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vendredi 29 mars 2019

Délices de Nazareth



Extrait de "Pouvoir de Saint Joseph", par le R. P. Huguet, Mariste :




Il est bon pour nous d'habiter dans ce lieu ; faisons-y trois tentes pour y demeurer (S. Évangile)


Que tu es heureuse, petite bourgade de Bethléem ! s'écrie un naïf et pieux auteur (cette méditation si touchante est tirée, en grande partie, d'un auteur ancien ; nous avons cru devoir lui laisser toute la naïveté de son style et de ses pensées). Tu mérites bien le premier rang parmi les villes de la Judée, puisque tu as vu naître dans ton sein celui qui gouverne le peuple d'Israël. Mais, ô mille fois plus fortunée, petite Nazareth, d'où Jésus a tiré le beau et riche nom de Nazaréen que les prophètes lui avaient imposé longtemps avant sa naissance, parce qu'il habiterait dans ton enceinte un grand nombre d'années ! Mais que dirais-je de toi, chère et sainte Maison, patrimoine sacré de l'aimable Joseph, pieuse retraite des vrais adorateurs de Jésus, séjour mille fois préférable aux palais des rois, depuis que tu as servi de demeure particulière au Dieu de toute majesté ? Que tu es grande et spacieuse, depuis que tu renfermes Celui que la vaste étendue des cieux ne saurait contenir ! Que tu es glorieuse depuis que tu possèdes Celui qui fait la félicité des bienheureux ! Que tu es resplendissante, depuis que tu portes dans ton sein la belle Aurore naissante et le Soleil levant de la grâce ! Meilleure me serait une journée passée dans ton sanctuaire, que mille ans sous les riches pavillons des grands de la terre. Tu as seule plus de beauté que les Tabernacles de Jacob et les tentes d'Israël. Tu es comme l'abrégé de la Cité de Dieu, de laquelle on a dit des choses glorieuses et admirables : tu appartiens au véritable Obededom, au vrai serviteur de l'Homme-Dieu, l'incomparable Joseph ; aussi seras-tu comblée de bénédictions recevant chez toi l'Arche du Nouveau Testament et de l'alliance entre Dieu et les hommes.
Mais dites-moi, s'il vous plaît, ô mon doux Jésus ! quelles grâces accordez-vous au maître d'une si aimable solitude, où vous demeurez si paisiblement avec votre Mère, où vous avez accompli le mystère adorable de votre incarnation, où vous traitez en secret avec votre Père des affaires de notre salut, où vous êtes élevé avec tant de soin et de tendresse ? N'en doutons pas, Jésus donne à Joseph pour récompense mille baisers innocents, mille regards amoureux, les faveurs les plus précieuses qu'il a dans ses trésors.
Loue donc ton Seigneur et ton maître, petite habitation de Nazareth, bénis Joseph, puisqu’à sa considération tu es devenue la sainte chapelle de Dieu conversant avec les hommes, le temple dédié à la seconde personne de la très sainte Trinité, l'oratoire ordinaire de l'Enfant-Jésus et de ses parents, le parterre délicieux où Jésus, abeille mystique, se nourrit parmi les fleurs des vertus de Joseph et de Marie ; la terre bénie où l'on a vu germer la fleur des champs et le lis des vallées ; la fontaine scellée, où le Sauveur remplit secrètement des eaux de sa grâce, le cœur de Marie et de Joseph ; le vrai paradis terrestre, où Joseph, semblable à un Chérubin, conserve l'arbre et le fruit de l'immortalité ; le saint lieu où la paix, la douceur et la dévotion triomphent nuit et jour ; la maison de Dieu et la porte du ciel ; le tabernacle des justes et l'asile des affligés.
Qui pourrait dire, ô bienheureux Joseph ! quelle était la douceur de vos pensées, les abaissements de votre esprit, quand Jésus vous appelait son bon père et que vous l'appeliez votre cher fils ? Quels étaient les sentiments de votre cœur, pendant les nuits entières que vous passez auprès de son berceau, tantôt l'agitant pour rendormir, tantôt reposant votre tête sur son humanité sainte, pendant que le Cœur de sa divinité veillait ? De quelles célestes ardeurs ne brûlait pas votre âme, quand il vous arrivait de promener, de servir ou de porter entre vos bras Jésus, votre Isaac, votre Benjamin, votre tout, et que ce divin Enfant vous rendait mille baisers, vous caressait avec ses petites mains, vous souriait amoureusement, et s'attachait à votre cou aussi étroitement qu'au sein de sa Mère ! Quels ravissements étaient les vôtres, quand vous contempliez la beauté et la majesté de son visage, la douceur de son naturel, la ferveur de sa dévotion, l'affabilité de sa conversation ? Quelle était votre modestie, quand vous donniez à manger à Celui qui n'a qu'à ouvrir la main pour remplir tous les êtres des bénédictions nécessaires à la vie, ou lorsque, pour réparer vos forces, vous preniez les repas que Marie, la Reine des Anges, vous avait elle-même apprêtés, et que Jésus avait bénits de sa divine main ! Quelles étaient vos réflexions, quand vous appreniez à marcher à Celui qui était descendu du Ciel sur la terre à pas de géant, pour visiter les hommes ! Quel fut le premier mot que vous fîtes prononcer à la Parole substantielle et éternelle, revêtue dans le temps d'un corps formé du plus pur sang de Marie votre chaste Épouse ? Quelle était votre attention lorsque Jésus discourait avec vous du royaume de son Père céleste, du sujet de sa venue en ce monde, et de l'Église qu'il devait établir ! Quelles étaient vos joies et vos tendresses, chaque fois qu'au sortir du logis, il vous disait adieu, et qu'au retour, il vous donnait le bonjour, ou que, passant devant vous, il vous saluait avec respect (1) !


(1) À l'extérieur, Jésus n'avait rien qui le distinguât d'un enfant ordinaire ; il ne prévint point, par un miracle, l'âge où les enfants commencent à marcher, à parler, à donner des signes d'une raison naissante. Tout cela paraissait suivre en lui les progrès de l'âge. II était donc vrai de dire d'un Dieu, qui est la toute puissance même, qu'il était réduit à la faiblesse des enfants ; de Celui qui est la Parole éternelle du Père, qu'il ne pouvait exprimer ses pensées ; de Celui qui est la raison suprême, qu'il semblait la tenir enveloppée dans les ténèbres et dans l'ignorance du premier âge.
L'Évangéliste se contente de dire que l'Enfant croissait et se fortifiait ; qu'il était rempli de sagesse, et que la grâce de Dieu était en lui Jésus avançait en sagesse et en âge, et en grâce aux yeux de Dieu et des hommes (Luc, II, 40, 52). Ce qui signifie évidemment qu'encore qu'il eût en soi la plénitude de la sagesse et de la grâce, il ne produisit l'une et l'autre au-dehors qu'avec mesure, proportionnant ses discours et ses actions à son âge, et ne songeant qu'à édifier, sans penser à se faire admirer. (P. Grou)



Jamais aucun saint n'a reçu du Sauveur des témoignages d'affection et de tendresse, comme ce bienheureux Patriarche (2). Le débonnaire Jésus permit à son Précurseur, au jour de son baptême, de lui toucher la tête ; au Disciple bien-aimé, de prendre un peu de repos sur sa poitrine sacrée ; à la femme malade, de toucher la frange de sa robe ; à Madeleine, de lui oindre les pieds ; et à saint Thomas, après sa résurrection, de porter le doigt dans les ouvertures de ses plaies. Sans doute ces privilèges furent la source des faveurs les plus précieuses : le premier fut rempli de grâces, le second de science céleste, la troisième de santé, la quatrième d'amour divin, et le dernier de foi. Et cependant que sont tous ces témoignages en comparaison de ceux que Joseph recevait, tous les jours, de son bien-aimé Fils dans sa pieuse retraite de Nazareth ?
Non-seulement Joseph reposa sur la poitrine adorable de Jésus, mais encore bien souvent Jésus dormit sur la sienne ; posant alors sa bouche sacrée sur le cœur de Joseph, il le ravissait à lui, le brûlait, le blessait d'amour, et Joseph gardien de son sommeil en contemplait les mystères, sa ferveur devenant plus vive, son amour grandissait et son âme était ravie en extase.
Quel ravissant sujet de contemplation pour les Anges, de voir ce pauvre artisan, ayant pour apprenti et pour ouvrier le Roi du Ciel, le Verbe par qui tout a été fait ! Heureuses les sueurs du Père qui furent mêlées avec celles du Fils ! Heureux les travaux qui furent sanctifiés par des intentions très-pures et très-relevées ! Heureuses les sueurs qui furent offertes au Père Éternel pour le service du Verbe incarné ! Heureux les travaux qui furent souvent interrompus par les baisers et les caresses de l'Enfant-Dieu ! Heureuses les sueurs qui furent souvent essuyées de ses adorables mains ! Mais surtout heureux et précieux tout ensemble les travaux et les sueurs qui ont acquis à saint Joseph le titre et la qualité de coopérateur avec Jésus et Marie à la Rédemption du monde ! Il y contribua en effet, non-seulement par ses prières, mais beaucoup plus encore en fournissant à cet Agneau immaculé de quoi nourrir et augmenter le sang qu'il répandit pour nous sur la croix et que le prince des Apôtres a appelé le prix de notre rachat.
C'est ainsi que Joseph, dans la compagnie de Jésus et de Marie, reçut dans sa bienheureuse retraite de Nazareth comme un avant-goût des délices célestes ; c'est ainsi que nous trouverons nous-mêmes dans la sainte communion et au pied des saints tabernacles le seul bonheur qui puisse remplir noire cœur et nous faire attendre en paix les joies immortelles de la véritable patrie.


(2) Nous rapporterons ici quelques paroles de Marie à sainte Brigitte, qui nous donnent à entendre que le divin Sauveur lui accorda, ainsi qu'à Joseph, des faveurs qui surpassaient toutes celles qu'il avait faites à Moïse, à Élie et aux trois disciples sur le Thabor :
« Mon divin Fils obéissait si parfaitement à Joseph, que quand celui-ci lui commandait une chose, elle était aussitôt faite. Il cachait ainsi sa divinité. Excepté Joseph et moi, nul ne voyait rien en son extérieur qui ne fût d'un homme ordinaire. Mais il nous était donné de contempler souvent les lumières resplendissantes dont il était environné. Nous entendions les cantiques des Anges qui le glorifiaient ; beaucoup de démons qui ne pouvaient être chassés par les prêtres, fuyaient du corps des possédés à la présence de mon Fils. » (Liv. VI, c. 28)




EXEMPLE

Pendant la peste qui désola la ville de Lyon en 1658, plusieurs guérisons miraculeuses furent obtenues par l'intercession de saint Joseph. Nous nous contenterons de rapporter la suivante, racontée par un témoin oculaire et digne de foi, dans un ouvrage qui fut imprimé à cette époque.
« Le P. Melchior du Fang, de la Compagnie de Jésus, occupé depuis un mois à servir ceux qui étaient en la Quarantaine, fut atteint de la peste ; la maladie fit des progrès si rapides qu'on ne conserva plus aucun espoir de le sauver. À l'agonie depuis trois jours, il était au moment d'expirer, lorsqu'un de ses confrères, avec qui il était lié, fit vœu d'inviter le moribond dans le cas où il guérirait, à célébrer neuf messes en l'honneur de saint Joseph dans l'église qui lui était consacrée, s’engageant à les lui servir. À peine ce vœu était-il fait, qu'aussitôt le malade recouvra la parole, se trouva beaucoup mieux, et fut dans peu de jours entièrement guéri. »
C'est à cette occasion que le P. de Barry composa son ouvrage sur la Dévotion à saint Joseph, qui, quoique médiocre et rempli de choses extraordinaires, arriva en peu de temps à la 26e édition, tant était grande la confiance des habitants de Lyon pour saint Joseph. (De Barry, p. 246)


PRATIQUE

Mettre au commencement de ses écrits les initiales J. M. J. en l'honneur de la sainte Famille.



Reportez-vous à Litanies de la Sainte Famille, Prééminence de saint Joseph dans le Ciel, Saint Joseph élevé au-dessus de tous les saints, L'obéissance est la fille et l'inséparable compagne de l'humilitéPouvoir de Saint Joseph, Union admirable de Jésus, Marie et Joseph, Saint Joseph, patron et modèle des âmes intérieures, Saint Joseph à Nazareth, Saint Joseph choisi de Dieu pour être le chef de la Sainte-Famille, Tendresse de saint Joseph pour Jésus, Du Devoir des Pères de famille, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Neuvaine de prières à Saint Joseph, Neuvaine à Saint Joseph, pour se préparer à ses Fêtes, et obtenir quelque grâce spéciale pendant la vie et une bonne mort, Les Sept Dimanches de Saint Joseph, Excellence du saint nom de Joseph, Saint Joseph patron et modèle des religieux, Hymne en l'honneur de Saint Joseph, Prière pour obtenir la pureté, Litanies de la paternelle protection de Saint Joseph, Litanies des souffrances de Saint Joseph, Litanies de Saint Joseph, Prière efficace en l'honneur de Saint Joseph, Courtes prières à Saint Joseph, Chapelet de Saint Joseph, Acte de consécration au glorieux Saint Joseph, Prière de Saint Pie X au glorieux Saint Joseph modèle des travailleurs, Sermon pour la Fête de Saint Joseph, Marie est donnée en mariage à Saint Joseph, Litanies de l'amour de Marie, Supplique à Saint Joseph, Oraison pour présenter son cœur à saint Joseph et Méditations et Exemples pour le Mois de Saint Joseph.