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dimanche 21 juillet 2019

De l'examen de conscience, par le R.-P. Jean-Joseph Surin



Extrait du Catéchisme spirituel de la Perfection Chrétienne, Tome II, par le R.P. Jean-Joseph Surin :





De l'examen de conscience



Qu'est-ce que l'examen de conscience ?

C'est une réflexion de l'âme sur elle-même, pour connaître ses défauts et pour s'en corriger, après s'en être repentie et humiliée devant Dieu.


Comment fait-on l'examen de conscience ?

Outre les actes de remerciement et d'offrande de soi-même, par lesquels on commence, pour se fixer en la présence de Dieu, on demande la lumière nécessaire pour connaître ses défauts, et on tâche ensuite de les découvrir dans son âme. Mais cette recherche est différente, selon les différents états des personnes qui font l'examen. Il y en a qui sont lâches dans le service de Dieu. Il y en a qui sont consommées en vertu, et d'autres qui sont ferventes, mais qui ne sont pas encore arrivées à un haut degré de perfection. Les premières s'acquittent fort légèrement, et en fort peu de temps, de l'examen de conscience : elles volent d'un coup d'œil, si elles ont commis quelque faute considérable, remarquent cette faute pour s'en confesser à la première occasion, et ensuite elles se laissent aller aux distractions, que le souvenir des emplois et des objets extérieurs leur fournit. Les secondes, qui aiment Dieu parfaitement, ne mettent guère plus de temps à s'examiner. Si elles sont tombées dans quelque défaut, Dieu le leur fait d'abord connaître ; elles en prennent occasion de s'humilier ; une douce flamme qui s'élève du fond de leur cœur, dévore tous leurs manquements, qui ne sont que de pure fragilité ; le reste du temps est employé à l'exercice du parfait amour, dans lequel elles demeurent comme absorbées. Il reste à parler de la troisième sorte de personnes ; c'est-à-dire, de celles qui sont véritablement ferventes, mais qui ne sont point encore parvenues au degré de perfection des autres, dont nous venons de parler. Voici comme ces hommes fervents s'acquittent de l'examen de conscience.
Non seulement ils observent les fautes tant soit peu considérables ; mais faisant passer en revue leurs projets et leurs desseins de perfection, ils voient s'ils ont eu soin de pratiquer les vertus qui leur sont nécessaires, et de se maintenir dans certaines dispositions. Par exemple, ils examinent quelle a été leur conduite, par rapport au recueillement, à la mortification, et au dégagement du cœur, et s'ils ne se sont point relâchés dans ces saintes pratiques depuis qu'ils ont formé le dessein de s'y perfectionner. Cardans ces personnes ferventes, la manière de s'examiner et de s'approcher de la sainte Eucharistie, est conforme à leur manière d'oraison : tout roule sur les mêmes points, et tout tend au même but ; aussi font-elles des progrès considérables.
Il leur arrive aussi très-souvent de trouver trop court le temps destiné à l'examen de conscience. Et lorsqu'elles s'aperçoivent de quelque relâchement, elles éprouvent la même douleur qu'un Marchand qui a fait quelque grande perte ; et alors elles ne peuvent se lasser de s'humilier devant Dieu, de se repentir, et de se fortifier contre l'avenir par de généreuses résolutions. C'est ce qui a fait dire à Rodrigues, en traitant cette matière, que ceux qui s'acquittent bien de l'examen de conscience, mettent plus de temps à se repentir qu'à s'examiner. Et lorsqu'ils ne trouvent point de matière de repentir, ils s'occupent à se perfectionner, et à s'affermir dans le goût des saintes habitudes qu'ils veulent acquérir, pour s'éloigner toujours plus des défauts contraires.


Que conseillez-vous donc aux personnes qui sont lâches dans le service de Dieu ?

D'appliquer à la matière présente ce que nous avons dit de l'Oraison dans le Chapitre précédent, et d'employer le temps de l'examen à exciter en elles-mêmes la bonne volonté qu'elles n'ont pas. Elles ne sauraient trop s'humilier, ni trop s'animer à se donner entièrement à Dieu ; ce sera là un remède assez efficace contre les fautes dont elles se reconnaissent coupables. C'est à elles que s'adresse particulièrement ce conseil, que le profit de l'examen, ne consiste pas à reconnaître ses fautes, mais à s'en repentir et à s'armer de saintes résolutions.


Et aux personnes qui sont ferventes et généreuses, quel autre conseil avez-vous à leur donner ?

Outre le soin de connaître leurs fautes, et de s'interroger sur les points de perfection qu'elles ont entrepris d'acquérir, filles doivent avoir en vue un vice particulier pour le combattre, et faire rendre compte à leur âme de la manière dont elle s'est comportée dans le combat contre ce vice. C'est ce qu'on appelle l'examen particulier, qu'on doit joindre à l'examen général, s'il n'y a pas un autre temps qui y soit destiné.


Comment se fait cet examen particulier ?

Une personne qui désire sincèrement de se rendre parfaite, déclare la guerre à ses vices, qui sont les obstacles à sa perfection, et pour remporter plus sûrement la victoire, elle les attaque l'un après l'autre. Lorsqu'elle a déterminé celui dont elle veut se défaire, elle destine à cette guerre plusieurs jours, et même plusieurs mois, pendant lesquels elle ne perd point de vue son ennemi, et ne cesse de le combattre, jusqu'à ce qu'elle l'ait abattu ou extrêmement affaibli. L'habitude à mentir, à se louer, à déguiser son sentiment, à user de duplicité, à parler mal de son prochain, à railler et à plaisanter, à satisfaire son appétit dans les repas, à manquer de douceur envers le prochain, à contenter sa curiosité, à se laisser aller à des inutilités et à des satisfactions naturelles ; tous ces vices, et plusieurs autres, sont autant d'ennemis qu'il faut combattre par l'examen particulier, et lorsque dans la revue qu'on fait sur soi-même pendant le temps de l'examen, on découvre quelque faute, on ne doit pas la laisser sans punition.


Quelle punition peut-on exercer contre soi-même ?

Une âme fervente se condamnera à baiser la terre, ou à pratiquer quelque autre action d'humilité. Ou, ce qui est encore plus efficace, elle prendra la discipline. C'est l'avis qui fut donné à Taulere par ce Laïc, qui le convertit. C'est aussi le sentiment d'un saint homme que nous avons cité ailleurs : il avait coutume de dire, que les paroles se perdent en l'air, que pour se corriger efficacement, les protestations et les reproches ne suffisent pas, et qu'il faut en venir aux coups.
De tout ce que nous avons dit dans ce Chapitre, il faut conclure que l'examen de conscience consiste à connaître les fautes qu'on a commises ; à voir les progrès qu'on a faits dans certains points de perfection ; à se faire rendre compte de la manière dont on s'est comporté à l'égard du vice particulier, auquel on a déclaré la guerre ; à se repentir de sa négligence, et à s'en punir.



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