Extrait de "Pouvoir de Saint Joseph", par le R. P. Huguet, Mariste :
Il l'établit maître de toute sa maison, et seigneur absolu de tous ses biens. (Ps. 104)
Jamais aucun Saint n'a eu sur la terre le pouvoir que le Père éternel avait confié à Joseph, puisqu'il a eu seul le droit de commander à Celui au nom duquel tout fléchit le genou, dans le Ciel, sur la terre et au plus profond des enfers. On peut dire de lui qu'il n'a pas seulement gardé la Loi, les Tables de la loi et l'Auteur de la loi, mais encore qu'il a donné la loi au Législateur lui-même, et qu'il a vu le Très-Haut abaissé à ses pieds pour la recevoir de sa main. Après avoir médité ce mystère, on n'hésite pas à croire avec la plupart des Pères et des Docteurs que saint Joseph a surpassé les Apôtres en dignité, les saints en vertu et en grâce, et en gloire tout ce qui est au-dessous de Jésus et de Marie : Ideo fecit illum Dominus crescere in plebem suam.
L'Esprit saint a voulu nous donner dans la personne du Fils de Jacob, du premier Joseph, une idée du pouvoir dont jouit notre saint Patriarche dans le royaume du Ciel, où il voit Jésus, son Fils adoptif, et Marie, son Épouse immaculée, élevés au-dessus de tous les chœurs des Anges et des bienheureux.
L'ancien Joseph, qui n'était que l'ombre et la figure de notre vrai Joseph, fut si favorisé du roi Pharaon, qu'il fut comblé de toutes les grandeurs et de toutes les grâces qu'un prince peut accorder à un sujet. Il le fit l'intendant général de toute sa maison, en lui disant : « Vous serez le maître absolu de tout, je veux que tout se fasse comme vous l'aurez ordonné. » Il le créa vice-roi de tout le royaume d'Égypte ; il ordonna que tous ses sujets, sans distinction d'âge ou de rang, lui rendissent les mêmes hommages et la même obéissance qu'à sa propre personne ; il lui confia le sceau de son autorité royale, et il lui donna le plein pouvoir d'accorder toutes les grâces et toutes les faveurs qu'il voudrait ; il le fit conduire en public dans son char de triomphe, précédé des hérauts qui avaient ordre de crier que chacun fléchit les genoux devant le prince que le roi honore comme son père et qu'il a établi après lui souverain sur toute la terre d'Égypte ; il voulut qu'on le nommât Sauveur du monde, et que ses sujets reconnussent qu'ils lui étaient redevables de leur salut ; enfin, il renvoyait à Joseph tous ceux qui lui demandaient quelques grâces ; Ite ad Joseph, afin qu'ils les obtinssent par son crédit et qu'ils lui en eussent l'obligation : Ite ad Joseph, et quidquid dixerit vobis, facite, Allez à Joseph, et faites tout ce qu'il vous dira, et recevez de lui tout ce qu'il voudra vous donner (Genèse, XLI).
Tous les Pères ont vu dans ces privilèges accordés au fils de Jacob une prophétie des prérogatives beaucoup plus grandes encore dont devait être honoré le véritable Joseph. Ce n'est pas seulement Pharaon, un roi de la terre ; mais c'est le Dieu Tout Puissant, le Roi immortel des siècles qui a voulu combler de ses faveurs le nouveau Joseph.
Il commence par l'établir le maître et le chef de la sainte Famille. Il veut que tout le monde lui obéisse et lui rende hommage, même son propre Fils. Il l'a fait comme son vice-roi, voulant qu'il représentât sa personne jusqu'à lui accorder le privilège de porter son nom, et d'être appelé le père de son Fils unique. Il a mis entre ses mains ce divin Fils, qui est comme le sceau de son autorité souveraine, pour nous montrer qu'il lui avait donné tout pouvoir d'accorder et de sceller les grâces. Voyez comme il fait publier dans l'Évangile par tous les siècles que saint Joseph est le père du Roi des rois : Erant Pater et Mater ejus mirantes. Il le fait appeler le Sauveur du monde, parce qu'il a nourri et conservé celui qui est le salut de tous les hommes ; enfin, et c'est là ce qui doit augmenter notre confiance, si nous voulons des grâces de lui, c'est à Joseph que nous devons nous adresser : Ite ad Joseph. On invoque les autres saints pour des nécessités particulières, comme si les grâces et le don des miracles étaient partagés entre eux ; mais saint Joseph tient le remède général de tous les besoins de l'âme et du corps, et tous ceux qui s'adressent à lui avec confiance, expérimentent, comme sainte Thérèse, qu'on ne demande jamais rien à Dieu par son intercession, sans l'obtenir infailliblement.
Car s'il est vrai, comme dit saint Bernard, que Jésus-Christ, qui est notre Avocat auprès de son Père, lui montre son côté ouvert et ses plaies sacrées, que Marie montre à son Fils unique le sein qui l'a porté, ne pouvons-nous pas ajouter que saint Joseph montre au Fils et à la Mère les mains qui ont tant travaillé, les sueurs qu'il a versées pour conserver leur vie sur la terre (la plupart des Interprètes pensent que saint Joseph est au Ciel en corps et en âme. Saint Bernardin de Sienne, prêchant dans Padoue, embrassa ce sentiment et dit au peuple : « Je vous assure, mes frères, que saint Joseph est en corps et en âme au Ciel éclatant de gloire. » L'histoire rapporte que Dieu voulut confirmer cette vérité, il parut miraculeusement sur la tête de saint Bernardin une croix d'or qui fut vue par tout l'auditoire) ! Et si on dit avec raison que le Père éternel ne peut rien refuser à son Fils bien-aimé quand il le prie par ses plaies, ni le Fils rien refuser à sa très-sainte Mère, quand, elle le conjure par son sein, ne devons-nous pas croire que ni le Fils ni la Mère ne peuvent rien refuser au glorieux saint Joseph, quand il les supplie par ses mains qui ont été si généreusement dévouées à leur service pendant qu'il était sur la terre ? Si dans le temps que Jésus et Marie vivaient à Nazareth, nous avions désiré en obtenir quelque grâce, quelque faveur, quel médiateur plus puissant aurions-nous pu employer auprès d'eux que Joseph ?
Marie, comme l'enseignent les saints Docteurs, est devenue par sa maternité divine la trésorière et la dispensatrice de toutes les grâces et de tous les dons de Dieu, elle les donne à qui elle veut, dans le temps qu'elle veut et de la manière qu'elle veut. On, s'il est vrai, dit saint Bernardin, que tout ce qui appartient à la femme appartient aussi à celui que Dieu lui a donné pour époux, ne devons-nous pas croire que saint Joseph peut disposer à son gré en faveur de ceux qui l'implorent de tous les trésors que le Seigneur a confiés à Marie sa chaste Épouse ? Adressez-vous donc à saint Joseph avec une confiance inébranlable ; ses prières unies à celles de Marie, présentées à Dieu au nom de l'enfance adorable de Jésus, ne sauraient éprouver de refus, elles doivent obtenir tout ce qu'elles demandent.
EXEMPLE
Il y a environ cinq ans, dit le P. Jacquinot, que j'assistai à la mort d'un pieux serviteur de saint Joseph, M. de la Bèno, procureur du roi à Saintes : les derniers moments de cet homme de bien furent accompagnés des circonstances les plus heureuses et les plus édifiantes : je ne dirai rien dont je n'aie été moi-même spectateur et témoin. Ce sage et vertueux vieillard, très-dévot à saint Joseph, qu'il appelait son bon Père, après avoir langui près de deux ans, en proie à une cruelle maladie, sentant diminuer ses forces et approcher sa fin, il demanda son confesseur ; et comme celui-ci lui fit observer que la fête de son bien-aimé patron approchait, et qu'on espérait que Notre-Seigneur le conserverait encore, pour l'entremise de ce grand Saint : « Ah ! mon Père, répondit le malade, que la sainte volonté de Dieu soit faite, et non pas la mienne ni celle de ma famille ! Il y a déjà longtemps que je pense à cette belle fête, et que je demande à Dieu de mourir ou de guérir ce jour-là, et si je touche à ma fin, que j'aie le bonheur de communier pour la dernière fois, ce même jour, et de mourir dans la matinée de cette solennité, afin qu'on puisse encore célébrer des messes pour le repos de ma pauvre âme. » Humainement parlant, il n'y avait pas d'apparence qu'il dût être exaucé, son mal était trop violent peur qu'on pût espérer qu'il vécût jusqu'à la fête de saint Joseph, encore éloignée de neuf jours. Néanmoins sa confiance inébranlable fut exaucée, au grand étonnement des médecins. Après avoir bien profité de tout ce temps pour se préparer à la mort, la veille de la fête, il donna sa bénédiction, avec de grands sentiments de piété, à toute sa famille, agenouillée autour de son lit. Le jour de la fête de saint Joseph, il eut le bonheur de communier à deux heures après minuit, et, sur les neuf heures du matin, ayant jusqu'à ce moment conservé l'usage de toutes ses facultés, il entra dans une douce et courte agonie, et il s'endormit paisiblement dans le Seigneur, laissant tous ceux qui avaient assisté à sa mort très-édifiés, et pénétrés de la plus vive confiance pour son charitable et puissant protecteur. À peine eut-il rendu le dernier soupir, que plusieurs prêtres célébrèrent le saint Sacrifice à son intention. C'est ainsi que tous les désirs de ce fidèle et pieux serviteur de saint Joseph furent exaucés.
PRATIQUE
Faire une mortification ou une aumône (en l'honneur de Saint Joseph ou) pour se préparer aux fêtes de saint Joseph.
Reportez-vous à Miracle de guérison obtenu par Saint Joseph, Prééminence de saint Joseph dans le Ciel, De quelques industries cachées qui conduisent bientôt à la perfection, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Saint Joseph élevé au-dessus de tous les saints, Confiance de sainte Thérèse d'Avila en saint Joseph, Invocations et prières à Saint Joseph pour chaque jour de la semaine, Union admirable de Jésus, Marie et Joseph, Délices de Nazareth, Saint Joseph, patron et modèle des âmes intérieures, Saint Joseph à Nazareth, Saint Joseph choisi de Dieu pour être le chef de la Sainte-Famille, Tendresse de saint Joseph pour Jésus, Du Devoir des Pères de famille, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Neuvaine de prières à Saint Joseph, Neuvaine à Saint Joseph, pour se préparer à ses Fêtes, et obtenir quelque grâce spéciale pendant la vie et une bonne mort, Les Sept Dimanches de Saint Joseph, Excellence du saint nom de Joseph, Saint Joseph patron et modèle des religieux, Hymne en l'honneur de Saint Joseph, Prière pour obtenir la pureté, Litanies de la paternelle protection de Saint Joseph, Litanies des souffrances de Saint Joseph, Litanies de Saint Joseph, Prière efficace en l'honneur de Saint Joseph, Courtes prières à Saint Joseph, Chapelet de Saint Joseph, Acte de consécration au glorieux Saint Joseph, Prière de Saint Pie X au glorieux Saint Joseph modèle des travailleurs, Sermon pour la Fête de Saint Joseph, Marie est donnée en mariage à Saint Joseph, Litanies de l'amour de Marie, Supplique à Saint Joseph, Oraison pour présenter son cœur à saint Joseph et Méditations et Exemples pour le Mois de Saint Joseph.