus pauvre de tous les hommes, les grandeurs cachées d'un Dieu anéanti ; le zèle des Confesseurs et le courage des Martyrs pour défendre et sauver, au péril de sa vie, celle du Fils de Dieu.
Heureux serviteur qui, par sa fidélité à répondre à ces grâces signalées, a mérité d'avoir Dieu lui-même pour panégyriste et d'être appelé juste par celui qui découvre des taches dans les Intelligences qui environnent son trône et à qui seul il appartient de juger la vertu et d'apprécier le vrai mérite : car c'est à cette justice héroïque qui fait le caractère particulier de ce grand Saint, que se rapportent tous les avantages qu'il a eus d'être le dépositaire des secrets du Père Éternel, le Père adoptif de son Fils, l'Époux et le Protecteur de la très-sainte Vierge, Avantages bien grands et singuliers, mais qui, séparés de la justice, lui eussent été fort inutiles ; il fallait qu'il fût juste à un souverain degré pour vivre avec Marie comme il y a vécu ; il fallait qu'il fût juste par excellence pour aimer Jésus comme il l'a aimé.
Quels progrès dans la sainteté et dans la justice ne dot pas faire ce bienheureux Patriarche pendant les trente ans qu'il lui fut donné de passer dans la plus grande intimité avec la Vérité incréée !
« Quel charme devaient avoir pour Joseph les paroles de Jésus ! s'écrie un pieux auteur. Ce n'est pas la Mère de la Sagesse qui parle, c'est la Sagesse elle-même, c'est le Verbe de Dieu. Une seule parole de Jésus suffit autrefois pour entraîner les Apôtres à sa suite : il captivait tellement les Juifs, qu'ils s'écriaient : « Jamais homme n'a parlé comme lui. » Toutes ses paroles étaient esprit et vie. L'Évangile en a recueilli quelques-unes comme des perles d'un prix inestimable ; mais combien sont restées inconnues ! Il a été donné au seul Joseph d'entendre avec Marie les paroles que le Verbe fait chair proféra pendant trente ans. Ô bienheureux Joseph ! quelles douces et salutaires impressions faisait sur votre âme la voix de Jésus ! avec quelle fidélité vous conserviez ses paroles dans votre cœur, et les méditiez dans le silence de l'oraison ! »
Oh ! qui pourra dire le bonheur dont jouissait Joseph dans une telle familiarité avec ce que la terre a jamais eu de plus aimable, avec Jésus, dont le Père dit au Thabor : « Voici mon Fils bien-aimé en qui j'ai mis toutes mes complaisances ; » avec Jésus dont la divine présence est pour les anges un objet d'envie. In quem desiderant Angeli prospicere.
Si le soleil malgré son grand éloignement de la terre y produit néanmoins les richesses et les merveilles que nous admirons, quelle intelligence créée pourra comprendre les grâces ineffables que dut communiquer à Marie et à Joseph le divin Soleil de justice qui répandit sur eux seuls pendant trente ans tous ses rayons bienfaisants ; durant tout ce temps, son zèle immense fut borné à sanctifier ces deux grandes âmes. Et si durant sa vie il s'appliqua ensuite avec tant de soins, d'ardeur et de constance à instruire les Apôtres, cœurs grossiers et terrestres, avec quelle consolation ne dut-il pas se prêter à l'instruction de Marie et de Joseph, cœurs tout célestes et si bien disposés à recevoir la divine rosée !


EXEMPLE

Le vénérable P. Louis Lallemant, connu par plusieurs ouvrages d'un grand mérite, désirant faire des progrès dans la vie intérieure, se mit sous la direction de saint Joseph, dont il s'appliquait à méditer continuellement les vertus et les exemples ; il faisait tous les jours quatre exercices de piété en son honneur. Le Seigneur, pour récompenser son zèle à honorer saint Joseph, lui avait accordé une grâce extraordinaire pour inspirer aux autres la plus tendre dévotion au chaste Époux de Marie, et telle était sa confiance en lui qu'il n'y avait point de faveur qu'il n'en sût obtenir. Aussi, quand il engageait les fidèles à honorer saint Joseph, il leur conseillait en même temps de lui demander quelque grâce particulière, en les assurant qu'infailliblement ils obtiendraient tout de sa bonté. En voici un exemple remarquable : pendant qu'il était recteur du collège de Bourges, il distingua deux jeunes régents des classes inférieures qui se faisaient remarquer par leur piété. Quelques jours avant la solennité de saint Joseph, les ayant appelés auprès de lui, il leur promit d'obtenir de ce grand Saint pour chacun d'eux la grâce qu'ils désiraient le plus, pourvu qu'ils exhortassent leurs élèves à la plus tendre dévotion envers lui, et à lui rendre quelques hommages particuliers le jour de sa fête. Les deux régents acceptèrent de grand cœur une proposition si avantageuse ; et leurs pieuses exhortations furent si efficaces que, le jour de saint Joseph, les deux classes entières firent la communion en son honneur. Le même jour les deux religieux se rendirent chez le P. Recteur, et chacun d'eux lui déclara en secret la grâce qu'il désirait obtenir par l'intercession de saint Joseph. Le premier, c'était le célèbre P. Nouet, demanda la grâce de savoir écrire et parler dignement de Notre-Seigneur ; tous ceux qui ont lu ses beaux ouvrages sur les excellences de Jésus-Christ, si remplis d'onction et d'amour, peuvent dire s'il a reçu la plénitude de la grâce qu'il avait demandée par l'entremise du Père nourricier du Verbe Incarné ; le second fut aussi exaucé, mais il ne crut pas devoir faire connaître la faveur qu'il avait obtenue. Ces exemples suffisent pour montrer que le P. Lallemant était un des plus chers favoris de saint Joseph, et qu'il disposait à son gré de tous ses trésors. Pour témoigner sa tendre dévotion à son saint Protecteur, il demanda dans sa dernière maladie que l'on mît son image avec lui dans le tombeau, comme s'il eût voulu étendre son amour envers lui après sa mort, ou que cette sainte image dût lui servir comme de passeport pour la bienheureuse éternité.


PRATIQUE

Regardez saint Joseph comme le chef et le gardien de votre famille.



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